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I]. , MIN. ‘ I'II‘ «MI. ‘ I? .'.'I .I;.\-I.II { I III". ~ I' '.'....'.I-“ I; "" . I... ‘II..|:..',“~ ,I' ;-'|' . I II I .15“ II" :" I ‘~' 'IJ ' ' I ' .- I WI: W I III “I“. If}. 'I'.-‘ ‘56.. ",I' I‘ I "n...” ' ’ [I .I f" f: '1 ”WI l-E‘I“ W'IIWvIIWIII“|IIMII'.'...‘I5fl.. 3:. ”W W'W'W'LIIQV“ , .. NIH I.I .1“ I”! I . Ilium II'. 'HI'II'I!I. III”... III: " 12:57-57? .31.... IN!“ #419 q“; ‘1 . I. M "I " 7w I I. .=' $131.; ”I.y....,,...... I”... .III :2 “I 1| III" 3 i. .‘Iu . ". " ° , -' I ' - - dII'IIE'If' I” H ”LII“ |"4P“II.“"I||,I'I ”It“ om IIIIJ Q fil . . IITII'mIJII" IM L , .5‘.WI ”I ' I‘ .' "II .( ’I‘I'f if .III‘.‘ “I? UNI. 6I n2...) III.‘ 5"].H‘.;‘5“‘Q‘ I%|?:‘ \ . .r ' .I:’I 'I" . In I ‘III 3.1: :5" ‘. ‘I‘ “$51.. "‘I.:', "I... .‘il'w‘ I I? Q." W: I‘v’, ‘I‘IHH. «I :.%":I\ ii...” I?“ I... . 1.. II thm' I? ”If! I 355;: ,JI'I. .H ....... —'=: 3142315 LIBRARY V‘s-u- I I“ . c . z ,. u:3:-:;f3i’r Statt " a 3.) 2.315.113": 171 -—-- < «v.-*.np*fi"'m This is to certify that the thesis entitled La phénoménologie du langage: Le cas Philippe Sollers presented by Joseph Thomas Krause has been accepted towards fulfillment of the requirements for PhD degree in French H. E. KromeQM/ 0/ Major professor 0-7 639 W: 25¢ per day per item . I ' ‘ “ (f'lm‘g‘ f murmur; LIBRARY mums: ,\ .‘=‘:-;‘«“"';' g Place in book return to nemve \ «um . charge from circulation records LA PHENOMENOLOGIE DU LANGAGE: LE GAS PHILIPPE SOLLERS BV V Joseph Thomas Krause A DISSERTATION Submitted to Michigan State University in partial fulfillment of the requirements for the degree of DOCDQR OF PHILOSOPHY Department of Romance and Classical Lang-wages 1981 - “A. .. J . Q . I a "" fir‘v ““8. A... . I 5: finrn~0~ 1,- '~¢.vv-.-y_: Ar‘w‘ b '. “fi-AA- , v .'V‘a On - k.» H H ‘ q" ”f «'1 ‘A ““‘l‘: i E; «D ‘1;- , "fx‘a‘ ”v” _’ ‘v‘ H . ~ - ’Nu ‘ \ JV n ABSTRACT LA PHENOMENOLOGIE DU LANGAGE: LE GAS PHILIPPE SOLLERS By Joseph Thomas Krause Trouvant le modéle sémique recusable, la phénoménologie littéraire cherche a s'en affranchir au moyen d'un mécanisme de chosification, réduisant le texte a l'efficacité de son evidence. La pgétigge définit ce mouvement vers l'autarcie phénoménale du langage, du moins selon la pensée neideggérienne. Par contre, une telle tentative est vouée a l'échec tant que la presence ontologique sera basée sur un.réseau de signifies (de gems) plutot que sur l'articulation primordiale du l9g9§_de l'etre (le meg), si bien que la reference supprimera toujours l'identité des choses. De son cote Philippe Sollers, en effleurant la transcendence du.modéle purement sémique dans QEEEE: s'en tient a la.méme inintelligibilité, de sorte qu'il lui faudra faire appel a un mécanisme plus concret, a savoir celui du Taoisme occidental. La coulée passive du sensualisme chinois lui permettra de mettre en valeur la polémique sous-entendue dans toute poétique. Si la deconstruction de Jacques Derrida vise la mise en question de l'identité métaphysique, Sollers mettra la presence vitale de l'école husserlienne sur le carreau par un autre procédé. Bans Ndmbres et Lois la poétique meme le texte au—dela de ses coordonnées sémiques (épiphaniques) ou phénoménologiques (esthétiques) , pour le réduire--métonymiquement-a sa matérialité dialectique. 33? Copyright by JOSEPH moms KRAUSE 1981 a ma mére et mon pére '0.» ACKNOWLEDGMENTS I must first of all thank Professor M.E. Kronegger: it is she who inspired this work and who allowed me to uncover the sympathy between phenomenology and literature. It is through her devotion and her painterly vision that this dissertation found its cadence. Secondly, it is thanks to Professor Laurence Porter's peerless literary insight and sensitivity that I have been able to mold my own voice in poetics. I would also like to express my gratitude to Professor Georges Joyaux, Professor Joseph Donohoe,and Professor William Johnsen who provided valuable recommendations and corrections at the final drafting stage of the dissertation. I extend.my warm thanks as well to those who guided me through the provinces of literature and exegesis during my formative years as a graduate student at Michigan.State University: Professor Ann Tukey Harrison, Professor Herbert Josephs, Professor Eugene Gray, and Professor Winston Wilkinson. Finally, I would like to offer my special thanks to Professor Jean-Raymond Audet, of the University of Minnesota, Duluth, who became a constant source of knowledge in the area of Aristotelian and Classical thought, and who allowed me to expand and ratify my own promise to literature. Together with Professor Audet I owe my thanks to Robert Kosuth, Instructor of English and Chinese at the University of Minnesota, Duluth, who, with his wife Patsy, transcribed the Chinese ideograms in the text, and who gave so much lucid information on Chinese history and literature. iv TABLE DES MATIEHES Liste des figures et tableaux .................. Introduction ................................... Chapitre I. La Poétique ....................... Chapitre II. De l'épiphanie a l'esthétique .... Chapitre III. ‘Vers la phénoménologie du langage: Dname ........................... Chapitre IV. L'Eveil de Janus: Nombres et Lois Chapitre V. Le Renouveau de l'esthétique: Conclusion ......................... Bibliographie ......................................... ...... vi 2O 66 100 1145 187 LISTE DES FIGURES ET TABIEAUI‘C Figure I: Le Rapport fonctionnel ................ . .......... 2M Figure II: La Fonction noématique ........................... 25 Figure III: Le Noyau poétique ........................... 50 Figure IV: Le Réseau NomrMot ........................... 11h Tableau I: Equivalent des idéogrammes chinois dans Nombres ........................ 167-68 vi A Cu 3.. UK; A«- I - 3‘;“Y‘I J .n was Jc. -yw A A “I‘M!- ‘ u.‘ "- ’- He :1“ 1.4- 0 I “Cr'nqw e- - V {J‘lV‘v-sy “WWQ .' VCL..._, - A ‘...' ~\ . ..‘ ~.W\Q Is. ‘ V» ruh¥ as "v! d DWIRODUCTIQJ De meme que le sens de l'objet perqu, n'ayant aucun renvoi extérieur, se retient a la suffisance de sa qualite et de son etat de paraitre, ainsi le tableau de Giorgione, tout come celui de Braque ou du Tintoret, est dépouillé d'une lisi‘cilité ail-deli; de sa composition matérielle. Tel est du moins ce qui diz‘ferencie, elon Sartre, l'objet de perception de l'objet de sigrdficr-ition, ca: celui-la, bien qu'il puisse se revétir d'une chosification d'orire imaginaire, il se résigne d'autant plus a ce role qui l'étouffe et qui l'anime, a savoir celui d'étre fait et d'etre determine, n'étant d'autre projet que cette intégralité dont il dispose. Ainsi l'objet percu, que ce soit lg Eye gig Haarlem de Ruysdae'l, la sonorite d'un violoncelle ou l'abre qui se manifeste devant le promeneur, se veut accessible an premier abord en consequence de l'empaterrent de son evidence. Pour Sartre, "on ne peint pas les significatiors'é car celles-ci se fondant au moyen d'un couple référentiel dont elles font partie, et non a travers une totalité. De plus, si Sartre, en opérant l'extension de cette pensée au langage: poétique, se range du cote du camp heideggerien, au sens que le mot poétique incarne une chose plutot que de l'indiquer, il en va de méme que ce langage peut étre envisage an supreme degré corrme une apprehension phénanénolcgique. O furs/spa c “CH! uv ‘ U v4-1 O I C nnfis ~ In v;.a-~14~. , s. 3x)! Q “"Q “‘ torn; vv.u\,-~. 9‘ '.3 mac ‘Véo.u‘~ “ . . . 3* ~.“ firgv vb \4“- V‘." I "‘r ..\‘\:_\‘f m s. ““AU'I car- " - :3‘_ ‘ vb.’ «at, ‘ ~ I S3"“ -\nr~,‘ ”“3““ :4- 338 “l“ v- ’ 5.2”" 71: Q .- vuv‘vkv‘ ‘5 v Vs \ _ A ‘~~v~ h“ . ‘. ‘.o :m‘ ‘3“ ‘A “~‘ ‘ ‘ ‘C‘. I “h. n ...,S on. i" «A... I “A I o A?) ‘ 'v H ‘ n‘EI‘e O Ce langage poétique, que Sartre distingue de la fonction désignatrice du romanesque, fait donc défaut a l'idée que l'ouvrage poétique s'établisse a partir d'un systeme communicatif agencé par tel ou tel code qui lui est outre.. les mots poétiques, au niveau ontique, sont "incréés come les choses"2 ce qui, bien loin de faire recours a un arriere-plan médiateur entre le mot et le monde, permet a l'exégéte de s'interroger sur le sens concret ou materiel du poeme.. La praxis critique voudrait alors en faire un événement pour la conscience plutot qu'une linguistique, de sorte qu'il adhere a sa fonmle matérielle et imagée plutot qu'a une structure qui le devance et qui cherche sa littérarité. Mikel Dufrenne de son cote a souligné l'insuffisance de l'idéologie structurale, car bien qu'elle définit et réglat la fonction poétique ainsi que les unites et les variantes isomorphes a tout texte, elle ne parvint pas a se déprendre d'une catégorie ontique posée en deca de la donnée textuelle, et d'une interpellation constante pour verifier le programme et la logique de l'étude.(au sens 011 une structure ne serait que l'auto-cOntrdle des étapes s'en allant vers une equivalence quelconque) . En outre, la pensée normative, selon une optique phénoménale , ne pourrait que modifier la base epistemologique d'un texte, et non la dévoiler par des principes de segmentation ‘ou d'opposition: Poeticalness realizes and actualizes expressivity. Here langaage is driven back to its origin. Here Signs are not yet arbitrary, they somehow imitate the object they refer to am conjure up its pre- sence instead of being merely : representational. 3 Or, selon l'ontologie sartrienne, la poesie ne profits pas de ce potentiel utilitaire et de cette fonction de l'engagement 4 reserves au prosateur : polémique que Roland Barthes a nettement désavouée en formalisant le procédé a la fois chosiste et transparent de l'écriture poétique depuis Mallarme.5 Mais quoiqu'il soit question chez Sartre de condamner l'activité poétique en raison du fait qu'elle se définit par une chosification complete, il s'ensuit que l'absolutisme sartrien permet a l'ontologue de recuser bel et bien une poésie privilégiée par la référentialité, voire par une idéologie infra-linguistique. L'intérét de cette base ontique, base par laquelle Sartre qualifie l'enjeu poétique, serait de la prolonger afin qu'elle puisse cerner l'objet littéraire en general, et non de la subordonner a cette bifurcation double qu'opere Sartre entre l'ontologie et l'éthique de l'écriture. Si l'objet littéraire se reunissait globalement a l'objet percu, la.multiplicité de l'inventaire exégétique.pourrait se réduire a deux démarches methodologiques. Soit l'exégete franchit le pole_de l'dbjet et aborde un texte en.tant que simple donnee p923 la conscience. Soit il convoque la littérarité du texte pour se souscrire a une théorie générale de la corrrrn.1nication.6 Réductible a une physis ainsi qu'a un message, l'objet littéraire s'expose a une elaboration qui aurait recours au domaine de l'étre pergu et au dcmaine de la signification de la chose: l'entité.textuelle s'entoile devant un lecteur au moyen.d'une .QY‘A‘ V‘ I . A"‘ N c'. IIV“ I.\ .0 .- d. .r~ v x . V . us ¢ . C L” . C. 1 I . .. z: .u 3 a. 3 w , .. . r 5 a. . . . ~ a. r... T A,“ 2 a .4 :« .n.. n. h“ it n.. .. Kg“ any” «5 9 ¢ q m Maw 2n“ e 4 ~ . H~. A ~0 :w‘. A.“ 0 I o o a 0‘ am». n. "L mt n IR” “5 a. h M: .n‘. a“ u . e . Mww. C. a.“ l mm "A. . w 3w. . w L. L 2. Ma. ma .1 3. - ‘ L y. ~ q!“ .mHv oV‘ A a “J. " . w a 43m and. h‘ tuv v‘ ‘3'. V~‘&g , 3‘93 .1'"‘ N N a 5 Hrs SC 93.. [u l; W 'V evidence visible et d'un réseau linguistique. A l'exemple de la poésie concrete de Jean—Luc Steinmetz,7 l'objet litté-raire s'érige en fonction d'une canposante matérielle et sensuelle au niveau de l'aisthesis (al’oencns) et d'une canposante intelligible au niveau du ’semeion (onuc'iov). Le propre du texte est d'etre reglé et constitué par la perception at par le renvoi de la lecture: la chose se veut inseparable du graphisme au seuil de son apprehension. Figée dans sa tenacité visuelle, elle 5 'en écarte pour se transformer en tableau intuitif. Tout en tenant canpte de la généralité de ces deux composantes, l'une phénoménologique et l'autre sémique, est-i1 sense au préalable de viser un objet littéraire qui fasse défaut a sa qualification linguistique? N'est-ce pas le propre du texte de se conférer un sens mimétique, et par la suite, s'il faut se fier a l'excellente érudition de Michael Riffaterre, une signification intertextuelle qu'a partir d'un code qui devance le sensible? 8 Imposer la simple autonomie de la physicalité du texte serait de concevoir la rupture d'une tradition aristotélicienne qui voudrait que, "Parmi les étres, les uns sont naturels, tandis que les autres doivent leur étre a d'autres causes." (Physigge, II, i 192b, 8); car cette tradition suppose que le texte, étant le produit d'une cause ultérieure (l'auteur, la langue, le sociolecte) ne pourrait se tenir au rang de la matiére souveraine'.9‘ De plus, n'est-ce pas l'attribut primordial du lecteur de realiser son texte par une focalisation propre a lui I nc’m or“: ‘0'- - 1"“ JV¢~ RA - £-Dbn :9 3: fif‘r‘- nit» Mu. 'V.lv N ’v Q i‘ ‘KE Q'fik H V I “V” v.‘. V I , ’ .‘ ‘ - V ~~ Q5":- 5. ~ ’ V 1 ’~ " -« I Q o... . V“ ”A" 4".“ ‘5'." A ”at. g... "hb.’ . ‘Dt‘.‘.-3QS '~ 8 . yfifi“ seul mais qui lui permettra de découvrir les regles qui se dissimulent sous un systeme de signes? Ia focalisation n'est-ce \ pas ce qui oblige le lecteur a "reconnaitre les variantes . 10 . succe581ves de la structure" et par la suite de constater, comme le fait Mieke Bal, que "les regles qui sous-tendent le systeme du \ récit comme genre produisent ainsi des regles immanentes a cheque 11 N'est-ce pas tout l'effort qui mene vers cette 12 récit particulier." lisibilité barthienne? Inversement, étant donné que l'objet littéraire se livre, au premier abord, a l'immédiateté de la perception, ce qui le rangerait du caté mmndain, possede-t-il certaines qualifications non-sémiques a partir desquelles ce meme objet pourrait jouir d'un rang littéraire? Est-cc qu'une littérature est capable de se fonder uniquement en raison de sa.présence phénoménale, ou du moins par la.mise en.marge de son contenu sémique? Selon l'ideologie qui se situe en dega d'une lecture linéaire, lecture qui ne demande aucune precision quant a la constitution.temporelle du graphisme, lecture Cill'image intuitive du lecteur (le signifié linguistique) se veut toujours 13 \ la réponse a ces deux dernieres questions s'étaye par in privilégiée, une négativité, voire parune inintelligibilité. C'est au seuil de ce débat entre le niveau phenomenal et le niveau sémique que cette these se met en devoir d'effectuer une double tache afin.de se permettre de repondre aux interpellations présentées plus haut. "95.34“ i“ . I I - "r‘cnf‘vfgmp rh.v.odn .AV- T-I Mr ‘. yarn; fl vva \r‘v.ou'~— .3 Sara ‘32":i« Premierement, en 5 'appuyant préalab lement sur 1 'herméneutique de Mikel Dufrenne et de Martin Heidegger, cette these tentera de mettre en relief une théorie générale de la poetique selon les jalons imposes par cette premiere pensée sartrienne, pensée qui redoutait la valeur référentielle du morpheme et du seme linguistiques (evidemnent au cours de l'activité du poete) afin d'en venir a une phénoménologie du langage. Depart ontique ofi le signe 5 'unit a la conscience du spectateur pour réaliser une seule instance du temps et de l'étendue: dimensionnellement le percu et le perceveur partagent un méme horizon de sens dans un meme moment de confirmation réciproque. Cette premiere etude se dirigera vers une distinction nette entre la passivité et l'activité de la lecture et, par la suite, entre le langage conme objet pour la conscience, chose qui sera constituée d'un ensemble de ncms noématiques, et le langage canme acte de la conscience, acte formé par un ensemble de mots noétigges. Le couple (passivité/activité ou nom/mot) sera tout aussi bien agencé par un tiers parti dimensionnel qui permettra a la fois sa localisation ainsi que sonaengendrement. D'un cote, celui de l'objet de conscience, le procédé discursif sera réduit a sa suffisance phéncménale, et, de l'autre cote, celui de l'acte conscientiel, le texte sera envisagé non seulement ccmme étant la souche sur laquelle se dresse l'élan de la conscience, mais d'autant plus canine agissant a partir d'une quasi-conscience qui lui soit propre . \"AV .Iv- , I I Wyn-2y!” «ya/N Uodvfio‘i‘OI‘V. AV . 7“ fi ~AJQ~ —‘ . «a S“:n‘—-;H: V“\rvw v-.. " k“ HA ‘ Wk 0". fi‘, vv..l‘v“d " ‘ We sag/2:3,; ;~ ‘. b, ‘.~ “1 ~'LA . a ‘fillh wb‘a. 7“ 7‘: ‘ .., ‘ Non seulement faudra-t-il remettre en question une tradition exégétique qui cherche a analyser le texte au moyen d'une base phénoménologique, tradition qui remonte jusqu'a L'Ecole de Geneve ainsi qu'a Ingarden, et dont l'évolu-tion a été soigneusernent souligiée par les travaux de Robert Magliola,15 mais il faudra tout aussi bien susciter le cheminenement d'une nouvelle phénoménologie afin de mettre en valeur un texte capable de répondre intrinséquement aux exigences posées ci—dessus. Cette double visée effectuera la deuxieme tache de l'entreprise apportée ici. Deuxiéme mouvement qui distinguera entre une phéncménologie épiphaniqtie, celle qui fonde le romanesque proustien et joycien, une phénoménOlogie ‘esthétique qui définirait les mécanismes générateurs qui propagent le nouveau roman depuis les .Gcmmes d'Alain Robbe-Grillet (1953) ainsi que la visée théorique a partir de L'ere d3 soupgon de Nathalie Sarraute (1956)16 et, en troisieme lieu, une phéncménologie Q we, telle est du moins l'appelation qui convient aux operations textuelles et conscientielles que cette thése décé lera du romanesque de Philippe Sollers. Pour ne pas s'effondrer des l'entrée en matiere dans une impasse, il importe de signaler que cette etude ne dédaigne aucunement ni la sémiosis ni la mimesis canme fonctions du texte, en fait il faudra y avoir recours a plusieurs reprises . Pareillement, l'étude qui suit ne demarxie pas a la phénoménologie, en tant que principe de parenthese épistémologique, d'avoir la haute main sur 1e rcra‘ a~-.“"Y“’r3 v“-~uvw “A” :a a 1e ranan sollersien. Un tel romanesque n'est point un lieu de culbute: l'exégete n'y vient pas pour savanment f aire l'épreuve d'une théorie. Le plus urgent serait au lieude démontrer que c'est a coup sfir que le rcmanesque de Philippe Sollers est innovateur en raison de sa composition divisée: lieu d'action ou de drama a mi-chemin entre la référentialité linguistique et la participation mondaine. La poétique sollersienne de E32? (1965) a E (1973) répond passivement et irrémédiablement a une phéncménologie du langage, improvisant son role de texte et tendant vers sa propre subjectivité. Voila du moins un travail a deux temps qui formera la premiere partie de cette thése. Il s'agira donc de définir la; poétigue (Chapitre I) et par la suite de distinguer nettement entre les deux phénoménologies dont dispose la critique face a l'essor du rcmanesque de Proust a Sollers~(Chapitre II), afin de souligner que 1' événenentde _1_a_ lecture est régi par. l'épiphanie et l'esthétique-- Ayant-établi une sympathie entre la poétique et ltidée d’une phénoménologie du langage, lien nécessaire pour mettre en valeur la qualité quasi-subjective du texte sollersien, il importera d'appliquer un tel paradigms a des textes précis. les ouvrages apportés a cette etude seront respectivement _D_r_en_1e (Chapitre III), Ncmbres et _L_O_i_S_ (Chapitre IV) et 3 (Chapitre V), on chaque roman suivra une piste de plus en plus étroite vers un état dialectique. La contrainte de la subjectification sera explicitée par un mouvement rigide, obligeant la reduction phénoménologique de passer a une dialeCtique matérielle. Passage qui obligera le texte d'avancer au statut general de son monde et qui garantira le renversement d'une idéologie de la referentialité. Il est essential de souligner que la genese de cette entreprise remonte a une correspondance entre la phénoménologie de Mikel Dufrenne et l'aventure telqueliste de Philippe Sollers. La Phénoménologie g3 l'expérience esthétique17 ainsi que les romans sollersiens ont su circonscrire cette binarité entre l'évidence et le sens de l'objet littéraire,18 Et des deux camps un tiers parti dimensionnel s 'est annoncé en tant que vecteur logique entre la perception et la lecture, entre le materiel et le langage: terrain zéro ou infra-texte qui plaide pour la quasi-subjectivité de l’entité textuelle. Dufrenne a pu saisir un engin logique (ce tiers parti) par lequel il parvint a établir la presence d'éléments formels et unificateurs au seuil de l'obj et esthétique, tout en dépassant le gene qu'imposait le dualisme cartésien. le texte se mettrait done a meme de transcender sa double et irrémédiable contingence de réalité concrete et d'idéalité linguistique: il en résulte une quasi—conscience qui acquiert ses prOpres dimensions, s'y enlisse et s'épure par un renversement des ccmposantes spatiales et tauporelles . Dufrenne precise: .'; ~Q~a2~: ‘ lio ”JV Q ,Qsfiksh: V. o»: J- - I'Ak‘a‘ ’1‘: - JUUVV \A\ V V M, :fibsrlr“ Java-vb. Mu inns" ~. “t , ~ Iva. v4»--- , fig“; a}: UV '1 Vb v‘ 3“»: Sana-E V V" V¢4u\ . , , Caraway a .oovoa """Vd-V ‘ ’ A .. 3 :3 Mar... V-vc¢.\... 4‘ N o \h.. . Uu“¢ ‘V‘v k- DI " ’ A‘A‘ 7‘ Q Vtr ~a " ‘y ““g 3 0. U “U V me. . g "" - my 4‘; the am, I. ’u an . oc’mecou A. : . ~ «- r- ‘l‘~ '1 ‘A o O ‘voe . 4 n.‘ hm “ :1“ ve‘ " . 'fi' ' . F\ .4 'uvet 5" 10 Mais la.réflexion devra alors procéder en sens inverse: partir du temps et de l'espace objectifs édifiés dans l'oeuvre ... et de la decouvrir un temps et un espace propres, intérieurs en quelque sorte a l'objet esthétique et conme assume par lui, qui font de lui un quasi-sujet capable d'un monde qu'il exprime. Ce postulat signale l'enjeu d'un troisieme locus critique ou l'ouvrage littéraire (évidemment il reste a preciser son rapport a l'esthétique) passe au-dela des contraintes binaires qui definissent l'objet dans le cadre de l'étre; lieu critique qui evite le malentendu entre une conscience intentionnelle et une conscience textuelle, car celle-oi, et voila l'élan.du premier mouvement de cette thése, ne pourrait qu'étre virtuelle et donc ne pourrait guere étre scrutée par la méthodologie husserlienne. En revanche, la phénoménologie dufrennienne apporte au lecteur un texte comblé par ses elements internes en consequence de la souplesse dimensionnelle évoquée a tous ses niveaux sémiques et matériels: surmontant sa causalité d'objet de perception, le texte, a son tour, s'actualise en recipient accueillant le monde. Robert Magliola a présenté le sommaire suivant a l'égard du postulat dufrennien, postulat qui étale une alternative 5 la viscosité existentielle soutenue par l'éthique sartrienne: Perception, however, does not contribute meaning to the art-work. On the contrary the artvwork "governs" perception .... Thus the aesthetic object both as invitself and ESr-itself stands over and against us as perceivers. L'objet esthétique, qua objet littéraire, suscite la simple ' \ --m‘ n a ‘ Ddu'u.‘ . ~ 1 h a .' ~ ' A. waive D V- «I . - fig a" ‘ I bvd‘ds- :1 11 neutralisation d'une polarité qui divise une zone tactile d’une zone référentielle ou a renvoi ultérieur. Cette neutralisation interroge la nature ainsi que les dimensions latentes de l'oeuvre sous les auspices d'une méthode qui ne fait appel a aucune épistémologie en consequence de la reduction radicale d'une entité a sa suffisance, a savoir a son autarcie phenomenale. Selon le postulat dufrennien, le texte s'offre en tant qu'ego-cogito pour l'activité du perceveur, car celui-oi sera oblige d'entrevoir la profondeur des variantes physiques et sémiques de son objet de conscience. Want a la genese du deuxieme mouvement de cette these, Philippe Sollers, a son tour, a su schématiser l'importance d'un tiers parti dimensionnel en déSabsolutisant l'opposition saussurienne entre la materialité du signifiant et la référentialité du signifié. Il les oppose par une "déclivité sans limites"21 qui appuyera la gamnatologie de Jacques Derrida, théorie qui sera présenté a la fois en rapport avec Sollers et Husserl. Ce vecteur logique22 tient d'une pensée 5 double-fond23 ou l'écriture n'est plus simplement la presence de sa causalité référentielle, ni son evidence matérielle, mais plutot elle, ". . . serait a la fois une remontée a travers tous les systemes .politiques, juridiques, linguistiques, jusqu'a . l'éconcmie .conplexe (dialectiquement matérielle et signifiante, 24 D'emblée le texte se produite et .notée) qui .les‘ determine ...." trouve au carrefour entre l'activité déontique et référentielle du lecteur et la passivité immediate de le voir mélé au sceau de ..V‘ — a "ifi/‘Y'. - I. 4 ~. . n a. ”a”. . Arum M. ‘3. . W” ”L“ h A . ~O a n . t n M“ 2 a. 2. a a .. . m L . .5 C .. S. r .. O C r a. 3. .1 fit. a. , ”I. 2“ e J . C. n. a - .9 .MS. 9. 3 0-4“ we. ‘5 O " OVA Ava W‘ 12 l'horizon mondial. D'abord le texte se veut une: Etoffe comme enroulée hors de l'espace, mais dont l'espace est seul a pouvoir parler, suite d'images inutiles affrontées désormais a la possibilité d'un langage muet, irmnédiat 5 Ce tiers parti, cette pensée du texte comme inclusion dans l'image du monde demaniera l'épuisement de l'ordre référentiel, tout comne le n93 proustien auquel il faut retrancher le niveau réfléchi pour en venir a la perception pure de la chose par un mécanisme d'ordre inédit. Mais l'inédit ne figure point chez Sollers: le langage partagera l'irmrediateté du tissu mondain grace a deux étapes textuelles bien établies. Premierement Sollers éteint ou désigifie le mécanisme du signifié. Dans l'éclatement final de _D_r_a1_r_1_e, le graphisme disparait, se détruit par soi-méme, "On doit pouvoir considérer que le livre ."26 A ce premier niveau un échoue iciu-brfile (s'efface) . . renversernent s'opere par lequel la valeur du signifiant est amplifiée au moyen de la chute de celui—oi vers la densité de l'éve’nement historique et éconanique qui fut son germe, plutot que de la montée vers une extériorité linguistique qui lui est antérieure et donc virtuelle. Le signe saussurien est indéterminé car il est fait pour un avenir syntagnatique, mais le grapheme sollersien (il faudrait ici se rappeler le geste du scripteur chinois qui passe sous pinceau l'idéogramme sur le papier de riz) est suIdéterminé par une rrultitude de couches mrquant la dialectique, . . . , . . . 2 la production, la possesszLon, la sexualite, et ainszt de suite. 7 m m n-grv‘or h: J var-N'- -\ ‘4 .1”.-- '. ‘ Hwy, .44 . o \ ‘ .M~1 .. A 'k: ,- ». ‘1A-s «v92. H C “‘V‘fl‘“ ..- P¢~, e :1: ‘, I , Jean» ‘M ‘ v"§,.' Q L‘“n.. 'ezvg‘e “.7“, F440 Q” C .. 13 Deuxiémement, en effleurant le sensualisme taoiste de Lao Tsou et de Tchoung-Tseu ainsi que les écrits marxistes, le roman se lie au monde par l'avenement d'une matiere dimensionnelle. Ce mouvement procede 5, une operation métonymique: pour se retourner vers ses origines tangibles et universelles le texte voudrait se débarrasser de son servage a un idiolect quelconque (surtout celui de la langue), et, par la suite, se presenter comme entité pseudo-révolutionnaire. Ayant ecrasé la permanence, la domination et l'mmiliation du langage, le texte passe ensuite a une revolution intérieure. Il en resulte une série d'insurrections. Plutat que de monter vers la déchéance et la pluralité des codes qui reglent 1e rananesque, le texte d'emblée est le lieu d'une révolte et d'un proces. Il fait preuve d'une instance particuliere de la totalité ininterranpue de l'Histoire. Il se base sur un principe de liberté qui dirige les etapes de cupabilité de l'écriture et qui mane la lutte textuelle vers l'étendue du monde. Chaque étape de la révolte se succede au moyen d'un verdict de plus en plus négatif, aboutissant a une condemnation du sociolect de 13. possession (au sens qu'on posséde une largue). Cette succession aboutit parallelement a une plongée de plus en plus profonde (et de moins en moins servile) vers les categories spatiales et temporelles qui font parade de l'horizon sensible. Métonymie fabriquée par l'image a deux points de Dr_a_m_e_: premiére surface qui divise le point de la ligne, le texte qui s'écrit de g -I‘ A. a? «.3 fly. a ,. F . L .. .D Q. Q ... . .a C T. I “A toygaw. 2., a Q» , u I .v m. || 114 celui qui se tait, consommé-par la revolte qu'il autorise. Passage par la suite 5 la surface‘carrée: quadrillage ou le monde rencontre le livre par une pensée quixmet en déroute le sens meme de la perspective et de l'espace;textuel. Quatuor dont la derniere voix est une déclivité hors des jalons de I'événement de la lecture, c'est-a-dire hors du'partege subjectif entre le texte et le lecteur: Ici, tout a lieu de facon plus vaste, ce qui apparait, ce qui disparait,ne doit pas vous faire penser 5 ce qui est apparu, venu revenu . .. . La fuite des constellations, les noyaux, les cellules en cours de transformation . Le texte constitué et inépuisable, se ruirant et tombant dans sa propre action. ..28 Ne voulant plus ‘étre determine par ses propres limites, le texte accede d'emblée a une conspiration contre toute notion de l'absolu, du Verbe, du lgggs. La sérialité des chants provoque une penetration dialectique a l'interieur d'une passivité qui tient a la fois de la cosmologie chinoise et de la matérialité moiste. Sur ce plan le texte renvoie par une négativité épistémologique a une libre participation au morrie: un tel procédé s'effectuant "en filigrane" constituera la fin du programme phénoménologique voué a l'Ego pur. L'étude de cette negation, de cette deconstruction exposant a grands traits la fin d’une phénoménologie littéraire se ncmme ~_l_a 'phéncménologie d3 M: formant 1e trait d'union' entre la presence vitale et la perte qui peut Etre assignée par le terme _l_e_ 35:33. La construction cubidue de Lois touchera 1e..plus.étroitement a la dialectique matérielle car ce texte perdra son caractere de .- ":1". . I :5; hr a" “V w5-v¢‘ - “0’8 - .... o .m a a.. I Q V :A . a» W a. A g l a . a... T . . I: ~ . Q. S i. L .w. .5 a .. . w. 2. : .C . a a 3. I.“ :~ ~ ‘ .v ‘ CH 5 A .w. h ss . h M: . 2‘ n . ’3. Q . 2 x .m . .. x d H. 3 v. u 3. ‘ _ (m: . . ~ « m. a . 4‘ 4. u... %“ a0 \2. 15 contradiction.materielle'dans un champ éidétique. .EQEE contribuera a.mettre sur scene une divisibilité qui,au lieu d'éliminer l'écran phenomenologique-du passe historique et du present vécu, le remettre en valeur comme trgpe_au moyen duquel la revolution dialectique sur le plan textuel puisse se réaliser: ... cubé maintenant trouant et lancant les six Cotes du peve scellé oublié: criblage et seulement vidage 29 des elements roules dans la chute autrefOis bloquee. Devenu une collectivité de rapports en un endroit indéfini, le texte, grace aux interstices dimensionnelles qu'il crée, s'incorpore a la materialité liminaire de son monde ainsi qu'a la revolution dialectique dont il fait partie. Par ce raisonnement cette these montrera en quoi le romanesque sollersien tend a la fois vers l'élagage»d'une.lecture lineaire et vers le prolongement vertical du signifiant a l'intérieur des couches mondaines. Procédé qui désabsolutise l'épopée de l'absolu phénoménologique pour la .remplacer par une production allant a l'encontre de lFEgo transcendental. Il en.résulte un tissu renversé de touches sémiques, tantot découpées, tantot unies, qui forme un asservissement a un terrain neutre, en guise d'intellect agent, ofi il niy aurait aucune équivoque entre l'événement de la lecture, comma lieu pleinement subjectif,.et la passivité a La fois synchronique et fugitive de l'absence du texte.. A / - _ - _ z .. / . ._ an‘ 7AAA"; .. .5 / ... - .... ~§V* Afi~~\| ’J— D ‘ f} "V‘. ‘///l ‘vv‘- 6 'l' . i-‘ an my.‘ ‘AWn\ .. . -‘4. 4. As. lv 1/ 0 V v I “I". k - a "' I" r‘ :14 n... -v ”8—. .9 a A o . ‘ 'r“ 5"». V 4.‘ - ‘4‘“ .v V 7 I l .. . ,fl. 1 'v’ V! . ~ ‘ 16 Notes 1 Jean-Paul Sartre, g'est-ce que lg littérature (Paris: Gallimard, 19148), p. 16. 2 . Ibid., p. 20. 3 Mikel Dufrenne, "The Phenomenological Approach to Poetry," PhiloSophy Today (Spring 1976), p. 17. Ll Idée soulignée par Albert léonard, _l_a Crise d3 concept d2 _l_a_ littérature e_r_1 France egg XXe siecle (Paris: Corti, 1971:), p. 72. 5 Roland Barthes, Le Degré zero ge'l'écriture (Paris: Seuil, 1953), consultez le chapitre sur l'écriture poétique. 6 . . . . . Michael Riffaterre, _l_e Production 313:1. texte (Paris: Seuil, 1979). Voir surtout les pp. 9-11. 011 l'auteur met en valeur un phénoméne littéraire qui ne se définirait qu'a partir d'un acte de carmunication. 7 Voir l'ouvrage de Pierre Garnier, Spatialisme _et poésie concrete (Paris: Gallimard, 1968). 8 Michael Riffaterre, op. cit., pp. 115-125. Au point de vue normtif, l'unicité du texte se dévoile a travers une sémantique mimétique et une sémiosis intertextuelle, fondant d'un cote le niveau du sens, et de l'autre cdté celle de la signification. 9 Cette réfEXion aristotélicienne rend le texte intelligible a” v‘ . d- ‘A’TA'\ - iv], ~~' 4" ‘J ... ..1 4“! 44 I -A v' ' I.‘~ :‘I‘ a Va A a.“ V 17 par le seul fait qu'il appartient a un monde clos, texte dont la cause lui est extrinseque. ‘ l_.e_ Poétique d'Aristote propose que l'objet esthétique reste irréductible a une essence physique en consequence de sa nature imitative. Une distance s'impose donc entre l'etre (physique) et le faire (poétique) qui dévaloriserait l'intérét d'une analyse ontique du texte. Cet embarras a été souligné (et interroge) par une ontologie heideggerienne par William A. Gerhard et Brij en K. Gupta dans un travail qui s'intitule, "Literature: The Phenomenological Art," Man and World, III, ii (May 1970), pp. 102-15. 10 Michael Riffaterre, op. cit., p. 162. 11 . . . . , . Mieke Bal, "Narration et focalisation: pour une theorie des instances du récit," 'Poétique (février-mars 1977), p. 126. 12 Roland Barthes, _S_£_Z_ (Paris: Seuil, 1970). voir la definition du lisible par rapport au scriptible au premier chapitre. 13 Se référer a l'ouvrage de Jacques Derrida, De l3 grammatologie (Paris: Editions de Mimit, 1967), OD. le signe lingiistique subit une ranise en question métaphysique (une deconstruction) , chose qui permet a Derrida d'analyser le déséquilibre historique du signifié. "Cette reference au sens d'un signifié pensahle et possible hors de tout signifiant reste dans la dépendance de l'onto-théo-téléologie que nous venons d'évoquer.", p. 107'. 114 - . . Jan Mikai‘Jovslq; resume la légitimité de cette tradition en ..." 5A r;- #6.? vv ‘4‘ nar‘gfl" “’ ax“..qu "" . I ‘9‘ Vs~ , ‘D ‘ 5" '5. p:y1rs- D“. . .. A- a - a o I _Ap» ‘ b— ...-g. I.- . _Du 2.“-.. , v “.1. b ‘/ 1!- -” .‘n: r " ' ~~~ 4A7'"“ ‘v fl 4" -V‘ ‘n‘: ‘. vb-“ . V. ‘ 'c.“ 2" 4Ar~_\ ., “ a. I 1' ‘Q i, , "3",“. - ‘w'fl u‘,‘ ~ 3" ~V “Jeers I “‘0 fl \- V ' Hn‘ ‘ ' I ‘H A “3'9" H -\ :10 (I go indiquant que, "It is true that we could simply state that the work of art is an autonomous sign characterized only by its serving as an intemediary among the members of the same collectivi ty . But if we were to do so we would simply be dismissing the question of the contact of the work-thirg with the intended reality without resolving it." Structure, Sign and Function: Selected Essays by Jan Mukarovslgf (New Haven: Yale University Press, 1977), p. 814. 15 Robert Magliola, Phencmenolog and Literature: An Introduction (West Lafayette, Indiana: Purdue University Press, 1977). 16 Alain Robbe-Grillet, Les Gommes (Paris: Editions de Minuit, 1953); Nathalie Sarraute, L'ere du soupgon (Paris: Gallimard, 1956). 17 Mikel Dufrenne, Phéncménolqgie g3 l'expérience esthétique (Paris: Presses Universitaires de France, 1953), deux tcmes. 18 Probleme déja traité par Roman Ingarden dans les premiers chapitres de Das literarische Kunstwerk (Tfibinger: Max Niemeyer Verlag, 1965) . 19 Mikel Dufrenne, Phénanénologie g3 l'e@§rience esthétique, op. cit., p. 313. 0 Robert Magliola, 0p. cit., p. 161. 21 Philippe Sollers, "La grarfie méthode," file; Quel, 314 (Eté 1968), p. 23. 2 Ce que Jacques Derrida a appelé _le trace dans _De la 19 ,grammatologie, op. cit., "La trace n'est rien, elle n'est pas un étant, elle excéde la question qu'est-ce que et la rend éventuellement possible.", p. 110. (soulignations de Derrida). 23 Philippe Sollers, "La.grande methode," op. cit., p. 23. "Le langage nly est plus portée par un personnage en direction de la vérité, mais arrive comme vibration d'une poussée massive, rongeuse." A Philippe Sollers, "Un pas sur la lune," Tel_Quel, 39 (Automne 1969), p. 11. 25 Philippe Sollers, Drame (Paris: Editions du Seuil, 1965), p. 52. Ibid., p. 159. C'est a la brfilure du signe que se decele l'ouverture de Nombres (Paris: Editions du Seuil, 1968), "... le papier brfilait ...," p. 11. 27 A un niveau poussé Alber Leonard precise que, "Philippe Sollers sait mieux que quiconque que sa contestation du rcman est en réalité la radicale mise en question de la société.", op. cit., p. 163. 28 Philippe Sollers, Nombres, op. cit., pp. 118-19. 29 Philippe Sollers, Lois (Paris: Editions Seuil, 1972), p. 5. Pour une étude de cette pénétration.du signifiant voir l'article de Mary Ann Caws, "Tel Quel: Text and Revolution," Diacritics (Spring 1973). pp. 2-8. CHAPITHE I La Poétique Le fait que Jakobson revient souvent a la poetique pour la gxmerau coeur de son systéme pansémique démontre le caractere paradoxal dont elle dispose, car sa légitimité depend d'un rapport payert. Les six facteurs constitutifs que Jakobson emprunte a la theorie de la.ccmnmmdcation, a savoir l'émetteur, le contexte, le message, le code, le contact et le récepteur, se relient entre eux-memes au.moyen de cinq fonctions (emotive, référentielle, phatique, conative et metalinguistique), au sens qu'une chose se trouve en fonction d'une autre par l'étroitesse de leur correspondance.1 En.dehors de ces assemblages possibles, Jakobson en schématise un sixieme qui décrirait le rapport qu'un message entretient avec luirmeme. Ou pour mieux dire, JakObson a souligné une sequence verbale s'effectuant a travers une equivalence combinatoire plutot que sélectionnelle.2 Une telle sequence possede une fonction poétique: la production de son message est en voie de répandre une sympathie phonémique et syllabique parmi ses elements. Cette fonction est indéterminee car en effet son.message ne peut etre scruté qu'a partir d'une certaine axiologie obligeant le lecteur a y retrouver un.point de repere, celui du message selectionnel devenu poetique a travers une symetrie d'homophonie ou d'homonymie. 2O 28. UN l 1- (h tout U es 1 “h“‘:‘fi ~ g“ 5..., \ ‘7‘ h, {are Ern‘, . \— "y ‘ )1 (D ('J «D ’ 21 Le schema synchronique jakobsonien isole la fonction poétique au seuil d'une idéologie empirique plus vaste. La fonction est alors régie par une contextualité vers laquelle elle montera en dépit de toute sonorité; chose qui divisera d'autant plus le domaine des signes de celui des objets, car "This function, by promoting the palpability of signs, deepens the fundamental dichotomy of signs and objects."3 Bien que la theorie de Jakobson accuse un penchant assez prononcé vers l'ideologie ontique, au sens qu'elle aborde le message a partir de son unicité pour y indiquer sa composition minimale, il s'ensuit que d’une fagon universelle Jakobson souhaite fonder la systématisation des fonctions opératrices retrouvées dans tout milieu verbal. C'est pourquoi les études exercées par l'Ecole de Prague sont si pleinement soutenues de nos jours: depuis ce premier Congres International de Linguistes a La Haye en 1928, la production scientifique s'oriente de plus en plus vers le role de l'entité phonemique dans une sequence verbale, ainsi que vers les faits phonologiques qui en resultent.u Par contre, la fonction poétique de Jakobson, qui est le fruit do eat heritage fonmaliste et de cette collaboration slavique, participe a un.réseau qui lui est a la fois antérieur-le phonéme provenant d'une opposition binaireS-wainsi que potentiel, car cette souche phonique se realise par la concordance d'éléments morphiques et lexiques. L'interpellation a résoudre deviant alors moins opaque: v {3‘ -..v. "V‘C on ~M..- .fl .— S. “on"? " - vVv-A— .‘If‘Y‘ w»g\...- 1"? .3 t. - .. . » . . 4 . . a. 2.. . C. ... x .. .. i... .... ... . . e . . ....i . i s .... e 5. C a. a. .3. .a 3 a. .... a. o. C . . 2 E. as n . . a: h h . h 5 . ~ . vi: a Y E i L and. .3 u“... .1 2 .3. .... . 2 . r . o . . 1. 3 T «. .-. i . f. 9. ... . i o. .. a s .... s. .... ..s s .s . Y ~ . o A.» 2. «D e . We .Nq “~— 0 g ~ \ W4“ M3» =on o 2‘. «my» adv” 22 est-ce qu'une poétique existerait en deca de l'actualisation symétrique et homophonique des phonemes textuels? Ou réciproquement, comment parvenir a une ontologie de la fonction poétique sans avoir recours a une sémiologie que diviserait le signe de sa chosification? Serait—il possible d'élaborer une poetique qui reposerait sur la couche phénoménale du texte? Soit le signe textuel appartient a une theorie générale de la communication6, soit il se retient a sa physionomie et, au lieu d'etre classé sous une rubrique sémiologique, sa taxonomie dépendra d’une autarcie phérioménologique. Des deux cbtés le lecteur se trouve devant son texte: il s'est prévalu de son droit de cette possession. Il suit le défilement graphique sous ses yeux et realise les corditions d'un rattachement a deux ter'mes.7 Quoique cette soulignation soit le propre de l'objet global, il convient de remarquer que le cadre de la possession s'y trouve impliqué. L'autorité du possesseur tente de fonder l'objet selon plusieurs ordres de sens: soit d'effectuer une lecture de l’objet (au sens latin de lego, qui signifie choisir et rattacher) en tenant seulement compte de la manifestation de l'objet, soit de le decoder a partir d'un systeme abstrait plus vaste. N'est-ce pas .le différend qui caractérise l'apprentissage épistérmologique du jeune Marcel devant le regard d'Albertine ou devant les tableaux d'Elstir? Gilles Deleuze a bien su dérmontrer dans quel sens chacune des immédiatetés qui s'offrent a l'écran proustien est qualifiée par des codes touj ours invisibles au premier abord et 23 toujours élaborés par un procédé refléchi.8 Dans sa lecture du monde Marcel passe du domaine ontique, c'est-a-dire du domaine da la chose telle qualle, au domaine sémiotique, de la chose comma la résultanta d'un intartexte plus large. Ainsi, avant qua Francoise na puisse tirer les rideaux de la chambre d'hotal a Balbec, cette spontanéité pré-artistique se manifesta a l'ombre des choses. L'ombra, cette grande passivité du regard devant un champ de signes que la grand 3' our, métonymie de la pensae proustienne, allait éclaircir afin d'entamar la dachiffrage: . la jour d'été qu'elle découvrait semblait aussi mort, aussi imrmémorial qu'une somptueuse at millénaire momia . . . Afin de raliar cette pensée a l'hypothesa jakobsonienne, il conviendra da montrer en quoi l'étude des operations du lisible domandara la misa au point d'une troisiame composante, qu'elle soit sérmique ou ontique, entre le domaine conscientiel du lecteur at celui da l'objat a proprament dit. Selon les jalons présentés jusqu'ici ces trois composantas pourraient se nommer l'émettaur (l'obj at lisible), la récaptaur (le décodaur) at la _cpgex qui les unit de tel sorte qu'ils participant a une meme instance psychique. Vu que l'autaur reste virtual quant a uneparticipation concrete a la lecture, le massage sa métamorphose en émetteur (a moins d'écouter un texte lit a hauta voix) . Riffaterre a resume ca transfart da facteurs da la faqon suivanta: .. . alors qua l'acta da communicationnormal met an ‘\ L .. .‘Ip —. I'll} e’. '8. ' l a L‘ Ayn-”i a o. .41.; x?°-~~ . 3'32" ca 3 “ ~fl‘v" A‘. Wm- ’ Dene. Gas: ‘ n. .“Y‘ ‘- A . h a. .V“VV-‘5Uto v VI 24 presence cinq elements (pour simplifier, ja na compte pas l'élement contact, que je considere presuppose par la simultane= ite= des cinq autres), la communication littéraire n'an a que deux qui soient physiquemep6 presents comma choses, la message at la lecteur. Parce que le code-forme lfaxe d'opposition at de reunion entre l’émetteur (le texte) at la décodeur, il sa nomme la fonction.de la communication littérai’re, ou la résultante d'un rapport vectoriel. D'emblée le lecteur at l'objet sont an mesura de partager une hononymité marginala grace a la presence de cette fonction. C'est pour cela que l'objat lisible est une antita fonctionnalle at que l'analyse da son statut davrait avancar de maniére 5 ce que le codex soit mis an relief en tant qu'intellect agent entre l'objet at la perceveur. Et da meme que la fonction se traduit par ce lieu da contact entre deux antités, la structure est qualifiéa, selon \ Tzvetan Todorov, par les elements, homologuas a chacune das antités, permettant leur amalgamation.11 La Iraquatte ci-dessous(Figura I), schématise cette pensée au moyen de deux composantes A at B: la fonction circonscrit 1e lieu (l'étardue) logique angendré- par. une contiguité entre das antités qui sont raliéas an consequence d'une structure biraira, structur'equi n'est que la teleos d'une activité critique voulant localiser les elements partagés par A at B. 7 e I: LeRa _pport fonctionnal '------- A’: fonction - ----‘- structure ,144or”' ~ vgohl‘ O anrqn‘;3wfi W» -V. CV ; l vvo a .41 ‘V V 'acta Q § »u 3. a. q ‘A o ‘ ”Aha o vlob y‘cn es.- 4 . Q“‘~s’ vo.u‘§e QV". 4; ~- My. one“ I EVvUe 8"; ie 25 Au niveau sémique ca lieu fonctionnel héberge un langage paradigmatiqua: la structure qui an resulte n'est rien.da plus qua llidentification du mécanisme des composantes qui y coincident. Au niveau ontiqua la fonction serait plutbt cette imege concretisée par l'instanca conscientielle (v6nuo) qui érige une autarcie entre l'apprehension at son objet. La structure ontiqua est définie par les éléments_nécessaires a l'opération conscientielle (vdncrs), done aux elements communs au perceveur at a son.objetidac conscience. Cette application ontiqua das facteurs constitutifs de l'acte communicatif est schérratisée ci-dessous (Figure II) . \ Ematteur’ vonua ‘ Décodeur Figgre II: La Fonction noématique Cette operation ontiqua qui forme le locus d'intégration entre texte at lecteur s'allie alors au modela fonctionnalista de Wolfgang Isar qui voudrait dissoudra la dualité entre la fiction sémique et la réalité ontiqua. Au lieu d'etre un passage 5. la reference, la fonction est déterminée par ce noeud qui lie une conscience a una identité autonone au moyen d'une structure dc commication. L'étuda da cette structure (chose qu'il nomme l'étude. de la fiction) menera a la misa en valeur du lieu fonctionnel: Si 1a fiction est une structure da cormmication, on ne lui demandara plus—selon un questionnament vieilli—ce qu'elle signifia, mais ca qu'elle opera: c'est la seule . .. :7. .... 3 C. n m2 .m 3. a n a t P .. ... S I ... .L e. a ._ C. u . S. . .. P. a. . C . a. A. P. a 3. a C a . .o a... a a n so. 3 .. . u. 'u A 9 Pb. “. W. v a“ A. 9v ‘ v i“; In“ .9 HIV no ‘2“ V; M‘- V AV QM I Q» I 1 i “no ' a . H w. 3w “w up... “x“ Q. m .104» mu. 1%.. AMW e .a n, E. w . X {W ma ,.. u ...M . U. a. r C we 8 +9 .4 . ..u a ... D. A. a . C an. to a. ...J a . n». 26 voie d'acces a safonction, qui est de poser, entre conscience at realité, les tarmas d'une mediation. Par contra il faut souligner que l'exégésa d'Iser cherche a ramplacer l'ontologie par un pur fonctionnalisme, c'ast-a-dire par une science qualifiant des rapports et non das étras. La sympathie entre lecteur at texte est établie grace a une fonction, donc l'analyse de la structure du texte (ou da. la conscience) visera non pas le domaine ontiqua de celui-Ci mais la niveau communicatif de l'opération qui noue un sud at a son objet: Quant a l'argument ontologique, il doit etre remplacé per un’ar’gument fonctionnaliste: entre fiction at . . 13 realita, la rapport n'est plus d'atra mais da communication. Cette distinction est sensée mais pas entierement nécassaire car la repertoire de l'opération fonctionnelle appartient aux composantes qui la cause. De plus il est improbable qua l'exégate puisse franchir la seuil de la fonction sans avoir en quelque sorta carné ontologiquament la mécanisme (la structure) noétique entre l'émetteur at le décodeur. Et donc la fonction acquiert une conséquanca ontiqua relative aux facteurs constitutifs qui doit étra définia en tant qua troisiema antité de la formulation textuelle. Fonction ou image, ca troisieme espace est un lieu de rencontre at de réciprocité. Par ce mama réflexa qui étard l'étre du chanteur jusqu'a sa cantata, l'image textuelle n'est rian de plus qua cette panséa limiraire qui surviant lors d'une instance phénoménale plutbt qua cognitive. Adarm Schaff a resume les parametres de la 27 contrainte qu'infliga la conceptualisation d'une fonction ontiqua an précisant qua: soit la procassus est l'acte de creation de l'image de la réalitfi, soit il est l'acte de son reflat, da sa production.1 Du cbté .da la sémiologie il y aurait ceux qui qualifieront la fonction entre l'émetteur et le récepteur par un acte réfléchi, qu'il SOit informatif, interrogatif ou imperatif; 5 at d'autras l'établiront qu'a partir de certaines conventions sociales axplicitas 16 at préétablies. Bref, au lieu d'avoir affaira a l'énonciation mama i1 serait plut‘dt question de ratifiar un contrbla métaphysique qui annularait la lecture an consequence d'un acte autoritaira .ou encyclopédiqua: le monde (y inclus sa signification at son ortographe). serait range, classé at transcendé d'avance. L'image comma monde devierrirait d'autant plus inadmissible: Nous n'examinerons donc pas les points de vue au caractEre ontologique manifestemant idealiste. Le courant proclamant que la langage crée non pas l'image du monda, mais la monda mama. 17 Cette démarcha que Schaff propose face au lisible (an tant que terrain d'unification) fait défaut a la primordialité da l'objet sensible racouvrant una structure autoncma. Une telle exégase sa nomma sérmiologiqua (ou sémique) plutbt qu'ontiqua car elle met l'accant sur la sens at non l'évidance de la lecture. La polamique entre l' ontologie at . la sérmiologie a engerdré maint malentendus par ,le fait qua la‘critique franco-éaméricaina enfantéa par la Formalisme russa .et la linguistique saussurienne a souvent voulu p‘. “ «..L l 2.3 H; l-; V“ ‘ vV...‘ . ‘ a a“: DEE~VTT ‘V Avs... .9 “fitg -.. .— M;‘~“v :4 V ‘ 2 ‘r‘ c.-- A. -l"‘VU.“ .I s \ wt," ~‘h' ‘- n "I - ~ DC. 4v WW1: .... a n «9 .‘Vv . e A 28 décaler una homogeneité entre ces deux domaines sous prétexte da par-venir a l'autonomia de l'objat littéraire. Ce melange taxonomiqua remonte a une logique a la recherche d 'une grammaire textuelle suffisante identifies par les elements lirguistiques abordablas a travers l'autarcie du texte. Quoique le niveau mimétique na soit pas une vraia anamorphose, l'exegete paut la décrire an tant qu'une souche menant a l'analysa das constructions souterrainas signaléas par certaines agrammaticalités da surface.18 Si la sémiologia, quelle que soit l'étendue da ses bifurcations, se raplie sur l'état normatif de la langue (au sens synchronique da Saussure), le texte sa facondera a travers la trace entre la langue et la structure fonctionnelle dont il fait preuve. Toutefois, la fonction ontiqua se caractérise non par l'absence d'un motif lingusitique mais pour ainsi dire par la mise en marge de tout réseau de sens. L'ontologua agit da maniére a saisir les attributs minima qui constituent un texte an deca du signe. Inversemant, la structuralisme, au fil de la lecture, avoulu accéder a la fusion de ces procédas hétérogénas; donc lorsque Marie-Rose Logan constate que les structuralistas, "question the ontological status of the text"19 il y aurait forcémént una transgression mal explicitéa entre deux systemas da- Coherence . Comment alors faire resurgir la commun partagé par la conscience _ at le texte, a savoir la fonction poétique apprehendéa an suspens a travers l'imaga? Mikel Dufrenne fut un das premier pionniers a 0 NJ. . I ‘ asfi-V‘"..‘ ' via- J‘- Cf: .- .5” UV. 0 3L; . C ..u E .5 m. PM 5: MA ‘ . n. i. . . r .3 S r . m“ ..er MS A L M“ m“ l4 fl=. 1.». \hL. v\ anal-F. :‘ Vfi- ukoha ‘ o ‘ '2 Q“ ”Q '4 -4 ".3". . 'n‘. a» All .onv QM 7.! A s . .. m. 0 mt HA‘HU I“ 29 circonscrire les jalons da l'objat asthétique en la reduisant a una antité sensorialle. Dans la Phénoménologie i9. 'l'expérienca asthétique, Dufrenne. sa met an devoir d'atteindre la nature autonoma de l'objet esthétique, objet parca qu'il s'allie a la perception, asthétique parca qu'il dissimule una structure estompéa an deqa da la perception; structure partagée avec la conscience de maniére que l'objet esthétique se range du cdté da la subjectivité: Au fond, nous ne décidons pas du beau, c'ast l'obj at qui decide. de lui-mama an se manifestant: le jugemant asthétique s'accomplit dans‘ l'objat plutot qu'an nous. 0 WI Il s'ensuit qua Dufrenne mania l'objet esthétiqua de facon transcender un sociolect general du gofit tout. an faisant défaut a un idiolect particulier qui animerait l'asthétique sur l'échalle de- lapercaption privilégiée. Ce n'est pas que "l'accord d'un pin at d'un arable qua Claudal ratrouva sur une route japonaise"21 soit dépourvu d'une valorisation singuliare qui parvint. a. annoblir un tal spectacle, mais selon l'ontologie dufrennienne les strategies du perceveur ne sont qua potentiellas: l'objet esthétique posseda una structure dimensionnella. semblabla a celle da la conscience lui permettant de sa: déployer dans una ouverture spatiale at tamporalla a partir de lui-mama. L'objet désormais s'annonce en consequence d'un dynamisma intarna qui precede sa rationalisation at son habillerment sémique: .. . an cherchant la structure da l'oeuvre, at particuliéramant da 1a matiere sensible, qui an elle se préta la mieux a l'analysa, on est conduit a invoquar at a verifier la solidarité das determinations . ......;..~ ~ ..D'} 'voogv . - :Q.‘ “A“ VVV ..v.. J ~.&:.;—. .. ’WQ' 4-; ‘ ' ' .V, S ‘ AV ‘- 30 temporallas at spatiales; at l'on comprend du meme coup que les categories structurales puissant se retrouver an tout art.22 Réciproquamant, la conscience du recepteur systématise sa convergence vars. une apprehension qu'au prix des categories psychiques qui lui sont propres at de l'organisation interne de l'objet. L'image qui en résulte sa mat au premier plan an tant qua clowre ainsi que coherence: ca qui apparait dans l'horizon de cette coherence structurale, C'est-a-dira dans ce partage pluridimensionnel, est non une illusion pragmatiqua de l'état de faits donné car tout est image au perceveur,23 mais une pseudo-materialité de la fonction ou de l'imaga. Ce qui excede la monde préaxistant tout aussi bien qua lacoucha non réfléchie d'une subjectivita est précisément la contiruité das instances fonctionnellas acquises par la récaptaur et la massage dans une articulation du lisible. Procas infinimant vasta at infinirmant passif élargissant l'étre au creux d'une commmication avec son milieu at lui permettant da transcender la pluralité da son contaxte. A titre de rapport entre composantes matériellas, l'objet da la conscience (la fonction gig moment noématique) est au préalable cette presence da tout ce qui se fonde an evidence ainsi que la local que toute lecture gagna sans reserve. Aussi, dans un premier temps at an dehors de l'idéolact pragmatiqua, la poétique se déterminerait par la perseverance da l'image a se révélar uniquement au moyen d'une matérialité puiséa da ses composantes structuralas. Les vars suivants de - Saint John Parse s'imposent comma premier an'?‘ ””A DV‘U ‘5'- V '15. M V‘ .Q finch-t ”9"." “V‘Y‘I a ...v‘u u".4.. 'v 'i a ‘ ”\‘VWS‘ng 'Llw,‘ Vu'h'h’. K. .1. J " I wzfi: N y. . I U‘ VV-D- ‘_‘ ’1’ “c‘ :HQn ‘ - ‘ v4. ‘~ W .: 193 (33-35 ‘33 . .— , ’ minC‘EEFE o”- v A ~ \4 n ‘ - 31 example da l'imaga conscientielle visant una materialite qui lui soit propre: . . . sur des plaintas da pluviers s'en fut l'aube plaintive, s'en fut l'hyade pluvieuse 5. la recherche du mot pur . . . ‘ 'Exil IV L'enignatique figure presentee opera 5 un simple registre: meler la sceau da l'image a l'activite de ce qu'elle carne. La quete du 'mot E3 est une fonction qui cherche a se proteger da l'optique referentielle tout en s'orientant vars una qualite extralinguistique: la sympathia entre elements deviant physique car le poeme tente a preciser une voie d'acces plutet qu'une simulation. Au lieu de referer la poema convoque l'instance constituea entre la structure des choses at la structure d'une conscience dont la scmma forme une homogeneite ou una purete. Le chemin da l'image n'est plus celui de la transparence: la fonction ne signala guera ca qu'elle ne pourrait etre; elle fait appel a l'unite d'une identite: Aucuna articulation gr'amnaticale ne marque la dualite des tarmes. Calla-oi disparait, n'est plus que virtuelle, implicite. La realite nouvelle penetre l'autre at la feconia sans que rian d'etrarger a la richessa deson apport, vienne avertir qu'il y a image, c'est-a-dnre rapprochement at double donne . 2 D'enblee c'est la recherche d'une participation: l'image se dispensers. da son revetment logique au niveau da la 'samiosis at sera regie. person propre etre, 5. savoir par le tiersparti entre message at lecteur. Selon Caillois l'imaga eteirdrait sa valeur historique at aspererait .dominer un terrain de l‘etre sur lequel 32 la referentialite est supprimee au profit de cette "realite nouvelle" proposee par Caillois. Le moment de l'image n'est pas l'homologue d'une autre entite mais l'_i_d_e_£_n de la vie qu'elle enchasse. Toutefois, salon la traditionontologique qui remonte a Aristota at aux Scolastiques, l'autarcia de l'etra d'une chose precede sa formulation accidentalle. Le fait da cerner la nature d'une chose a travers des elements qui lui sont etrangars aboutira a une impasse. L'apport essential da la science aristotelicienna est de souligner l'autonomie de l'etre 9.1.1.531. etra, car selon Aristote il y aurait un proces qui menera a la nature general de l'etre, sans pour autant la mettre en valeur au moyen de sa quiddité, *eorw Emow’mn 1:18 ‘r‘l Beam 6:? \d ’3‘! 25 TO 0V7] 0V. Cette ontologie cherche a renouvaler la primordialite metaphysique d'une entite placee an decal de sa direction ou de son devenir taxonanique. Evidanment une telle pensee avance negativamant au sens que toute definition ne serait que la metogggie de ce qu'elle a voulu saisir. la metonymia est prise ici au sens le plus strict: un brouillement taxoncmique, tel qu'entre l'espece et la genre, la particulier at l'universal, le phylum et la classe, ou tel qu'entre l'hcmme at l'arfimal, la famme et la rose at Mephistopheles et les tenebres. Le locus logique de l'etre se traduit alors par une catachrese, c'ast-a-dire par un abus de ce qu'il etait avant son ensevelissemant nguistique. Saint Thomas d'Aquin a souligne ce mecanisme d'ordre trOpique. qui appartient a la determimtion verbale de l'étre en evoquant l'irfintelligibilite du quod Quid erat essa ’ - $71G!“ U- “A.— . — u . H .m. MW. he... Mr. C... .. My my , e. .... . .... ...l m a s a. .i a. l. e . . . 5 we m o a. m. ~ 3. “Q Mob 3 .. he... C 4..“ a c hS e ,w. a.“ T he 9 L i o no J 17. g . h N ~ 4.4 ha. a». .1 «a. .«u «A 4‘ A: Q» ~u. n a. v .. 7‘ 33 (ca qu'un etra devait etre) qu'il emprunte a Aristote (IE) 11’ 3v 3‘ 26 atvat). A bien des egards l'image de Saint John Parse met an relief les premisses aristoteliciennes qui devalorisent la relativite at la contingence intrinseque’ au langage: celui—ci ratrouva la nature de l'inage _a_u_ sein (_l_e l'image; il y ratrouva l'erat essa de la chose presentee au lecteur e1 au perceveur. L'image est englobea ‘passiVenent at elle sajoue da part at d'autre de sa limite chosiste tout an se dispensant de son'propter quid ou de l'evaluation de son etre. La lecteur vient sur place creer son monde avant meme d'arriver au panorama semique des mots: il n'y a plus d'ecart entre la gande passivite du regard et la tableau du morrle, tableau qui devance l'effractionpotentielle engandree par l'activite d'une lirguistique. Rilke s'y inscrit a voix eperdue: Und hast die Walt genacht.‘ Und sia ist gross und wie ein Wort, das noch im Schweigen raift. Uni wie dein Willa ihren Sinn begreift, lassen sia adaine Augen za'rtlich los . .. 27 Le monde qu'apprehende Rilke se veut image a la fois .homogene .et suraigue, image 011 la langage manque encore de predicat. L'image est franchissable au niveau de ce premier contact du perceveur sans qu'elle ne soit arrachee a sa presence visuelle. la signification n'y .ccmpte presque pas, autrement ditdonc la correspondance du monde et du perceveur fabrigu' e la lieu fonctionnal da la poetique, "Und hast die Welt gemacht"; Dans rce‘ lieu l'image one pourrait etre signe: l'instance transparente de lacorrelation ahsolue .da l'etre reduit a q we?” .-VV.‘ o ‘2 Aui.‘ ‘v- V ~ov m ‘1‘" ‘ Nv‘a“ nu' «A 19. ' I §Q e ~23 _ AQ+L VVVV rve 3‘ '7‘“ “<1 on ’ v.9 " 31: zero l'ecart (la Vida) qui separe un sujet des limitas objectives. D'enblee la langage est en voie de .se faire, ". . . ein Wort, das noch im Schweigen raift." Et en sa formant la mot depreciera la grandeur ("ist gross"). de l'apprehension jusqu'a .ce que celle-oi echappe au spectateur ‘en consequence da la mediocrite de sa sirmilation, celle du L_)._ri_o_ ‘y_i_a_. Ce faisant, le reflexe du perceveur doit sa comprendre au sens passif: l'image se manifeste grace au'proces qui lance le perceveur dans una duree interne, l'obligeant a reunir toutes les instances visuelles de la chose. Le perceveur se trouve alors dans une participation qui l’etale a l'horizon d'un Lebenswelt complet: la ’ ’_S_j_e_r_1_f_u_§ de 'l'hyade 'gluvieuse accentue l'integralite de l'etre de l'image noue a L‘etre passif du perceveur. Bien que l'image sa tierme conme la parenthése la plus sfire d'une misa au monde, elle acquiert pareillement les dimensions de son gags, c'est-a-dire de ce qui existe independanment en consequence da cette premiere sympathie qui purifie le mot en la mettant a l'arriere-plan. Mot qui deviendra impur ou get}; par la suite, lorsqu'il s'accordera a une dualite entre homne at monda: da son cate Rilke accentue cettapolemique, qui forcement doit se retrouver dans le poeme ecrit, en se servant de la deuxiema parsonne ' (d3) plut6t que de la premiere. I]. an va da .mene que la logiqze quiforrie l'imge en tant ope sixmlacre (d'une entite extralinguistique) provient d'une activite fabricante. Face aces‘jalons, la representation n'est point 35 incluse dans le domaine de la parception_pure, mais dans celui du reflechi, de l'apres—coup deontiq__u e, c'est-a-dire de la pensee auxiliaire qui sa trame au ras des mots. L'activite sa traduit par une lecture de construction a l'echalle ethique: le devoir n'est pas celui de constituer une image immediate mais de garantir une praxis ou un. rationalisme qui s'accordarait a un reseau de sens hors de l'objet. Ne faut-il pas se rappeler cette premiere visite de Marcel chez Elstir, cu sortant de la chaleur de cat apres-midi a Balbec, le jeuna gagna l'atelier du peintre: salle fraiche at sombre ou scintillaient par androit quelques bandes de lumiére. Passant devant chaque tableau il entrevoit qu'une certaine apprehension pure se dissimule darriere la pensea qu'il s'efforce a eriger au seuil de sa vision: la mise au ,jour esthetique de l'image constituee par la regard deperfi du retranchament de toute signification que la pansee y impose. Proust confirme alors que la perception pure precede sa valorisation referent ielle: Les ncms qui designent les chosas repondent toujours a une notion de l'intelligence, etrangere 5 nos impressions veritables, at qui nous force a eliminar d'elle tout ce qui ne se rapporte pas a cette notion. Quoi qu'il advianne, la passivite n'offre guere l'illusion rhetorique qui denature la nudite du plan visual. Elle offi'e plutat ce moment sans designation qui devance la dechiffrenent de la chose at du moment lui-meme. la vision proprenent dite das trois arbres a la sortie de Balbec ne depend d'aucunattribut auxiliaire, n'etant point .le garme ni la I‘rcment d'une orgnisation‘ulterieure. Quant a ..v ‘ el a. .... a .. . e , c z. r. r. 2 a e .. .. i . m... a x «a .u as. W. . v .4 u «my M». a .«v a AC M. M. “a ..h ft. .m. 9* %~ ha a.“ s It a“ v c a . v . a .. C {g g a M 2%». o..~ : as $9 . .1 me. ..-. 36 la deuxieme cadence, celle qui agence la cenpromission designatrice, elle lui faudra se ranger a l'arriere—plan tenporel au profit de ca premier heurtement par lequel le perceveur qualifie spontanement sa perception, chose faita a l'ombre de la nettete intellectualle; Cette nettete ou cet eclairage qui etablit la grande metonymie proustienne du dechiffrenent: metonymie du tenps retrouve an sens actif ou ecrit; metonymie qui n'est que la refraction de l'etre d'une apprehension ombrageuse subie par le jaune Nbrcel: Car les verites qua l'intelligence saisit directament a claire-voie dans le monie de la pleine lumiere ont quelque chose de moins profond, de moins necessaire que celles, que la via a malgré nous commniquees en une impression, materielle parca qu'elle est entree 9 par nos sens, mais dont nous pouvons degager l'esprit. La passivite du malgre nous insiste sur le mecanisme d'ordre inedit at involontaire du lien fonctionnel entre le perceveur at l'objet du regard, lien qui accede en direct a la validite materielle de l'inage, ainsi qu'a la connaissance de l'etre d'une chose an dehors de sa contamination linguistique.30 La poetique de la passivite s'est eloignee a mintes reprises 31 et qui a voulu d'une tradition critique qui remonte a Valery preciser le sens exact du grec flOIéw (faire) en y voyant une elaboration exterieure (celle da l‘axegeta) de l'état donne de l'ouvrage litteraire. Rene Passeron a explique qu'entre l'acte createur da l'artiste at la production eventualle du texte il y aurait un lieu generataur ou critique sa nermant la poetiofiu‘ a. Par contra, dans undeuxiéme terps, un champs esthetique s'etalerait entre le texte. acheve at sa corsemmation generale par un public quelconque. Donc distinction fondamentale entre la fabrication at 32 la reception. Si la poetiq__ue cherche a discerner les variantes qui engerfirent l'ouvrage, l'eSthetiqua se mettra an devoir de regir les coordonnees textuelles au moment de sa consummation. Cas deux mouvements critiques sont plus cu moins lies l'un a l'autre au.- moyen d'un ford commun qua Passeron appelle lapoi'etiqua.32 La poietiqua remonte non pas a une fonction (c'est-a-dire a un rapport) mais a l'acte createur tout court, au geste qui aurait mis l'oeuvre au monda. En dehors du rapport entre l'autaur at son texte at du texte at son public Tzvetan Todorov a aborde la poetique d'une toute autre fagon en sa basant sur la tradition formaliste.33 Il entend par la poetiqua toute science du texte qui etablirait des unites 34 Selon cette de sens afin de souligner une theorie de genres. visee, le sens intrinseque de l'objet litteraire n'est que potentiel. Son sens actual lui est accorde _in extenso par une logique formalle visant la litter-arite des unites textuelles dans leur ensemble: an quoi est un texte litteraire at comment est-ca que cette alitterarite peut sa diviser en genres? Jonathan Culler confirme: Thework has structure and meanirg because it is read in a particular way, because these potential properties, latent in the object itself, are actualized by the 35 theory of discourse applied in the act of reading. , Toutefois, il est a verifier qu'une théorie de sens puisse . etre tiree de la structure intrinseque de l'objet textuel sans faire 38 defaut au statut ontiqua qui la determine;.da plus, il faudrait distinguer une telle structure du mecanisme logique propre au lecteur. Est-i1 Sense.de separar la lecteur de sa lecture at par la suite d'imposar une potentialite a laquelle le lecteur ne participe pas et qui n'est rien d'autre qu'une connaissance fabriquee a posteriori pour que l'exegeta puisse abordar son texte? Selon ces criteres la poetique na serait qua l'extension.d'une science das signes cherchant a preciser le premier reseau de sens semique par lequel la lecteur s'entretient avec son texte. Si la poetiqua.intarroge la litterarite d'un texte en localisant les unites narratives qui qualifiaront la texte de didactisme, de propaganda, de merveilleux ou de fantastiqua, la semiologie interrogera l'ensemble de sa grammaticalite, c'est-a-dire l'ensemble des determinations sonores, morphiques at syntactiques engendrant 36 Les comparaisons sonores de les sequences jakobsoniennes. ressemblance at de dissemblanca chez Jakobson.surdeterminent la grammaire de La fonction.poetique, c'est-a-dire du rapport du message a lui-meme avant d'etre defini au niveau semantique de la reference. La poetiqge de Todorov passe ensuite au demaine referential en explicitant la rapport entre le message at la code, entre la latence at l'activite an vue de rendre intelligible la mouvement global du recit semantique, au sens qu'un recit se veut toujours referential at qu'un discours se retient a l'enjeu das elements.semiques du texte. ‘0 I ihlnv'xun'r H - 1.1 ‘ 21¢. fur'l ' .‘4 PM“ Q I ‘1. n... VID- LAJ o vl‘" , . "neg"? ‘: Veevh \- . 1 mp3 V‘ ‘ 1.5V.‘ ‘ ‘n... .“ b4- Av 4 62“» ’ 39 Il suffit d'obsarvar a l'egard.da.chacune de.cas theories, qu'il soit question.de l'acte chez Passeron, de la litterarite du recit chez Todorov ou de la grammaticalite du discours poetique chez Jakobson, que l'epistemologie aristotelicienne reste plus ou moins intacte. Si la rhetorique ainsi que la.dialectique s'opposent au fairegmimetiqua, les trois modes repondant aux questions "qui imita?" (la voix), "qu'est ce que l'on.imite?" (l'objet referential ou semantique), at "comment imite-t-on?" (le genre), formaront chez 38 L'acte de formaliser une Aristote la science de la poetique. grammaticalite at par la suite une litterarite impliquent la structuration.d'unites formelles, engendrees elles-memes en consequence d'un projet anagogique at de plus en plus adapte a une deontologie. A se fixer dans l'affort du devoir l'exegete sa debarrasse du lieu fonctionnel da l'image pour avoir recours a un epanchament qui la separera de sa participation originaire. L'objet litteraire deviant alors lointain: eloigne par un barrage temporal l'exegEte revient vars son objet non a travers les exigences de l'immediatete.deila perception mais a travers la solidarite d'une grammaire privee qui r_e_f_ai_t l'objet. La poetique de la passivete par contra choisit de localisar l'empreinta fonctionnelle par laquelle liimage saisit son sensualisme substantial. Une-telleipoetiqua est caracterisee par la.consubstantialite s'effectuant entre objet at perceveur. Une telle poetique s'interroga sur.ce qui est !u_plut6t que sur ce qui ‘ J'N'm' ‘uni- h) D a ‘ “master/3° ~ 1;. ‘nge.’ ‘1“ ‘ _‘_ * ’40 est demontable. Par-dale. des jalons semiques la passivite accueille la visea phenomenologiqua non cemme l'aberration la plus certaine da l'espace logique mais cemma l'hermeneutique qui tachera d'eclaircir l'evenemant du langage: evenement qui est ce lieu de passage entre l'immediatete du regard .et la fondation d'une polemiqua entre chose at conscience. Il ne s'agira pas d'epuiser le domaine linguistique au profit d'un texte purenent phenomenal, car au contraire cette har'menautique abordera un texte activemant afin de souligner en quoi celui-Ci peut davenir la voie d'acces au r_n_o_t p_u_r_, a la transcerrlance da l'etat ccrmrunicatif du texte ainsi que de sa genese pragmatiqua ou de sa modalite mimetique. L'orientationde cette passivite s'accorde d'une fagon reperable a la poetique heidegerianne cu l'accent est mis sur l'hiatus qui permet la penetration immediate da l'etre au coeur da l'horizon morriain ainsi que l'hermeneutiqua linguistique qui en resulte. Au lieu de cerner la nature du langage en la localisant hors de la conscience, ce qui n'aboutirait qu'a une metalinguistique on a une qualification accidentalle, Heideger prepare sa mise en question par un detour vers le lieu antipredicatif de l'etre. Le langage s'accorde aux camposantes ou aux existentiaux qui fondant la structure ainsi que l'enonciation de l'etre. Ayant mis de cate la methode aristotelicienne, methode qui est sans issue a cause du qgid quod erat essa, Heidegger dans Sei'n‘urd 'Zeit etablit une ontologie qui accorderait un privilege .4 9“ Afin/“W .. .u‘o-fi _ . -.\A a- .... hm“ . C: ..V.....\' m _ . ’ V .A .... ' .3 , . ... . V. -'[:QH ...- - ‘ _- “- ”h . . ‘ — ~ Ml fondamantal au domaine articulatoire sous-entendu par La totalite da lfgtrg, totalite qui sera constituee posteriaurement mais qui ne parviendra pas a etre traduit au moyen de l'enonciation.38 Autrement dit, au lieu de renoncar a l'emplacement logique de letre, Heidegger degage une zone da l'Etre qui precede sa formula logique tout an tentant d'expliquar celle—ci. Cette praxis primordiale qui s'ouvre sur l'Etre au moyen.de l'entandament se nomme Dasain: fhis entity which each of us is himself and which includes inquiring as one of the possibilities of its Being, we shall denote by the term mfi9 Dasain est ce fond epistemologique de lWEtre au moyen duqual A0 une etude ontiqua puisse s'effectuar. Cette etude mat en.relief deux autres entites existentialles, die Zuhandenheit at die Vbrhandenheit, formant avec Dasain la totalite du plan phenomenal: In.Being and Time, Heidegger delineates three basic q kinds of befings: the ready-to-hand, the present-at-hand, ard Dasain. 1 Toutafois, Dasain ne se realise pas an tant qu'etat du visible, que ce soit a l'echelle da l'objet fonctionnel (die Zuhandenheit qui en fonction de son usage) ou a l'echella de l'espace logique qui revele l'horizon des rapports de l'objet fonctionnel (revelation qui permet a die Vbrhandenheit de.se deceler derriere die ‘Zuhandenheit).u‘ Dasain n'est ni cat outil dont se sart le manuisier en y accordant une utilite teleologique, ni cette felure (Bruch) qui interromptlflusage~de l'outil lorsque celui-ci n'est plus range 5 142 ea place normale: .felure qui annonce unnouveau contaxte de rapports possibles grace a la presence .da l'espace logique qui remplace l'absence da l'outil, qua Zuhandenheit. pasfl se definit ontiquemant e‘travars trois existentiaux, c'estee-dire trois elements etablissant sa presence structurale: l'ouverture au monde (la mode), l'entendenent (la constitution primordiale du morrie) at .le proj at de‘ sens (_l_gggs ou devisagenant en tant qu'al<’=3theia).Ll3 L'ouverture;et l'entendenent etablissant une complementarite par laquelle l'Etre est avec la monde (Regain), it L'espace logique contenu at c'est ainsi que l'Etre .se dévige.” dans l'instance directionnelle du devisagenent, instance endogena quant a la conception de _Qa__s_e_i_n_, sous—entend une tautologie ontiqua et materiella entre conscience etfimonde: le E91231 de l'hozrme est bience terrain originaire sur lequel s'etrecit la distance qui separe l'objet du sujet. Il‘ an resulte une sympathie phenomenale qui devance la polemique cognitive entre l'uni.ficateur at l'unifie. D'enblee cette sympathia revelera lastructure de Qa_s_e_i;n_ au sens qu'une structure proviant des elements communs parmettant la soudure de deux ou de plusieurs entités.“5 lastructure neanmoins n'est point une supplementarite au—dele de cette prise de conscience propre 5 E5231: 1a structure s'articule au menant de l'ouverture de l'Etre, at reste donccompris dans gafl, car celui—oi, etant la source .da l'interpretation de l'etra doit, a l'echelle temporalle, L16 devancer la localisation de l'Etre. L'unite de 'DaSein est accordee 143 par un projat de devisagament. La naissance que subit Dasain.au moment de l'ouverture at da l'entendament institue l'articulation du logos de lflEtre. Le logos est ca domaine de l'Etre qui accede cw l'intarpretation (ou a l'articulation e1 sans de Auslegugg) at cm l'enonciation (Aussage) de Easein. 'L'interpretation (articulation) repond au mecanisme par lequel Qasein_qualifie l'entendement: si Dasain est capabled'appreheniar une vision il s'ensuit que l'apprehension se veut revetue d'une interpretation primesautiere face a l'objet parcu. Heidegger precise: When we have to do with anything, the mere seeing of the Things which are closest to us bears in itself the structure of interpretation.“7 Le l9gg§_da l'interpretation.(Anslegugg) an fait designe une pre-conception.par laquelle le monde est connu au prealable, chose qui suscite un entendement au coeur de Dasain puisque celui-Ci est essentiallament un lieu ainsi qu'un.maintanant epistemologique.)48 La source-viva du projet de sens (du logos) de Dasain est enfouia dans l'arriere-pensee des deux.autres existentiaux. La constitution (l'entendement) est etroitement dependante de l'explication ou de lfarticulation.(Auslegung) de l'objet apprivoise dans la projet de Dasain.“9 A ce niveau lfiantite pargue possede une articulation complete: All interpretation is grounded on understanding. That which has been articulated as such.in interpretation ... is the meaning.50 .Tout en.risquant de delayar (voire de trangresser) la 44 legitimite da l'hermeneutique heideggerienne, il importe de souligner que l'entendenent, qua praxis prirmordiala, se traduit par le projet articulant la lieu de rencontre da l'etre at du monie. Cette articulation permet au monde de .se faire paraitre (au sens de amécpavots) an tant qu'imaga ‘fonCt‘ionnella. La fonction constitutive afface l'epistemologie fondee sur un dualisme de l'inapercu, at reciproquement l'evidence se veut la piarre de toucha du logos primordial. Par rapport a l'articulation provenant du domaine de la reception de l'image fonctionnelle, l'enonciation (Aussga) est une derivation (Abldinftigen) de l'entendenent: l'enonciation reduit les rapports du plan constitutif au moyen de la communication lirguistiqua sans quoi la Alggs ne pourrait s'exprimer. Cette enonciation s'effectuepar ce qui sera mvisoirement appele .le mot, car la sens precis du mot ne peut sa comprendre qu'e travers la rapport qu'il fige avec l'image fonctionnelle. Four 1' instant le mot sera tout objet apophantique par lequel le morfie se laisse voir an tant que presence-de-rapports pour la conscience: Words are proximally present-at-hand; that is to say, we come across them just as we come across Things, ard this holds true for any sequence of words, as that mich the loves expresses itself. 1 Done le mot, etant une chose pour la conscience, peut se dirigervers. l'Etre .ccmmele ferait l'objet mondain, "Language is a _ totality of words--a totality in which discourse has a 'wordly' 145 "52 Bairg of its own. Par .contre, la mot s'engendre grace au pro-jet articulatoire da Dasain at proviant donc du lgos: la langage possede un rapport double avec l'Etre, il se veut objat pour la conscience ainsi que derivation da l'articulation de l'Etra. Selon cette visee la langage se prepare a devenir ce qui enonce la structure de l'Etre tout en etant deje la consequence la plus sfire de l'articulation de ce dernier. Le mot est alors a la fois le devancenent ainsi que l'apres—coup de la fonction immediate qui reunit la conscience et le monda. En tant que residu commnmicatif, le mot n'est rien de plus qua cet objet s'offrant au perceveur e titre d'horizon de rapports aiguises g3 gconscience (appartenant a laconscience) :' la residu est donc une metonymie de la fonction materielle. A cette echelle, s'il faut avoir affaire a la referentialite, ce qui pourrait se nemmer giggle se refere toujours a une apprehension anterieure plut‘ét qu'e une entite hors da la conscience. C'est pour cela que le langage doit se ccrmprendre‘dans son rapport temporal avec l'Etre at non au moyen d'une polarite '§_r_1_'tr_e_ la conscience at l'objet cemblee par 1 'acte consc ientiel . La phenomenologie heideggerienne n'acconde aucun privilege originaire e. la possibilite d'une division ontiqua entre l'etre et son monda: l'un est toujours ouvert at devisage par l'autre. Le residu du logs an tant que fonction est en effet ca trait d'union, cette dimension sur laquelle l'harmonie de lYEtrese communique: il n'y alplus lieu d'accorder a la fonction q. ‘ua flu nu. .efi ’3' .«M S .2 2“ ‘1an .50. v V 6“ ~“ .— AA 7. m . ”he er ~ ~ -1 4 Z. Auov ‘ Q 5 J “we » . e. L Lb Av «Q V. n v. 36 la r61e d'engerdreur d'une egalite entre entites. Cette e uivalence la precede at la mot fonctionnel na fait que l'affirmer. Heidegar se sert du terme la dif-ference pour signaler qu'il ne s'agit pas d'une communication qui resulterait d'elements polemiques an convergence, car l'hiatus ne proviant pas d'un desaccor-d premier: l'hiatus demontre que la mot fonctionnel est en mesure d'etre posteriaur a l'acte Conscientiel sans qu'il n'y ait d'alterrance dans le cadre ontiqua. Le morrie (l'ecran de la conscience), la chose at la mot ne formant qu’un ensemble bien que l'ontologue puisse les distinguer de maintes facons en absolutisant une logique qui voudrait que le temps ne soit jamais capable de s'eloigner de l'heterogeneite at donc de la taxoncmie. Heidegger a idonne libre assor a la theorie du mot fonctionnel en soulign‘ant la qualité a la fois inedite at ineffable de la structure dimens ionnelle du langage: The word consequently no longer means a distinction established between objects only by our representation. Nor is it merely a relation obtaining between world and thing, so that a representation caning upon it can establish it. The dif-ference is not abstracted from world and thing as their relationship after the fact . . . The dif-ference is neither distinction nor relation. The dif-farenceis, at most, dimension for world and thirg.53 Paut-etre est-il question ici de la grande bifurcation metaphysique dont Heidegger fut rasponsable et dont l'importance fut developpee par Jacques Derrida. Chez Heidegger l'exegete n'est plus oblige d'etre envoie de susciter un desequilibre categorique dl\ . e . e a .. s, e. e . .. .. . -... . e. C 2 a. e . . . C .l e. \2. .w. vi. m S ..u 1.4:. nu AH!“ «V ~. «a. h.‘~q a? :~ 4‘ «Q. .2 w». .H.« 1‘ SD Hw m.” e. C. m. AW .H em 3. i J. C. 1 J Me was .1 m .9. new .2 m... . n . .. .. a . . : a t 3 e C w m m e 2* a 2* a 9 ram ..0 new .e . E .9 we . . a i . a a : C ... n P 3 .3 n .. ... a L T me. n. m : PM". 3:1!1. 47 (lapsus qu' il accuse Aristote d'avoir neglige) afin de deminer le pale subjectif. Pareillement la conception da la Eggs chez Derrida permet l'aveu d'une defaite: celle de la metaphysique qui accorderait un rapprochement entre la langage at l'aventure empirique. qui vise l'assenca des choses. Une telle metaphysiqua imposerait un langage ”accidental tendant vars sa propre cleture. Ce qui en resterait ne serait qu'une chair en voie de deccmposition. La deccmposition elle-meme est ca domaine par lequel il faut passer afin d'en venir 5 ce que Derrida appelle le 2911‘. de l'homme par rapport a la Science de l'homme. Derrida ajoute: Ce que nous a deje appris la pensee de la trace c'est qu'elle ne pouvait etre simplament soumise a la question onto—phenomenologique de l'essence. La trace n'est rien, elle n'est pas un etant, elle excede la question §%'estfg§“que_et la rend eventuallemant possible. Etant la residu de l'articulation du logos le mot fonctionnel, _qu_a dif-ference ou trace, enonce l'unicite (le 2.ng de Heidegger) de l'etre egg la monde (Dasain) . lorsque Heidegger precise que, "language, the peal of stillness, is, inasmuch as the dif-ferance takes place. Language goes on as the taking place or occurring the difference for world and thing,"55 il souligne bien cette dimension of: monde at Etre se retrouvent de maniere desabsolutisee. Toutefois, le langage est pris ici au sens fonctionnel, c'est-e-dire que le mot etablit une image noenat'ique en consequence de l'articulation primordiale liant la morde avec la conscience. Le mot est a lafois fonction at structure at c'est ici que Heidegger 48 opera la topologie du langage en distinguant les deux reles de celui—oi: le langage fait partie da l'articulation tout en agencant l'enonciation. Le langage est 5 lafois Norm (der Name) at Mot (das Kort) . la nom est antierement noenatique ou fonctionnel car il presente l'image des choses. .Donc le nom est en effet la residu ou la dif-ference au moyen duquel Dasain remplace la polemique perimee (entre monde at conscience) par l'enonciation. Heidegger explique ce qu'il enterd par les noms de la facon suivanta: They are words by which what already is and is believed to be is made so concrete and full of being that it henceforth shines and blooms and thus reigns as the beautiful everywhere i8 the lard. The names are words that portray.5 Si 1e ncm se traduit par l'image fonctionnelle, quel alors sera le sens du mot dans la topologie du langage? Bien que Heidegger reste plus ou moins opaque face a l' emplacement exact du mot, i1 ne-serait pas trop ose d'affirmer que si la norm est la lieu de la dimension de. l'enociation, le mot (ES. Kort) devra provenir de l'articulation ou de la structure noetique de Dasain. Le mot remonte a l'entendenent qui precede l 'enonciation, il remonte au danaine primordial du _l_ggos. La decouvarte du m2}; chez Heidegger est en effet la poetige. Et, de plus, si la mot est en dehors de l'enonciation il restera opaque. La materialite fordee par la dimensionfonctionnelle (le nan)reste insuffisante car elle est encore posterieure a la structure [(5. l'entendenent).qui l'avait engerdree. Si la quete du ICC MP -M'V .ao‘ eel v-f‘,‘ "\a J .~‘~ ‘Qw u ‘5‘ :- l .C \ C ~32. N. v.‘ I q ’- A .... '7' n’, .. 983-9 3710 I 6' “ie V v 1 .«4 1 aw. Q» fin v-‘y‘gr “9 mot pur chez Sthohn Parse fut entamee au moyen de l'espoir d'une harmonie materialle at visuelle entremorfie at langage, chose que l'ontologia heideggerienne a su realisar, ce qui an resultera implicitement ne se pretera guere a une exposition precise. Tel est du .moins ce qui caracterise la chemin menant vers le devisagament du mot, c'est-e-dire da la structure du logos de Dasain. La poetique cherche le _ng_n de ce £1313, elle cherche l'enonciation de la structure de l'Etre faute de quoi elle s'etaindrait, mais parca que lapoetique presuppose l'invariance ainsi que la preexistance de cette structure au ford du .nom luivm‘e‘me, celui-oi ne pourrait qu'etre la faible lueur ou la metonymie de l'acte primordial de l'entendenent: meme l'imaga conscientielle ou fonctionnelle n'aboutit qu'e l'ebauche de la praxis qui lui aurait donne la jour. Or si la poetique est una epreuve, celle d'une adjonction de la communication at da l'articulation, elle est d'autant plus une defaite ou du moins la tenoigrage d'un renoncement an consequence de la decouverte qu'elle fera: que l'acte est inseparable de la fonction et bien que le temps veuille y imposer un ecart l'enonciation n'etablit que le ncm de cat ecart et non l'irreductibilite des deux composantes. Au reste, n'est—ca pas l'inccmpatibilite dont l'exegete, qu'il soit ontologue ou non, est le plus sfir face a untexte? Incompatibilite qui capendant l'antraine e. wimposar maintes variantes au-dela de l'Etre-perceveur enoncant sa textualite. Cette interpretation permet, au sens deontique ou logique, de 50 mettre la defaite an marge et de preciser qua l'operation hermeneutique cherchant a materialiser l'imaga (le nom) at par la suite 5 se servir de la dimension de .celle-ci afin de parvenir a la structure de l'acte ontologique de l'Etre (le mot) s'appalle _la poetique. La Figure III ci-dessous schematise l'orientation de la poetique selon la theorie de la fonction presentee plus haut. la conscience, 32a Dasain car la poetique fait partie d'une ontologie cherchant a devisager l'Etre, sa lie au langage au sans qu'un perceveur est lie 5 son apprehension ou qu'un recepteur s'unit a une emission. Ce systeme surdetermine la dimension fordee par le norm noenatique (la fonction ou la dif-ference) qui lui-meme emane ,de. la praxis de l'antanienent, a savoir la structure noetique. vonua largage ncm conscience \ wovo IS / mot Figure III : _l_a_ Noyau gig in; poetique Heidegger a explique a plusieurs reprises les .coordonnees d'une telle poetique surtout a travers ses ecrits qui valorisent la poesie de Stefan George, de Hederlin at da Hilke, auteurs qui se pretent aisement au commun dencminateur de l'ontologie. Son analyse du poeme _D_a_s_‘&>_rt de Stefan George est sans doute la plus eterdue, par la .seul. fait que ce poeme concretise au plus haut degre l'affort 57 du perceveur ediscerner la structure du logos. Les Sept coup-lets . . u. ‘ He 4 x. no t 3 cl 0 a A I! .... .. «4v. n. “A. T» 4‘ Q» :4 flu xx 2 .. u r. a. U“ mh r . . t s .3 mt a n. . o my. w. .s~ ?u Vw ‘ we. e (t w S n. MW he. 9 51 visant l'echec de la tentative: la poete a subi l'experience du langage, c’est-e-dire il a transcande la polemique qui rend opaque la langage vis—e-vis la monde tout enreconnaissant la topologie qui distingue les deux reles de ce meme langage, a savoir celui de la ng_e_s_e_ at celui du Lying. La regle du lgggs a ete durement apprise: sans la mot noetique le monde ainsi que l'Etre ne pourraient se raj oirdre. Or il lui faudra renoncar a cette trouvaille que l'enonciation reste au-dele de l'apprehension structurale dans le temps mais y fait plainement partie au niveau du monde de l'Etre. Les deux premiers at la dernier couplets du poeme irriiquent l'enjeu: Jusqu'aux rives de ma propre patrie Je portai le reva d'une terre lointaine \ Et j'atterriis jusqu'a ce que la Moire Efit trouve la norm au ford des eaux da son puits- Alors ,je renoncai et tristemant je vois: 58 011 la mot s'arrete nulle chose peut etre. Heidegger resume la deception de l'enonciation face au mot an indiquant que, "What follows the colon does not name what the poet renounces; rather it names the realm into which the renunciation must enter. .."59 Ce denaine est celui da la defaite de la circonscription du mot, de la structure noetique: le poete est oblige de s'introduire au domaine de la poetique. Lieu qui acheve sa propre defaite ne pouvant enoncer le tresor ou la reve acquis par la grande apprehension du monia, cette "terre lointaine". Tel estl'eveillement du perceveur face au langage: ce qui lui manque -' - .— v '85 Le I39 L w. ......C 2.2.. .. e I C 5. .. . ... s r .. ... a e x ... _. e C ac . .e. Q C a-“ e S r V T x C 3 or .1 m: C . .1 a.“ S l a...» we a. C 3 b. . , C ab MK. .3 52 n'est pas le mot luste pour ainsi dire, mais la possibilite de se ratirer de son Etre, car la langge n'est point un objet referential mais l'articulation dans l’ouverture d'une subjectivite pleine. Le perceveur doit se rendre a lui-meme dans la monde car il ne pourrait s'en deprerrire: il perd donc .son tresor, la connaissance non-enonce du logos. rJ'lresor auquel meme une Parque ne saurait accorder de nom au fond dessources de la destinee. Heidegger continue plus loin en indiquant que: However, neither the absence of the name nor the slipping away of the treasure is what is disturbing. What is disturbing is the fact that with the absence of the word, the treasure disappears. ‘Ihus, it is the word which first holds the treasure. . . the word first bestows prasencéeDd that is, Being in which. things appear as beings. Le perceveur a saisi les deux ordres du langage: l'un qui forde met l'autre qui enome l'Etre. 11 a beau attandre aupres du puits de la Moire, l'enonciation ne pourra jamais ncmmer l'acte de conscience (noesis) qui engendre l'appelation. Ce poeme de Stefan George rencontre la poetique. Ce poeme rencontre la passivite de la conscience ainsi que la dimension fonctionnelle. La rencontreest celle de Rilke e l'ouverture de la premie’e elegie de Duino, "Qui, si ,je criais, m'entendrait par-mi les ordres argeliques?" Elle est celle de Juan Ramen Jimenez et d'Antonio Machado tout aussi bien que celle .da Michel Van Schendel: Le corps de paroles naitrades ossuaires du vent Quel avenir a cela qui 1e dit ' Corps sans poids sans menace at sans effrondement Mais qui naissant tuera ce qui la dit.51 53 Le texte selon une telle poetiqua phenomenologique n'acquiert pas son sens a partir d'un code illusoira, a savoir d'une méthodologie qui subordonnarait le largage a une genese preconstituea. Sous la passivite du regard le texte s'eloigne du paradigme linguistiquepour s'inclure @129. la perceveur. La poetiqua gera une hermeneutiqua qui se prepare a avoir recours a une ecriture plainement subiact'ive (ou constitutive) au sens heideggerien: le texte est compris dans l'ouverture de Dasain au niveau articulatoire ainsi que cormmunicatif. la conscience s'allie au texte pour ne former qu'un seul ensemble material. 11 n'en reste pas moins que la poetiqua est une perseverance transcendsntale voulant faire hcmmage a l'entendamant dont elle n'est que la resultante. Cette perseverance tend a l'echec car l'Etre des choses ne peut se dire que posterieuremant, a la suite da l'instance qu'elle aurait voulue cerner. La posteriorite n'enpeche pas au mot et au nom de jouir du meme rang ontologique, at selon ces coordonnees l'ecriture s'admet e. la subjectivite dimensionnelle, a la dif-ference qui rend lisible le monde. Ia poetiqua est alors une phenomenologie du lmge, une methodologie qui interroge la fonction du langage ainsi que sa transcerdanca. A la suite d'une breve parenthese qui formers le deuxieme ctapitre, au cours duquel il sera demontre que la poetiqua se distingue a la fois d'une phénomenologie epiphanique et d'une phenenenologie esthetique, cette analyse se mettra en devoir de Ch Ag 51-! signaler en quoi la romanesque de Philippe Sollers adhere e la conception de la poetiqua presentee ciédessus. ye. a O C: err-7w: HJ‘A‘J“ camera: 2 J 55 Notes 1 ‘ Roman Jakobson, Linguistics and Poetics. Dans The Structuralists from Marx 3o lévi-Strauss (New York: Doubleday, 1972), commente et introduit par Richard at Fernanda De George, pp. 85-122. Parce que la poetiqua s'annonce par une structuration verbale elle fait partie de la linguistique generale. Excepte la poetique, les cinq fonctions citees ci-dassus proviennent des rapports suivants: emotive (entre l ’ematteur at son message); referentielle (entre la message et son contexte); phatiqua (entre la message at le medium) ; conativa (entre le message et. la recepteur) . at metalinguistique (entre la medium at la code) . A ca sujat voir pp. 89-95. 2 Cu selon Jakobson, "The poetic function projects the principle of equivalence frem the axis of selection into the axis of combimtion." Ibid., p. 95. 3 Ibid., p. 93. Ll Voir l'avant-propos de Josef Vachek au Dictionnaire g3 linguisticme d3 I'ECOle g Pragge (Anvers: Comite International Permanent da Linguistes, Spectrum Editeurs, 1970), pp. 5—8. 11 serait utila 5 ca sujet de consulter la travail de K. Horelek, "These k. "éeskoslovenske diskusi o fonologii," ("Theses pour la discussion théboslovaqua sur la phonologia,") Slovo g 'sloveSnost (Prague), 15 . n .o :3 ~ v .....v .. ... j v- -‘ . ’1 Wu "‘Y‘Wr‘ b‘. J ~53...” ' I“ q . . \DG‘ 'V Who-5 _ 5 V‘ f 9 - -Qf‘\ §§~ U- 56 (19514), pp. 33-35. Horalak y indique que, "Les phonolcgues pragois prenaient pour point de depart la tradition russa (de Badouin) at s 'appuyaient sur les travaux sovietiques (notamment sur ceux de J akovlev) . Contra la psychologisme de Bedouin at de Courtenay, ils soulignaient la corriitionnement social des faits phonologiques . . . Il y avait un fort penchant vars l'idealisme phonologique, vars la separation des faits phonologiques de la realite phonique. On paut considerer comma apport principal de l'Ecole de Prague le principe des combinaisons phonologiques, la theorie du rendement fonctionnel, comma elle a ete elaboree par V. Mathesius." pp. 311-35. 5 Il s'agit ici des unites discretes que Joseph Greensberg dans son article, The Linguistic Approach, Communication arxi Culture (New York: Holt, Binehart, Winston, 1966), edite par Alfred Smith., decrit de la facon suivante, "Aralysis into distinctive features is a development within the last two decades, associated with the Prague School but not universally accepted. Jakobson and his associates go one step further still, by imposing upon the entire phonemic material 21.3211 gpposition as a consistent patterning principle. . . ," p. 125. (soulignations de l'auteur) . 6 Théorie dont les limites ont ete surtout decelees par Colin Cherry dans son ouvrage da chevat face a la science cemmmicative, _O_n_ Human Contamination (Cambridge, Mass.: Technology Press of NET, 1957). C'etait Jakobson, par la suite, qui souligna danszde. nambreux ouvrages une correspondance entre la semiologie et la communication. . -' . 11"" '~ ‘5me - . . fi‘fi .- -"v v .1“; 4 ’N -Vl “ 4 q ..a firm :\ 1" w.‘:“‘ 9“ fl VJV (‘3 VAHA wt. 5 O ‘m‘ . ..\‘~. 43 57 7 Rattachement qui remonte a Tolstoi dans son ouvrage Qu'est-ce q__ue l'art? at qui a ete redige plus recemment par Michael Riffaterre dans Ehwuction _dg texte (Paris: Editions du Seuil, 1979), Oil il indique qua, "Le phenomena litteraire n'est pas seulement le texte, mais aussi son lecteur at l'ensamble des reactions possibles du lecteur au texte. ..." p. 9. 8 Gilles Deleuze, Proust 'e_t_ les signes (Paris: Presses Universitaires de France, 1970). 9 Marcel Proust, _A lg reCherche d2 temps perdu (Paris: Gallimard, Bibliotkfique da la Pleiade, 195A) , texte etabli at presente par Pierre Clarac at Andre Ferre, 3 vols., I, p. 955. 10 Riffaterre, op. cit., p. 9. 11 L'entite textuelle est un objet, mais objet qui se veut inclus dans un arr'iere-plan plus large. Pour que l'inclusion s'effectue i1 lui faudra des elements homonymes a ceux de ce fond qui permettront au lecteur de poser son objet a l'appui d'un reseau specificme. Tzvetan Todorov nomme cette caracteristiqua la nature fonctionnelle du texte: afin que la. texte puisse se realiser il lui faudra en premier lieu s'accorder a un systeme precis, "Appelons fonctionnelle la preniére saisie da l'antite, celle qui l'identifie comma element d'un systeme plus vaste, par ca que cette unite y fait ...." Le texte est alors an fonction d'un systeme de signes ou d'un sociolect formal. la structure de l'objet proviendrait par la suite d'une '. '1' I. a: w. Q~ /l\ ~D ... .A.. .... v Q U 4 .4.“ ya n emf: :1 4 HQV. VA“ \n. N 371C 4c: 4 § ‘9‘ u “\- t‘ M- e. e (um. AHV 4 Q hum an s 58 taxonomie de cette fonction e l'interieure d'une entite particuliere, "... et structurale, la seconde, ofi nous cherchons a voir si toutes les instances assumant une meme fonction participant des memes proprietes." Citations tirees de Lg Notion 1g§_litterature, dans Langue, disCOurs, societe: Pour Emile Benveniste (Paris: Editions du Seuil, 1975), sous la direction de Julia Kristeva, J-C. Milner at N. Ruwet, p. 353. Consulter aussi la travail de Jan.Muka;ovsky,Kapitel aus der Poetik (Francfort, 1967). 12 Wolfgang Iser, "La Fiction en effet: Elements pour un.modele historico-fonctionnel das textes litteraires," Poetique (1977, fev- mars), p. 276. 13Ibid., p. 276. 1“ Adam Schaff, Lgngggg g§_connaissance (Paris: Editions Anthropos, 1969). Traduit du polonais par Claire Brendel, p. 197. 15 Luis J. Prieto, Messages gt signaux (Paris: Presses Universitaires da France, 1972), p. 15. 16 Georges Mounin, Introduction 5; La semiologie (Paris: Editions de Mimlit, 1970): p. 78. 17 Schaff, op. cit., p. 199. 18 Terminologie empruntee a Riffatarre. Caluirci.decrit la metamorphosa du niveau de sens (mimetique) an niveau de signification (semique) grace a la permutation de certaines anomalies, {ain'— \‘1 5112‘ - .?- _ . q» A; 3: ... 71 C C a. .1 z 24 C . i s . n v 3 a. w a 3.. D. I o g .s ‘ o‘ N 5W1 S .1 E I; 9 S e 3. .. w ... .1 3. 2 2 n C .n. A: 2. x} n :1 a». 1 ~ n? 2 a. . M. n p a D. ’3. . n u. .. z _ P C. Y. ... .1 59 "... anomalies qui sont 5.1a fois les points ofi l'amprise du texte sur le lecteur est la plus contraignanta, at les jalons qui lui parmettent de discerner au travers des representations la trace de la signifiance." op. cit., p. 120. 19 Marie-Rose Logan, "Graphesis ...," Yale French Studies, LII (1975), p. 6- 20 Mikel Dufrenne, Phenomenologie g§_l'experience asthetique (Paris: Presses Universitaires de France, 1953), 2 vols., I, p. 22. 21 Ibid., p. 7. 22 Ibid., p. 313. 23 voir la distinction entre un texte pragmatiqggcorrige par la reference at un texte fictionnel agence par un ecart entre une proposition et l'etat reel des choses; polemique soutenue par Karlheinz Stierle, "Reception at fiction," Poetiqug (Sept. 1979), pp- 299-320. 2“ Roger Caillois, Poetigge gg SE John Parse (Paris: Gallimard, 1954), p. 78. 25 Selon Aristote "Il y a une science qui traite l'etre tel quel." Metaphysiques (Cambridge, Mass.: Harvard University Press, 1933). Texte etabli, commente at traduit en anglais par Hugh T‘redennick, IV, 1003a, 21. ' 26 Saint Thomas d'Aquin, D§_Ente gt_Essentia (Kain, Belgique: Le Saulchoir, 1926). Texte etabli d'apres les manuscrits parisians. ‘ A .‘\ V‘V 7 * 9839” 'fi. 60 Introduction, notes at etudes historiques par M.-D. Roland-Gosselin. Voir le septieme paragraphe. Consulter aussi les Metaphysiques d'Aristote, op. cit., VII, 1030b, 35. Ca rapport entre Aristote at d'Aquin au sujet de l'etre nOn-accidental a ete souligne par Armand Maurer dans sa traduction anglaise 9g Being and Essence (Tbronto: The Pontifical Institute of Mediaeval Studies, 19U9), p. 27, f6. 27 Rainer Maria Rilke, "Eingang," tire da Das Buch der Bilder, dans Semtliche warke (Frankfurt: Inseléverlag, 1955), p. 371. Essai de traduction en franoais: "Et tu as fonde le monde. Et il est vaste/ at comma un.mot qui des lors mflrit an sourdine./ Et tandis que ta volonte an saisit la sens,/ doucement tes yeux le laisse partir ... 28 Marcel Proust, A;lg_Recherc e dg temps perdu (Paris: Gallimard, Editions de la Pleiade, 1954), 3vols., I, p. 835. 29 Ibid., III, p. 237. 30 Mecanisme souligne par Martin Heidegger lorsqu'il observe que "Ffir diesen.Fall dfirfen wir aber dann auch nicht mahr sagen, das wesen.dar Sprache sei.die Sprache des wesens." Cite de Untarwegp zur Sprache (Tfibingen: Neske, 1959), p. 186. (Dans ce cas il ne nous est plus permis de constater que l'essence du langage at la Langage de l'essence). 31 Pour une misa au point plus precise de La tradition valerienne vcdr l'article da Rene Passeron, Lngoietique, dans Recherches an A‘ . «‘- v ‘th‘yA ~-- ~- -/ I, ‘V‘m . ' Q. ‘ ~._ ’5 C cvs‘ at. “ H‘ ’ . HMA~A A‘v-V‘oe \l il7fi‘ «hp-U l "\ ”w ‘d;_s 5“- 9-; 4 ‘Q 7, 4‘, ‘ 2 J ’ J" ‘ YV J 2 n,‘_ ‘Q " _ ‘n \J- /v ‘w “ 61 Poiétiquas (Paris: Klincksiek, 1975), Tome I, p. lu-passim. 32 Ibid., p. 16. 33 Ibid., p. 17. Consultaz aussi la defi contre la materialite poetiqua de Tzvetan Todorov dans ce meme recueil, Poietique at poetiqua selon Lessing, pp. 25 at 35. A , . . . 3 Tzvetan Todorov, Poetique gg 1g prose (Paris: Seuil, 1971), voir 1e chapitre s'intitulant Comment lire. Consultaz aussi l'ouvrage de Robert Scholes, Structuralism ig_Literature: An Introduction (New Haven: Yale university Press, 1974), pp. 143-u7. 35 Jonathan Culler, Structuralist Poetics (Ithica: Cornell University Press, 1975), p. 113. 36 Roman Jakobson, Huit questions g§.poetique (Paris: Seuil, 1977), pp. 106-07. voir aussi l'ouvrage de Stefan Morawski, Inguiries into the Fundamentals gthesthetics (Cambridge, Mass.: MIT Press, 1974), pp. 186-87. 37 Aristote, Poetics (London: Heinemann, 1939). Texte etabli, commente at traduit en anglais par W; Hamilton Fyfe. Aristote ,. "1 /\ z -70." I, I. pPECISe que eu T0101 6n ravrais 61d¢opaisln uiunois EUTIV, ms 1' "‘ s“ s, eimouev Kdr'epxes, ev ois re {Kai a} K01 as." II, 3-III, 3. (Dans ces trois differences i1 y a la genre de l'imitation au moyen de l'art, at comma nous l'avons dit plus haut, parmi ces differences i1 y a aussi at les objets et la maniere).; 38 I1 s'agit ici de la difference ontologique qui sera soulignee . Q urn v..h— 7. A: uflfi S a ' a \,~ (1‘5 ‘7‘ ‘ 1.5.: a '71 a D \ . \»d I . a 1‘ MY W\ i 62 plus has. Voir Joseph Kockelmans, Ontological Difference, dans _O_n_ Haidegger and Languagg (Evanston: Northwestern University Press, 1972), Joseph Kockelmans, editeur, pp. 195—2314. Kockelmans etudie la modulation qui s'effectue entre le domaine ontiqua de m at 1e domaine ontologique de l'gtrg, "Heidegger calls this ground of the ontological difference the transcendence of Dasain." p. 197. La transcerriance de l'ouverture-avec-le-monde (M) se fera lors de la topologie du langage ofi l'enonciation tentera de remonter a 13. source du logos. 39 Martin Heidager, Sein und Zeit (T‘L’ibinge : Max Verlag, 1967), p. 7. "Diases Seiende, das wir- selbst je sind urd das unter anderen die Seinsmeglichkeit das Fragens hat, fassan wir terminologisch als Dasain." Toute citation de cat ouvrage renverra a la traduction arglaisa Beigg and Time de John Macquarrie et Edward Robinson (New York: Harper and Row, 1962), p. 27. 140 Etude n'ayant pas affaire a l'etre qug Etre mais aux trois unites- existentielles qui y menant, e. savoir Dasain, Zuhandenheit at ‘ Vorharxienheit. L'etude ontologique par contra, effectuera 1a transcerdence du Dfigigg et de la difference ontologique. Voir note 38 ci-dessus. 111 Edward G. Lawry, "The Work-Being of the Work of Art in Heideger," Man ard World, IV, 3 (August 1971), p. 186. Se referer aussi. ageinggig Time, op. cit., pp. 1051-07. 1&2. Martin Heidegger, op. cit., pp. 105-06. Tout au plus -r . .3. If): I—_\ «- U) n \ W .- oh- 63 die Zuhanienheit et die Vorhandenheit ne sont que des categories (KGTTTYOD fat) .au moyen desquelles le monde se rend visible at elles se distinguent de l'existential Dasain. Il serait bon de consulter Gregory Schufreider, "Art and the Problem of Truth," Man and World, )CIII, 1, pp. 53-80., ofi i1 affirme qua, "This is the force of Heidegger's well-known distinction between the ready-to-hand (Zuharrienheit) and the present-at-hand (Vorhandenheit) ard his insistence that each entails a different sort of 'sight' appropriate to it.", p. 56. “3 Heidegger, op. cit., pp. 172-795 182-883 202-211. Pour une explication detaillee du sans de Dasain voir Joseph Kockalmans, Language, Meaning ani Ek-sistence, op. cit., pp. 3-32., 011 11 explique que, "In this understaniing of Being, which is first found in man's 'primordial axis, ' there is given an urxierstarriing of things which has the character of a being able .to deal with them, as wall as an understarding of man through the many possible projects with regard to things in the world." pp. 28-29. All Heidegger, op. cit. ,’ p. 176.,"We have seen that the world, Dasain—with, and existence are equiprimordially disclosed; ard state-of-mind is a basic existential species of their disclosedness, because this disclosedness itself is essentially Beirgwin—the—world." ' Disclosedness sera traduit par devisagement. “5 Presence que Heidegger appelleSorge, op. cit. , p. 1158. 6’4 “6 Ibid., p. 36M. ”7 Ibid., p. 190. “8 Ibid., p. 191. L19 Ibid., p. 193., "Meaning is the'upon-which'of a projection in terms of which. something becomes intelligible as something; it gets its structure from a fora-having, a fore-sight,and a fore-c onception. " 50 93., p. 195. 51 Ibid., p. 201. 52 Ibid., p. 2014. 53 Martin Heideger, Poetry, Language, Thought. Traduit de l'allemand par Albert Hofstader (New York: Harper and Row, 1971), pp. 202-03. Heidegger souligne cette distinction en citant plus loin, "When the dif-farence gathers world and things into the simple onafold of the pain of intimacy, it bids the two to come into their very nature." p. 207. 54 Jacques Derrida, _D_e_ _l_a_ grammatologie (Paris: Editions de minuit, 1967), p. 110., voir aussi pp. 12u-25. 55 Martin Heidegger, Poetry,Language,Thought, op. ci ., p. 207. 56 Martin Heidegger, 931' 1392 1713.1 39 Larguge. Traduit de l'allemand par Peter D. Hertz (NewYork: Harper ardRow), p. 1414.. a. .C 1...... ....Ila. y‘- §‘ .1" q 4 d‘une- A “ 65 57 _I_§>_i_d. Heidegger etudie le poeme de Stefan George dans les chapitres s'intitulant, The Nature 91323131332: et Words, pp- 55-108. et pp. 137-56. 58 Le texte du poem de Stefan George est tire de Werke: Ausgabe _i_n_ Zwei Baanen (Mfinchen: Helmut Kfipper Vormals Georg Bor‘di, 1958), Tome I, pp. 1466-67. La version frangaise est un essai de traduction de l'allemani et de l'anglais: Wunder von ferne Oder traum Bracht ich an meines landes saum Und harrte bis die gene norn Den ramen fand in ihrem born- So lernt ich trauring den verzicht: Kein ding sei wo das wort gebricht. 59 Martin Heidegger, gthgflal 221.13%: op. cit., p. 65. 60 Ibid., p. 1H6. 61 Editions de l'Hexagone, 1980), p. 1&7. Pour une étude de cette polémique dans la littérature espagnole voir l'ouvrage de Paul R. Olson, Circle g Paradox: Time and Essence _i_n the Poetry 2: Juan Bamén Jiminez (Johns Hopkins Press: Baltimore, 1967). Consulter aussi Juan Ramon Jiminez, Eternidades, dans Tercera antolojia poética (Madrid: Ed. Bliblioteca Nueva, 1970), p. 529., ainsi que [_aPoética d'Antonio Machado, dans Poesiajespafiolaicontemporanea (Madrid: Taurus, 1962, Gerardo Diego, editeur, pp. 1&8-119. « 'r 4. : nav- VV.. 2h". fivv ar- '. ur‘. I CHAPITRE II De l'épiphanie a l'esthétique Le desert au profit de la séve Et autres lieux Pour se croire ici. Paul Eluard Sans pour autant oser épuiser les contributions possibles a l'analyse phénané'nologique d'un texte, les remarques a suivre se contenteront de faire une mise au point de trois variantes qui accedent a une telle appelation. La genese de cette exposition, qui manquera peut-etre de rigueur en voulant prétendre a une categorisation tantat rigide et tantc‘St fragmentaire, remonte a l'ouvrage de Georges Poulet, La Conscience critique, dans lequel il apporta une triple méthode a la phénoménologie litteraire.1 La source de ce travail remonte aussi a la notion d'une oeuvre autgg‘ne (néologisme provenant du grec aim ye’wnros) qui tenirait vers le pale subjectif grace a ses propres coordonnées et qui a été empruntée 5. l'esthétique de Mikel Difrenne et a celle de Maurice Blanchot.2 Au reste, cette entreprise cherchera a mesurer l'envergure de la subjectivité qui glisserdans .et aux.“ alentoursd'une entité textuelle afin de mettre en valeur une theorie de l'espace- conscientiel dans l'expression litteraire. Cette. spatialisation de la conscience 66 . r. nu ‘ ’ . .. 1 .. 3. e .... .. x11 . 1 E1 a. . c T. a . - , S . . e w . n. c 5 : u ml 5 3 9 n.. e M: C n . .m. 3. ML . .nw 2‘ a. nu «any ML #3 n3 2% MA. ...w v AV ~ WI ~I ‘ . N put I’ C. 5. .1 C S U. 3. C at V C. 2 n . :u .3 67 n'aura .de signification que dans la mesure of: le texte lui-meme sera capable de se prévaloir d'une subjectivité autre que celle qui s'impose au nan de la virtualité. Et, .compte tenu de l'état actuel de l'exégése phénoménologique a l'égard de la littérature, état qui a récemment connu un envol grace a l'excellent défrichement de Robert Magliola, il importe de constater que l'étude d'une conscience soit-disante textuelle ne confers. pas nécessairement a celle-la les 3 auspices ou l 'appui de la phéncménologie. Etant donné que la pensée de Husserl s'était mise en devoir de fonder une philosophia m an moyen d'un renversement de l!e’:mon§un- basée sur une analyse a prétention empirique, c'est-a-dire basée sur des données hors du domaine de la conscience ’11 1a radicalité de ce renversement est consécutive a l'autarcie intuitive et indissoluble qui scelle l'état subjectif a l'étendue de son objet de conscience. Evidemnent sur le plan philosophique, lorsqu'il s'agit de c6toyer une telle remise en question, il est toujours aisé de faire appel a des universaux qui conspirent au general, voire a l'éidétique. Par contre, bien qu'il efit toujours été inutile (et Longin l'avoue bien) de souligner la valeur de l'axiane u}; philosophja poesis, le probleme de la phéncménologie littéraire reside en ceci que l'exégete se sert accessoirement d'une méthodologie husserlienne afin de. l'appiiquer pareillement a des ensembles subjectifs qui répondent a des .statuts ontologiques différents, telle que la conscience du lecteur, celle d'une voix-rarrative ou celle d'une entité médiatrice a mi-chemin 68 entre les deux. De son cote Alexarxier Gelley a déja constate cette contrainte dans le domaine de la critique phénoménologique lorsqu-'il aconfirmé que: One of the major tasks confronting phenomenologically oriented literary theory is to adapt the Husserlian analysis of how the mird constitutes phenomenal reality to the very kind of reality . . . that comes into being as a process of reading.5 Qielles sont donc les pcrtes d'entrée dont dispose l'exégéte afin qu'il puisse susciter une phénoménologie d_e_ l'événement (_i_e_ _l_a_ lecture tout en évitant de faire défaut a la radicalité. de l'entreprise husserlienne? Quoiqu'il y ait plusieurs fagons de faire 1e tri des écoles de parenté phénoménologique--selon des criteres chronologiques ou axiologiques—Robert Magliola, dans ses travaux de premier ordre, a accordé bien globalenent une importance .fonciere aux critiques de la conscience (vocable qu'il emprunte a Sarah lawall) qu'il appelle aussi les adherents de.-l'Ecble ,de Geneve: il y range parmi d'autres, Georges Poulet, Jean-Pierre Richard, Jean .Starobinski, Jean Rousset et J. Hillis Miller.6 Quel'que importants que soient les néologismes grace auxquels il est permis de grouper ces exégétes, Magliola a su reconmitre un déncminateur ccmnun, celui du psychisme phéncménologique, a travers lequel les Genevois révélent les Sohémas visuels (ce que Magliola name the experiential patterns) de l'auteur dissimulés dans le texte. En évoquant les schémas qui aiguisent le Lebenswe‘lt de l'auteur ces .exégetes font une etude typologique des actes modaux de 69 la conscience, .tels qu'ils sont révélés par Starobinski dans Egg 3.1m: ou par Georges Poulet dans 'L'ESpace prOustien, ou bien ils se dirigent vers les coordonnées objectives de la conscience, telles qu'elles sont décrites par Jean Rousset dans L_a_ Littérature 913 Egg; Barfle.7 Depareilles etudes se disent psycho-phénoménologiques car elles sont fondées sur le rapport inébranlable entre le mode et le contenu- de l'acte de la perception. Par surcroit, l'enjeu de ces études serait de découvrir 1e proj et de la conscience textuelle qui est en lui-meme l'écho f‘ictif du Lebenswelt de l'auteur. Le texte est alors une substance imaginaire (Magliola se base ici sur les écrits de Jean-Pierre Richard) qui fome 1e double linguistique de la conscience de l'auteur. Le langage, devenu 925335 selon les exigences de Merleau-Ponty, concrétise en en-soi l'instant subjectif de l'auteur.8 En outre, Magliola part du principe que "experential patterns are funiamental self—world relations which underlie any particular actualization, real or imaginary, of that relation."9 Par la suite il impose la mise en marge des apports non-textuels (les plus evidents étant biographiques s'il faut répeter le refrain des New Critics) pour venir au plus pres du g9‘_c_:_L_1_s_ qui constitue 1e depart critiqueIdes phéncménologues. Réduit a un univers de signes. .et voguant dans une épaisseur de. subjectivité concrete, le texte est une entité mediate placée 5. califoumhon entre l'écriture _et la lecture. 11 est capable .d'acquéri-r‘, . en tant .que moyen terme, tune souche subjective qui . coherétiserait‘ .le vecteur. psychi'que‘ entre :’ l Yacte.-et l ’ obj et .de la O A ~~w‘ ‘ ~44- - . ‘A- ..4' a ....D C -\ q 7O conscience. La résultante vectorielle (s'il est permis de se servir d'un.modele ayant a la fois une direction.et une grandeur), qui forme le noyau de la critique perSOnnelle genevoise, donne le jour a llegg phénoménologique, c'est-a-dire elle engendre l'ensemble de l'état qui fixe l'horizon.mondain.du sujet: By personal criticism I mean critical practice that describes a phenomenological ego, that is the 9 enverbalized conSCiousness appearing in a text. Cette constatation, qui resume l'attaque phénoménologique contre les structuralistes, provient du quasiemcnisme de Merleau—Ponty et de Ricoeur, par lequel le sens du langage~dépend de l'accouplement de l'esprit et de La reference, chose qui garantirait une subjectivité 10 Dans la mesure ofi cette pensée en partie tactile a La conscience. est véridique, il serait possible d'induire que l'entité verbalement concretisée se présente comme la somme des modes et des contenus de l'esprit: réunie fictionnellement ou non, cette somme permet au monde de se montrer dans une instance de La conscience. Par contre, sans étre dupe des problemes métaphysiques qui émanent de ces propos, Magliola n'interroge guere le sens précis de son egg textuel: il accede plutot a une fondation critique (celle des Genevois) qui fait l'hyperbole d'un.pressentiment intersubjectif entre la conscience _ textuelle et celle de l'auteur.. Pressentiment car cette conscience textuelle nfest jamais mise a l'épreuve de l'ontologie et sa certitude-nflest jamais contestée. Cette observation doit.§tre bien .soulignée oar la phéhoménologie littéraire n'adheve pas de verifier a 515.3. l'ac“ Uni—‘4 I “A ..." ‘wo-a \vvnvga — “._,\. 2‘53" N‘ng ‘vo *v“ K1“" .- ‘, '3 ’c." L 93 “G ”V. J“\' V‘u\ ‘ 71 l'évidence de la conscience que .renfermele texte. Cette critique étouffe bien 1e rapport ontique entre une telle vérificationet la réductiondes sohérras visuels de l'eio fictif. Gelley de nouveau a signalé cet enccmbrement qu'impose l'extension analogique de l'activité de la conscience: It would be mistaken too (though quite plausible) to hypostatize a creative consciousness--a "persona" or some related notion of the presiding author--"behi.rxi" or "above" the work.11 ' Etant donné qu'il s'agit de fournir une voie d'acces au £0313 du m au cours de l'événement fictif (et pourquoi croire qu'il soit statique?) tout en cherchant a promouvoir un procédé qui serait empreint de la radicalité husserlienne, cette ,étude s'acheminera vers les possibilités d'une telle localisation afin de répondre aux contraintes qu'évoquent les statuts ontiques de l'oeuvre litteraire. Bien que Magliola passe ensuite ail'examen des grandes lignes de l'esthétique de Mikel Dufrenne, de l'ontologie linguistique de Roman Ingarden .et de l'herméneutique de Martin Heidegger, il revient surtout a une presentation plus ou moins historique et logocentrique des terdances phénoménologiques a l ' intérieur du mouvement lui-meme . Au lieu de répéter cette démarche, l'étude a suivre se dirigera plut6t,vers le sens du :m textuel en commencant par l'esthétique joyciemze, passant a celle de Mikel Dufrenne .et aboutissant auseuil du materialism .de Philippe Sollers, chez qui laconscience textuelle s'exclut duplan statique afin de s'inclure dans une dimensionalité 72 passive, dialectique et métonymique, a savoir celle de la phéncménologie du langage . Mais avant d'entamer l'analyse, et ce n'est que pour se lier au souci de la definition, il importerait de faire un abrégé de la pensée phénoménologique, quoique les excellents travaux de Herbert Spiegelberg et de Pierre Thévenaz présentent un apergu succinct bien qu'englobant de cette pensée au lecteur curieux d'en savoir plus long.12 Lorsque Freud travaillait sur les origines de l'histologie dans le laboratoire de Charcot a Paris en 1886, Franz Brentano de son caté, en tant que professeur a l'Université de Vienne, scrutait les sources du Tnomisne afin de préciser la distance qui sépare le phéncméne mental du phénaréne physique dans le champ perceptif . Selon Brentano, 1e phénméne mental-3e définit par sa direction YEE an 991%: la conscience doit, en s'acccmmodant a l'acte psychique qui lui est propre, contenir l'imnanence d'un obj et négatif'. la perception, tout en étant gros de l'horizon objectif, ne contient pas 1e substrat materiel ou positif' de l'objet. Par contre, bien que le phéncmene physique puisse accéder a-ce rang positif, il n'est que la qualification accidentelle du phéncméne mental— et donc manque de direction et de reference. Brentano visa une etude étiologique de la conscience qu'il appela la psycholggg’e descrg‘ tive par quoi il invita la tradition dualiste a ranpre l'écart entre la conscience subjective et le royaume de 73 l'objet cartésien (objet qui engge le penseur a se soustraire de l'écran chosiste afin de preter attention au monent d'éclosion du savoir). Dans son Psychologie vcm empirischen Standpunkt il mit l'accent sur l'intention psychique qui unit l'acte a l'objet de la conscience. C'est a partir de cette sympathie que le mouvement phénanénologique proprenent dit allait prendre son essor. Brentano explique cette reconciliation originaire de la conscience et de son objet de la facon suivante: Each mental phenomenon is characterized by what the Scholastics of the Middle Ages called the intentional (or mental) inexistence of an object, and what we might call, though not wholly unambiguously, reference to a content, direction toward an object (which is not to be urrierstood here as meaning a thing), or immanent objectivity.13 Au moment de l'éclosion le savoir se tait. Le phénoméne physique, toujours eloigne du comportement irrmédiat de la conscience, reste postérieur (et spatialement virtuel) au phénoméne mental qui, de son cdté, par la secousse intentionnelle, invite 1e rassemblement des extremes polémiq1es. N'ayant de prolongement objectif, la premiere vue d'une chose n'affirme aucunement la quiddité d'une entité: elle se livre tout simplement an veritas, a une appartemnce incontestable (étant démunie de tout arbitre). En conséquence de cette reduction épistémologique (qui retrouve celle de Descartes, du moins dans ses departs), le champ perceptif‘ est indiqué par un ensemble phénanénal a mi-chemin entre la réalité et l'idéalité de l'objet de conscience. Aussi l'opération f- ‘ . a . p: m. Q» ~.* a ;& flaw NW. . . . Cm .fia Q ... a a s 0.. ab .3.» v4 1. . . i T a. .- . n m . n i n. .... a .... m. . a .. o w - T 9 mo MN ..A ...u m: S a .. ..,~ W C. S a . . .r . 5v ... . A.» . % a - .. v. ON a G» h or . IO» 5: 6» AL nu. ab 5. . "i .au ~u. h? am An 4a a.» a .. 4H .‘,.s 1 ~ h. 4.... . a a» a. « 714 solidaire et rigoureuse, qui franchit l'évenement de la perception afin de le réduire a l'état phenomenal, est-elle désignée par la phénoménologie. Husserl, bien qu'il suiv‘it la piste de son maitre Brentano, se soucia de l'empirisme scientifique préconisé par la psychologie a la fin du XIXe siecle. Selon Husserl cette tradition empirique était vouée a l'échec dans la mesure ou elle s'assurait que l'horizon des données de faits se tenait hors de la conscieme et ne s'y montrait que par l'intermédiaire de la representation perceptive. Tout en provenant d'une tradition cartésienne, l'histoire de la philosophie moderne s'était empétée dans une crise logique, a savoir celle du dualisme. Voulant rétablir les sciences, en les réunissant sous l'appui d'une méthode rigoureuse basée sur l'évidence plutdt que sur la certitude de l'universum Lerc'eptionis, Husserl se livra a la transcerdance (qu'il tenait du doute cartésien) de la connaissance des faits. La radicalisation qu'il se mit en oeuvre d'entreprendre interrogea l'idée d'une logique historique selon les criteres de l'intentionalité. Husserl présenta les gandes lignes de sa nouvelle méthode dans Logische Untersuchungen (1901),1u par quoi il dépassa le formalisme de la logique apgphantique (logique qui juge les .étapes de la pensée selon des faits supposes, ccmme dans les calculs mthématiques) et l'ontologie formelle (logique qui vise le rapport entre les choses dans ledomaine objectif) pour en venir e 2 c. 0-7". ‘ ‘ 1. 1 . ‘ v.5 “184...: n C C ...1 D. .du en” 7!: ; ya.- “av .53 P“. ‘ ‘1‘qu- uv. ‘LI “‘Sserl 1. Q“ 15¢ v? n... .-. a m. .. . ~14 C 394:: 'fi’ ‘w's 1Q 75 a une logique pure ou transcendentale. Une telle logique serait a mane de verifier l'idée de la logique en présentant la ganme de ses possibilités. Il exposa cette pensée a plus longue haleine dans son ouvrage Formale uni Transzernentale Logik.1'5 Parce que la logique pure reste hors du concept normatif vise par la logique formelle, elle est son propre principe: le sui generis primordial de la conscience, antérieur a la genese intentionnelle. Au vrai, l'intention de cette subjectivité doit se donner idéalement, car il serait inutile d'y référer d'une maniere precise. Une logique transceniantale est alors la description des intentions ge ga_ logique dont le residuum formerait une étude de l’ego transc endantal, bref du mécanisme fordamental (et indubitable) de la conscience. 16 Husserl précisa la voie de la logique formelle, dans la mesure cu elle coincide avec l'egg primitif, en indiquant que: Ainsi, conduits du savoir et de la science a la logique en tant que theorie de la science et ensuite de la fondation effec tive de la logique a une theorie de la raison logique ou scientifique, nous nous trouvons devant _lg pgobleme universel de ga philogphie transc endantale, cette demEre etant prise sous sa seule forme pure ou radicale: sous la forme d'une phénoménologie transcendantale.17 Si l'ego transceniantal est le "forflement primitif de tout ce qui est valable pour moi du point de vue de l'etre,"18 il sera place an coeur de la méthode phénoménologique que Husserl développa avec minutie en 1913 dans M,” et que plus tard il raffina dans les Meditation cartésiennes, travail consécutif au quatre colloques qu'il fit a la Sorbonne en 1929.20 En effet, la premiere meditation 76 s'intitule "L'Achaninement vers l'Ego transcendantal," trajet qui allait permettre a Husserl d'évoluer sa these quasi—cartésienne en tant que fonmle égologique, c'est-a-dire en tant qu'étude intentionnelle de 1' Q primitif .21 La premiére étape de l'achemeniment réduit la conscience a ses éléments minima a travers une parenthese universelle que Husserl appela l'éwoxfi (ou Aufhebung). La reduction phénoménologique ne contienirait que l'expérience pure (Erlebnisse), a savoir celle des modes et des contenus de la conscience en deca de leur valorisation épistémologique. L'opération alors dépouillerait la conscience de tout ce qui nuit a la localisation de l'égo pur: Consciousness in itself has a beig_ of its own which in its absolute uniqueness of nature— remains unaffected by the Lhenomenological disconnection. It therefore remains over as a wphenmnenologmal residuum" as a region of Being which is in principle unique, and can become in fact the field of a new science--the science of phenomeno log . 2 3 Ayant effectué la reduction phénoménologiciue, par laquelle la conscience ne retient de signification que dans la mesure cu elle constitue son objet par l'acte intentionnel, Husserl a su circonscrire le premier niveau de la conscience, a savoir l'gg c_og_i_t_g. Ce noyau est plainement intentionnel au sens ou il est régi par l'acte directionnel désigné par le grec vdnots, ainsi que par l'unité des moments objectifs de la perception, chaque moment etant désigné par vdnua, dont la sanme forme l‘objet de la conscience ou le cogitatum: 77 Ce noyau, c'est la presence vivante du moi a lui-méme, tel. que l'e ime le sens grammatical de la proposition: Ego cogito.2 Le residu de la reduction phénoménologique se proclame par l'iimanence apodictique (iniubitable) de l'gg cogito, de cette conscience qui-est-la-mienne dans l'écoulement des cogitata. Et, au cours de ce flux, s'il faut se référer a l'épociue idéaliste de Husserl,25tout objet de-la conscience est constitué synthétiquement et passivement pour en faire une totalité. Cette operation, que Husserl nonme en effet la constitution, s'effectue grace a une temporalité intérieure dont les actes conscientiels sont capables.26 Deuxiémement, et peut-étre au risque de trop simplifier la pensée husserlienne, la reduction phénonénologique passe a la description de la conscience pure, 5 savoir de l'gq SEER? Au moment intentionnel, la constitution rassemble la totalité des noénata: lorsque cet acte est porté a son comble le cog’tatum en resulte. L'étude qui revele l'unification des modes (des contenus) du cogitatum se nonme noématige. Par contre, l'étude qui vise les operations actantielles du cgito, qui forment précisément les modalités de la constitution, est définie par le vocable noétiqtge: Cette direction de la description s'appelle noétratiqu_e. A elle s'oppose la direction noéti e. Elle concerne les modalités du c ito lui-meme, par exenple les modalités de la consolence telles que: perception, souvenir, mémoire immediate . . .27 Ayant décrit les éléments de l'habitus de la conscience, Husserl fera appel ensuite a une réduction éidétiquge, fort imprécise 78 pourtant, 28 de la description noématique afin de parvenir au sens le plus intime de 1'39 transcerdantal, et done a la plus grande generalisation face a la genese de la conscience. Son but est plus ou moins oblique, mais l'introduction de _I_d_e§_r_1_ laisse passer quelques rayons intelligibles: si la réduc tion phénoménologique évite le piege de l'empirisme en accordant a l'intentionalité ainsi qu'a l'acte constitutionnel l'échafaudage du raisonnement transcendantal, la reduction éidétique devra permettre au phénoménologue de fonder 1e savoir (celui qui refere a toute la gamne des sciences) sur des essences générales qui ne proviennent que de l'évidence pure. C'est pourquoi sans doute l'idéalisme kantien a souvent été évoqué pour décrire la deuxieme étape de le pensée husserlienne. La citation suivante, tirée de l'introduction de 3519331 démontre bien cette tendance, ainsi que la for-mule éidétique que Husserl acheve de presenter: As over aginst this psychological "phenomenology," pure or transcendental phenomenolog will be established not as a science of facts, but as a science _of essential Egg (as "eidetic" Science)” ._THe correspBEding Reduction which leads .. . from factual ("empirical'g to "essential" universality, is the eidetic Reduction. En fait la reduction éidétique est sans doute constanment opérationnelle au sens ofi les exigences qu'impose l'Aufhebung phénonénologique permettent au couple intentionnel cogito-cogitatum d"étre pregnant, débordant g msteriori sous forme d'une pensée générale (une des cogitationes) sans quoi la presence de l'ggg pur ne pourrait ‘e‘tre décelée. Toutefois, Husserl precise le caractere 79 ineffable, originaire et monadique de l'Ego pur (la majuscule ici ne représente que son éloignement du couple), etant donné que ce dernier s'identifie toujours a l'acte conscientiel, a savoir au cogito: . we shall never stumble across the pure Ego as an experience . .. . rthe Ego appears to be permanently, even, necessarily, there .. .. it belongs to every experience that comes am streams past, its "glance" goes "through" every actual cgitojl Par surcro‘it, bien que Husserl constate qu'il serait difficile d'accéder a une reduction essentielle de l'gg pur,32 le couple ggg gogifgg deviendra au plus haut degré 1e principe actif de la conscience: au moment ofi le gpggtg se veut au-dela d'un autre acte qui lui serait antérieur (a savoir, celui de l'entité monadique— - l'gg pur), cette antériorité ne se manifeste que par une tautologie ou par une réduplication causale. Et, 5 moins de s'ajouter Q infinitum au nexus subj ectif (provoque par un raisonnement line’aire et temporel), le néologisme ego cogito décrit l'acte de la conscience, tout en étant a la fois le souvenir de l'engerrirement et le potentiel dissimulé de 1mg. Bref, plutESt que de mettre a l'épreuve les contraintes que suscite l'isochronisme de l'gg m, l'essentiel ici est de voir en quoi la reduction transcendentale puisse se livrer a l'analyse d'une conscience textuelle. Mais, ne voulant réceler la notion de l'Egg a l'arriére-plan, sa rature moradique sera élargie en rapport avec le matérialisme de Philippe Sollers. Pour l'instant le plus 80 urgent était d'avoir souligné les principes générateurs de l'intentionalité, de la constitution et de la description noéma-noétique, principes qui formeront les coordonnées de base au cours de l'étude a suivre au sujet de l'itinéraire de la conscience textuelle. A supposer que le degré zero barthien--par quoi l'écriture de l'époque moderne renferme une nostalgie du langage tant qu'elle se livre a une alienation révolutionnaire—porte le texte a une puissance entierement objective: le cgito textuel n'y figure que 33 Get espoir d'atteindre aussi etroitement que par son absence. possible une suffisance de l'écriture au-dela de la déperfiance du regard a permis a la critique, surtout structuraliste, d'effectuer une cl‘dture a l'égard du texte, et de renoncer a toute intervention d'ordre subjectif en dehors de celle établie a l'échelle des proncms textuels. Telle est du moins la perspective barthienne que Georges Poulet s'obstine a rédiger: A la nullification du sujet correspond l'instauration de l'objet corrme centre exclusif de positivité dans l'oeuvre litteraire. L'objet est, et 11 n'y a meme que de lui seul qu'on puisse affirm'er l'e‘tre. Il est tout entier formé de langage, c'est-a-dire de ses . elements ccmposants et rien d'autre.34 A cet absolu de l'objet s'ajoute nécessairenent une distance entre le perceveur et le percu. L'objet littéraire, intrinsequement dirigé vers l'ouverture grace aux coordormées qui lui sont propres, est lu a travers l'espace qui sépare le lecteur de sa lecture. Voila le mouvement dynamique du texte chez Blanchot. Réduit au pole 81 obj ectif, le texte se sépare de l'entité non—littéraire tant qu'il est soumis a la definition de son autarcie: Blanchot précisa l'enjeu de cette volonté d'autodétermination en contestant le blocage réalisé par toute entente entre lecteur et texte. l alla de l'avant en imposant une distance fonciere entre ces deux jalons: La lecture du poéme, c'est le poeme lui-meme qui s'affirme oeuvre dans la lecture, qui dans l'espace tenu ouvert par le lecteur donne naissance a la lecture qui l'accueille. . .35 Selon Todorov, la poussée vers l'objet aurait tendance a produire une parole écrite purement intransitive, c'est-a-dire une parole qui, au lieu de nonmer un monde en dehors d'elle-méme, ferait l'aveu de son etre: La pensée de Blanchot se moule ici sur un schéme historique, d'inspiration hégélienne. Depuis deux siécles, l'art subit une double transformation: 11 a perdu sa capacité de porter l'absolu; mais . . . [11] se rapproche de plus en plus de son essence.35 Au moyen de l'écart blanchotien le texte, a titre de parnasse dymmique, s'établit comme redondance, comme manifestation primaire de lui-mane car selon Todorov "l'essence de l'art, c'est tautologiquement l'art lui-mane. "37 Cependant, en suivant 1a piste inspirée par les reflections précédentes, dans quel sens est-il permis d'évoquer un texte qui renvoie a ses propres élans sans qu'il ne soit en étroit rapport avec un pole subjectif? Telle est, en fait, la question que Poulet se pose face a l'autarcie de l'objet textuel. De son cote Poulet propose que tout texte est inordé d'une 82 subjectivité grace a l'événement de la lecture. Plut'dt que d'etre séparé du texte, le lecteur Ego; sa conscience au texte. l'l en resulte une entité subjective-~et voici la clef, semble-t-il, de l'interprétation radicale de l'écriture--qui remplace ou qui engloutit le cogito du lecteur. En pénétrant le texte la conscience lectrice se métamorphose, non en pale subjectif qui s'opposerait a l'indépendance du texte blanchotien, mais en subjectivité pleinement intentionnelle: la conscience se d_c_>_n_r_1§ au texte pour y faire partie. Partant de la reduction phénoménologique, l'événement de la lecture ne s'empare pas de l'espace obj ectivement inherent au texte mais, contrairement au propos blanchotien, il se définit par le surgissement d'une composante qui sera désignée ici. par une subjectivité textuelle autogene. Subjectivité qui est l'accord entre 1e lecteur et l'ouverture dans laquelle il 'versera sa pensée, son monde et sa presence. C'est pourquoi il s'agit d'une textualité qui _sg pense, d'une textualité qui n'est vraiment toujours qu'a la premiere personne, celle du g que le lecteur cede a sa lecture: Ainsi je ne dois pas hésiter a reconnaitre qu'une oeuvre littéraire, tant qu'opere en elle cette insufflation de vie provoquée par la lecture, devient elle-meme, aux dépens du lecteur dont elle annule la vie propre, une maniére d"e‘tre hurrain, c'est-a-dire une pensée consciente d'elle-méme et se constituent comme le sujet de ses objets.38 Réduit a l'état autogene, a la vérité de la lecture, cette subjectivité est le substitut littéraire de l'ggg cggito: substitut car' la lecture n'est pas un objet mais un mode singulier 83 de la conscience par laquelle cette derniere s'étend provisoirement dans un champ perceptif dont il n'est pas la cause mais dont il est quani méne le sujet: voici l'inversion de l'acte factitif par excellence, la lecture fait un morfie qui n' était point le sien tout en y apparterant. En raison de cette substitution il serait erroné de confondre la lecture 51 la virtualité, car celle-c1 n'a de mérite qu'en dehors de la parenthese phénoménologique. Poulet continue enconfirmant que: JE autre, qui s'est substitué au mien propre, et qui tant que la lecture durera, continuera de me remplacer. La lecture est exactement cela: une facon de céder _l_a_ place. . .39 Le recours au domaine autogene impregne la lecture de la conscience primitive, et ce n'est pas pour autant que le pale objectif, celui du moment intentionnel, devra disparaitre. Ce premier niveau subjectif constate par Poulet permet de tirer au clair ce qu'il y a de plus confus dans la phénoménologie litteraire. Parce que la lecture s'est pr‘e‘tée a l'ensemble de l'ggg c_og_ig:_g, une etude de cet acte renfenmerapsa disposition _rggtggug. Or, 1e cgitatum, donc l'objet de la lecture, ne se retient pas tout simploment au Lebenswelt d'une voix narrative, mais conprerd tout aussi bien les actes mentaux, qu'ils soient relies a l'auteur on non, qui émenent du texte: la conscience textuelle, en s'opposant a la primordialité de l'gg cggito de la lecture, devient le 'registre nOé'IBtiQLE du texte. Bref, la subjectivité narrative, etablissant le tissu mental de soit l'auteur suppose, soit de la narration, forme le panorama qui —--~-.‘ 8A sera contitué par la lecture. Aussi s'offre-t-elle en tant qu'une série de noémata. Poulet precise 1e contenu de la reduction phénoménolog ique : [L'oeuvre] est 15, en moi, non pour me renvoyer, hors d'elle, a son auteur, mais au contraire pour garder mon attention iniéfectiblement fixée sur elle . . . . c'est elle qui m'inqoose un certain nombre d'objets de réflexion et de reverie et qui crée en moi un reseau de paroles associées. . .40 Ce deuxiéme niveau noématique scrute la périphérie des actes et des contenus de la conscience textuelle et renvoie donc aux schémas visuels de Magliola, mais certes, ce niveau ne possede aucunement le statut de l'ggo cogito qui lui est antérieur. Au vrai, c'est a ces deux niveaux que l'exégese phénoménologique a affaire: d'un cote elle aura besoin de surdéterminer (et non de livrer a l'arbitraire) la description noématique des cogitata textuels afin de promouvoir l'unité transcerdantale des modes et des modalités que procure la narration; et de l'autre c‘oté, elle devra démontrer en quoi le texte est capable d'étre pourvu d'une ggasi-subjectivité. Poulet explique ces deux ordres qu'engerrlre l'événement de la lecture: 11 y a dans l'oeuvre un element proprement mental, profordément engagé dans les formes objectives qui a la fois le révélent et le dissimulent; et 11 y a encore dans l'oeuvre un plan different, plus élevé, on abandonmnt ses formes, la conscience se revele a elle-meme et a nous par sa transcerflance a l'égard de tout ce qui se reflete en elle.“ En outre, l'analyse noématique des objets de la conscience émanant du texte peut se conceptualiser par le vocable joycien de l'épiphanie. Par contre, l’étude de la subjectivité, qua. ego cogito, 85 du texte, se relie a. l'esthétique de Mikel Dufrenne. En dernier lieu et pour en revenir directement a Husserl, Poulet fit sien un troisieme état subjectif qui rappelle en effet la quéte de l'Ego pur suivant la reduction phénoménologique: Enfin 11 y a un point 011 [l'oeuvre] ne reflete plus rien, ou, toujours dans l'oeuvre et pourtant au-dessus de l'oeuvre, elle se contente d'exister. Alors tout ce qu'on petfit dire d'elle, c'est qu'il y a la de la conscience. 2 Chercher le fond de l'Etre dans l'étant, la source de l'Ego dans l'ego cogito. Voila le postulat qui s'acheve le plus difficilement en ontologie. Il semble que Poulet le devine de prés: un firmament qui inonde le pole subjectif, qui se métamorphose en ce qui l'entoure sans jamais se déployer autrement qu'en rapport avec son t_e_legs_. Dans la lecture ce gt§_l_e_<_3_s_ est le langage qui devient 3. la fois le tableau et le ggcgzg de la conscience lectrice. Le langage est faconné par l'_E_gc_>_ éidétique sans jamais para‘itre comme fragment ou comme continuum en dehors de l'oeuvre autogene. Ainsi que les piérides qui se transformaient en oiseaux au cours d'un ballet florentin, le point de contact qui séparerait une entité de l'autre n'est point repérable: ce moment baroque de la doublure et de l'ambigui’té se retrouve intériorisé dans l'écoulement de la lecture. N 'étant pas subordormée a une description noema-noétiqme, cette derniere presence subjective n'aura de signification que dans la mesure of: métonymfiqmament les deux premieres étapes tenteront d'y accéder a travers une phénoménolgie _d_g we; 1'écriture, 86 \ pleinement consciente d'elle-m‘éme, cherchera a s'introduire dans la coulée d'une conscience universelle. Le langage, lieu de la lecture autogene, visera sa propre fin et, en se délivrant de lui-meme, esperera fig constituer au coeur des dimensions d'un continuwm dans lequel le texte materiel n'est qu'une annexe momentanée et passagere devant l'ensemble vertigineux de l'Ego historiquement ainsi qu'anachroniquement concu. Tel est le propos qui sera invoqué dans le romanesque sollers ien. Ce bref apercu des trois domaines présentés ici comme le repertoire subjectif du texte peut ‘étre, malgré l'abarrlon que provoque la derniere étape, rendu plus intelligible en saisissant les limites de la pensée joyc ienne et dufrennienne. Cette démarche permettra de donner une idée préliminaire du processus qui sera transcendé chez Philippe Sollers. La deuxieme partie de ce chapitre se bornera donc au mécanisme littéraire qui invite l'exégete a passer de l'épiphanie a l'esthétique selon les irdications déja présentées. La théorie thomiste de l'épiphanie, bien que Joyce l'efit abandonnée de tres bonne heure, accorde a l'objet perceptif un statut privilégié a cordition qu'il y ait une perception esthétique capable de le recevoir. Cette notion d'une transmutation entre l'objet naturel et l'objet éclairé fournit d'ailleurs tout l'élan de la méthode dufrennienne, chose qui sera explicitée plus bas. Dans le texte fragmentaire de Stephen Hero , ainsi que dans sa for-me definitive. 5 Portrait 9;; the Artist a_s_ g Egg _M§_n_, Joyce présente 87 les trois qualités thomistes qui émanent d'une apprehension du beau: integritas, consonantia, claritas, totalité, symétrie, rayonnerment.u3 Au moyen d'une reflection de longue haleine, les deux premieres categories aspirent a cet horizon clot avant que le regard n'in'terviennef L'horizon agit alors en tant que signe révélant a la fois une grarde profondeur d'esprit ainsi que la quiddité ou le rayonnement de l'objet. La perception devient un carrefour ou le sensible materiel se confere une largeur et croise l'élan du spectateur: Now for the third quality. For a long time I couldn't make out what Aquinas meant . . . but I have solved it. Claritas is unidditas . .. . The soul of the commonest object, the structure of which is so adjusted, seems to us radiant. The object achieves its epiphany. L'instance epiphanique (Emctpaivur-je me montre) réunit involontairement la conscience et la manifestation d'un objet en un accord lumineux bien que fragile. Cette appartenance irréfléchie est une vérité personnelle bien que pleinement intentionnelle: l'acte est réduit a sa dépendance vis-a-vis l'objet. Sur le plan littéraire l'épiphanie joycienne, bien que son sens evoluat d'une maniére ambigiéule néologisme ne figure m‘éme pas dans 5 Portrait--, L15 revétit la liberation intérieure d'une conscience narrative, telle que celle de Marcel ou de l'interlocuteur des Elegies d_e D_u_in_g. L'acte et le contenu de cette conscience se réunissent aux alentours d'une série d'images qui métonymiquement surdétenninent l'exaltation qui resultent des categories thomistes. Les travaux de Noon ont 88 soumis l'épiphanie a ce meme mécanisme d'indirection: The Joycean epiphany in literature may be described as a formulation through metaphor or symbol of some luminous aspect of individual human experience. En fait, l'épiphanie est une Emoxfi littéraire, car tout l'accent est mis sur la largeur de l'évidence des choses et non sur une consideration promue par le dualisme épistémologique. Mais il faut éviter, par mégrde ou non, de remplacer cette parenthese par celle qu'opere l'egg gggigg de la lecture: il s'agit ici d'une reduction prise a la deuxieme puissance, permettant au texte autogene de recevoir un écran objectif. D'autre part, 31 Renato Barilli atteste que "La 'mise entre parenthése' exploitée par Husserl nous revele une frappante similitude de fonctionnement . . . avec 'l'épiphanie' j oycienne,"u'7 11 en va de mérme qu'une pgénonénologie épipkanique traiteranon seulement l'envergure de la reference admise par le flux de la voix rarrative, mais a plus forte raison elle décrira, a titre d'analyse noématique, le texte sémantique tant qu'il s'offrira a la communication. Barilli a bien vu qu'au centre de cette attitude se place le consentiment de l'extase, terme qui désigne l'écriture nourrie d'un axe de signification explicite, ".. . l'extase suppose nécessairement la r<3.fe’:rence."u'8 Si le nouveau roman fait un effort pour s'évader d'une épistémologie référentielle en la remplacant par celle de la production, ce procédé dévalorisera l'importance du signifié au profit d'une écriture auto-référentielle. Aventure qui se lance a la surface d'un terrain critique dont le logos ne peut etre qu'inadmissible: elle 89 ne saurait estomper entierement la transparence (car meme l'opacité n'est qu'un jeu de la clarté) d'une conscience référentielle. M'éme Barilli atteste que "je suis bien loin de croire que le roman de notre siécle, tout en la [la reference] combattant, s'en soit antierement libéré."49 Idée qui de nouveau laisse Barthes constater que la revolution littéraire est touj ours a califourchon entre un reseau a détruire et un avenir a inventer de sorte qu'un "chef-d'oeuvre moderne est impossible, l'écrivain etant placé par son écriture dans une contradiction sans issue."SO En marge du probleme de l'opacité du langage le nouveau roman a voulu se soustraire a la fois a l'économie du langage (un langage basé sur le rapport entre references selon Barthes) et au principe de l'extase afin de se mettre en devoir d'engendrer une impasse a l'é'gard de la reference sémique visant un corpus hors du texte. L'extase sera alors remplacée par un long trajet sémique, donc par une irdépendance contextuelle sur quoi le roman se régit lui-meme. Robbe-Grillet precise que: Le roman moderne, comme nous le disons en commencant, est une recherche, .mais une recherche qui crée file-meme ses propres Sigmf1cations, au fur et a mesure. N'emp‘e‘che, qu'il soit question on non du motif de l'activité ou de celui de l'extase selon la typologie bipolaire de Barilli, qu'il soit question ou non d'un texte qui refere a autre chose qu'a ses propres limites sous l'égide du champ perceptif d'un pronom j oycien ou proustien, ou d'une écriture qui abandonne l'axe 9O épistémologique de la possession et de la perception pour se suspendre a corps perdu dans l'auto-production (le pole de l'action), le roman de Proust ou de Butor invite le lecteur a constituer son texte. Ll l'invite a mettre tout renvoi épistémologique en marge afin de décrire son objet, qu'il s'agisse des calembours chez Roussel ou des bouleaux a la sortie de Balbec. Qu'importe que certains procédés soient plus factices, plus réduplicatifs,. plus économiques que d'autres, l'objet intentionnel reste, a l'état originaire, tout aussi repérable a cordition que la reference y laisse son empreinte. L'opération phénoménologique peut ‘e‘tre neutralisée 5. l'échelle de la conscience narrative, au sens ofi le sujet textuel est supprimé au dépens d'un mécanisme de generation intérieure. Mais la direction intentionnelle survit touj ours au portail de l'éve’nement de la lecture, méme s'il s'agit des fr‘éles lies déposées par la poésie concrete. Si l'épiphanie peut s'attenc‘lre a une description noématique de la. lecture, la phénoménologie esthétiqtge passera a l'enjeu on a l'épanouissement noétique de l'ego cogito que le lecteur cede au milieu textuel. Cette deuxieme exegese reprend accessoirement les grandes lignes de la pensée de Mikel Dufrenne. Etroitement liées par quelque connexion que l'intention saisit, les deux tendances forment, globalement pour ainsi dire, un principe d'unité entre le perceveur et le per-cu. Le lecteur peut, doit passivement subir l'empreinte du texte en 91 lui assignant une existence virtuelle: le texte, en faisant merveille, est projeté en dehors de la lecture. Et, n'étant plus compris dans l'écran de l'ggg cogito, il s'inscrit a la pesanteur de son corps materiel et des signes qui l'emboitent entre l'idéalité et le physique, mais dont il n'est pas la cause. Tant qu'il est percu passivement, le texte, de part en part, se reprendra sur luiméme et conspirera a une ambiguité ontique que Dufrenne appelle l'oeuvre d'art. Celle-ci, tant bien que mal, est l'objet virtuel au supreme degré, placée au-dela de la perception naturelle tout en précédant la perception esthétique: Disons donc que l'oeuvre n'a qu'une existence virtuelle ou abstraite, l'existence d'un systeme de signes qui sont gros du sensible.. .52 L'oeuvre d'art emane d'un monde référentiel qui lui permet de 88 montrer mais qui lui accorde néanmoins un sens inconplet: l'oeuvre n'est qu'un lieu d'abreuvage of: une profonde réciprocité puisse s'effectuer entre le regard et _L_a_ Trinité de Masaccio, OU une representation du Retour d'Ulysse.53 Qu'il soit question d'un roman, d'un quatuor ou d'une mture morte, l'ouvrage est une chose qui contient un autre en dehors de sa trame concrete et immediate et qui invite le perceveur a s'y confordre. Cherchant a mettre en relief une topologie de l'objet esthétisé, Dufrenne, au lieu de concrétiser l'oeuvre d'art selon la stratification ingardiennefiu 1,65 ayant "départagé le reel et l'irrée passe ensuite a épiphaniser 1a perception. Le sens de l'objet esthétique s'éveille du sensible: l'oeuvre contient l'objet esthétique, s'y convertissant par une 92 perception privilégiée et etant antérieure a cette nouvelle optique. En outre, l'objet esthétique, habitant les lieux de l'oeuvre, precede la perception esthétique. C'est ici que Dufrenne rejoint Joyce, excépté que la visée dufrennienne distingue entre l'objet commun et l'objet capable de rayonnement grace a l'immanence de sa nature esthétique, distinction que Joyce ne réalisa pas. Dufrenne precise: L'oeuvre d'art, c'est ce qu'il reste de l'objet esthetique quand il n'est pas percu3 l'objet egthétique a l'etat de poss1ble attendant son ep1phan1e.5 L'armature sensible de l'oeuvre s'organise en une idée de l'objet esthétique, "hors du propos qu'ait pu lui conférer l'acte créateur."57 Ce sens n'est rien de plus que l'instance intentionnelle invitant l'ego cogito du lecteur a se traduire en une conscience lectrice par quoi un tiers parti pleinement subjectif acquiert tous les schemes modaux de la conscience et les confere a la lecture. Bien.que cette idée soit consecutive a la theorie joycienne il faut bien ajouter qu'il s'agit ici de la perception esthétiqge que le texte préte a La lecture: l'esthétique alors n'est rien de plus que cet éveil produit par l'oeuvre chez le spectateur, obligeant celui-ci,. comme par mégarde, a élever a une dignité nouvelle le partage subjectif qu'il.réalise. L'objet esthétique, jouissant de chaque :mode dont dispose l'esprit, deviendra un quasi-sujet a partir d'un noyau pleinement noétique. De1méme que la conscience s'unit a son objet grace aux categories qu'elle ouvre sur le monde (au sens kantien), l'objet esthétiquement percu attire la conscience vers lui, vers son monde: le tiers parti qu'il est devenu par la perception 93 l'autorise a la devancer afin.de la recevoir, non a distance mais au seuil de lui-meme comme sa propre image. La prégrance de cette exclusivité entre l'éclairage de l'objet et son.appartenance intime a lflegg_cogito de la lecture se proclame comme le dénominateur commun chez Dufrenne ainsi que chez Poulet. Cette citation de Dufrenne resume l'envergure de cette sympathie entre conscience et texte: C'est en.moi que l'objet esthétique se constitue comme autre que moi. Autrement dit l'aliénation corrige ici l'intentionalité: je ne puis dire que je constitue l'objet esthétique, 11 se constitue en moi dans l'acte meme par lequel je le vise, parce que je ne le vise pas en le posant hors de moi, mais en me vouant a lui. Et l'on comprend pourquoi la conscience n'est pas donatrice de senszelle ne pose pas l'objet, elle l'épouse et 11 s'affirme en elle.58 Cette promesse d'un rapprochement cachée par le tiers parti esthétique engendre une communion proforrie qui tend vers un certain monisme de l'esprit. Lflggg_coggto de la lecture qui vient d'étre mis au jour ne pourrait se manifester que par les categories qui sont intrinseques 5.1a conscience du perceveur, mais il ne sera pas pour autant rélégué au domaine objectif. Une phénoménologie esthétique cotoie l'ensemble noétique qui permet au texte d'accéder au rang subjectif. Le texte n'est plus objet mais extension.des modes spatio-temporels de la conscience. Chez Dufrenne l'inversion succede a cette extension car, au moment esthétique, la connaissance du temps est spatialisée et celle de l'espace est temporalisée: en cédant la conscience a l'oeuvre, le tiers parti acquiert un.monde dont l'étendue est déchiffrée par la durée et dont la temporalité est concrétisée par la profondeur et le relief. Ainsi, lorsque 9L1 l'exégete incite sa pensée a découvrir la solidarité de l'univers intérieur d'une piece de théorbe ou d'un tableau tel celui de Caravagio la Madonna g; Egrgegg: il n'obtempere aux principes d'un W'dlfflin que dans la mesure ofi cet univers est indissoluble des schémes de la conscience de la lecture. La synthese tectonique du tableau est indistincte de la constitution temporelle qu'effectue le perceveur en passant de la madonne de Caravaggio a celle de Era Fillipo Lippo ou a celle qui remonterait jusqu'a Duccio.59 De plus, dans une oeuvre les observations d'ordre temporel reste irassignables a moins d'étre en étroit rapport avec la tracée spatiale de la conscience: la granie cantate napolitaine ou le silence incantatoire de l'heure juste chez Claudel ne sont connaissables et y_é_cg1_s_ qu' en raison de l'appréhens ion des j alons spatiaux qui les enferment . L'opération noétique demande a l'événement esthétique d'appartenir a une réciprocité catégorique a l'insu du monde passivement appréhendé. Cette notion établit la base du propos dufrennien: Ainsi, la solidarité de la temporalité et de la spatialité dans le sujet conduit 5. comprendre dans l'objet la spatialisation du temps et la temporalisation de l'espace. 0 Dans son état de réciprocité, l'objet, esthétique devient en effet un quasi-sgjet "capable d'un morde qu'il exprime." Il accede au role de l'ego cogito, et donc il lui est permis d'etre scrute au moyen d'une analyse noétique, chose qui mettra en valeur toute .13 game des ' modes spatio-temporels distingués par la lecture, tels le récélement, le souvenir, l'inversion, la duplication, la contuguité, 95 la tautologie, la clarté l'extension, etc... Une telle étuderra défrichera le texte qu'a partir de l'entente irreversible entre l'acte perceptif et la grandeur de la vofite dimensionnelle sous laquelle l'objet esthétique se déploie dans la lecture. Cet exposé de l'épiphanie et de l'esthétique, de l'ensemble référentiel et de l'autogéne textuel, établit un systeme bipolaire face a la critique phénoménologique de l'écriture. L'harmonie SUbjective qui gere le lecteur et sa lecture engendre soit une etude noématique du monde rendu visible par telle ou telle determination linguistique, soit une analyse noétique des operations modales de l'ego cogito de l'événement de la lecture (le texte autogene) et sur quoi jouent l'autorité inébranlable des états spatio-temporels. Cette bipolarité sera le lieu théétral sur lequel Philippe Sollers tentera d'élargir 1e dcmaine de La conscience textuelle afin.d'accéder a l'Eg9_de la lecture. La voie que parcourt ce troisieme domaine, désigné par la phénoménologie gg_g§gg§g§, servira d'élan vital au procédé ronanesque chez Philippe Sollers. 96 Notes 1 Georges Poulet, _L_a_ Conscience critiqu_e (Paris: Corti, 1971). Poulet a montré le cheminement des trois étapes phénoménologiques dans le chapitre, Phénoménologie d3 _la_ conscience critique, pp. 275-99. 2 Mikel Dufrenne, Phénoménologie g3 l'expérience esthétique, 2 vols. (Paris: Presses Universitaires de France, 1953). Voir aussi Maurice Blanchot, L'Espace littéraire (Paris: Gallimard, 1955). Cette remarque n'est pas sensée mener a une sympathie trop étroite entre l'esthétique dufrennienne, qui se consacre en partie 5. l'élaboration des categories quasi-kantiennes dont dispose l'obj et esthétique, et l'espace blanchotien qui incarne l'oeuvre en dépassant l'enceite visible du texte. 3 Robert Magliola, Phenomenoloq ard Literature: A2 Introduction (West Lafayette, Ird.: Purdue University Press, 1977). ll Au sujet de la premiere science husserlienne voir Paul Ricoeur, "Etudes sur les Meditations cartésiennes de Husserl," _Rglug philosophti _d_e_ Louvain, LII (1951:), pp. 75-109. Voir de meme Paul Ricoeur, Husserl: a_r_1_ Anagysis 9; his Phenomenology, traduit pas Edward G. Ballard et L. E. Embree (Evanston, Ill.: Northwestern University Press, 1967), pp. 82-85. 97 5 Alexander Gelley, "The Represented World: Toward a Phenomenological Theory of Description in the Novel," Journal _o_f_ Aesthetics and Art Criticism, )QOCV'II, 4 (Summer 1979), p. A15. 6 Magliola, op. cit., pp. 20-27. L'auteur explicite la parenté genevoise a Laquelle Poulet est lié lorsqu'il a développé les theories d'Albert Béguin et de Marcel Raymond. Selon Magliola, Poulet sert d'intermédiaire entre ces deux precurseurs et les phénoménologues littéraires, tels que Jean-Pierre Richard, Jean Starobinski, Jean Rousset et J. Hillis Miller. voir aussi le sommaire face a l'Ecole de Geneve de Sarah Lawall, The Critics 9;: Consciousness (Cambridge, Mass.: Harvard University Press, 1968). 7 Ibid., p. 30. Au surplus, Magliola soutient que-chez l'auteur " . . . experential patterns remain essentially the same, whether they appear in his personal Lebenswelt or in his imagination's finished product." Magliola repere cette meme singularité dans son article, "The Phenomenological Approach to Literature: Its Theory and Methodology," Language and Style, V, 2 (Spring 1972), Pp. 79-99. 11 y élabore sa thése sur les schémas visuels de l'expérience a tel point qu'il tente d'embrasser toute la critique moderne, y inclus le Formalisme, sous les auspices de trois categories: m£_c_1_a_g_e_, contentielle et linguistique. Afin de souligner le morde des scrélas visuels, sinon pour retrouver ce qui distingue l'acte de l'objet de la conscience,du moins pour reconnaitre ce qui invite I.~.f: .D.."r.. . EL) 1"de 98 (par indirection) une telle distinction, se référer 5. Jean Rousset, L_a_ Littérature g_e_ l'age baroque _e_r} fiance: Circe egg g_e_ paon (Paris: Corti, 195A); Jean-Pierre Richard, Littérature e_t sensation (Paris: Gallimard, 1951)); Jean Starobinski, L'Oeil vivant (Paris: Gallimard, 1961); Georges Poulet, L'Espace proustien (Paris: Gallimard, 1963); J. Hillis Miller, Poets 93 Reality (New York: Antheneum, 1965). 8 Ibid. , p. 37.,"For Merleau-Ponty _l_a gigole is a concrete projection of the whole person." Cette notion sera interrogée plus bas . 9 Ibid., p. 142. 10 Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie g3 _la_ gception (Paris: Gallimard, 1945). Cet ensevelissement est realise par la 93323;? qui n'est que le réciproque de l'objet intentionnel. Si la chose ".. . ne peut jamais ‘étre effectivenent en soi parce que ses articulations sont celles memes de notre existence." (p. 370), 11 en va de meme que la parole ne pourrait j ouir seulement de l'exclusivité du pour-soi et contiendrait donc une concrétisation de l'étre de l'énonciateur. Consulter a ce sujet l'excellent ouvrage de Paul Ricoeur, _L_e Conflit des interpretations (Paris: Seuil, 1969) . Cet ouvrage soiligne la these de Merleau-Ponty et celle de Rolard Barthes vis-a-vis la reference linguistique, ainsi que les débats qui ont eu lieu entre les structuralistes parisiens (dont Gérard Genette fut l'avocat) , 'selon qui l'expérience et tout 99 systeme fermé de signes sont deux inséparables, et les partisans des phénoménologues (soutenus par Serges Doubrovsky) qui unissaient le langage a l'intentionalité. Ces débats ont été recueillis dans Les Chemins actuels _d_e_ _lga._ critinue, ed. Jean Ricardou et Georges Poulet (Paris: Plon, 1967) . 11 Gelley, op. cit., p. 418. 12 Herbert Spiegelberg, The Phenomenological Mouvement: A Historical Introduction (The Hague: Martinus Nijhoff, 1971).; Pierre rLhévenaz, _Dg Husserl g Merleau-Ponty (Neuchatel: Editions de la Baconniere, 1966) . 13 Franz Brentano, Psychology from an Empirical Stardpoint, traduit de l'allemand par A. C. Rancurello, D. B. Terrell at L. L. McAlister (London: Routledge and Kegan Paul, 1973), p. 88. Au sujet de l'intentionalité et de la subalternation thonistes (par quoi l'b’vtos Aéyos de l'etre est classé selon un syteme de prédicaments) voir le travail de l'Abbé Henri Collin, 3125313; _d_e_ Lhilosophie thoniste (Paris: Tequi, 1930), pp. 139-141. Voir aussi Saint-Thomas d'Aquin, Summa Theologiae, traduit et commenté par Timothy Wuttor (Lordon: Blackiriars, 1970), paragraphes 73-83. La notion du contenu de la conscience (_i_n_ intentione) est primordiale chez Saint-Thomas, non seulement parce qu'elle a suscite un long débat entre Scolastiques et' Noninalistes (entre Thomistes dominicains et Occamistes franciscains), mais parce qu'elle allait se trouver a la base de la psychologie descriptive chez Brentano, elle-méme déperdante de la 100 citation suivante de Saint-Thomas: "Ad primum ergo dicendum quod actus, licet sit posterior potentia in esse, est tamen prior in intentione et securdum rationem, sicut finis agente. Obj ectum autem, licet sit extrinsecum, est tamen principium vel finis actionis. Principio autem et fini proportionantur ea quae sunt intriseca rei." (73, 3). De plus, 11 importerait de signaler l'excellente discussion de Robert Guelluy au sujet du débat entre Thomistes et Occamistes dans, Philosophie gt Théologie chez Guillaume d'Ockham (Paris: Vrin, 1947), pp. uu-62. 1“ Edmund Husserl, Recherches logiques, traduit de l'allemand par Hubert Elie, A vols. (Paris: Presses Universitaires de France, 1961). Voir tone I (Prolégomenes 5;. _la_ logique pure), p. 265, et tome II, pp. 7-29 . 15 Edmuni Husserl, Logique formelle _eg transcendentale, traduit de l'allemard par Suzanne Bachelard (Paris: Presses Universitaires de France, 1957'), pp. 310-21. Au sujet de la logique apophantique et l'ontologie formelle voir, Robert Sokolowski, "Logic and Mathematics in Husserl," Explorations _i_n Phenomenology, ed. David Carr ard Edward Casey (The Hague: Martinus Nijhoff, 1973), Pp. 306- 327. 16 La logique transcendantale devient alors une phénoménologie transcendantale. Cette idée a été bien soulignée par Andre de Mmr'alt, _Tgmg Idea _o_f_'_ Phenomenolgg, traduit du francais par Garry 101 L. Breckon (Evanston: Northwestern University Press, 1974), p. 107 et pp. 2H6-u7. 17 Logique formelle g_e_ transcendantale, op. cit., p. 310. Soulignations de Husserl . 18 Ibid., p. 321. 19 Edmurd Husserl, Ideas, traduction anglaise de w. R. Boyce Gibson (London: Collier, 1962). 20 Edmund Husserl, Meditations cartésiennes: introduction a. E phénoménolggie, traduit de l'allemard par Emmanuel Levinas (Paris: Vrin, 1947). 21 L'égologie serait l'ensemble d'une etude qui tendrait vers le fondement de l'@ primitif. 22 Ideen, op. cit., pp. 31-32. 23 g_b_ig., p. 102. Soulignations et guillemets de Husserl. 2” Méditations cartésiennes, op. cit., p. 19. 25 Spiegelberg, op. cit., pp. 1u6-u7. 26 Meditations cartésiennes, op. cit., voir la deuxieme meditation au sujet de la constitution et de la temporalité intérieure. 27 . - . . Ibid., p. 31. Soulignations de Husserl. 28 Spiegelberg, op. cit., "No elaborate instructions are given. Obviously the main point is to drop all reference to the individual and particular." p. 131%. Cette citation démontre l'ambiguité de la 102 reduction éidétique . 29 Meditations cartésiennes, op. cit., pp. 58—59. 30 gd_e§_r_l_, op. cit., p. 110. Soulignations, guillemets et majuscules de Husserl. 31 _IEig, p. 156. Soulignations et guillemts de Husserl. 327g§gg3, p. 214. C'est a travers cette double reduction que Husserl espere sans doute cerner la périphérie de l'Egg pur. voila en fait ou Jean-Paul Sartre bifurqua de la pensée husserlienne. Tl critiqua cette double parenthese dans, "La Transcendance de lflEgo: esquisse d'une description phénoménologique," Recherches pkgilosophiques, tome VI (1936-37), pp. 85-123. 33 Roland Barthes, E§_Degré zéro‘g§.l'écriture (Paris: Seuil, 1972, Ie Ed., 1953), pp. 62-65. Barthes precise que l'écrivain d'aujourd'hui "... a beau créer un langage libre, on le lui renvoie fabriqué, car le luxe n'est jamais innocent." p. 6’4. 3“ Georges Poulet, op. cit., p. 270. 35 Maurice Blanchot, op. cit., p. 201. 36 Tzvetan Todorov, "La Reflexion sur la littérature dans la France contemporaine, Poétigge (1980), p. 13“. 37 _I_b_i_cg. , p. 1314. Ce parnasse ouvert se retrouve de meme chez Karl Shapiro, "A Farewell to Criticism," Poetry, DOGS, iv (Jan. 19148), pp. 196-217. Il affinme, "I would hold that poetry is a language s_u1_'_ 103 generis, the final sense of which transcends the uses of langu@e." p. 199. 38 Poulet, op. cit., p. 285. 39 Ibid., p. 281. L10 13313., p. 2814. Plus loin Poulet revele que la conscience —~—~—_ “1 Ibid., p. 298. “2 Ibid., p. 298. “3 James Joyce, Stephen Hero (New York: New Directions, 1994), p. 212. A Portrait oi the Artist _a_g 3 Young Egg (London: Jonanthan Cape, 1956), p. 216. I1 serait possible de ccmparer les trois categories de Saint-Thomas avec les cinq de Vitruve qui sont a la base du classicisme: regola, ordine, misura, disegno et maniera. 1m Stephen Hero, op. cit., p. 213. Soulignations de Joyce. “5 William T. Noon, Joyce and Aquinas (New Haven: Yale University Press, 1957), "It seems curious at first that the word epiphany which occurs at the most crucial point of the discourse on aesthetics in Stephen Hero, the key which Stephen uses for an urderstanding and exposition of Aquinas on the beautiful, should have disappeared altogether from the corresponding 'Aquinatian' exposition of the Portrait." p. 65. ’46 Ibid., p. 70. 101.l Ll . . . 7 Renato Barllll, "Nouveau roman: aboutlssement du roman phénoménologique ou nouvelle aventure romanesque?" Nouveau r_oran: hier, aujourd'hui, ed. Jean Ricardou, tone I (Paris: U.G.E. 10/18, 1972), p. 110. Guillemts de Barilli. “8 Ibid., p. 108. 49 Ibid., p. 108. 50 . Barthes, op. c1t., p. 63. 51 Alain Robbe—Grillet, Pour _u_r_1_ nouveau roman (Paris: Minuit, 1963), p. 120. 52 Dufrenne, op. cit., p. 95. 53 _I__b_ic_1_., "La representation n'est pour l'oeuvre qu'une occasion de se manifester..." p. 3A. 514 Roran Ingarden, Das literarische Kunstweflfi ('Il'ibingen: Max Niemeyer Verlag, 1965) . Traduction anglaise The Literary Work c_)_f_'_ 533 de George G. Grabowicz (Evanston, Ill.: Northwestern University Press, 1973). Ingarden dédommage la neutralisation de l'objet esthétique en lui accordant une manifestation au moyen.d'un.réseau d'éléments stratifiés qu'il emprunte a la Poétigge d'Aristote. L'ensomble de l'objet esthétique fait résonner l'harmonie des quatre niveaux: stratum.phonologique, stratum des unites de sens; stratum intentionnel, et stratum référentiel, pp. 29-33. L'argument dufrennien contre les couches d'Ingarden est présenté dans la ‘ 'Phénoménologie g3 l'expérience esthétige, op. cit., pp. 266-73. 105 55 Dufrenne, op. cit., "Nbus avons donc départagé le reel et liirréel, mais nous n'avons pas encore répéré l'objet eSthétique. Il n'eat ni l'un ni l'autre, puisqu'aucun ne se suffit lui-méme, chacun.renvoyant a l'autre qui le nie." p. 40. 56 Ibid., p. 40. 57 Ibid., p. 33. 58 Ibid., p. 297. 59 Heinrich Wdlfflin, Principles 9E Art History: The Problem 9g the Development 2: Style g2 Later 533, traduit de l'allemand par M. D. Hottinger (New York: Dover, 1950). Les cinq contrastes de Wblfflin établissent une phénoménologie noétique ou esthétique de premier ordre. 6O Dufrenne, op. cit., p. 313. CHAPI'IRE III Vers ‘la phénoménoménologie du langage: "Drame" , A 1 ‘ eK mavrwv ‘Ev ml 85 subs mde Hérac lite D' apres l'ontologie sartrienne, le texteilittéraire, en se mettant a la portée d'autrui, trouve d'emblée son autisme dans la chosification. Si Saint Genet "revele le néant" par les faux-fuyants de ses actes, si dans sa cellule il "se jette a écrire come a voler" il trouvera sa victoire en se résorbant en un texte qui dispose uniquoment du pole de l'objet.1 L'écriture, pareille a sa vie de voyou, n'acquiert que l'apparence passagere de la subjectivité. Saint Genet est l'exomple d'une polarité déséquilbrée: l'étant bascule entre l'etre et la chose mais se penche constamment vers le pale qui le hante et qui l'absoudra. Il en resulte une viscosité qui se trouve au coeur de la premiere époque de la pensée sartrienne: .. . nous ne pouvons nous arracher a l'objectivité qui nous écrase ni dépouiller la subjectivité qui nous exile, puisqu'il ne nous est permis ni de nous élever jusqu'a l'étre ni de nous abimer dans le néant.2 La seule victoire verbale de Saint Genet dépérit au fur et a mesure que l'écriture s'acheve: cherchant a devancer cette contrainte polaire,il écrit. Il rendson monde subjectif par l'imaginaire, mais en écrivant 11 se perd dans le concret, et cette déchéance 106 107 le martyrise. En s'évadant du potentiel de l'etre son texte est devenu §§_chose, le residu de luirmeme. C'est ainsi qu'une analyse phénoménologique du romanesque de Philippe Sollers pourrait Etre ébauchée: le texte se résout préalablement a une saisie concrete pour la perception. Le nom Sollers est vraisemblablement, s'il est permis de s'expliquer a la sartrienne, ce qu'il y a de plus chosifié dans les textes qui seront abordés plus bas. L'étude a suivre, partant de Egggg, passant ensuite a Nombres et a Eggg et aboutissant a H,3 tiendra toujours compte de cette double-donnée de l'auteur et de l'en—soi que Sartre a su démontrer. L'invariant objectif qui attribue tout texte a son auteur ne regle pas nécessairement La contradiction suscitée par une presence subjective voguant dans le texte et correspondant grosso modo a l'analogon.de l'auteur. Ce débat restera sans doute irrésolu car, selon ce qui a été présenté au cours du dernier chapitre, il se heurte contre un principe mal fondé. Plutdt que d'interroger la consonnance qui unit un texte a son créateur, la phénoménologie littéraire, pour en revenir au cogito de Poulet ainsi qu'au scriptible de Barthes, explique en quoi le lecteur abandonne sa conscience aux coordonnées du texte de sorte qu'il puisse donner le jour, en.dépit de toute articulation référentielle, a l'événement de la lecture, c'est-afiiire a l'état autggene. De plus, que le domaine de l'imaginaire appartienne intrinsequement a l'ouvrage (chez Dufrenne) ou qu'il fasse partie 108 d'un reseau crée par cette intimité entre sujet et texte (chez Poulet), il faut souligner comme le fait Sartre que l'objet textuel accorde néanmoins une liberté momentanée au lecteur. Celui-ci, en s'unissant a l'architecture du texte pourra s'emparer briévoment d'un autre statut existentiel hors de l'e_§_+_‘_.agn__t_, donc hors de la polémique, et téléologiquoment de la similarité, entre l'etre et la chose}1 Quoi qu'il en soit, il se peut qu'accessoirement un precept de tolerance conduise a la biographie au-dela de l'imaginaire. Mais au fur et a mesure que cette derniere decele ses limites, elle s'éloigne de l'intervalle subjectif impose par la lecture. Une te lle rupture mériterait alors une phenomenologie a part, une étude qui mettrait en relief l'écart noétique entre l'auteur reel et virtuel g Etir gg genre biographique, car toute reference a l'acte créateur ne serait qu'une obstination dissimulée a rejoindre la grarde coulée du genre lui-meme. Encore ce procédé d'indirection se déclare-t-il en tant que sous genre de l'espace originaire entre l'homme et son oeuvre. Nul doute que le lecteur see place devant son texte avec une voix de poete, au sens oft il habiterait sa lecture de la meme facon qu'il appréherde le monde qui l'entoure. Du moins, il est ce poete dont parle Vico et Croce: l'intermonde dans lequel la perception se range intentionnellement fait défaut a la pensée régulatrice qui le suivra. L'homme, selon Vico, chante avant d'étre sage, il est 109 régi par une pré-articulation qui surgit en lui-meme: le moment intentionnel en retour est gros d'un horizon sensible rendu tumultueux par une coulée primordialement inintelligible de bout en bout.5 Autrement dit, le lecteur est place devant un texte qui chosifie son auteur mais qui se subjectivise invariablement grace au transferement interne qu'effectue la conscience du lecteur et C1115- lUi permet de communier avec son texte dans un imaginaire primordial. Préalablement le texte sollersien n'en est pas moins réduit a cette vision phénoménologique. De plus 11 fait tout son possible pour s'y trouver. Que Sollers efit été un des animateurs du groupe Tel Quel, ou bien qu'il efit dénoncé la phénoménologie au non d'une dialectique matérialiste (cette contrainte, qui sera explicitée ultérieurement, sera le point de repere dans §_ug~_ g_e_ matérialisme), la scene de la lecture se tient, some toute, en dehors de la tutelle de ces appareils logiques, voire m’éme thééitraux. La lecture est précisément un écrange placé entre coté cour et c6té jardin, ou une étude phénoménologique parvierdra a la restreirdre. Nhis, au risque d'une deformation uniforme, l'analyse a suivre fera appel a lanotion (peute’e‘tre illégitime) d'une Eaxis gg tolérance--chose qui a été précisée plus haut--par quoi l'envergure critique du telquelisme (y conpris la pensée sollersienne) sera apportée a la reduction phénoménologique. Le tout formera, comme de juste, un conflit 110 sans issue, du .moins a l'égard des principes husserliens: parce qu'il n'est point question ici de prouver la suffisance ontique du texte, mais plut6_t de souligner, dans la mesure 011 il est possible de le faire, le potentiel subjectif dont dispose le texte sollersien. Il s'en faut de beaucoup qu'elle raille la phénoménologie, cette etude devra tot o1 tard élargir l'ensomble de la réflexion ontique au moyen d'une telle deformation. Il est maintenant possible de dire que Sollers accedera a l'Egg de la lecture 21 travers la poetique, et que l'étude d'un pareil procédé sera désignée par la phénoménologie du langage. Selon les schemes heideggériens présentés plus haut, la poétique cherche le Egg du _m19_t_: elle cherche a enoncer la structure de w, autant que ce dernier correspond plus ou moins a l'Ego pur dans la durée. Autrement dit, au cours de l'événement de la lecture le texte et le lecteur partagent une dimension fonctionnelgg faute de quoi ils ne pourraient E partager une subjectivité. Ce lieu fonctionnel se manifeste dans l'immédiateté du non. Par contre, le non n'est que l'image noématique (le residu ou la dif-férence du lien entre le morde et la conscience) énoncée par la matérialité du texte, et reste donc postérieur a la structure noetique qui l'avait créé. Cette structure, on cet acte noetique, remonte a l'état primordial de l'enterdement: 1e Aoyos de m. La poétique n'est donc qu'une épreuve—ainsi qu'une défaite-—que le texte presente aygargg _13 g_e_tgrg. Démontré par le poeme de George (Ch.I) , le nom n'accedera jamais 111 entiérement a l'irréductibilité de la structure quile devance. VOila en fait, précisément‘ ce que le romanesque sollersien tentera de faire: la matérialité du texte (au sens historique ou atomiste) formera un lieu fonctionnel sur lequel le roman présentera un _dr_:a_m_e_, ou un conflit gestuel et actantiel entre la lecture comme residu de l'acte conscientiel et l'acte lui-meme. Le non noématioEe n'est qu'une trace visible et physique (historiquement statique) emarant de la praxis de l'entendement. Sollers a constate que: J 'ai voulu manifester une "matiere corporelle" beaucoup plus vaste, une nappe d'écriture qui englobe et déborde constamment la vieille scene representative. Cela suppose un fonctionnement . . . dérivé d'un travail de trace insaisissable . . . 7 L'insaisissable, désigné ici par l'Ego pur, ou la structure du Dasein, ne peut qu'étre appréhendé sous sa forme inverse: l'Egg pur lui-meme n'est que le simulacre visible de la profordeur de son Etre, et en fait ne désigne ou ne signifie rien; mais cette entité inépuisable est la cible .vers laquelle l'enjeu sollersien se tourne au supréme degré: il s'agit précisément de rerrlre visible ou de noématiser la noése ou l'acte conscientiel de la lecture, ce qui reviendra tout simplement au domaine de l'esthétique et non a l'émaration de l'gg PL‘E- L'opération sollersienne, comme celle de George, devra renoncer a cette enonciation du I393 de sorte que le texte se détruira: si la fiction traditionnelle était incapable de cerner l'EQ a travers l'épiphanie référentielle, le romanesque sollersien sera d'autant moins efficace en se basant sur l'épiphanie - ‘ an ‘1; 112 esthétique, c'est-a-dire en employant, a titre de revolution littéraire, l'acte d'écrire et l'évenement de la lecture comme outils noénatiques. Réciproquement, au sens dynamique m‘éme si la "terre lointaine" du £93 reste inabordable, le roman sollersien sera imbu de la poétinue car il se dirige a rebours vers l'articulation de Dasein, donc vers une méthodologie qui concrétise la dimension fonctionnelle afin de mettre en valeur l'entendement d'ou vient sa préconstitution. Pour tirer au clair le lien entre la poetique, en tant que perseverance transcerdantale vers l'Egg, et les deux phénoménologies déja présentées, il est possible de schématiser l'événement de la lecture sur le' plan exégétique, ce qui donnera une vue d'ensemble du non noématique qui renvoie a l'épiphanie, au sens ou celle-cl interroge l'énonciation produite par la communion subjective. Quant a l'esthétique, il est alors sensé qu'elle devra avoir affaire aux modes noétiques discerrables au cour de ce partage, c'est-a-dire elle aura affaire aux dimensions temporelles et spatiales dont profite la lecture. Mais il faut se garder de substituer une phénoménologie esthétique a une phénoménologie du langage, car l'esthétique n'est que l'étude des actes dimensionnels congus noématigement: pour fixer l'acte il faut qu'il devienne objet. C'est pour cela qu'a vrai dire l'épiphanie et l'esthétique sont inséparables, formant réciproquement la totalité d'une perception unique et privilégiée, perception semblable au inscapgrgg' 113 de Gerard Manley Hopkins. Les deux SpPEres se rej oignent au portail de cette écriture 011 la campagne anglaise n'est qu'une instance accessoire dans- l'ensemble du moment d 'une apprehension: But what I note it all is this: before I had always taken the sunset and the sun as quite out of gauge with each other . .. but today I inscaped them together and made the sun the true eye and ace of the whole, as it is. It was all active and tossing out light ard started as strongly forward from the field as a long stone or a bass in the knop of the chalice-stem: it is indeed by stalling it so trat it falls into scape with the sky.8 En transcendant l'horizon du sensible, il importe de repérer les modes de la lecture, qui évoque activement le sens de l'écriture a travers une sympathie dimensionnelle: le moment temporel du "falling forward" (plut‘ot qu'en arriere selon l'orbite du couchant) ' produit la réciprocité Spatiale entre l'oeil et le soleil. La conscience, en prétant ses categories au texte, engerdre un tiers partie qui subjectivise le pale de l'objet: l'étude d'un soleil devenant perception ainsi que le mécanisme qui permet un tel échange sont compris dans le meme noyau noématique . La conscience ouvre la lecture et la rend possible at l'étude du processus par lequel cette possibilité s'effectue puisera l'acte de la conscience d'une source objectivée. La phénoménologie du langage vers laquelle Sollers s'achemine est marquee par un procédé plus complexe. Il est peut-étre inutile de répéter qu'une telle phénoménologie n'est qu'un enjeu qui tend vers l'échec, par contre elle est l'indice qui mene au vrai lieu 1114 noetique de la lecture, celui désigné par I'Egg pur. Il s'agit d'une phénoménologie du langage car 0 'est a travers elle que l'énonciation poétique de l'Efi devient provisoirement un endroit accessible: tout contact avec le monde suppose une certaine lisibilité, mais au cours de la lecture la réduc tion phénonénologique s 'apprérende immédiatement et le monde, etant mis entre parentheses par l'imagiraire, est revétu d'un flux subjectif. Selon ces coordonnées, la lecture devrait étre la seule voie d'acces au ).oyo‘: de m, c'est-a-dire a l'articulation originaire de l'étre. Par contre, a cause de l'antériorité et de l'immanence de cette structure qui articule l'etre, la phénoménologie du langage, en tant qu'analyse de la poetique, se bornera forcément a une réflexion d'ordre spéculatif. L'ensemble topographique de cette poétique est schématisé ci—dessous (Figure IV) , bien qu'il faille souligner que la phénoménologie du langage, etant obligée de s'effectuer inversement par ce passage néfaste du 3913 au M, surdéterminera l'inéffabilité de la trace ou du drame chez Sollers et de la dif-férence chez Heidegger. N on noématique épiphanie matérielle-esthétique dimensionnelle - ‘ ‘- “ ~ ‘ ~ _ ~lecteur / Figure IV : E: reseau Non-Mot phénoménologie du langage Mot noetique 115 Le texte de 933mg est un reseau fragile qui établira une premiere poussée vers ce terrain median auedela de ll‘épiphanie et de l'esthétique, poussée qui s'effectue en trois étapes, atteignant ensemble un dépassement synthétique. D'une facon intégrante il’ importe peu ici de départager cette transcerdance en unites sérielles, chose qui sera plus aisée a réaliser plus tard grace aux operations quadripolaires et hexapolaires qui se decelent visiblement dans Nombres et _LEig. Le premier mouvement de cette poussée est consécutif au rassemblement synthétique des Operations qui perpétuent la lecture. En premier lieu, le texte provoque une désabsolutisation du signifié linguistique, ce qui le rangerait du c‘o‘té de l'évidence fonctionnelle plutdt que de celle de la communication sémique. Deuxiemonent, le texte se relie profordément a une devise passive d'ordre tao’iste, démarche qui permettra a la lecture de faire défaut a l'activité déontique de dualiser l'écran du monde. En dernier lieu, Earns; fait l'aveu d'un tiers parti naissant intégralement des deux promiéres operations énumérées ci-dessus, mais ne renvoyant pas pour autant a un concentrisme vis—a-vis les deux autres: la trace fait intervenir‘ un soubassement materiel au texte grace a une métonymie dimensionnelle. Il s'agit maintenant de mettre en relief le déploioment de ces trois mouvements textuels selon la topologie déja présentée, afin de verifier jusqu'ofi il est possible de les y retrouver. Le groupe Tel Quel a sa conception se pr‘e‘tait a l.—'idée d'une travée ou d'un trait d'union entre le morde diachroniquement percu et le regard du spectateur. Mouvement initié en 1960 par Sollers et soutenu par les écrits de Ponge, Ricardou, Butor, Artaud et Bataille parmi beaucoup d'autres; mouvement qui s'était mis en devoir d'avancer une nouvelle idéologie de l'écriture. Comme dénominateur commzn les Telquelistes avaient. l'étroit rapport entre les données socio-culturelles, pratico-historiques et économiques qui unissent le regard au monde, c'est-a—dire articulent le regard ainsi que le comportement. Ce paragraphe qui est au coeur de la premiere declaration du groupe mérite d'etre citée dans son ensemble, non simplement pour signaler les allusions a la pensée claudélienne, mais pour démontrer cet encadrement qui lie l'homme a l'essaim de données éparses qui engendre et qui gonfle l'horizon immédiat: Sans doute rien n'est plus important vis-a-vis du morde, et verant d'un ensemble aussi mal défini qui s'appelle "nous"; sans doute rien ne mérite plus d’attention que ce décalage entre objet, le spectacle qui se trouve devant nos yeux, l'idée que nous en faisons, la maniére dont nous le recevons habitue llement, et la découverte (la sensation de découverte) brutale ou progressive de cet objet, de ce spectacle, of: nous retrouvons, par la force d'une sensation particuliere, l'intérét que mérite ce monde TEL QUEL, l'éterdue infinie de sa richesse et de son possible.9 Afin d'effleurer une explication de cette declaration, et surtout de comprerdre son apport a la poétique sollersienne, il importe de sigraler que la question la plus urgente chez les Telquelistes .était de trouver un mécanisme critique qui acc entuerait la sympathie entre lean de la perception (jeu du voUs grec--la 117 perception) et l'entite textuelle. Plut’dt que d'etre un substrat vide, l'homme est une exhumation totale de son. corps dans l'horizon de la perception. Cette pensee a ete corroboree par Merleau-Ponty: La chose ne peut jamais etre separee de quelqu'un qui la percmve, elle ne peut jamais etre effectivement en soi parce que ses articulations sont celles memes de notre ex1stence et qu'elle se pose au bout d'un regard ou au terme d'une exploration sensorielle qui l'investit d'humanite.10 Si la desabsolutisation des p6les contraires est remplacee par une coalition plus stricte, il s'ensuit que l'en-soi sartrien se munira d'une valeur conscientielle de sorte qu'il partagera une qualification subjective. Pareillement, le texte pourrait se reduire a ses elements originaires et acquerir une fonction de participation analogue a celle du spectateur. Ces elements de base provoqueraient un epurene'lt du texte sur le plan referentiel et le raménerait a sa materialite dialectique: un signifiant sur fond blanc qui possederait non seulement une valeur graphique, mais surtout une densite dialectique qui retomberait vers un mouvement historique et contradictoire d'ou il tire son evidence materielle. Sollers surtout, en se fiant a la contradiction mao'iste (qui sera mise en relief plus bas), a souligner l'importance de ce retour au signifiant. Dans Logg'qlges (recueil d'essais critiques qui est sense correspordre a l'envers exegetique de Nombres) .se trouve l'elaboration d'un tiers parti entre la lecture et l'ecriture qui remplacerait l'ide'alisme du lien entre le texte et son auteur: il s'agirait de passer du particulier a la coulee de la masse, c'est-a-dire d'une plongee 118 pratico-historique par laquelle le trait noir, plutdt que de monter vers la reference, descendrait, 'par une contradiction interleure qui engerdre son mouvement selon les Maoistes, vers la poussee physique et economique du monde: Nous voyons donc que la question essentielle n'est plus aujourd'hui celle de l'ecrivain et de l'oeuVre. . . mais celle de l'ecriture et de la lecture, et qu'il nous faut par consequent definir un nouvel espace ou ces deux phenomenes pourraient etre compromis comme reciproques et simultanes, un milieu d'echanges et de reversibilite cu nous serions enfin du meme cdte que notre Wge . Le langage, en fait est localise dans ce milieu d'echangg cree par l'evenement de la la lecture, lieu phenomenal par excellence car le romanesque est devenu une experience a partir d'une expression: plutdt que d'etre a l'ecoute d'un monde simule, la lecture est un produit fonctionnel et dynamique qui transcende le mythe de la litterature a travers lequel cette derniere ne depasse pas son r'ole de porte-parole de la societe.1‘2 La revolution telqueliste a voulu renverser cette convention pour remettre en cause les theories de l'ecriture les plus usitees: Le roman doit donc brfiler et consumer toutes traces de rotan ou se resigner a n'etre qu'un roman. ..1 Ce geste est a mi-chemin entre une Pentecete et une pyromanie: l'incerdie qui marque la fin (l'ouverture) de m etablit une nouvelle prise de conscience du texte ainsi qu'une auto-destruction, "on doit pouvoir considers? que le livre echoue ici-~brfile (s'efface)" (m, 159.). Le signe saussurien est devalorise car il n'est fait que pour un avenir syntagmatique. Par contre, le graphisme de 119 Sollers est surdetermine par: Eurfl proces sans commencement ni fin qui traverse a la f01s le savoir et sa parole, le corps et son sexe, le reel et sa metaphore, la narration et ses limites "consciente," bref le tout d'une culture a un moment quelconque donne.“ La polemique entre la voix du texte qui s'ecrit au cours de la lecture et celle de l'acte de l'ecriture qui effectue une auto-reflexion presente la noese fondamentale de Drame. Lieu theatral 0171 la lecture et l'ecriture se retrouvent pour etablir un discours en profondeur. Le moment theetI-al implique touj ours une virtualite, mais celle-oi n'est que la figure statique d'une totalite plus vaste dont le texte fait partie: reciproquement ceomeme texte, percu dynamiquement, comprendra l'envergure d'un morde devenu virtuel. Sollers ajoute: Le livre n'est rien d'autre que le passage du monde au theatre, l'apparition theatrale du monde comme texte, l'gperation: nonpas une oeuvre parmi d'autres mais la mise en oeuvre de tout ce qui est. C'est pour cela que la virtualite est reduite a une optique relativiste au profit d'une couche de signifiants qui elargit 1e continuum au cours de la lecture. La trame a deux voix devient, a la deuxieme puissance, une projection du compromis absolu entre l'ecriture et la lecture. Roland Champagne a precise le mecanisme de ce tissage: [Drame] involves the actual reader into the narrative by a complexity of two internal voices. One voice. . . is apparently a writer struggling to write. The responding voice is the writing which predicates the writer's activities. Durirg this dialogue, the actual 120 reader assumes anintimacy with the writer in that the reader ma be the objecct of the writer's conversation. Afin de pouvoir acceder a un statut subjectif, le texte doit se rendre au lecteur: tout porte a croire que le signifiant effectue ce transfert. N'etant plus tout simplement le reciproque concret de la referentialite, le signifiant devient cette carapace sous laquelle convergent le discours horizontal et les limites indefinies de l'ecran mondain. Ce lieu de contact se traduit par un champ perceptif sur lequel deux axes s'investissent brusquement d'une immediatete, d'un d'abord: D'abord (premier .etat, lignes, gravure--le jeu commence, c'est peut-étre l'element le plus stable qui se concentre derriere les yeux et le front. (m, 11.) La mise en scene est reglee: le texte qui s'ecrit entraine celui qui se regarde ecrire. Quant a la polemique qui en resulte, elle sera designee par les instances bipolaires formant 1e discours du roman: l'epiphanie a la rencontre de l'esthetique, la premiere personne a la rencontre de la troisieme. Seul le pronom jg cernera la région de l'ecriture gouvernant un ordre percevable et decisif. Mais au moment de completer son ecran epiphanique le reseau qui chante l'espoir du recit est interrompu par un deuxieme pale discursif. Cet interlocuteur vient escamoter le planmondain au profit d'une notation actantielle: le pronom _ig et l'acte de l'ecriture devenu objet de la lecture, et donc Al'esthetique rentre au registre de l'epiphanie. Le jg, au moment d'etre derobe est 121 remplace par une voix qui lit son geste d'ecrire. L'axe de symetrie, compris a l'actif, est evidemment un jeu: les inscriptions sont toujours denoncees par leur double rupture: a la fois vers la reference et vers l'auto-reference, vers le monde et vers le texte; mais l'essentiel est de reconnaitre qu'au moyen du chiasme s'operant entre la lecture et l'ecriture (reciproquement pregnantes au coeur d'elles-memes), qu'une trace, qu'un silence, bref qu'une libre transcendence se deploie a partir de ce transit interieur: Il.ecrit: ". . . silence que rien, aucune violence, aucune negation ne sauraient atteindre . . . ., le mot 'silence' est a peine la trace de son reflet, mot - vers lequel les autres mots s'acheminent et vibrent (couleurs s'achevant dans le blanc) . .. Aux pires evenements, j'imagine que succede touj ours un silence--et c'est lui que je veux ecrire. (Drame, 65-66.) A partir de cette metamorphose, qui est l'embleme de la reduction phenomenale au portail de l'Ego, le signifiant devient moins oblique, n'etant autre chose que la resultante d'une negativite. Selon Ricardou 11 y aurait plutet passage de PM a l'anti-representation car "c'est a partir de lui-meme, Ricardou constate, que le texte prolifere: il s'ecrit en s'opposant a ce qu'il lit."17 Du fait que l'espace textuel s'accroit au depens de l'espace fictionnel dans une operation de moirage, cette negativite discursive. imposera des instances nettement definies: en fait 11 y en a soixante-quatre emtout. D'emblee, le texte sollersien, en evitant l'equivoque referentielle du nouveau roman, fait appel a un glissement rarratif entre deux pales, l'un designe par l'objet ecrit et l'autre par le les syntagmes de la lecture. I]. en resulte un basculement dont le pivot est a la fois le parcours suivant le lecteur a chaque moment fonctionnel (par quoi le texte se subjectivise) et une porte d'entree au lieu du goggg g_e Dasein. Selon cette optique, Erggmg constitue le premier effort romanesque qui liberera le signifiant des entraves de la passivite linguistique et, sur le modele des trigrammes taoistes, creera un texte qui s'unira activement aux parages du physique tout en etant regi, dans un milieu pgs_s_i_f_ pour ainsi dire, par l'envers d'une grandeur plus tenable. En fait, selon ces coordonnees il n'est pas interdit de localiser l'embouchure d'une narration qui se deploie des le debut du texte, a savoir celle du chant d'amour entre deux ombres verant du large, glissant doucement dans un port le soir et se perdant d'abord dans les rues des villes et ensuite dans les principes materiels du monde. Ce trajet maritime ouvre definitivement la voix (je) du recit: . laisse-moi dire ce que je vois, en silence. Tout commence au bord de la mer. Dans ce passage pourtant elle reste absente. (Drame, 18.) En tenant compte de la dialectique qui s'opere dans ce texte, il faut se garder de mecomprerdre l'absence de cette entite feminine a la. troisiéme personne. Activenent incluse dans un pre-recit l'ecriture est donnee par l'enjeu divinatoire de lignes ,noires accompagnees par la gergure blanche du t_u_: l'immanence d'une amante 123 de l'ecriture. Ensemble il voyagent dans une epopee clardestine pour que leur geste devienne objet, donc pour s'initier a l'espoir d'une lecture conventionnelle, c'est-a—dire d'une lecture qui mettrait cet amour en marge afin d'y substituer le logocentrisme (et non la dialectique) du signifie. C'est pour cela qu'elle se tait et s'absente au debut du roman. La pre-ecriture est donc definie par le couple (blanc-noir) qui etablit les jalons du signifiant: Tu es seul a savoir qui je suis, ou plutet: tu es seule a imaginer un "qui j e suis" possible, perception immediate et compacte, raissant immediatement comme au ford des yeux, comme un point de choc noir, un plan vertical ressenti de face... (Drame, 63.) Le chemin va vers la compromission de la lecture: absout par son amour le signifiant monte la route vers son drame, vers ce qui. l'emplira d'un sens legitime dans la cadence fonctionnelle. En montant vers la lecture il espere trouver le tiers parti qui entamera sa‘chute complete vers ce qu'il y a de plus sfir et de plus dynamique. Le jg- se livre done a la lecture afin d'acceder a l'articulation de l'Etre, la pre-ecriture devient lecture concrete, une barde Claire-obscure au moment de l'eclipse: Une sphere suspendue, libre, se constitue en silence, a moitie visible .1 travers lui. . . Le mot qu'il peut prononcer ici sera aussi la chose la plus lointaine, et la chose la plus proche sera un mot existant mais absent. . . C'est alors une harmonie qui re resout rien mais l'eclaire, 1e laisse aux aguets, ouvert et muet.. . "De, plus toute substance est comme un monde entier .et comme un miroir de tout l'univers. .. (Drame, 121.) Le je noir .et vertical s'est annule au terme de.son voyage, 1214 se laissant meme cite par la lecture (les entre guillemets). C'est ici que l'amante (le _ggmateriel) revele sa vraie nature: celle de Tiresias. Elle est le pont fonctionnel I qui accompagne la tracee de l'ecriture du pre-recit: arrivee au port elle se dedouble en gggg reliant donc l'ecriture a la lecture et rendant celle-oi presente. Ce procede peut etre designe de la facon suivante: ECRITURE -------- tu/elle -------- LECTURE 11 en resulte un texte qui formera l'envers g_e_ l_a_ transcendance, et qui, gros de son contraire, sera a la fois abordable et au seuil de 88. mort: Ceperdant, nous. approchons du port en silence, --rien re bouge encore a cette heure sur les quais . .. . Comme si, detache sur un ford blanc et ne faisant qu'un avec lui, il representait l'apparition provisoire d'un texte lisible d'un seul cdte. . . (Drame, 125-26.) L'operation du signifiant (en tant que la somme du graphisme et de son ford, du jg et du 31g), ne peut-etre concue qu'a partir d' une pensee deontique et donc fabricante, mais auxiliairement il serait possible de la propager plutet que de l'irdiquer. La grarde passivite taoiste en effet permet a l'enlissement narratif de s'eteirdre contre _lg dos g_lg logos plutet qu'en face de lui. Le signifiant se retrouve dans l'acte de la lecture devenu entierement l'epiphanie du texte. Selon la cosmologie taoiste redigee par les ecrits de Lao Tsou .et ensoleillee par ceux de son disciple 125 Tschoung—Tseu,tumatelle manifestation textuelle se nie pour mieux faire paraitre la matrice qui s'oppose a elle tout en l'engendrant: Une fois de plus, tu viens a ma rencontre, nous nous retrouvons. Tu fais partie maintenant du ford incessant quenous enveloppons et qui nous porte: tu es devenue l'espace, et pour la premiere fois l'espace repond. Ce nfest pas moi qui.parle, mais depuis moi.(ggggg,1u1.) Le lecteur assiste done a une transposition du d'abord au ggpggg, de l!evenement de la lecture comme lieu du signifiant a l'apprehension.d'une premiere doublure (celle entre les elements du signifiant, qui par la suite contiendra celle entre le signifiant "je-tu" et l'objet de la lecture "elle-il.") a partir de laquelle la figure de lflEgg puisse se devoiler. Il s'agit du passage de l'instant fixe a la consorrance et passive et dynamique du flux taoiste, dont l'ensemble est toujours percu tardivement, au moment 00 cette derniere touche de lumiere marque la fin.du crepuscule. Au moyen de la cosmologie chinoise Sollers surdetermine la plongee homogene de l'ecriture vers son en deca, vers les faisceaux qui remplissent la coulee diachronique. Cette pensee est en etroit rapport avec le materialisme, compris ici au sens marxiste--qui sera explicite au chapitre suivant—des premices qui resultent de la production, qui elague toute lecture lineaire afin de trouver le centre de l'interdit face au mythe de l'ecriture. Un texte qui cherche a se detruire en s'incorporant aux donnees materielles du .morde sera consecutive a cette pensee. En faisant appel au couple (yin/yang--—donc ig-tg, et par extension l'accord entre l'ecriture et la lecture) taoiste, Sollers a su faire sien un procede de deseonciation ou le texte devient un tissu qui se defile sur la navette, une serie a la fois decoupee et figee, une image tantet brisee, tantet pleine sous l'appui de . 1 1 '. ce testament d'une totalite paSSive. 8 Sollers preClse cette pratigue de l'ecriture- au debut de Logngues: Autrement dit, la problematique specifique de l'ecriture se degage massivement du mythe et de . , la representation pour se penser dansla litterarite et son espace. Sa pratique est a definirau niveau du "texte" dans la mesure ofi ce mot renv01e . desormais a une fonction que cependant l'ecrlture "n'exprime" pas mais dont elle dispose.19 Cette confirmation de la part de Sollers vis-a-vis la nature oblique de la fonction demontre que textuellement tout ce qu'il y a de plus excentrique et de plus contradictoire se resout en un seul devoilement: pour voir juste il s'agit d'etre passivement complice a la demesure car, 31 peu intelligible qu'elle puisse paraitre, une telle pratique, qu'elle soit celle d'Heraclite ou de Mao tse-toung, accentue l'etroite correspordance entre ce qui s'enonce de maniere dualisee (le Non) et cette vaste articulation d'ou la coulee pulse sa parole (le Verbe, le Mot, le Tao ou.'.la dialectique materielle) . Lao Tsou a evoque cette homogeneite fragmentaire des l'ouverture du _a. _T_. are: The nameless was the beginning of heaven ard earth The named was the mother of the myriad creature These two are the same But diverge in name as they issue forth. 20 ‘ 127 Ce vecteur negatif est souvent designe par l'indicible ou le Tao dans lequel une causa efficiens reste virtuelle: tout s'appartient, s'entremele et se retrouve dans le Tao: J e ne pourrais raconter la vraie for-me du Lu-chan Car j e suis moi-meme cette montagne.21 Le perceveur s'installe dans une passivite du regard ou il n'observe que le front du Tout se dechargeant au moyen d'une duree pleine et decoupee qui permet une "saisie divinatoire" de l'ensemble moniste, saisie qui provient de l'ancien augure chinois (of: 11 y aurait eu un dechiffrement de la carapace brfilee d'une tortue) revelant externallement la fusion des pales dans une serie statique quelconque. Sollers ajoute de son cete: Nous assistons alors a une veritable conspiration ou l'observateur est necessairement compris (a une "co-naissance," si l'on veut), corduit a faire vibrer en faveur d'une saisie diviratoire la serie 00. 11 se trouve Le subjectif, ainsi, rejoint l'objectif.22 Il est un fait avere que le regard est en generation, en raissance avec ce qu'il n'est pas et sans quoi il ne saurait etre. Voila la grarde resource ainsi que la grarde confirmation du regard que Claudel accentue: En cette acceptation primitive, ainsi que tous les autres corps, 11 complete l'ensemble of: il apparalt, il remplit un compartiment, il est reciproque des autres corps qui determinent sa presence, sa production sa place dans l'espace qu'ils occupent avec lui}; L'acte du regard fait defaut a toute meontologie afin de constater et par la suite de .construire (qui ferment e1 fait les 128 deux epistemologies chez Mao tse-toung) soit le complement, soit la contiguite au cours de cette naissance brute. L'unite provenant de la correspordance entre le regard et son obj et remonte tantet au c_hi_.h et an Egg (poesies lyriques et narratives) de Li Po de de Su Tung-P'O,‘ tant‘dt aux gravures, aux eaux-fortes et aux rouleaux de Fang Ts'oung-I (peintre taoiSte du )Cl'Ve siecle), tantet aux _Cg'gq phrases pour eventails de Claudel, "L'oeil/sous la ligne deja/ dechiffre/une autre ligne." Cette visee se retrouve de nos jours dans le decorticage des dimensions fonctionnelles dans la poesie de Meschonnic: Chez nous l'arbre choisit aussi l'oiseau l'eau ressemble au poisson214 je deborde tous les comme. La fonction entre chaque image produit une fecondite plus vaste. L'instant qui emet un rapport doit forcement se replier sur lui-meme afin de detr'uire la premiere liasse et se reinscrire au cadre passif. Cette reinscription est un debordement, un deversement qui fait l'ebauche d'une revolution dialectique. Cette revolution ne laisse plus l'ecriture a l'abri d'un mono-ford referentiel mais renverra auxylimites pratico-sociales quiincarnent le texte. La pensee revolutionnaire n'est plus une directive reformatrice ou une pratiglge qui cherche a effectuer un renversement superficiel qu'a partir d'une ideolfi’e, car l'ideologie historique fait gartie de l'haleire du corpus social. Le sommum bonum n'a de sens que dans la mesure ou 11 se declare consecutif a une dialectique de la cadence 129 diachronique et synchronique de l'histoire: la reforme est a la fois l'autisme d'un nouvel ordre et continuation du tissu de son passe. Parallelement, la revolution de l'ecriture est une compromission: elle. se lie la couche epiphanique d'ou elle est venue mais elle seme le geme d'une nouvelle matrice pour l'avenir. C'est a partir de cette optique qu'il faut cerner la poetique sollersienne: l'ecriture ne repord pas a une societe, elle ne fait pas l'aveu d'etre l'effet d'un milieu ‘ou d'une cause exterieure, l'ecriture est un double-ford qui possede une contrainte innee qui rerd possible son mouvement et qui la rattache a la poussee immense de la société. Le texte n'est pas un reflet, il est grg rapport avec: il n'est pas question chez Sollers du bricolage linguistique des nouveaux-roramiers-qu'importe que le texte renvoie ou non a autre chose que lui-meme, une telle metaphysique est devenue plus ou moins perimee. Le texte, comme l'irdividu, doit glisser dans la masse par une gluriaccentuation: son ford materiel souligne son appartenance a un sigle d'ordre universel. Sollers a ete tres net face a cette evolution historique qui transcende l'ergagement sartrien (ou l'Etre de l'auteur de surdetermine), etape marquee par la parution de la revue _T_gg g_ugg qui voulait 'e‘tre le dessus du panier critique en relegant Les Tempg Modernes au secord rang, et qui passe ensuite au moment fonctionnel entre l'ecriture et la lecture. Le double-ford poetique entre la terre .et le ciel, entre la ligne simple et la ligne brisee, l'envers de la transcerdance pure: 130 Le double-ford: premiere tentative pour organiser une scere active hors de la metaphysique expressive. Le langage n'y est plus portee par un personnage en direction de la verite, mais arrive comme vibration d'une poussee massive, rongeuse. La surface ne se pense plus comme elevation vers un "Ciel" (des idees) mais comme une declivite sans limites sous laquelle“ et avec laquelle glissent toute terre et tout ciel.‘S La "declivite" accentue de son cete la substance originaire, substance sociale et proverant d'une lutte (oe classes, de forces, d'ideologies): l'ecriture n'est plus oeuvre mais ouvriere dans la production materielle. Voila sa nouvelle fc ..e dynamique: . je reviens au temps ou le monde etait dans sa nouveaute, ou la terre etait encore molle, et je dirai: quelles productions nouvelles elle decide de faire na'itre pour la premiere fois aux rivages de la lumiere, et _de confier aux caprices du vent... (Drame, 93.) Ce que revele ce cheminement originaire, redouble par chaque instance du discours de Drame, c'est que la lecture et l'ecriture forment ensemble le silence de l'gg, donc d'une conscience generale. Le chant d'amour se realise par l'entente des peles contraires. Le jg ayant trouve "les rivages de la lumiére," appartient a l'unicite ininterrompue de son Etre, a un nous communal: Son corps allonge sur le tapis, toi a l'autre bout de la piece, moi dans un coin. Nous atterdons... . Nous atterdons avant d'entrer dans cette nuit, nous y projeter, l'agrardir. Deux se ligueront pour que le troisieme crie. Cela se decidera tout a coup, en silence. (Drame, 151.) Et a partir de cette alliance dans l'ecriture .et la lecture, par lequel le nous se manifeste: l'ecriture gg presente TEL QUEL, c'est-a-dire dans son rapport avec la passivite, avec l'Ego: 131 Si j'ecris ces phrases, c'est .pour ecarter entre nous malenterdu . J e. voudrais que notre rapport apparaisse tel qu'il est: sans signification, ou plut‘dt comme ce lieu de. penomhre et pourtant de j our violent ou le sens se renverse, se releve. (Qrgmg, 1141.) En dehors du lieu noematique "ed il faut degager le chemin qui ne cache plus rien"(g_lra__m_1g, 58.) renfermant le couple il-je-et donc 1e tiers parti passif ggug, l'envers de l'I-‘gg puruyggmg se rattache directement aux ecrits taoistes a travers les soixante-quatre clants qui rappelle le format du Yi-Qgg. Sollers lui-meme a explique que: . Deja grgrglg etait construit sur la matrice structurale du Yi-Elgg' : soixante-quatre sequences alternativement impaires et paires divisees entre _'_1g et jg” .27 Soixante-quatre sequences qui multiplient les possibilites combinatoires parmi les espaces simples et brises. Ce differerd qui institue un "theatre en action" (grgmg, 64.) se prolonge .et 3 'applatit dimensionnellement pour mieux se fixer entre chaque case de l'echiquier. Cheque episode marque l'abardon d'un recul qui avance, d'une ouverture qui se cldt. Selon l'ancien augure chinois les ligres brisees (yin-yao, le principe feminin) et les lignes simples (yang-yao, le principe masculin) pouvaient etre disposees en huit trigrammes (pa kua) divinatoires, correspordant a la direction et a la qualification morale de chacune des huit elements de l'univers: 1e ciel (ch'ien), la terre (k'un), letonnerre (chen), le Vent (sun), l'eau (tui), le feu (li), la. momtagne (ken) .et la lune (k'an). Cette cosmologie, datant de la dynastie Chou (1100 avant J-C), a su arranger les trigrammes en octogone. Et, voulant designer les divagations actives du Tao a n'importe quelle instance de la coulee, les premiers divinateurs ont converti l'octogone en soixante-quatre hexagrammes; par exemple l'hexagramme ._. ._._ designe la duree immuable ofi l'eau et le ciel se relient. Aussi est-ll probable que dans Drame l'axe actif du ciel (E) renvoie au jg de l’ecriture (la case noire), et que l'axe passif de l'eau (Z- ) renvoie au _tlg qui rend l'ecriture possible (l'envers, l'amant, la case blanche). L'ensemble formerait la lecture (_ig), "mer blanch et noire sur laquelle il est ballote a perte de vue," (E’ggg, 1014.) donc au voyage. maritime entre le ciel et le large. Projete a la deuxiéme puissance, le moment du pre-recit devient l'actif, et donc la lecture se traduira par le passif, le tout formant un va et vient entre l'epiphanie et l'esthetique—soixante-quatre chants entamant une absorption negative: la matrice structurale du 3:; _Kirg etablit un discours entre carreaux, ce qui pousse dimensionnellenent la page au livre, le livre a la terre: Le carre, c'est en effet l'espace, et la terre, c'est en fait la matrice du texte, sa figure de base, son mode de regulation scenique.2 Bien que le carre formera le tableau de ford de Nombres (passage du systemedouble au systeme quadripolaire), ce format encadre deja l'intervalle qui separe les series .de _D_r_a_mg. La terre, ce nous renverse .de la transcerdance demandera n'empeche un autre stratageme (celui de'Nombres at par la suite de Lois) afin de cerner 133 l'absolu dialectique et non le dos estompe de l'Ego. L'echec du texte se prepare en consequence de l'eloignement du mot: Ce qui est irdique entre les lignes est plutc‘it la presence incomprehensible d'un sole tres proche et antierement autre avec lequel on a cependant partie liee de maniere obscure, obscure parce que la plus simple, la plus impossible a saisir... (Drame, 71.) Ainsi 1e Taoisme s'accorde au materialisme sollersien: l'eau et l'air en se retrouvent formeront une production primaire; le texte, en mettant de cete le mythe de l'ecriture, prendra ces images af in de montrer, sur le plan epiphanique, son envol revolutionnaire, son ici qui s'elargira,par un croisement d'elements internes, hors de la page: la production du texte qui devient le texte producteur. C'est la flamme qui ne se distingue plus du feu, le sujet de l'ensemble, c'est l'insertion "011 11 prend irdividuellement la place d'une veine, d'une ligne--mais aussi du mouvement global." (Drame, 113.) La lesion fomentee par un tiers parti, par un materialisme d'ordre maoiste, par un vecteur logique qui emane des contraires du 3; £13, permettant au. texte d'etre son morde: C'est vrai, la nouveaute et comme la "molesse" terrestre, et alors je crois pouvoir entamer une pensee immediate (flamme), dont je fais partie au meme titre que les elements detaches et lances dans leur composition melangee d'espace, comme si je comprenais enfin l'eau et l'air... (Drame, 911.) La partition millenaire entre la matiére textuelle et celle du monde n'est que la promesse de la rencontre des deux peles. Que Rolard Barthes y ait entendu une lutte du faire dramatique contre 13L! les lies du faire poetique (c'est-a-dire du recit contre le discours), ou qu'il y ait vu une application de l'hypothese 29 actantielle de Greimas, le plus urgent ici est de proposer que Sollers fabrique son texte par une menace: menace dirigee vers tout sociolect qui surdetermine le seme‘ion textuel et qui met l'accent d'une maniere irremissible sur le signifie. Le materialisme sollersien vise un arbitrage entre le texte comme produit et comme fordation physiqme: Il pense a un livre qui ne s'arreterait pas plus que la mer...., en effet tout continue et commence, recommence, respire et se respire en lui: ce qui est detache, ici, en surface, ne peut rien enfermer, chaque phrase s'eteint dans une autre phrase qui la contient. . . (Drame, 115.) En passant de l'ordre metaphysique husserlien a celui de la dialectique marxiste, c'est-a-dire du domaine de l'idealite qui se transforme en contradiction, Sollers, se basant surtout sur les ecrits de Mao Tse-toung (_Dg gag contradiction), erige une theorie materialiste dont le point cle est le contradictoire: "Sans contradictions pas d'univers." Definition de l'universalite comme double signification: "les contradictions existent dans le procje—s de développement de toute chose et de tout phenomene," g1; "dans .le proces .de développement de chaque chose, de chaque phenomene, le mouvement contradictoire existe du debut a la fin." 30 Il ne s'agira plus desormais, et il faut le preciser de nouveau pour bien suivre la revolte sollersienne, du sujet mais de la masse englobante, il ne s'agit plus du pronom qui designe le particulier, mais d'un univers conterant inversement le moment statique et 135 monadique du texte. La matiere de l'ecriture accentue l'histoire economique enbouleversant l'economie (le mythe) du largage romanesque. La poetique devient alors une fonction qui passe du privilege a l'unite de l'ensemble: l'evenement de la lecture subjectivise non simplement un texte mais penetre une conscience generale a laquelle il fait partie. La loi qui conserve l'energie tout en la transformant se convertit ici au mouvement par lequel la social-democratie devient maoiste, et le langage devient signifiant: Nous dirons donc qu'avec un sympteme comme celui de Mallarme commence a peine la deconstitution generale de cette mairmise sur le signifiant, signifiant materiel, donc desormais imma‘itrisable, et qui va passer dans la transformation revolutionnaire. Le renversement de l'ideologie qui n'observe que le logocentrisme "a l'exclusion du materialisme, de la sexualite, de l'histoire de la langue"32 provoque un retour au principe de l'antiquite grecque et chinoise, ofi le ggggg est cueilli sur un brin of: l’opposition vient se poser; il provoque aussi une montee vers le materialismemoderne (dialectique) ofi le ggfi est remplace par l'axe de la production.33 Le but de Sollers a travers tout cela?: eriger ure pratique de la langue conforme a cette troisieme etape historique, etape qui emane- de l'antiquite et de l'idealisme metaphysique, "existe-tail, Sollers ajoute, une langue pour ce W3“ Certes, son projet tend vers un "miroir vide" car nouveau morde il lui faudra acceder au registre "d'un troisiéme terme" en sortant du mythe de l'ecriture.35 Et, bien que Sollers enterd par la 136 transcerdance gg l'ggo un refoulement idealiSte, il est quard meme sense de constater que, ayant mis de cete 51a contrainte repetitive entre l'idealisme et le materialisme d'ou Sollers puise sa methode pour jalonner ala maniére de Victor Hugo les grardes lignes de la pensee historique, la brfilure qui epuise l'evenement de la lecture de Eggg ranime l'antithese hegelienne: Perdant la tentation effectivenent reelle pour le dire, [le langage] se decomposerait. 01 plus loin: C'est seulement moyennant ce passage que sont ces determinations dans lesquelles les forces paraissent emerger dans leur indeperdance.37 Ce jeu antithetique implique necessairement une resultante ou un troisiéme element hors de la "tapisserie menacante" du largage'(pgrg_mg, 52.). Alors, c'est a partir d'une dialectique qu'un ensemble d'images (de l'eau, du ciel, du port) pourront se tenir au ras de la reference pour s'unir a un horizon plus large qui"n'est rien d'autre que la simple histoire du mouvement de cette certitude."38 Aussi la phenomenologie du langage est-elle une tentative de deceler les limites de l'evenement qui oblige un passage du noyau epiphano-esthetiqlg a l'evidence renversee ou dialectique d'une'gu_bjectivite sociale _eg ggstorique. Cet evenement est celui de Drame. Mais l'Ego, qu'il soit collectif ou non, ne s'est montre que par irdirection au moyen de la bipolarite taoiste ou dialectique: Sollers dans Nombres et Lois tentera de l'aborder d'une facon plus rette e1 depassant la mort de Drame. 137 La tentative au cours de Drame de materialiser l'evenement de la lecture tout en effleurant le noyau noematique instiguera un desequilibre temporel qui menera le texte a la potence. Le _l_0__'89§ articule se tient toujours au—dela des deux chantres qui alimentent le tiers parti. Et dorenavant, allant a l'encontre des couleurs qui s'unissent dans le blanc, le texte s'avertit de sa fin et calcule son depassement. Hors de son _igi le silence n'est plus a lui mais est deja passe sur les grands chemins du dehors immense. Tout ainsi que Saint Genet, l'evenement de la lecture s'arr‘étera par un chant precis, par un ecart bien decoupe. En fait le livre se martyrise: sur un bas-relief 1e pre-recit prepare son dernier chant, il terminera le spectacle en passant ailleurs, dans l'acte et le paysage qui lui sont propres. Mouvement qui se compare a "deux oiseaux, compagnons inseparablement unis... sur le meme arbre" (Drgmg, p. 152). Sur ce bas-relief la cantate de l'ecriture peint le gard tableau du supplice dont il est temoin: celui de Saint-Sebastien. Avant de se consommer le. texte se croise dans l'image qui le detroussera, venant avant ce qui sera denonce: l'impossibilite d'une transcerdance coIplete, l'impossibilite du livre illimite. L'ecriture se livre a sa mort avant de se trahir elle-meme : La formule complete serait: etre un livre illimite, c'est—a—dire un livre qui soit un mot (un point). Et cela peut se resumer par un seul tableau, rose _et gris: cet'homme presque nu et parce de fleches, les bras tires en ar'riere par des cordes, les plis d'une etoffe blanche s'enroulant et flottant pres de ses jambes. .. (Drame, 130.) 138 Le texte, parti d’un.point noir, d'un d'abord visible, a etendu les plis.de son eventail: petit a petit la dialectique de l'epiphanie et de l'esthetique a engendre une poetique, ne ffit—ce que pour s'en.ecarter. En se recitant, le texte a etouffe sa promesse: la gallerie qui l'emmenera devant la conscience pure. 139 Notes 1 Jeaanaul Sartre, Saint Genet: comedien_g§_martyre (Paris: Gallimard, 1952), p. 1481 et 516. 2 Ibid., p. 598. 3 Philippe Sollers, Dgggmg (Paris: Seuil, 1965)., Nombres (Paris: Seuil, 1968)., gggg (Paris: Seuil, 1972)., H (Paris: Seuil, 1973). Toute citation se rapportera a ces editions et sera suivie entre parentheses du titre du roman et de la page d'ou la citation est tiree. u Jeaanaul Sartre, L'Imaggnaire: psychologieAphenomenologiqge dg l'imagiration (Paris: Gallimard, 19110), pp. 239-112 surtout. La conscience intentionnelle acquiert l'oeuvre et, comme chez Dufrenne, l'enleve de son enceinte materielle pour qu'elle puisse s'etablir en tant qu'etre artistiqtg. Par rapport au pale subjectif de l'horme, l'objet artistique ne contient aucune qualification existentielle (ce qui eloigne Sartre de Dufrenne) car 11 est deja une essence pure. Le potentiel que possede le spectateur a entrer en contact avec un tel objet (Roquentin ecoutant du jazz) lui donne une notion passagere de la liberte ainsi que l'espoir de la franchir. A ce sujet voir George Howard Bauer, Sartre ard the Artist (Chicago: The University of Chicago Press, 1969), pp. 68-70. 1140 5 Benedetto Croce, The Philosophy g1: Giambattista Vico, traduit de l'italien par R. G. Collingwood (New York: Russel and Russel, 196“). "Before he reflects with a clear mind, he [man] apprehends with faculties confused and disturbed: before he can articulate, he sings: before speaking in prose, he speaks in verse: before using technical terms, he uses metaphors, ard the metaphorical use of words is as natural to him as that which we call ratural. p. A8. 6 Philippe Sollers, "Ecriture et revolution," propos recueillis par Jean Gaugeard, g_g Quinzaine litteraire, )OOOCLX (du 15 au 30 avril 1968), pp. 3—4. Sollers precise (bien que sa pensee ne tardera a evoluer), "Je crois que la recherche que je poursuis est absolument etrangere a toute phenomenologie. J e ne comprerds meme plus ce que cette forme de pensee a pu vouloir dire." p. 3. 7 Ibid., p. 3. 8 Gerard Manley Hopkins, _A_ Hopkins Reader, ed. John Pick (New York: Image, 1966), pp. 911-95. 9 "Declaration," _ng ciel, I, 1 (Printemps 1960), p. u. 10 Maurice Merleau-Ponty, Phenomenologie gig gg perception (Paris: Gallimard, 19145), p. 370. 11 Philippe Sollers, Logiques (Paris: Seuil, 1968), p. 238. Souligrations de Sollers . 141 12 . 1 . . 1 . . . . Ibid., "Nous parlons ici d'une experience (1111 fonoe la mise en question du roman comme expression et par consequent de la vie qui nous est donnee." p. 2314. 13 Ibid., p. 29“. 1“ Philippe Sollers, L'Ecriture gg l'experiencg des limites (Paris: Seuil, 1968), pp. luA—AS. 15 Philippe Sollers, "Litterature et totalite," g_e_; Quel, XXVI (Ete 1966), p. 92. 16 Rolard Champagne, "The Evolving Art of Literary Criticism: Reading the Texts of Philippe Sollers from 1957 to 1973," Fr'ench Literature Series (University of South Carolina), IV (1977), p. 189. 17 Jean Ricardou, Pour Eng theorie _d_lg nouveau roman (Paris: Seuil, 1971), p. 263. 18 Sollers emprunte le mot testament de Derrida, chose qu'il avoue dans, "La Science de Lautreamont," L'Ecriture g’g l'experience des limites (Paris: Seuil, 1968), pp. 139-90. Voir p. 11m, f.6. Cet article a aussi ete recueilli dans Logiques, op. cit., pp. 250- 301. Ces deux ouvrages s'entrecroisent a plusieurs reprises. De plus, c'est au cours de cette analyse des _Ch_agt_:g dg Maldoror que Sollers presente d'une facon eclectique le monisme chinois, oil la passivite est unnon-sormeil qui desidentifie l'ecriture. L'homme devient par la suite une "programmation orgnicme (sociale, culturelle, prehistorique) qui doit empecher la fonction scripturale 1142 de s'accomplir." p. 153. 19 W. op. cit., p. 9. Guillemets de Sollers. 20 Lao Tsou, _ng _Tg Ching, traduit du chinois par D.C. Lau, 78 ed. (1963; reimp. Harmondsworth: Penguin.Books, 1972), p. 57. 21 Su Tung-P'O, poete confucien et taoiste de la dynastie Sung. Il ecrivit la plupart de son oeuvre a la fin du Xle siecle de notre ere. 22 Philippe Sollers, "Logique de la fiction," Tel Quel, XV (Automne 1963), p. 19.Guillemets de Sollers. Ce texte a ete corrige et recueilli, a titre d'expose sur le mouvement Tel Quel, dans Lgiques, op. cit., pp. 15-43. 23 Paul Claudel, Art PoetiQie, dans Oeuvre gr_1 Prose (Paris: Gallimard, ed. Pleiade, 1965), p. 16A. 2“ Henri Meschonnic, Dans nos recommencenents (Paris: Gallimard, 1976), p. 15. 25 Philippe Sollers, "La Grande methode," Egg Quel, xxxrv (Ete 1968), p. 23. Guillemets de Sollers. 26 Procede qui ne tient pas compte de la critique de Michel Deguy qui constate que la poesie d'aujourd'hui expulse le sujet de l'oeuvre, "D'ou procede cette tentative (objectiviste, concretiste, moderniste, spatialiste, cinetiste etc.) de faire des mots-objets, pour que le mot soit selon la matiere ouvragee la, pareil au beton, 1H3 au bronze, aux chromes, des autres arts?" Cite de "L'imagerie," _Lg Nouvelle ReVue‘Francaise, CCXXVI (Octobre 1971), pp. 149-50. 27 Philippe Sollers, "Ecriture et revolution: Entretien avec Jacques Henric," 'Tel'Quel: Theorie d'ensemble (Paris: Seuil, 1968), p. 72. 28 Ibid., p. 73. 29 Rolard Barthes, "Drame, Poeme, Roman," Tel Quel: Theorie d'ensemble, op. cit., pp. 25-26 et 27-28. 30 Philippe Sollers, Sur gg materialisme: gg l'atomisme g g dialectique revolutionnaire (Paris: Seuil, 19711), p. 1AA. Les guillemets marquent ou Sollers cite Mao Tse-tourg. Souligrations de Sollers . 31 Ibid., p. 22. 32 Ibid., p. “0. 33 Ibid., Sollers cite Engels (l'Anti‘Dfihring) afin d'etablir ce rapprochement, "La philosophie antique etait un materialisme primitif raturel . . . . Le materialisme antique fut donc nie par l'idealisme. Mais, dans le développement ulterieur de la philosophie, l'idealisme a son tour devint insoutenable et fut nie par le materialisme moderne." p. M4. 3“ Ibid., p. 148. 35 Ibid. , "Il est vrai que voir et enterdre ce 'troisieme terme' 1144 en apparence absent . . . suppose non seulement une prat ique souterraine (vieille taupe), mais aussi qu'en surface, ici, maintenant, on sache g_ejg ecouter l'idealisme comme echo fuyant . . . tardis que le miroir reste vide pour celui qui se sait devenu reflet d'apres le miroir." p. 73. 36 32:12" "Le sujet, cet ultime rempart, ce dernier 'centre' de la construction idealiste, est entame dans son langage meme, et ce n'est pas par hasard que Freud presentait sa revolution comme 'copernicienne.' Cette derniere n'est plus refusee que par les vieilles lunes des theologies humanistes ou athees. C'est-a-dire par les vieux refoulements assurant la transcerdance de l'ego .. ." p. 88. Critique eviderment de la methodologie husserlienne. 37 G. W. F. Hegel, _Lg Phenomenologie glg l'esprit, traduit de l'allenand par Jean Hyppolite, 2 vols. (Paris: Aubier, 1939), I, pp. 91 et 116. Soulignations de Hegel. 38 Ibid., p. 89. CHAPITRE IV L'Eveil de Janus: 'Nombres' et 'Lois' Doue d'une vision double Janus, pour avoir sauve Saturne, recevait au meme instant le spectacle du passe et de l'avenir: entre-voie qui emane du contradictoire et qui rend sterile le tableau de la duree. Devant les caprices visuels du Baroque Diderot disait que "Le premier pas vers l'intelligence du clair—obscur, c'est une etude des regles de la perpective" ce qui implique que toute opposition est regie par l‘effet du recul ou de la profondeurfL Ce recul propage l'espace virtuel de l'objet esthetique. Il faut resouligner que l'esthetique, selon ce qui a deja ete presente, ne contient aucune qualification axiologique, car ce terme ne designe rien de plus que les dimensions spatio—terporelles dont dispose le noyau obj ectif au cours du partage fonctionnel. Les travaux de Suzanne Langer ont bien demontre que ce lieu virtuel est le propre de l'objet esthetique, et qu'il s'oppose fonciérement a la reference, donc au pele epiphanique: But [virtual space] differs from a reflection in quite a radical vay: there is nothirg in actual space (by actual space I mean our normal space, in which we act) related to the painting as a physical object is related to its own mirror object. Bien que l'epiphanie et l'esthetique soient neanmoins 1145 1146 inseparables, elles se livrent a des etudes bien differentes: l'esthetique depend des categories dufrenniennes cedees a la lecture par une conscience quelconque; l'epiphanie, par contre, se rapporte a l'ensemble noematique de l'evenement de la lecture: deux visees qui ont ete precisees au deuxieme chapitre. C'est pour cela que l'exegese dufrennienne, en depassant le programmatisme et la semiosis (c'est-a-dire la reference et les regles a laquelle elle est assujettie), se conforme aisement aux beaux-arts et a la musique. Mais la phenomenologie esthetique, fordee entiérement sur ce recul que prerd l'espace virtuel pour etre decele, vient couvrir de ses categories trop bien ciselees les deux t‘étes de Janus. Les regles de la perspective, comme celles de la noese, menent au repos de la scene: dans la piarre travaillee, dans les teintes et le renvoie du trompe-l'oeil qui s'exposent aux entassements et aux jalons dimensionnels—tout la-dedans porte a croire que Jams S'endor'me dans le sommeil de la cleture. Rendue immobile par l'etude du procede de la regression dimensionnelle, l'oeuvre s'enferme dans l' eidetique . Comment 1 ' eveiller? \ Meme avant la parution de Drame Sollers repondait deja a cette question en soulignant l'importance de l'Ego (du Aoyos de Dasein) de l'ecriture en deca de son apparence virtuelle: De tous les philosophes, Husserl est celui dont la reflexion prerd la place raturellement en tete de notre recherche. C'est bien a "l'epanouissement du logos de tout etre possible," a la "logique concrete de l'etre" qu'ils'agit de se dedier.3 147 Certes, Sollers allait plus tard remplacer cette notion du _lggg par le materialisme dialectique mais la formule reste plus ou moins pareille: d'acceder a l'articulation originaire de l'etre. D'apres l'analyse de _Dg'gmgg qui vient d'etre presentee, le fecord de l'ecriture se deploie passivement (au sens taoiste) en consequence de la plongee verticale du signifiant qui, selon Julia Kristeva, transforme le texte comme ensemble noematique (le sensible devenu sens par la constitution phenomenologique) en lutte dynamique. Lutte entre la structure qui signifie le texte et l'infrastructure sociale qui l'articule. Léon Roudiez a su faire une mise au point de cette contrainte entre pheno-texte et geno-texte, entre un texte qui vise l'artifice et celui qui descerd vers l'interieur du mot: Such. a semiotic disposition constitutes what Kristeva calls the geno-text, i.e., "the release ard subsequent articulation of the drives as constrained by the social code yet not reducible to the language system." Consecutif a cette distinction est le fait que la phenomenologie epiprano-esthetique sera plus ou moins incapable d'avoir affaire a la double-donnee du signifiant, car 11 s'alimente qu'a partir de limites precises, ce qui rerd intelligible la portee de son logocentrisme. C 'est pour cela qu'il a fallu faire intervenir une phenomenologie du langge corme intellect agent capable d'aborder l'equivoque que declanche le geno-texte, texte qui est a la recherche de l'Ego pur en dehors du sociolect de la constitution: le cogitatum de la phenomenologie du langage est inabordable, debordant lui-meme de la trace deridienre. Plus question de devoiler la direction 1A8 du noyau noematique (l'epiphanie), ni la structure dimensionnelle de la conscience (l'esthetique), incluseulterieurement dans ce meme. noyau. Ce faisant, le texte, tel que celui de _D_rg_r_mg, fait partie d'une production sociale et materielle que Mikhail- Bakhtine nomme l'ideolog'ie.5 Par rapport aux Saussuriens qui pretendent que la langue est une entite globale d'ou l'individu puise chaque syntagme af in d'etablir une conscience particuliere, et par rapport a l'optique marxiste qui Se met en devoir d'enterdre par la langue une conscience. collective, Bakhtine tente de regler la controverse en souterant qu'en effet c'est la langue qui fonde la matrice personnelle et qu'au‘ contraire c'est la parole, en tant que moment syntagmatique, qui proclame l'infrastructure sociale. Cette nouvelle conception de l'idéoldgie fait defaut a son sens usite: plut’ot que de concretiser 1e mythe du sociolect elle renvoie au vecteur sortant du dedoublement entre la voix du sujet et celle de la collectivite. Le glissement du double-ford sollersien ainsi que ceux du geno-texte de Kristeva sont en rapport etroit avec cette these de Bakhtine: Tant il est vrai que le mot glisse litteralement dans toutes les relations entre irdividus, dans les rapports de collaborations, dans les relations a base ideologique, dans les rencontres fortuites de la vie quotidienne. . . L'ideologie se traduit du premier coup par l'Ego: elle se traduit par la rencontre de ce qui se degage de la poussee sociale, du reservoir‘sans 'lOCus exact. Le texte de Drame a deja demontre 1&9 cet enjeu entre deux lignes qui s'eteignent a force de vouloir retrouver cette matrice originaire. De son cete, la phenomenologie du langage souligne les operations textuelles--c'est-ardire celles contenues dans la poetique--qui permettent a l'ecriture de se diriger vers le domaine du ggggg, D'une facon integrale, la voie d'acces a l'interdit dans Egggg_etait ce carrefour 00 se reunissaient la conscience collective et l'evenement de la lecture. Afin d'y parvenir il fallait prealablement renverser le principe d'un pheno-texte explicite par l'epiphanie et l'esthetique. LE ou le ciel (l'ecriture, l'ideolect) rencontre la terre (la lecture, le sociolect) une etincelle fait sauter l'affaire: le chant polyphonique du feu est l'embleme qui reunit les trois textes de Drame, Nombres et Lois. Incapable de cerner le visage de lflEgo, Drame se brfile; et c'est en plein etat d'incendie que les deux autres textes prennent la releve. L'ouverture de Nombres retrouve la fin de Drame en evoquant le geste deja mis en oeuvre contre la reference: ... le papier brfilait, et il etait question de toutes les choses dessinees et peintes projetees la de facon regulierement deformee... (Nombres, 11.) Et, au premier chant de Lois, le texte subit le meme envol: brfilons maintenant papyrus vieux nevrose tracant choc de la.pulsionrcle: chantons dit-ll en signes flambes (Lois, 7.) Mais la poetique sollersienne n'est pas tout simplement une poesie concrete sous un aspect different: elle ne se réSout.pas uniquement a ure reduction informationnelle et materielle, ni a un cinetisme visuel ou a decalage possessif.7 Repondant a un besoin 150 du jour (a la veille ainsi qu'au lerdemain de la revolution de 1968) la poetique fait l'aveu d' une fiction reelle qui, en oper ant une re-negation (une deconstruction) de la reference, s'enlise dams une serie d'interstices au depens de l'idealisme et du materialisme mecanique, pour se rev‘étir (_ig l'interieur de l'ecume passive et collective.8 En evoquant la pensee de Derrida, Sollers precise que sa demarche s'eloigne de la tradition epiphano—esthetique tout en etant basee sur elle: . La 39%.? de la _t_r__ace a laquelle nous introduit la Grammatologie n' est pas une phenomenologie de l'ecriture pas plus que le signe: elle commence et se fait a travers les "blancs": atravers la metaphysgque de la significationa portee et chauffee blanc. Le probleme de l'intelligibilite, de l'epipsteme classique (le blanc dont parle Sollers) est venu ceperdant se mettre au premier plan- Par ’surcro‘it, il n'est plus possible de se retrouver sur l'estrade de la pensee platonicienne. ou hypostatique pour resoudre la seule question veritablement importante dans l'evolution du logocentrisme, c'est-a-dire celle qui mene a l'impasse si nettement en vue aujourd'hui: sur quoi porte l'ecriture. En y repordant l'exegete confirme Ale mythe de Janus, et cette audace du demasquement le conduit au terrain areneux d'une science du non-savoir. Qu'ellesoit sans issue ou non, la nescience, selon Manuel de Dieguez, met e1 marge les astucesd'un esprit capable deconcevoir la.contradiction .de Janus, c'est—e-dire d'un esprit capable de suivre le train d'une pensee qui se nie ainsi que les 151 enigmes qu'il arrivera t'dt ou tard a hypostasier, donc celles qu'un Ekmpedocle aurait su .dechiffrer. Dieguez entend surtour par la nescience une impasse radicale, celle de la conscience perdue devant l'epistemologie. C'est une voix qui parle son absence: Mais a partir d'ici, comment la philosophie, reverent a cette ultime trace, peut-elle seulement la regarder si l'eSprit n'est plus regardant . . . . I1 faut cesser de parler en termes de la vue; il faut cesser de croire que c'est que la mission ultime de la transcerdance soit de voir.10 Cette constatation est revelatrice sur plusieurs plans: en premier lied la parole de l'absence etait possible que dans la mesure ofi elle "n'etait pas l'Absence, mais une approche de l'Absence: approche progressive par la disparition des echecs de 11 Le pouvoir etait surtout l'absence: le pouvoir, puis le temps." celui reparti‘ dans l'intelligibilite et la transparence du signifie eidetique. De plus, pour transcerder le trionphant il faut que ce dernier puisse rejoirdre la fin du calculable (n'en est-il pas ainsi pour tout ce qui remonte a la duree?): bref, l'hierarchie appartient a l'emplacement des constellations, et le locus des spheres se revele petit a petit au fur et a mesure qu'il se fait nuit, au filret a mesure que l'ecran du ciel se montrait a ces premiers penseurs ioniens. Des lors, l'invariant du temps .et du pouvoir est expulse pour revenir a une .dec livite qui embrasse l'absence symhronique. Dieguez continue plus loin: La trace devient dechiffrement non plusde l'ascension, mais de la chute. Elmpedocle ne se jetteplus dans 152 . , 12 l'Etna, ll en est sans cesse recrache. De plus, la constatation de Dieguez 'mene necessairement a une phenomenologie du langage en tant que formule apologetique. La question jusqu'a present etait de savoir dans quel sens l'ecriture etait capable de s'aneantir, ou de se deconstruire au profit d'un tiers parti au portail de la lecture, ainsi que de savoir ce qu'il en est du materialisme dialectique dans le romanesque sollersien. Or, la pensee de la trace vient briser le formalisme phenomenologique de la perception pour s'enfoncer dans une precognition proprement insaisissable a laquelle meme le Eggg de Dasein ne suffirait pas. Car, meme le tour de force heideggerien, par lequel le reseau de la connaissance (l'ensemble des existentiaux de Eggggg) peut renvoyer 'au fondement de l'Etre, doit etre inclus dans ce renversement: La difference entre la subjectivite existentielle du sujet et la subjectivite existentiale du Dasein humain sera ramenee au probleme de l‘EIaboration conceptuelle d'une universalite de l'exegese "scientifique" du Verbe. 1 La formule apologetique a preciser est un moyen d'eclaircir le bond qu'a realise l'anti-ontologie de l'absentisme. De meme que les fordements epiphaniques devaient buter sur la dimensioralite dont temoigne l'enceinte noetique, il etait question par la suite de rien de plus qu'un echec: mais c'est au coeur des deguisements de cet echec que la trace tout entiere s'emplacera. A partir de la nostalgie de l'ecriture la trace puisera son Eden. 153 En s'en allant a la derive l'absence denude la phenomenologie de la primaute du perceptif. L'Ego pur passera d'abord au collectif et par la suite 5 la verticalite de la trace. La phenomenologie du langage cherche a suivre cette piste par laquelle l'evenement de la lecture franchira de lui-meme un libre acces: Comme si vous en aviez fini avec la surface des signes morts, .et l'oeil ainsi n'est plus attire, irrite, il glisse mainterant, il est retourne et renvoye simplement a la neutralite qui se fait. .. (Nombres, 115.) I1 devient alors clair que la phénomenologie du langage est une etude de l'evanouissement de la perception, donc des procedes qui orientent la constitution intentionnelle vers le gouffre de la trace. Incapable de cerner l'Ego (en ce que celui—oi ordonne une perpetuelle tautologie) l'ecriture se transforme en envers de la dialectique mater-ielle pour se mettre a l'ecoute de l'absence: la transcerdance de l'observable se transforme en discours dont les limites se vident dans l'inintelligible de la trace. Les rcmans de Nombres et de L_gig effectuent cette transformation opaque: par eux les universaux de l'eidos et du logos. se revent et se perdent dans d'autres rapports qui dissimulent la permitation de la trace, de l'eveil au carrefour de l'entre-voie: Ici,, vous commencez a comprerdre ce que ce roman poursuit dans la science de son detour, vous savez maintenant ce qu'est le refus de toute naissance, le calcul quivous fait tomber les yeux bien ouverts dans d'autres rapports)--' (Nombres, 65.) Or, procedant a ce dernier champ perceptif, la phenomenologie du langage ne peut que mettre en relief le mouvement ebrarle d'une conscience lectrice qui se derobe devant la passivite de l'absence. Depassant le domaine epiphano-esthetique, elle surveille la dialectique marxiste ou tao'i'ste, et enfin elle perd le texte de vue, cedant la place (le vide) a l'absence. Il importe donc de voir en quoi le materialisme se developpe au cours du texte afin de preciser le lieu d'echange qui a ete dessine depuis la bipolarite de Erggmg; car, ce mouvement triptyque effectue par Drame, Nombres et Eggs, elle-guere l'interdit de la trace. Pierre Pachet a recemment brosse a grands traits cette nescience dont le double aspect a ete aiguise par Derrida lorsqu'il enleva la baguette magique a l'hypostese platonicienre: . . . un jeu de mots de Derrida eclaire la conjonction de trois themes: ecart=trace=carte, trois anagrammes... La difference, ou ecart, est donc un autre nom de la trace, du signe, lequel se terd vers une destination ou destinee qu'il peut ou non atte‘ e, qu'il n'atteint pas absolument, ou absolument pas.1 Les textes de Nombres et de _L_o_i_g se rattachent au plus pres d'un tel itineraire a la fois revolu et effracte, et, en vertu de ce deplacement, ils sont de plus en plus enclin a forder un geggg romanesque pratico-theorique. Tout en n'etant pas, a strictement parler, un syteme regle, le roman sollersien impose cependant une discontiruite a toute litterature fordee historiquement sur la valeur exterieure d'une reference quelconque ou sur un refoulement d'ordre transcerdantel. Plutet que de tourner en derision le lisible de l'ecriture, le mouvement Tel Quel a delimite les jalons de la lisibilite pour en faire une "theorie de l'histoire de "15 5. l'ecriture textuelle, l'interieur de la pratique romanesque. D'apres Sollers, l'itineraire de ce procede est "propose en 16 de sorte que "LA THEORIE DE L'ECRI‘I‘URE 'I'IEDCIUEIIE SE filigrane," FAIT DANS LE MOUVETJIEINT DE LA PRATTQUE DE CET‘IE ECRITURE "17 Carlos Lynes trouve opportun de montrer en quoi ce glissement subreptice de la theorie au coeur de l'ecriture transcende le statut de Enfg (chose soutenue d'ailleurs par Sollers) pour etre remplace par celui d'une production (une scription) laquelle s'etablit au cours de la lecture.18 Une production est en fin de compte l'effet du choc entre la pratique et la theorie, choc qui dens Nombres et EOE se substitue a la bipolarite de Ergmg, cu l'axiome purement epiphanique fut mise en deroute. Bien que ce dernier devait se reposer sur un modele exterieur (celui du Yi-thg' et de la pensee monadique remontant a Leibniz), il s'efforcait d'ouvrir la porte a l'ecart (l'envers du masque, le visage du gggg) au moyen du geste firal auquel le noyau epiphano-esthetique devait se resigner. Dans Nombres, et a plus forte raison dens gig, la citation intratextuelle ainsi que la pratique extratextuelle vont (et il se peut fort que ces procedes seront a l'insu du lecteur) en effet ergerdrer le tableau dynamique, non pas d'un texte, mais d'un continuum pratico-theorique qui se met en devoir de conteni‘r une pousse panculturelle. Sollers a lui-meme explicite cette. methode en se referent a Nombres: Ici, ce mecanisme est diversifie a l'extr‘émeet je crois 156 possible d'affirmerque l'on passe sans aucune solution de continuite de Lucrece a Artaud, du Tao-te-King a Marx de Giordano Bruno a un traite de mathematiques.19 Si l'ensemble Nombres-Lois se presente alors sous l'optique d'une inclusion historique pour en faire un prolorgement vertigineux sur le plan de la theorie litteraire, il s'acheminera "per son eveil et ses compositions, a une veritable epopee de la connaissance."2 De plus, selon le priére d'inserer de L_._o_i_s_' que Sollers presente au lecteur, le texte s'offre en tent qu'expose d'une progression historique a trois etapes, a savoir "Le livre I est a dominante cosmo-theogonique (Hesiode-prehistoire). Le livre II insiste sur Grece-chretiente. Les livres III, IV, V, VI: epoque moderre-capitaliste." Mais l'eveil (de Janus, de la trace) se joue tout aussi bien sur le plan critique: les travaux de Kristeva et de Derrida face a Nombres ne viennent pas se mettre sur l'estrade pour embo‘iter le texte en lui imposant des limites, mais, a titre d'extension qui "marque la non-expressivite radicale de l'ecriture "21 effectuent un deplacememt hors du texte qui lui fraie textuelle, un chemin vers l'histoire de l'ecriture (chez Kristeva) ou vers la revolution antiplatonicienne de la trace (chez Derrida). Sollers designe cette extension theorique ggigues, et donc le recueil d'essais quiporte ce nom possede a plus forte raison ce statut de prolongement transformationnel. Sollers a lui-meme declare que: "ng'iques, par exemple, est l'autreversant de Nombres, son versant explicitement theOrique ou l'histoire de la "litterature" est dechiffree a travers certaine 157 ces-limites en rupture avec ce que notre culture exploite et enseigne. D'une facon plus ou moins generale, l'aventure gggugggg est nee d'un besoin.de creer une science capable de mettre en cause (de formaliser) les rapports "en filigrane" ouvrant le texte sur la "non-expressivite" qu'il se procure afin de s'emparer d'une deconstruction totale. Le telquelisme avait donc pour but d'expliciter le gggg_d'une pareille methode: La.theorie a pour fonction de marquer que l'ecriture textuelle reconnait la Science comme seule habilitee a lui donner sa realite_EE—§ee'"significations"...2u Le texte, en quelque sorte, se degage de lui-méme, n'etant plus un discours portant sur l'echec de la reference ou portant sur le Labyrinthe de la pensee historique qui s'y trouve coincee. Que ce soit celui.de Nombres ou de gggg, le texte est d'emblee un.elan multidimensionnel ‘gg dehors de l'evenement de la lecture. Meditant les operations de 2§§E§.il etait possible de preciser l'envergure du systeme d'echange s'effectuant (a rebours) parmi deux pales qui tenaient de la.meme parente: celle de la passivite a l'abri du devoilement. L'echec du demasquement prepare la menace textuelle e.une contre-offensive dimensionnelle placee aurdele de la sphere esthetique, n'etant donc pas reperable. Selon.de telles coordonnees la derniere etape phenomenologique ne peut que se priver d'une louange de la trace. Mais avant de ratifier cette privetion, la phenomenologie du langage s'installe a califburchon entre l'eveil de la trace et la cldture epistemologique de lIEgo. 158 L'evenement de la lecture est averti de cette transformation au moyen d'une serialisation geometrique ou numerique: le texte est divise soit en quatre (Nombres) ou en six’(_Lgi__g) qui permet un passage de la surface (le carre) au volume (le cube). Cheque scene ou serie au cours de Nombres est precedee d'une notation mimerique precise, irdiquant laquelle des quatre voix fomente le discours ainsi que le moment diachronique qu'elle occupe par rapport aux autres. Le tout constitue un quadrillage en cent sequences, dont les trois premiers cetes annoncent ure recapitulation d'une Coulee passee, et le quatrieme marque un present qui cherche a se deprendre de sa propre fonction textuelle. Le mouvement passe (a l'imparfait) rejoint une litterature historique qui le devance et qui le surplombe. Le mouvement present, par contre, se lance vers un dehors dialectiquement en lui. I1 s'agit de faire le seut, en se servant d'un tremplin dimensionnel et d'un ensemble theorique qui l'accueillera. Le priere d'inserer precise que "L'ecriture commence ainsi a fonctionner 'dehors,‘ a brfiler dans un espace se construisant, s'effacant et s'etendent a l'infini desa production." Le schema dimensionnel de Nombres est base sur un encodage d'ideogrammes chinois ainsi que sur un jeu numerique, dont les derives epuisent de part en part l'ecran categorique de l'epihanie. Si Sollers, au lerdemain de la parution de 1%; 933g, allait ceder une importancetoute mticuliére au modele de la dimension picturale, permettant a l'oeuvre de naitre "ainsi d'abdrd de- la suscitation et 159 de la repartition de l'espace qu'elle doit occuper,"25 ce privilege noetique (pour en revenir a l'autogene) qui rend si aisees les comparaisons entre la lecture et le visible, serait revetu ulterieurement d'une archeologie plus sublimee. 11 en resulte un texte qui est a la fois l'instrument "d'un ebranlement, precise Sollers, et la matiere par laquelle elle se fait dens sa difference: 26 L'encodage de caracteres chinois lieu double . . . plein et vide. .." et de sequences numerotees imbibent le texte d'une matrice de l'impense, tout en evoquant un lien interculturel (Occident-Orient) qui mettrait en marge la dialectique provenant d'une vue idealiste de l'Ego.‘27 Sollers contourne par la suite la notion derridienne de la Cleture de "l'histoire de la metaphysique" instiguee au prealable par les materialistes du XVIIIe siecle.28 Decouverte de la 9 menace de l'ecriture, desir de faire l'elge 9g gg pggole,2 dont le concept n'a de valeur--et Sollers y revient souvent-- qu'a partir de l'idealisme lui-meme: Pensee de la deconstruction de l'idealisme, de sa representation et de son pouvoir (seul l'idealisme ayant eu en droit le pouvoir, construit et excerce sur et contre le materialisme, de telle sorte que le statut d'une representation ou d'un pouvoir materialiste ne peuvent etre qu'entrevus a partir de ce "trait zero." Autrement dit, la production textuelle est necessairement un materialisme resultant de l'histoire metaphysique, tout en etant chez Sollers. le "trait zero" ou le type meme du contradictoire par lequel l'enjeu des sequences etablira une voie d'acces au 160 materialisme dialectique ou "on sache deje ecouter l'idealisme comme "31 echo fuyant. Sollers precise surtout que "Nous creusons, parallelement a cette contradiction, un couloir qui doit degager la non-symetrie de base de l?opposition."3‘ Le couloir (l'eveil, la production) mene essentiellement a la mort de l'esthetique spatio-temporelle, et donc inversement il fige le non-leiu de l'impense (de la nescience, de la trace), si bien que la transendance phenomenologique n'est d'emblee rien de plus qu'une ouverture a un materialisme infini, atomiste, passif et irreductible. Materialisme que Sollers definit par "la connaissance de la transformation des corps et de l'histoire comme du langage et par consequent de la 'pensee'."33 Le couloir de la production romanesque rend inerte le present vivant de la phenomenologie, et guide le texte vers son appartenance a l'ensemble antilineaire grace a sa matiere corporelle, matiere effacee par l'acte de la lecture. A cet egard Derrida precise a maintes reprises que la radicalisation husserlienne devait assurer la fin de l'Absolu, tandis que La deconstruction allait reperer le procede de l'Absence: Si l'espace-temps que nous habitons est g_riori espace-temps de la trace, il n'y a ni activ1te ni passivite pures. Ces couples de concepts-~et l'on sait que Husserl les raturait sans cesse l'un.par l'autre-appartient au mythe d'origine d'un.monde... etranger 5.1a trace.... Le projet husserlien d'une esthetique transcendentale, d'une restauretion du "logos du.monde esthetique"... reste soumis, comme a la forme universelle et absolue de l'experience, a l'instance du present vivant.3“ Selon Sollers, le quedrillage numerique, l'encodage de 161 caracteres ou d'ideogrammmes chinois, les citations qui renvoient a Mao tse-Toung, a Leo Tsou, a Bruno, a Artaud, ne designent qu'un presage de la coulee historique, et forment alors le residu de la presence vitale, la derniere etincelle sur l'ecran phenomenal; residu provenant "d'une fusion beaucoup plus etendue, d'une multitude de textes pris a differents moments de l'histoire: c'est pourquoi le pronom essentiel, ici, est 'nous'."3‘3 La surface du texte (du papier, des quatre points qui le delimitent) n'est pas le projet d'un morde, mais forme la matiere de ce qui le surplombe: la mutation geometrique dissipe l'intervalle entre instances, entre chiffres, dont la somme fait ce ggug, qui s'oppose directement au 'jg tenant du sollipsisme phenomenologique. Pareilles aux tractyls de Pythagores (qui fondaient l'unite de base du chiffre 10'), les quatre voix de Nombres etablissent les instances aetives (donc visibles), elevees a la deuxieme puissance (les quatre voix s'annoncent sur cent sequences) par lesquelles les trois murs du passe etouffent l'evenement de la lecture en se resorbant dans la quatrieme voix, celle ou la lecture est sensee s'ouvrir sur le flux materiel du present: Vous avez la scansion suivante: trois sequences a l'imparfait (recit), une sequence au present (commentaire, si l'on veut) . . . . Ce present, come 13. rampe de. la scene cgassique, ouvre sur la salle 0C1 sont les . lecteurs.3 Mais le jeu numerique n'eteblit qu'une scene provisoire ou l'ensemble. du hols (la‘passivite de l'impense) sera ’puise afin que 162 le texte puisse s'eteindre entre chaque "fosse noir" prormu par la disposition spatio—temporelle de l'ecriture: Cependant, 11 y avait un "nous." Ce "nous" se perdait, revenait, tremblait sans cesse... A ce point, justement, il n'y a plus place pour le moindre mot. (Nombres, 11.) La quatrieme voix engerdre l'incision qui fait l'echo de ses trois couches et se presente en tant que puissance dialectique of: le vide et le plein, l'histoire et le present s'enjambent: il est difficile d'accepter cet intervalle, ce blanc intact; il est cependant tres difficile de confirmer sans cet oubli qui revient et force la main--quard le texte s'interrompt, se replie, laisse revenir les voix comme un enregistrement sans fin-- (Nombres, 16.) Oiverture ou "irdice de cette nappe" (Nombres, 22.), la voix du present se distirgue fonciérement des trois autres au sens ou elle declenche une longue apostrophe (au .vocatif) dirigee a la fois vers le lecteur "vous ouvrez les yeux, vous enumerez ce qui passe devant vos yeux." (Nombres, 112.), et vers un lieu intratextuel sur lequel'viendra se poser l'eterdue d'ure histoire litteraire, y incluse celle de ‘Drame,37 pour se perdre dens l'insaisissable de l'impense. C'est pour cela que l'apostrophe (vous) est le cadre de la phenomenologie ("devant vos yeux") , donc celui de l'evenement de la lecture qui sera elimine par le depassenent de la materialite (nous) qui se videra dans le dehors de l'absence, dont l'inscription (le signe meme nous) n'est qu'un faisceau qui capte .le courant de l'inedit, "Or, cette pensee ne se trouve pas. .." (Nombres, 53.). Au fur et a mesure que l'horizon est deforme dans le cadre de 163 la reference, et que la linearite est dissoute dens celui de la dimensionalite exterieure, :le noyau epiphano-esthetique touche a sa fin, de sorte que l’evenement de la lecture, plutESt que d'en venir a l'evidence du g<_3_g’_c_)g, est oblige d'errer dans une lente transformation. Quant aux trois premieres voix, elles preparent l'evenement eu froi‘ssement qu'elle devra subir, le baigrant par instants dans un melange de textes fragmentaires que Sollers a cru bon de citer pele-mele pour accroitre le debousselage dans lequel le lecteur ire se fixer: (et c'est ainsi que 15 cu vous etes, sortant dans le ford ectif ou tout est a la fois arr‘éte et fuyant, vous voyez passer au-dessus de vous ces couches, ces masses, comme si l'entassement se faisait en dehors de vous. . .) (Nombres, 76.) Nais le dedoublement rimmerique par lequel la quatriéme voix engloutit les trois autres et p‘ratigge d'une facon permeable la membrane qui lui est exterieure, se traduit par une dialectique _dg surface, basee sur les percours d'une ecriture trop pressee de s'interroger et de nier elle-rm‘eme afin de s'inclure schématiquement dans une geometrie plus massive. En se reduisant a quetres lignes capables d'etre corptees, le texte imite (car 11 he s'agit plus de l'espace virtuel propre au texte-“ici le texte veut s'inclure dans ce. qui est hors de lui—meme) les unites. de base de la matiere "Air / / / / des traces doubles" (Nombres, 13.), pour mieux franchir l'absencevoilue. Par contre il y a‘aussi une. dialectique plus estorpeeet plus latente au texte, une dialectique verticale qui 1614 re fait aucunement partie .de la scene de la lecture, et donc qui est etrangere a toute constitution intentionnelle. Elle opere a l'interieur d'un registre inferieur et s'unit etroitement a l'interculturel ainsi qu'e l'axione multidimensionnel de la dialectique materialiste. Cette verticalite est motive a travers les trente-six caracteres chinois qui papillonnent le texte, contribuant directement, non a la cleture de certaines sequences, mais au deplacement dialectique que Sollers cherche a apprivoiser: Lécaractere chinois est ainsi ce qui vient le plus en surface mais en meme temps cg qui‘stinsgrit au. 3 plus proford du texte comme irreductlbilite graphlque. Bien que la citation directe des ecrits de Mao tse-Toung se prete facilement a une compatibilite entre la revolution textuelle, qui est en train de s'effectuer au ras de l'oeuvre, et la revolution marxiste qui a deja connu un envol historique, l'eparpillement d'ideogrammes presente le programme d'une plongee erminemment plus intense, afin que le texte puisse se greffer, eu moyen d'une inversion sequentielle, sur cette convergence materielle et passive. Il est possible, d'un cete, de reperer l'intratex_tg que Sollers emprunte a la conference de Mao tse-Toung a Yenen, "Les oeuvres litteraires et artistiques du passe ne sont pas des sources mais des cours d'eau." (Nombres, 108.).39 Ou, d'un autre cete, de remonter aux celebres travaux §_Igr_ _lg Contradiction et §y_r_ _l_a_ ' m, d'ofl Sollers Cite copieusement (sans trop se soucier du plagiat, ou d'autres attributs de la possession), "Apr-es une longue 165 accumulation, les choses se revelent soudainement dens leur 40 inter-relation." (Nombres, 119.), ou au Tao te-l’ing, "La fente de la vallee ne meurt pas/La porte de la femme obscure." (Nombres, 106.).141 Per la suite, et en consequence de ce reperage ou de cette glose, il est possible de faire le pont entre les trois etapes qui sont sensees se developper par le moyen de la quatrieme voix, a savoir la lisibilite, la production et la deconstruction, et les trois etapes g_e_ ga_ pensee ”historique exposees par Lénine et par Mao tse-Toung, et qui ont pu mener a la lutte des classes: l'idealisme, le materialisme mecanique et le materialisme dialectique ou contradictOJre. 2 Ains1, Nombres est access1ble sur le plan d'une revolution politique: Millions de coeurs en train de bettre, millions de pensees en train de se deguiser--et ici, entree de l'espace, des masses--‘(Nombres, 36.) Du plus bas: Ne comptant pas pour les montagnes temoins maintenant d'une revolution sens peur-- (Nombres, 145.) Le topos du gc_i_, c'est-a-dire de la scene offerte a la lecture, topos deje pleinement en evidence depuis _Dgggmg, est l'axe qui renverse l'ideologie de la crete blanche (de la montage), g'ece a cette revolution pratico-theorique a l'interieur de l'ecriture. Or, la transformation s'effectue plus uniformement gr; grofordeur. Les caracteres chinois, dont les equivalents ont ete transcrits ci—dessous (Tableau I), etablissent un reseau de mutation synchronique, a partir duquel le texte arrive a survoler les 166 limites des quatre récits.pour se trouver verticalement lié--en sourdine--a la coulée matérielle (par l'aspect visuel des idéogrammes ainsi que par l'évidence contradictoire du noir sur blanc qu'incite chaque caractére bouleversant le perceptif) provoquée par une culture (francaise) qui en.rejoint une autre (chinoise). Réciproquement, il y aurait une autre synchronie, formant pour ainsi dire le rédigé de chaque sequence. Si la lecture s'effectue de haut en bas (voir le tableau), de sorte que les idéogrammes de la colonne verticale serengentper chant en.diachronie, il est possible de dériver quatre Sous-sequences, correspondant plus ou moins a un.déchainement "en filigrane" dont la suite est réprimée a la surface. Bien entendu, cette modification intratextuelle niajoute aucunement a la signification.sémiotique de l'ensemble du récit, car une telle signification, a proprement parler, se répand qu'a travers une fonction (celle entre le texte et lui.uéme, pour refaire allusion a Jakobson) qui a pour souvenir les lies d'une ecriture, et pour but un évanouissement dans llimpensé: en fait, l'axe de la.signifioation.du texte sollersien est précisément ’l'opération.par laquelle il cherche a s'en dissoudre. Du fait qu'elles prolongent le texte hors de lui-meme, les quatre _sous—séquences pourront avoir une valeur accessoire au creux de cette operation (celle de la dissolution), mais s'il fallait se conformer a.une telle interpretation.d'une‘facon.absolue, il 167 Tableau I Equivalents des ideogramnes chinois dans Nombres Idéogramne Chant-série Page Equivalent is; (I) 3 15 la difference ‘1” (sz) Ll 17 quatre 3’1 '3‘ (ch’fin-chung)2.22. 36 les masses 1'3 (hsieh) 3.23. 37 écrire “it; (Ziang) 1-29- M4 la mesure 1;,53 (ke-ming) 2-30- “5 la révolution A3,, (shih tiao) 11.36. 53 corps perfiual' x? I ( tang) 1 . 37 - 5“ bouger/ inc iter 11?, K. (15-3mm) Ll . 1&0 . 57 l'histoire f3 75 (fan fang) £1.52. 69 retour—carré 1%. (te) 1.57. 71% la vertu ~J< (huo) 1.61. 78 1e feu If; (cheng) 2.62. 80 vrai/droit 73 (I) #614. 82 le changement 7"! (ch 'ung) Ll . 68 . 86 vider f}: (Z11) 2.70. 88 un principe i) (chien) 2 . 74 . 93 percevoir :1; (tau) 3-75- 95 le pied E2 , ( hum) 1 - 77 - 97 mélangé/ oblique 4‘40 (hm) 1.81. . 102 transformer {3/ (tag) 11.84. 105 le chemin. * invention de SoZZers 168 Tableau I (suite) Idéogramme Chant-série )5] (yang) 3.87- jgigl (k'e-wen) “.88. <3 91;.73 ’1 (tzu-jan— 1.89. fwflfi’éi'ife? o j3>fijflflg t ’i) .9 . fin? (hsfian) 3.91- j (pu) 4.92. 5%; (chien) 1.93- 49a @537 (chi-wang) 2 .9“. Q1 (hsizeh) 3.95. i: 331/ (kuan-t 'ung) Lt . 96 . 251‘ (shu) 1.97. iégx‘ (ch'eng) 2.98. y}; g” (ya-Chou) 3 . 99 . jZ-i? (Zififangd 4.100. Page ,109 111 112 113 11k 116 117 118 119 120 121 122 124 Equivalent consommer lecon litteraire engendrement- réciproque ciel sans corps obscur un pas unir l'abstrait des lois le sang transpercer un nombre sincere l'univers un cube 1 serait de nouveau question.de faire 1e geste qui enfermerait le texte dans l'étendue des systemes de coherence qui lui sont propres, et par quoi Line explication épiphano—esthétique est rendue intelligible. Plutat que de lui dérober son osmose matérielle, ces quatre sous-sequences font le geste de s'y conformer: I "La mesure incite La vertu oblique et cette transformation réciproque l'unit au nombre" - 169 II "Les masses et la revolution sont les vrais principes, percevant le ciel sans corps comme etant l'abstrait des lois sinceres" III "La difference s'écrit en profonieur et consomme le sang obscur de l'univers" IV "Les quatre corps pendus de l'histoire du changement vide le Tao: la lecon est un pas qui transperce le cube" Quatre piliers qui ont été transcrits ici, tant bien que mal, d'une facon.diachronique et qui, par une déformation_bomogéne, signale la transmutation.globale, la diachronie verticale dans une multidimensionalité extériéure: la "lecon" de l'écrit engendre 1e mouvement "1e pas" vers ce déplacement dimensionnel-—le cube. Les "quatre pendus" en suspension au fil du texte se traduisent par les quatre points de l'univers taoiste: l'homme, la terre, 1e ciel et “3 qui correspondent ensemble au basculament historique le chemin, et se réunissent.dans la passivité du Tao. La "difference" doit forcément s'énoncer verticalementfU4 pour conjoindre ou embrasser cette passivité matérielle du "sang obscur", et donc pour se préter a des limites dont elle n'est que le faible reflet. Mais un tel étalement textuel appartient tout aussi bien au domaine de la revolution, domaine qui met de cété l'absolu epistemologique pour en venir a la doctrine du contradictoire. Par rapport a la pensee évohutioniste-rpar quoi tout mouvement provient nécessairement d'une causalité extérieure, tel que le milieu-le matérialisme dialectique congoit que le procédé contradictoire qui.régit chaque entité a “5 l'intérieure d'elle-méme propage le dynamdque du mouvement. Par 170 contre, le contradictoire .ne pourrait ‘étre conqu, comme il a déja étédit, qu'a partir d'un fond idéaliste of; emerge "le ciel sans corps" de l'Ego phénoménologique. La découverte du savoir dialectique conduit au "trait zero," c'est-a-dire a une "mesure" laquelle permet de s'introduire a l'éveil de Janus, "aux nonbres qui imitent l'espace." (Nombres, '50.) Tel est du moins une formule technique--plut8t qu'une ole-- capable de régler la conjonction dialectique entre l'ecriture et la matérialité, donc d'une production universellement percue au dépens de la cl‘dture eidetique de la phenomenologie. Qu'elle ranime l'explication esthétique ou non, il est sfir que l'ouverture (ou la sublimation) promue par Nombres laisse conclure que le saut vers l'Ego devient de plus en plus illégitime, car le fait méme de propager une rrultidimensionalité en dehors (et partiellement incluse gang) le texte rend difficile, sinon néfaste, toute operation logocentriquement posée dans la durée, sous prétexte d'un renvoi a l'absolu. Le format soit-disant cubique dissimulé au fond de Lois se pr‘éte a une sanblable mitabilité dialectique. Les trois époques historiques (préhistoire/‘Gréco-Chrétienté/capitalisme) qui divisent le texte en six chants, sont sensées confluer a l'endroit 011 l'ecriture est substituée a son appartenance natérielle, ce qui répéterait la devise mao‘iste "Toute chose se divise invariablement en deux." Le texte,: dispose d'une ’divis‘ibilité a l'échelle de résorb’ation 171 universelle, divisibilité qui lui permet de s'identifier a cette contradiction dynamique od, 5 l'encontre de la synthése révisionniste par laquelle "deux fusionnent en un," sur le plan de l'ecriture "l'accent, Sollers constate, est mis sur la transformation."1‘l6 C'est pour cela que tout porte a croire que Nembres se présente en tant que le text le moins abordable au niveau phénoménologique, tandis que Lgi§_s'efforce d'étre a meme de faire, non un compromis, mais une fente entre l'idéologie de la lecture et cette force productrice et rongeuse qui inonde toute pensee statique. De plus- le tableau erige par mebres dépendait, comme il a déja été precise, de trois operations, chacune se déployant sous son.aspect le plus voile: l'interruption par citation directe, l'encodage numérique et la sous-sequence verticale. Ces trois rapports, s'excercant ensemble, dénudent 1e pale noetique de sa direction et de sa fondation phénoménales, si bien que seul le dispositif du prolongement extérieur puisse accorder au texte une signification, bien qu'elle ne soit néanmoins que marginale. La rupture dialectique de Lois s'en tient a.des operations d'un autre ordre de bout en bout: si.NOmbres correspond plus ou moins a la surface productrice mondialement concue (et dont ils ne formant qu'un residu affectant la méme permutation numérique),‘Lgi§_s'annonce par sa constitution pleinement cristalline ou.minérale. Il se dégage de sa surface a partir d'une pensee élevée a la troisieme puissance: le lisible (l'épiphanique) 172 passe a l'illisible (le contradictoire de Nombres) pour en venir au couple lisible-illisible, ou l'entité textuelle §§_divise EE:QEE§: C'est en ceci que Loi§_est sans doute un exemple du romanesque dialectique au supreme degré, car i1 réintroduit l'écran noematique pour mieux se confondre au contradictoire. Semblable au récit rabelaisien, le texte de Lgi§_ouvre l'écran noematique par le moyen de trois tropes: la catachrese, la metalepse et l'hyperbole. Un trope est compris ici au sens quintilien, donc par la "transference du sens d'un mot ou d'une phrase a une autre."u7 Le trope se distingue alors de la figure (l'apostrophe ou l'ironie), car le mécanisme de cette derniere ne depend aucunement d'une transposition entre termes.“8 La catachrese qui se déroule d'une facon generale au cours de Loi§_est un abus ou une deformation sur le plan phonique, morphique ou syntactique. Technique qui se trouve surdéterminée dans Finnegans wake, et qui se déploie a maintes reprises dans Lois; technique qui, en fait réunit ces deux textes a bien des égards. Comme exemple d'une catachrese simple, les dernieres paroles du Christ 5 la neuvieme heure "Eli, Eli, lamma sabacthani" se retrouvent déformées textuellement, de sorte que le lecteur devra effectuer un décodage de "taratata lamasbachtani" (Lois, 6l). Ou bien, plus loin il y a un calembour plus ou moins fantaisiste qui relie la doxologie "Per ipsunu et cum.ipso, et in ipso" au bafbuillage d'un came "c'est eux tous en.meuh c'est tous tous en voeux et c'est lui qui tousse 173 c'est lui en remoi et c'est lui en toi et c'est nous en lui. .." (93.5., 70-71). Mais, en général la catachrése s'effectue a un niveau plus complexe et renvoie, pour ainsi dire, a un autre texte £15293 SQ état g_e_ catachrese. Telle est du moins l'opération qui unit Lois a Finnegans Wake de Joyce. D'une facon simpliste, l'ouverture de ce roman joycien peut Etre déchiffrée en sachant que la L_a_;ffgy, fleuve qui coule a travers Diblin, désigne la force créatrice du principe féminin--l'eau ou Eve-- et qu'elle contourne la baie de Dublin et, avant de se jeter dans la Mer d'Irlande, elle passe devant la ville de Howth.”9 La scene est présentée a l'encontre du courant (Eve precede Adam) afin de souligner le mouvement circulaire du texte, de la creation, et du renouvellement contim—gmrrie theorie que Joyce emprunte surtout a Giambattista Vico ("vicus of recirculation"). Voici. le tout debut de ce souffle gigantesque, de. .ce langage chauffé a blanc, de cette oeuvre que Joyce a portée toute sa vie: riverrun, past Eve and Adam's, frcm swerve of shore to bend of bay, brirgs us by a canmodius vicus of recirculation back to Howth Castle and Environs.5O William TindaJl abien démontré en quoi l'épanouissement créateur de la riviere se relie au principe male de H. C. Earwicker, propriétaire d'un pub a Dublin et qui, au cours du roman, se métamorphosera pour devenir Cesar, Ulysse et Finnegn parmi d'autres protagonistes: "Eve ard Adam's" unites Dublin with Eden and one time. with another. "Howth'Castle and Environs," as the 1714 intials Show, is H. C. Eerwicker, for, as she is the river, he is hill and'castlef51 Etroitement lié a Finnegans Wake, Lois est une actualisation historique par laquelle une documentation transversele du passe se met en relief au cours de l'evenement de la lecture, documentation qui fait surtout appel a la deformation de récits, de données ou (DI de faits compris dens une histoire qu'un sociolect a déj glosés. En se referent 5. Finnegans Wake, James Atherton a souligne que: It comments upons itself as it goes alorg and always expects its readers to share its self-emareness.92 _‘ Ce ccmmentaire interne qu'effectue le texte,. élargit l'espace virtuel qui lui est propre, tout en le dirigeant vers l'ultime historicité qu'il invoque. L'ouverture du troisieme chant de Lois, qui reconstitue l'entrée en matiere de Finnegans Wake, présente un modéle de cette double-catachrése, et il suffit de canparer les deux fragments pour comprendre l'envergure de la deformation sollersienne: en rune et riviere pour roulant courant, rivagé bettant dans le rebaignant, passe la douedouane du vieux et de la vieille, de mereve-adem se repmmjfiant, recyclons d'abord, foutrement commode, circulés viciés ou gesticulant, le chateau-comment sous périphérent, la 01] ca méthode 011 pa joue croulant. . . (Lois, 1&1.) La catachrese contenu dens "méréve-edam se porrmifiant" se décode done a le. fois a travers une actualisation textuelle de la Genese, et du récit joycien. Le renversement syntac tique (eve-adam) provient de la thématique joycienne désignée par le contre-courant (_merqnere précédantle creation du principe nfile), et refere donc a la recirculation de Vico ("recyclons d'abo . ") . En meme temps, 175 per le moyen du néologisme"se repommifier" il est possible de repérer une repetition de la chute (le geste de regoiter. a la pcmme) ainsi qu'une variante du verbe ergotique "se paumer": le texte se perd dans le "roulent courant" des anciennes inscriptions nordiques (les runes). Le sens de "foutrement commode, circulés viciés ou gesticulant, le chateau-comment sous périphérant," passant eu-dela des grossieretés qui ne font quecemoufler les jalons de la catachrese, se repose entierement sur la traduction peu nuancée de "HOwth Castle and Environs" qui devient "le chateau-cmnt sous périphérant." Cette traduction renvoiedj'rectement a H. C. Eerwicker, et donc, per extension, 5 la Nouvelle science de Vico ("circulés viciés") et a La ‘ge_n_a_ g_e _lg g_enegi; de Giordano Bruno. Cette derniere etape est aussi régie per le mot "commode" que le professeur Tindell explique de la faqon suivante en se referent 5 Joyce: A commode is a jordan (a rivery word) and the first name of Bruno is Giordano. With Giambattista, Giordano presides over the circulating river and all process.53 Le mécanisme tres dissimulé de cette double-catachrese sera amplifié a travers les allusions eu principe de la contradiction innée et de la circularité chez Bruno, dont les variantes parsément le texte de L_9_i§_. Bruno, etant le lien entre la pensee scolastique - et le materialisme moderne (il monte sur le bficher pour avoir soutenu la theorie de Copernique), forme l'axe de symétrie entre le passe (_l'idéalisme) et le present (la dialectique). C'est pour cela que cette catachrése vient en plein milieu du texte.(troisieme chant), 176 et que par la suite Sollers lui fait allusion.d'une facon.réguliere: deux produisitsans commencement le ciel.et la terre... Et l'esprit de deux, tout beveux, se mouvait sur les 03. (Lois, 138.) Ce qui renvoie indirectement a la these de Bruno face a la bipolarité essentielle au coeur de toute chose.5u Ia.métalepse figure aussi comme element qui surdétermine la divisibilité. Provenant du grec newéxnwxs qui.signifie"perticipation" a pris, selon Quintilien, le sens de "transposition," c'est-aqdire de pont unissent un trope auneutre.55 En fait le texte de Leis dens son ensemble pourrait etre congu en tent qu'une métalépse prolongée, nouant pour ainsi dire les deformations lexiques de la catachrese aux exagérations mythiques provoquées par l'hyperbole textuelle. La métalépse formera le point de contact qui figera les six chants les uns aux autres pour que la formule cubique puisse toucher de pres au principe de la divisibilité. L'hyperbole, de son caté, a directement affaire a l'écran noematique, done a l'evenement de la lecture, car c'est grace a elle qu'un panorama visuel ainsi qu'une diachronie se développeront au fil du texte. A la suite d'une breve introduction, ou le refrain "nié face a face, niant la.membrane, l'entrée" se prepare a une décomposition--l'entrée ne viendra qu'apres unesegmentation a six faces de la membrane-- le principe maoiste de la divisibilité est mis en valeur. Grace 5 .ce principe, le texte (designé par lui) renfermera toute la poussée du contradictoire materiel: 177 si un se divise en deux sur le profond creaux qui restera deux, l'outil.sera nommé quant a lui l'inverse de son axe...étant historiquement a la base de l'influx nerveux lui-meme errant non-fin poreux.. . (Lois, 6.) La meme opération.de l'apostrophe, initiée dens Nombres, place le texte devant la lecture (le d'abord) et s'achemine vers une participation.plus vaste: Dialectiquement: quelle est la combinaison exclue? Celle qui vous conneit. lui, rampant incisé d'ebord... ' (Lois, 7.) Le texte par 1“ suite se développe a travers quantité de récits portant sur la théogonie et la théologie de la Grece et de l'ere moderne. Le premier récit mérite le plus d'attention car il met en relief le mythe de la creation du savoir selon Hésiode: l'engendrement des neuf muses par l'union de Zeus et de Mnemosyne a provoque non seulement la mise au jour du langage (de l'expression) qui reflete 1e privilege de l'idéalisme platonicien ou hypostasique, mais cet enfantement a codifié une loi de base. Bien que cette loi se devéloppe et se multiplie de maintes faconséitravers le roman, elle est présentée sous sa forme la plus simple au debut du récit: il s'agit de la loi de l'inceste qui assure qu'une génération.ressemblera a la prochaine. Selon Sollers, l'Occident ne fait que souligner cette réincarnation.de soi a travers la continuité de l'idéal, done du sperme de Zeus ("la mousse gelée du sommet"). La continuité est assurée.d'une epoque a l'autre et eu jour le jour grace a la loi de l'identité, qui s'oppose évidemment eu principe desla contraction ou de la divisibilité, ou meme de celle de la trace: 178 il parait que le'pere a foutu la mémoire pendant neuf nuits, prudent, monte sur son lit sacré, et au bout de neuf mois la dite mémoire laisse passer neuf filles dont la gorge est musique dans la mousse gelée du sommet... (Lois, 8.) ' Evidemment cette hyperbole du mythe de la creation de l'expression~«des arts et du savoir-- est tirée de la Théogonie d'Hésiode: ‘Ihen in Piera did Mnemosyne (Memory), who reigns over the hills of Eleuther,.bear of union with the father, the son of Cronos, a forgetting of ills and a rest from sorrow. For nine nights did wise Zeus lie with her, entering her holy bed remote from the immortals.56 Mais Sollers exagere le mythe d'Hésiode afin de souligner que La loi de l'inceste forme le contrat de base dens les rapports culturels. Depuis que Clio preside l'histoire, son rouleau de papier repete et legitimise 1e garnd chant de la similarité: la prohibition ou plut‘dt la recanmerdation subtilisée de l'inceste, a savoir les rapports cochoms et caches mére-fils-pére—fille ou plutot mere-fille-pere-fils racontent la signature du contrat. .. (Lois, 6.) Le sarcophage des neuf Muses concrétise la répétition.du semblable ou du meme dans la presence vivante. De ce point de vue 1e coupes et le globe, le. masque et la guirlande de lierre, la tablette et le stylet, la lyre et la flute double sont les témoins de cette oppression incestueuse, donc les signes visibles qui perpétuent et qui récompensent 1a notion de.l'absolu de la possession et donc de l'Ego: elles en.étaientla causecachée, trois par trois: l'arc, les paroles, les lois... (L013, 8.) 179 La continuation.du mythe est en elle-meme une hyperbole sociale qui est rendu textuellement explicite par une metalepse posée en plein centre du texte. Sous forme de citation tiree d'Hésiode, ce trope donne naissance a la participation divergente, ou a la tension permanente entre l'instantanée de la lecture qui cherche a ébaucher une reproduction du romanesque dans un noyau noematique, et la profonde assimilation que realise le recit vis-a-vis son monde. A travers cette metalepse le texte met en relief son aspect double, sa participation 5 l'inceste et son espoir de la dialectique: 57 (Lois, 61.) ‘I. ~ I ) I I , I 8’ j I Mouoot yap u €5150§0V oeeoootov unvov oetéstv "Les Muses mfont appris a chanter un chant ineffable." Vbila en somme le refrain qui revient a cheque moment de la lecture. Le refrain.qui accepte et trahit la fonction épiphano-esthétique. L'inconvénient présenté par Drame, Ncmbres gt Lois etait celui de prétendre a une immédiateté lisible et vécue, donc a une promesse de l'absolu. Le sacrifice auquel chacun de ces trois textes est porte, est celui de la consommation matérielle, c'est-ardire de la révélation.dialectique. Sacrifice inspire en premier lieu par un discours bipolaire, gros du double-fond taoiste, propagé ensuite par la contradiction.directe-ce qui anéantit le pale de la propriété phénoménologique-—, et s'absolvant enfin dans une textualité pleinement dialectique, ofi La trace rejoint le lieu noematique, ofi le trope rejoint La courant. 180 Notes 1 Denis Diderot, Essais sur £2; peinture, dens Oeuvres esthétiques. Textes établis avec introduction et relevés de variantes par Paul Verniere (Paris: Garnier, 1959), p. 687. 2 Suzanne Langer, Problems of ££E_(N8W’YOPkfi Charles Scribner's Sons, 1957), p. 29. 3 Philippe Sollers, "La Logique de la fiction," Tel Quel XV (Automne 1963), p. 9. Guillemets de Sollers. U Léon Roudiez, "Twelve Points from Tel Quel," Esprit Créateur, XIV, A (Winter 1979), p. 300. Roudiez cite le texte de Julia Kristeva, La Revolution gu langage poetique_(Paris: Seuil, 197M), pp. 22 ff. 5 Mikhail Bakhtine, E Merxisme e_t _la philosophie du largge (Paris: Editions de Minuit, 1977), pp. 25-39. 6 Ibid., p. 37. 7 voir surtout l'ouvrage de Pierre Garnier, Spatialisme gt poésie concrete (Paris: Gallimard, 1968), pp. 98-102. 8 Philippe Sollers, "Survol/Bapport(Blocs)/Conflit," Tel Quel XXXVI (Hiver 1969), pp. 3-17. Vbir pp. 12-17. 9 Philippe Sollers, "Un pas sur la.lune,"'Tel_Quel XXXIX 181 (Automne 1969),, p. 8. Soulignations de Sollers. O Manuel de Diéguez, Science _et nescience (Paris: Gallimard, 1970), p. M61. 11 Ibid., p. L162. Plus bas Diéguez declare que la ma'ieutique vide vers laquelle la science s'est dirigée, ce qui provoque la pensée de la trace. 12 Ibid., p. M62. 13 3233-, p- 492. Soulignations de l'auteur. 1“ Pierre Pachet, "Amour et philosophie," L_a_ Quinzaine litteraire, 15-31 mai, 1980, p. 6. Compte rendu du texte de (Paris: AubierrFlammrarion, _ 1980) . 15 . . . . Philippe Sollers, Iogiges, op. cit., p. 11. 16 Ibid., p. 206. 17 E22- , p. 10. Majuscules de Sollers. 18 Carlos Lynes, "Production et theorie romanesque chez Philippe Sollers: lecture du g_e_rg," Kentuch Romance Quarterly, XIX (1971), pp. 101-02. En fait Lynes propose que le sens de la production porte sur trois niveaux: l'inscription, la fonction et le. reception-«mais ces trois ne forment forcément qu'un seul noyau lors de la lecture. 19 "Philippe Sollers: ecriture et revolution," propos 182 recueillis par Jean Gaugeard ,op. cit., p. 3. 2O Philippe Sollers, "La Logique de la fiction," op.cit, P- 37. 21 Philippe Sollers, Logiques, op. cit-, p. 13. 22 Julia Kristeva, "Polylogue," 331 @231, LVII (19714), pp. 19-55. Et voir, Jacques Derrida, "La Dissemination," Critique, 261 (février 1969), pp. 99-139, 262 (mars 1969), pp. 215-49. 23 "Philippe Soller: ecriture et revolution," op. cit., p. M. 2“ Philippe Sollers, Logiques, op. cit., p. 12. J. 2 . . 5 Philippe Sollers, "La Lecture de Poussin," Tel Quel, V (1961), p. 3b. Soulignations de Sollers. 26 Philippe Sollers, "Un pas sur la lune," op. cit., p. 8. 27mfiqp.8 28 Jacques Derrida, De _l_a gremmatologLie, op. cit. , pp. 1u9-51. 29 Ibid., pp. 202-03. 30 PhilippeSollers, "Un pas sur la lune," op. cit., p. 8. Guillemets de Sollers. 31 Philippe Sollers, Sur lg materialisme, op. cit., p. 73. 32 Ibid., p. 73. 33:511., p. 91. Guillemets de Sollers. 183 3“ Jacques Derrida, PE _lagremmatologie, op. cit., p. 1411. Derrida a développé cette pensee contre la phénoménologie a plus longue haleine dens ‘_I__a_ Voix e_t l_a_ phénoméne (Paris: Presses Universitaires de France, 1967), 011 il conteste la radicalité husserlienne en démontrant en quoi la distinction de Husserl entre l'expression et l'ir‘riication ne renverse nullement la tradition mé taphysique . 35 "Philippe. Sollers: ecriture et revolution," op. cit. , p. 3. Guillemets de Sollers. 36 Ibid., p. 3. 37 L'intratexte de. la quatrieme voix cite l'ouverture de Drame, "D'abord (premier etat, lignes, gravure, le jeu commence)..." (Nombres, p. 147). Pareillement, la premiere se dédoublera par un contrepoint, répétent a la fin du texte son ouverture, ainsi elle démontre le trajet realise per le texte lui-m'éme, ". ..et ainsi le papier hrfilait..." (Nombres, p. 11. et p. 119.). 38 "Philippe Sollers: ecriture et revolution," op. cit., p.11. 39 Mao Tse-Tung, Yenan Forum g_n Literature and Art, in Selected WEE, it vols. (Peking: Foreign language Press, 1965), III, p. 81. "In fact, the literary em artistic works of the past are not a source but a stream. .." Plus loin Sollers cite la célébre distinction de Mao présentée a Yenen, "Les idéalistes mettent l'accent sur les intentions et ignorent les résultats. Les 1814 partisans du materialisme mécaniste mettent l'accent sur les resultats et ignorant les intentions. En opposition avec les uns comme avec les autres, nous considérons a partir du matérialisme dialectique, les intentions et les résultats dans leur unite." (Nombres, 116 .). "Yenen Forum on Literature and Art," p. 89. 140 Ibid., OJ} Practice, I, p. 298. Sollers abrege l'original, "As social practice continues, things that give rise to men's sense perceptions and impressions in the course of his practice are repeated many times; then a sudden change (leap) takes place in the brain in the process of cognition and concepts are formed. Concepts are no longer the phenomena, the separate aspects and the external relations of things; they grasp the essence, the totality and the interml relations of things." “1 Lao‘Tzu, @313 Chgg‘ , op. cit., "The Spirit of the valley never dies/This is called the mysterious female/The gateway of the mysterious female/Is called the root of heaven am earth." VI, 17, p. 62. (Sollers se permet donc de sauter un vers). Les citations tirées de Lao Tsou se retrouvent eparpillées a travers Nombres, "Le filet du ciel est grand, bien que ses mailles soient laches, rien n'en échappe." (Nombres, 69.), DOCEII, 179a, p. 135.; "L'espace entre le ciel et la terre ressemble a un soufflet de forge. Vidé, il n'est pas epuise; déclenché, il produit de plus en plus...."‘(Nombres, 66.), V, 15, p. 61. M2 Mao Tsé—flhng, _O_n_' Practice, op. cit., p. 307'. 185 L5 Lao Tzu, op. cit., XXV, 57-58, p. 82. M £929, LXIV, 153, p- 125., "A journey of a thousand miles/ Starts from beneath one's feet." 1&5 Mao Tse-Tung, 9n Contradiction, op. cit., I, p. 313., "As opposed to the metaphysical world outlook, the world outlook of the materialist dialectics hold that in order to understand the development of a thing we should study it internally and in its relations with other things. . ." 146 Philippe Sollers, Sur l_e'mxatérialisme, op. cit., p. 189. Soulignations de Sollers. “7 Marcus Fabius Quintilianus, Institutio oratoria, avec une traduction anglaise de H. E. Butler, 4 vols. (London: W. Heineman; New York: G. P. Putnam's. Sons, 1921-22), VIII, vi, 1. "Tropus est verbi vel sermonis a propria significatione in aliam Virtute mutatio." “8 Ibid., VIII, vi, 66-67. M9 Pour une explication plus détailléedu debut de.Finnegens Wake voir William York Tindall, A Reader's Guide _t_g 'Finnegans Wake', (New York: Ferrar, Strauss and Giroux, 1969), p. 30. 50 James Joyce, Finnegns Wake, 3rd ed. (1939; rpt. Hemorfisworth: Penguin Books, 1977), p. 3. 51 William Tindall, op. cit., p. 30.. Guillemets de Tirdall. 186 52 James S. Atherton, The Books at the Wake: A Study of Literary Allusions in James Joyce's 'Finnegans ‘Wake' , (New York: Viking Press, 1960), p. 59. 53 William Tirdall, op. cit., p. 30. 5h Giordano Bruno, The Ash Wednesday Supper, traduit per Edward A. Gosselinet Lawrence S. Lerner, (Hamden, Conn.: Archon Books, 1977).. "Two are the essential principles of things, substance and form. Two, the specific differences of substance, rare and dense, simple and compound. .." p. 82. SD QUintilianus, op. cit., VIII, vi, 37. 56 Hesiod, rIheogony, in The Homeric Hymns and Homerica, avec une traduction anglaise de Hugh G. Evelyn-White, (Cambridge: Harvard University Press; Lordon: William Heineman, 1950), W. 53—57. 57 Hesiod, Worksand Days, in Ibid., v. 662. CHAPITRE V Le Renouveau de 'l'esthétique: Conclusion Je rejoins ceque tu me vois .de‘ux plus nombreux que deux on n'est jamais rejoint chaque souffle verfi son frere. Henri Meschonnic En guise de conclusion, ce dernier chapitre fera un léger recul pouriranimer en quelque sorte ce qui a déja été présenté, et pour avancer une breve réflexion sur la réciprocité entre la presence epiphanique et le décalage progressif qu'accomplit le processus dialectique chez Sollers. Cette réflexion aura peut-étre, par la suite, l'avantage de tirer au clair 1e r61e de la phénoménologie du langage sur le plan exégétique. Afin de prescrire certaines limites a l'évidence ontique de la textualité, cette thése a préaleblement cEStoyé la distance qui sépare la sémiologie de l'autarcie phénoménale. Ce différerd démontre qu'un texte est abordable au moyen de deux rapports fonctionnels de base: soit celui qui réunit l'émission au décodege en renvoyant 5. un codex paradigmatique, soit celui qui se pr’éte e um poetique, c'est a dire a un lieu de communion ofi cette iITéductibilité de. la presence heideggerienne se revele. Une telle presence. s'énonce. grace a ‘l'image ou au ‘nomfnoématique, mais elle ne saurait ‘e‘tre énoncée déontiquement. Ce faisant, la poetique, en 187 188 dehors de l'immédiateté qu'appréhende le perceveur, que ce soit devant une eaurforte, un tableau de Corot, ou devant les vers de Senghor ou de Beverdy, ne pourrait jamais peindre ce qui l'articule. Ie moment fonctionnel de la poétique s'efface de la notion du rapport des que l'appréhension passe a l'explication, et en tent que telle la poétique serait toute tentative de remonter a l'articulation du‘_l_o_g_o_s dont elle n'est que le residu sur le plan ectif du _f_a_i_r_e. Aussitat placée en dehors de cette terrace fonctionnelle ou le regard "rejoint" son monde, la poétique se recuse devant sa propre perseverance. Chacun de ses efforts lui cofitera son deploiement et augmentera le chemin qui lui faudra faire pour que cette promesse du mot vienne a elle: deux plus nombreux que deux on n'est jamais rejoint chaque souffle vend son frére. Ia phénoménologie du langage constitue alors le domaine analytique ofi les operations de la poétique peuvent étre rapportées a une structure noetique articulent une fonction noetique. Mais dans le cadre des etudes litteraires, cette phénoménologie vient s'opposer eu reseau épipheno—esthétique, c'est-a—dire a l'étude de l'evenement de la lecture. Cette opposition est consecutive a deux pensées. En premier lieu, la phénoménologie du langage estime que la poétique est entierement vouée a l'échec, au sens ofi cettederniére ne pwrra jamais faire sienne-la transcendence pure. Deuxiémoment, et pertant de cette premiere constatation, la phénoménologie du langage n'examine aucunement l’autogestion se l‘a‘~ ..., ‘ 189 déroulant entre texte et lecteur, examen qui en fait est le propre de la phénoménologie esthétique et epiphanique, mais elle souligne . en quoi l'evenement de la lecture pourrait étre remplacé' par un principe dialectique. C'est pour cela que la poetique sollersienne, en renoncant a la quéte .de l'Ego pur dens Nombres et _L_o__is, a su effectuer ce transferement du . principe phenomenologique de l'absolu 5.1a demerche contradictoire du matérialisme et de la dimensionalité. Et, il faut estimer, qu'a l'heure actuelle, la poétique sollersienne définit un romanesque allant a l'encontre de la constitution intentionnelle, pour en venir aLuiépanouissement a la fois pratico—théorique et multidimensionnel: d'emblée le texte s'accorde non seulement a une apprehension.particuliére, mais a un asservissement producteur et historique. Le lecteur ne saurait tout simplement lire le texte sur le paln de la perception ou sur celui de la semiosis: il lui faudra se vider dans un discours, un dialogue, un intervalle plus engloutissant. .Au lieu de tirer raison de s'étonner la-dessus, le pont qui s'acheve entre le reseau epiphanique et la dialectique fonente un eveil littéraire et non un envofitement: pour peu qu'il soit nécessaire de se replier sur un.jargon.marxiste ou autre, la poétique sollersiermejouitd'une omprise toute sirguliére face a la litterature moderne. Sollers, a vrai.dire, est 22 gas: il a su réumk‘ ce. gand souffle de la ‘neSCience sous lequel se rangent l'inédit de la trace et le'transfonmatioralisme dialectique. C'est 190 (D pour cela qu'il serait néfaste de réléguer cet: poétique a une qualification purement politique, voire anti-phenomenologique. L'oeuvre de Sollers est enL§t§E.d§_paraitre, car l'evenement de la lecture renvoie toujours a des coordonnées qui le nient, et cette ouverture, qui se fera tent que la lecture est régie par la diachronie et l'epiphanie, obligera le texte de se poser a califourchon entre deux voies: celle qui cherche a transcender le tiers parti subjectif fondé par la conscience lectrice, et celle qui se prepare a une renonciation pour s'en rapporter a l'insoutenable, a savoir l'impense. En outre, la poétique sollersienne doit étre concue a partir de ce double fond. Car d'un caté la vibration incantatoire, qui s'étend le lond de Drame, a recouvert l'evenement de la lecture d'une couche pleinement subjective--du.moins dans la mesure cu l'interstice créé per l'opposition des deux chants renvoyait a l'envers du logo . Et, de l'autre cote, la dialectique matérielle se dégageant des textes de Nombres et de Lois, accorde une valeur polaire a la subjectivité, du moins il en est ainsi sur l'axe de la contradiction. Donc la poétique sollersienne est cet ensemble qui renonce au réve de George et de Rilke, maiquui,se procure une voie d'acces a la dialectique. Bien loin d'épuiser la fOnction noematique, la poétique inonde ce réseeu pour s'en déprendre. Ainsi Sollers, en revanche, perpétue 1e renouveeu de l'esthétique: Janus s'éveille en attendant 191 1e sommeil. Les confins dimensionnels qu'impose la conscience . lectrice serviront de‘ limites qui, en retour, suffoqueront l'espace virtuel par le poids de l'inorriation lexique- visant une transformation matérielle. Le roman de _H s'abandonne a ce double ford de la poétique au supreme degré. Rolard Barthes a démontré en quoi la menace sollersienne d'une "plénitude ‘matérielle de plaisirs" se pr‘éte a l'échange aSphyxiante entre l'esthétique et la dialectique: Ie livre de Sollers n'abandonne rien, ni l'histoire, ni la critique, ni la langue, et c'est cette suffocation que 3' 'appelle "beauté." 1 Le texte de _H, en effet, excite l'esthétique a son point d'ébullition: fini le grard jeu métonymique de la surface qui passe au volume, fini. la sérialisation de l'histoire, la catachrese double, le découpage des citations; avec H ainsi qu'avec Paradis la lecture n'est plus tout simplement un residu découlant de la production historique et d'une manifestation momentanée, mais elle devient un veritable emportement qui tats le pouls au rythme d'une articulation, qu'importe laquelle—que ce soit celle de l'absolu du 1333s, ou de l'anti-absolu de la trace. Libéré de toute ponctuation, propulsé per l'intonation que lui donne ce psaume, cet oratorio de sons qui s'enjembent et se dissolvent, le texte devient un £1382 ogi s'accorde _5; l'haleine, g_e_ _lalecture.2 Ce souffle vocal contient, a plus forte raison, la meme liberté transitoire de l'extinction: papier brfile se recroqueville s'envole ,je dis.que nous ne sommes que la cendre d'innombreble ’étres Vivants (H, H6.) 192 Mais c'est l'invocation qui module sens cesse d'une game a l'autre qui etablit la pulsation.de g_et de-Paradis. C'est la musicalité, la fugue, et la priere contre l'imposture qui se confondent dans ces deux romans. La transparence sonore permet a la littérature d'étre "d'abord un exercice verbal,"3 puis ensuite un.démasquement«ies mythes ou des aveuglements en deca du solfege: En ce sens, oui, mon intention est proprement biblique: s'appuyer sur la force de l'énonciation pour renverser, raveger, demystifier, ironiser tous les faux dieux platreux et figés, je l'avoue, ne cesse pas d'étre la violence d'Isaie... Si Paradis reconstitue la parole biblique, l'invocation.de g_se fera chanter surtout sur le plan du labyrinthe de l'évolution de la pensee idéaliste et marxiste. Le passage 5 la comédie divine s'effectuera tout a la fin.du livre, reliant pour ainsi dire le cantique de la production a celui des douze prOphetes du canon juif: je reste suspendu et ca tourne je ne sens plus‘rien ni mes mains que dit amos les jours viennent ou j'enverrai la famine et ils courront d'une mer a l'autre depuis l'acquilon jusqu'a l'orient (H, 189.) La pulsation, ou le froissement des chants qui fonment l'ensembka des "touches figées accent tonique hors de strophe" (H, 9.), survole le tempo de l'histoire: Copernique, la Cgt, Louis XVI, Ia Commune, Le Directoire, Nerval, l'antirevisionnisme, le.?cf, Leibnitz, Dante, Iénine, Philippe. de Macedoine, H8lderlin, tout s'y retrouve dens une transposition de fragments musicaux faisant allusion 5 Mozart, a Palestrina, aux odes grécques et a la dodécaphonie de Webern. Dans 193 la discontinuité phénoménale, l'écran esthétique est illuminé, filtré, plaque en‘radiographie et vide sur l'esquisse d'un chantier extérieur . Ce déroulement remene l'evenement de la lecture aux jalons de l'acte qui lui est prOpre, tout en l'égarant dans une écume sombre ofi le tremblement des images et des sons abolit la possibilité d'un itinéraire textuel. Barthes a bien résumé cette empreinte du texte sur le lec teur: H, comme Lois, doit rester suspendu, maintenu dans un certain e: tonnement de la lecture. . . 5 Il se peut qu'a travers cette étendue sans distance, qui ne pourrait ‘étre erpentée, a travers cette region ou le son assomme l'image, a travers ce sifflement au large, 1e renouveau esthétique n'est qu'une cécité a la fois visuelle et verbale. Si la terrace epiphanique, sur laquelle le texte et la lecture viennent se confondre, disperait au fur et a mesure que la poétique gagne le dos de l'Ego et ce champ en eclipse de la trace, le romanesque sollersien récitera néanmoins ce qui s'entend eu sein de cet essor. 194 Notes 1 Roland Barthes, "Per dessus l'epaule," Critique, 10cm, p. 965. Soulignations et guillemets de Barthes. d Vbir David Hayman, "Entretien avec Philippe Sollers," Tel Quel, LXXI-LXXIII, p. 29. 3 "Aller-retour dans le systeme sollers," propos recueillis per Jean-Paul Enthoven, dens Le Nouvel Observateur, Lundi le 19 janvier 1981, p. 18. 9 Ibid., p. 8. 5 Barthes, "Par dessus l'épaule," op. cit., p. 972. Soulignations de Barthes. BIBLIOGRAPI-EEE BIBLIOGRAPHIC}: Oeuvres de Philippe Sollers Romans: Une curieuse solitude. Paris: Seuil, 1958. _Ifi Parc. Paris: Seuil, 1961. L'Intermédiere. Paris: Seuil, 1963. pre1_m_e. Paris: Seuil, 1965. Nombres. Paris: Seuil, 1968. @. Paris: Seuil, 1972. H. Paris: Seuil, 1973. Paradis. Paris: Seuil, 1980. 'Iravaux critiques: Francis Pong e _qu_ _l_a raison a £18 haut prix. Paris: Seghers, 1963. m. Paris: Seuil, 1968. Sur _l__e_ materialisme: d_e l'atomisme a la dialectiqpe révolutionnaire. Paris: Seuil, 197’4 ~ ' Délivrance: Face a Face. Propos entre Philippe Sollers et Maurice Clevel, recueillis par Jacques Paugan. 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