< _;.‘ «m »i ' ' ‘ - - ‘ .~ - 3‘“ - ~ ‘ 1"“ xx: “fiat; ‘c , — ”‘2' '2; ‘ N ‘ \‘s \ 0 WWW“ \ m““ '-" h" “ ‘ V'r' ‘ f . ‘ GOV/on c/e fa ”(Sip/7757”? da 5H; 6) //€ ”ifyélm‘dw 3: UjLU/WJ- . \ .mg“ ‘ ‘Jf ‘ ‘ Mt - - J . 1,.er. J: Li. u 'L. g! ’4». 30 t . I ‘2 ‘k - /. \- " \- ‘\ |é___ J e reprends au- jourd’hui 1e récit de mes aventures. Je reprends ausSi mon stylo. Ja— a le lacher que ' quand i1 ne (if mais i1 11’ a si me] marché; un marchera plus du tout. Et en- porte-plume de deux sous serait bien plus core!... Pour l’instant, i1 s’amuse a cra- .fli commode; mais comme cet outil de stylo m’ a cher son encre sur mon papier et sur mes nant Bertrana‘fie Grafidfi’rr ‘3“ couté les yeux de la téte, je ne me déci- doigts. Le temps de lécher tout 9a, et je guéri de ses blessures et qu1l allait de derai. ... commence. /7\ a repartir au front. Ila dit ca pendant le (/ r ner, au moment .- 01‘1 je ser :2 \ ) premier plat... / . . » \ qufi étg‘r » une téte de veau. ' ' " _. - - Djémotion, j ’ai reselafemmed’w... ' ..... failli Jla laisser lieutenant, et -‘ ’ tomber, la téte de veau, sur celle du lieu- Mme la marquise de tenant. Je l’ai rattrapée bien juste a Grand-Air, sa tante,chez qui, pour lors, temps; j’ai posé le plat sur le buffet nous étions tous installés. Elles ne pleu- et j’ai commence a pleurnicher dans raient pas. D6 165 voir Si f‘mon mouchoir. / courageuses, 9a m’a fait honte de l’étre si peu... téte de veau et j’ai fini de servir 1e déjeuner. Je dois avouer que je l’ai servi tout de travers, méme qu’ a la fin, 1e lieutenant m ’ayant demandé 1e bocal de Cerises a l’eau-de- ' . " "Y'V'V".j7‘~"»’¥:"‘7""lr-‘ 17.3,."an . v E Que jedevenais. ¢ g I; " de plus en plus rye” , " béte;quec’était . malheureux de 91”“ prendrel’argent de notre mai— tresse,“ qui n’en - j a pas plus qu’il ne " faut,pour luirendre - si peu de services... etc. ,.etc Te'croisque j ’auiaisrepiqué une iwflifiw :.-§¢:_-,..mmf;:-r A... .. .1. 9 .‘ j’ai raconté L a , . venait de se . je lui ai apporté celui des ‘ . .33, x,»- j - * ‘ - .! L’IDEE DE MARIA ' . _ . ' 5 m nvOisinagei‘Vous seriez ecvmrf‘mais n’en parlons « plus, puisgue cela vous fait de la peine. Je « m’arrangerai. » Nous étions si troublées que nous ne nous étions pas aperoues que le taxi ‘ était arrété depuis un bon moment. 11 a fallu que le chauffeur... .7 nous dise qu’on était arrivé. Nous sommes des - cendues; Madame a en de la peine a lui faire accepter une plece de Vingt sous; i1 se trouvait assez payé .1. j’ai fait la réflexion que j’avais efi. ' ort de dire du mal des chauffeurs et qu’il y a du bon monde partout. Je lui ai serré la main et, avec son pourboire d’avant. Comme v ‘ fl.7g,ww¢p—.Wmvwwgw 2'1"" ,v r- - - / , . mf— <1 . aafififik¢¢e513 “a.— m— grazea’mwmzuwvch» ... . . : .- . . Ca l’a fait bien rire et un peu aussi Madame. Elle est allée dans sa chambre oil je l’ai suivie. Pendant que je l’ai- dais a mettre sa robe d’intérieur, elle m’a dit encore que je esterais avec elle, qu’il ne fallait plus penser a notre - conversation. '7 . '4‘ ‘ 7‘?“ a m 1. ’> - ‘ :4 ‘ . je me suis décidée 5‘ demander conseil :31 Maria. Elle m’a dit que le moyen de tout arran- ger, c’était de chercher une place a Versailles, pas une place de bonne, un emploi dans une adminis- tration ou une usine. Madame accepterait certai- nement que... je passe facilement d’une idée a une autre... J’ai dit oui, par polites- se, mais je ne ' pensaisqu’a ca. J€ vous 1e - demande, a vous qui me connaissez : Est-ce que je suis une fille a rester dans une maison 01‘1 je ne sers a rien ? une fille a manger l’argent d’une maitresse - qui est bonne comme du pain, du ‘ pain d’avant 1a .a‘ -, A v ' {- serait contente de continuer a me voir. - pour plaisanter, je lui ai promis que si jamais Je devenais nche, ce qui conduirait mon auto. -, . m 62H. ., ' i1.agagh’ere§1§;de.quoi payer‘hia 'nfiuTfitfire, je ne~lui“'Sei*aiS"pa's"a‘clia trouvé que c’était une idée admirable. Nous avons été en parler a Madame, qui a dit qu’elle voulait bien, qu’elle rge. J’ai serait lui Non, vrai, je ne suis pas une fille a faire ca. Seulement, étre bonne chez d’autres en quittant une place of: j’étais quasiment comme de la fa- mille, je n’aurai pas pu. Alors quOi Et moi aussi, je suis contente. J-e voudrais déja étre a Versail- les et placée. Parce que, faut bien 1e dire, si j’aime ma mai- tresse, j’aime aussi 1e change- ment et les aventures. :14: v; f." 1 > . r.- guerre? faire? Aprés m’étre tortillé la cer- ~ velle pendant plus d’une heure... ,5 , 79;" 3:: ‘3‘: .y r. r - ~ ; ”Kr A v— - .~ . . ~. ,‘ , w. 2* .\: r , ,3 1V r yrs. 5’; .7; ,x'we1 {fifhf‘ffi : 4w? Wit? '? , ,_ ‘3"! x.‘ ,{r mmwpmww wisely“ 195319;”qu fomv “J21 ‘ pug? lr : , t "n? M. , ’fi’ifi‘ H5 ”.1 ,"' ,. WV. ..1 I ,1 *1 -. , - ‘ ~ L .. ”I . I ~ I r f » - . > 4 - , , a, 9:0 ’ . a 6- - 0N DEMENA'GE a3 L, . ' H “‘-lt';"¥;";':$ t d Ce qu’il a film faire - c 1 ons, e e ° . . l’ouate etdes a iers arce ' . dB: ”1?“? et 2;?le de paniers! que je n’aipagbgaucofip de rm“. ,, . . . . . uis es meu es ' ‘ - , , , . _ . ’ ’Les 10,1113, qu1 ont su1v1, Daqlu e ter pour (111,115 $28212;th 6:18 confiance dans les demena- Ca me desolait de , v01r com- fi , £311 a prepare le demenagement de zbimés dans le voyage Moi s31 p geursa Ces gens-la, ca me me ils faisaient valser le mobilier de ma :1 p . t ,3 appantement de Pans. 11 y en a cut je me t tais aux. moindres connalt pas ce qu1 est beau, maitresse, un mobilier artistique, et mé- . f fin de louvrage. Pensez (1090».13195 chaises... et 93. n a de respect pour me on peut dire historique, 01‘1 y a deS' “7;: l e dlx ans que Madame habitait la! , . rien. choses qui datent... je ne sais pas, moi: 1, , ~ \ peut-étre du temps de Jeanne d’Arc, ou de Clo- , -- dion le Che- « vous savez, a la place oh its me P, :- . ' — ' ' sais Madame. » Tout en parlant, elle passait o£7rnit5(1@mogzs.Marioaua,galeccorripagné sou- . , . ‘ Madame nous a dit qu’elle son manteau,fermait son neces— au ire q . d 11 a1- On a employe 13 semame a CC - x - ‘ ’ A - - 11 't t' vent Madame a Versailles quan e e - , » - » allait coucher a Versallles,a 1 ho- salre de nuit, et elle a a1 sor 1r, _ , , . . d 5 le , travail. Quand 9a a ete termme, tel- elle nous a recommandé de uand heureusement Maria qui la1t v01r 1e travall des tapisS1ers an . I ' l - Madame, un 50k, nous a appelées, veiller 1e lendemain matin au 2 de la téte lui a demandz’e 01‘1 nouveau logement. Et quand 11 leuit: res- ' ' ' ' . . ’ t ’ - ' ' s romenalen en—. ‘ _ga}§l§tet§1i:1t’ed:ns sggrpftgesaiznr Chargement des v01tures et, (188 on 1a retrouverait :« Dans le taltbcllu temps, elle P _ V ’ e.a1 p » ’ queceseraitfait,quand les démé- « parc, qu’a répondu Madame, sem e. v:.. - commeca toutenue et en desordre, . p , . d C’ t . _ u ’ . - - nageurssemettraient A a pres du bassm, e eres,... cette piece qu on avait connue SI . . - - - » en route, de vemr 1a ‘ Jolie et 81 smgnee. . . , I . reJomdre. I I F Alors elle est au .1 courant.Moi,cam’a . ‘- ; bien un peuétonnée ' ‘ d’entendreparlerde : a ; parc,debassin etde que si 9a avait été dela batterie de cuisine. Le lendemain, tout s’est passé comme '.‘_ cette Gérés, mais je J’ai eu bien juste le temps de les lui prendre des c’était convenu. Vets dix heures, nous " n’ai pas fait grande attention sur le mo- mains pour qu’il n’arrive pas un malheur. Méme avons pris notre train, Maria et moi, aux Invali- ment, parce que j’étais occupée d’un démé- que je l’ai traité de vandale et qu’on a eu des des. Entre parentheses, c’était bondé d-e militaires. nageur qui maniait des potiches de Chine}. ' ‘mots ensemble. J’avais tort, mais de voir un Ca m’a surprise, et je l’ai dit au controleur ayec pas plus de respect... . “ sans-50in pareil, ca me toumait les sangs. pendant qu’il faisait un trou dans mon billet. 5 I i I l l L o o x .‘V O . aw...” , , _ .. .. _ w. . v... ,. .. .. .._ , . , » .. m. .., .,, . ., . .. . .. . .. , . , » _. " 'v ‘ ‘ - ,r‘fi - "VJ , .‘ _ B. , E. ,. I if ~ .,.\,w,y,é.{. mg: a'm-smg'wf-a 1- 5-," '11(«y-' .1 v ,.- - l, . . , , . . . ,1. ,. . , . . , , W .. _‘ , , . ' l ‘3 ,1 H‘,‘ ..~ ~ '4 - ‘. . “ . - . .‘ ‘ ,Ir“ ~5'.‘~; -\. '7- .. , - ' _)| ‘ ‘~“'."~‘,ij‘ we,“ ""\ . a: 5' L’ARRIVEE A VERSAILLES ' ‘ ‘ ' . 7 Et l’étonnement que j,’avais eu la veille en entendant pai- ler de parc, me reprend . en plus 'fort. Je n’en revenais pas que. _" Madame, qui changeait d'e local pour ' se diminuer, puisse avoir un parc de, cette importance. Tout ébaubie, 1e m’étais arrétée devant unbassin... Et puis je vo1s une belle grille, .. ‘ vraiment du travail soigné, et une ’ ' *' , maison de concierge tout ce qu’il v a ’ repondu: “ C’est comme Ga au bout (.16 mes etonne- d’élégant qu’ilyabiendes Chateaux « a tous les trains, dans les deux sens; ments. Nous amvons, nous map (1 e m on pays qui paraitrait des bico— “ c’est «'31 croire que, chaque jour, tOUS ChQHS. dlx minutes par .des ques a coté. « L’entrée du parc me « les soldats de Paris vont a Ver- rues bien larges, We“ dr01tes, et « dit Maria. — C’est cossu que je a sailles, pendant que tous les soldats avec (19101135 boutiques. lui réponds. » , « de Versailles Viennent a Paris. » Et 'ca m’a surprise encore lus, mais je n’étais pas... fim&'fl¢-~—€}: ~ 3-.” — m we L 7' ii .. ‘L":'_'1-_e mutt-5;”- WW ml. t7” ‘32:?— , ,l ll “WM?” WU: ’\ ~v‘5‘ a: fasse connaiS-‘ « sance avec notrenou? . -« velle résidence. nNous .1- ' avons marché par une - « moins conséquente que le jardin; . ; allée toumante, et tout . w.- grand comme un étang, « peut-étre qu’elle est toute petite. C’est des “‘51 4 ' d’un coup, je l’ai vue, toutwplein de bétes et de gens en métal. « Ve- « choses qui arrivent. »Et j’étaisbien curieuse la maison. Je vivrais cent ans que je n’oublierais pas ‘ Ill, u nez~~donc,abougonné Maria;nousnesommes de la voir, cette maison. Aprés qu’on a eu ma stupéfaction devant cette facade, qui n’en finit pas... a: pas en avarice. Vous regarderez les estatues retrouvé Madame et qu’elle a eu un peu _ , , ‘ : une autre fois. » Nous avons repris notre causé avec Maria, elle a dit :« Montons jus— ‘ ‘1, ' ~ course. Je me raisonnais; je me disais : « Peut- « qu’a l’Esplanade pour que Bécassine... - ' *r' a: étre que la maison est... . . 1.; ‘ .31, . iflr 'Mu‘fgi “m; ‘fl§! ' 'II. ‘ i .V n «A Q} g W‘f‘ . , avec des centaines de «~ 1,18 P0111113. 1111 fairer giljfenétres, et des colonnes, et , , _ . “ 5011. seryice 1? dedans — _ . , ‘ ‘ .- 3 ,<-_de5 statues. J’ai pas pu me ‘ .u . - ‘1 ' . ‘. ‘ . _ « Mals Becassme, yoyons, Je me SUIS arretee about de , ' souffle. , X retenir; j’ai crié : « Madame parle de se dimir a Bécassine,» dlsait Madame. Managepetmt: Alors Madame a pu parler; elle ma dit dou- . nit "nuer, et c’est ca qu’elle a loué! Eh bien‘, avec «49a y est, elle d’ev1entA folle. »Ma1s 3 etais lan- cement: « Calmez—vous, ma bonne Becassme; « tout le respect que je lui dois, Madame me per- cée; ]’&1 continue :« Meme a ’nous deux, meme « ce que yous a’vez sous les yeux,_ce.n.est pas « mettra de lui dire que jamais Maria, 5. elle x: en prenant une femme de menage de temps en a ma .malsoni c est le Palals de Versailles, 1e 1 g. toute seule... . « temps, je ne sais pas si on suffirait. » « Palais du r01 Lou1s XIV. » 4,9.- “.-. .x‘ 4-.“ rs; ‘o. We ‘ o’ \ Je ne peux pas m'empécher de rire en pensant que j’ai pris 1e Palais pour le logement de Mme la marquise. Son vrai logemeut, c’est un appartement dans une-maison au bout de la ville, presque a la campagne, dans un quartier qui s’appelle Clagny. \ a _\ ., '5 Il arrivait sur les neuf heures; il retirait ses souliers et mettait des espadrilles. Et puis, i1 installait ses tréteaux, ses pots d'e couleurs, sa colle, ses brosses, ses papiers, tout ea sans se et ea 1e menait '31 onze heures. I_l me disait: « Cantez lé réfmm avé « moi. » J’essayais , mais moi, vous savez, je ne suis pas tres musicale. Alors i1 se bouchait les oreilles en faisant une drole d'e grimace, et il criait : « Horrible! H or- « rtble ! Qué céla est faux! » presser. Il peignait ou ' collaitunpeu, r Pendant plus d’une se- maine je n’ai pas pu m’oc- . cuper de chercher une place C’estpetit, mais tl‘és parce que j’étais nécessaire gentil- Quand nous y sommes allées, a Madame. 11 fallait défaire aprés aVOir déjeuné é. Phétel, les VOi- les malles’ les empaquetages, tures arrivaient. Le déchargement a ct tout mettre en place. commencé et aussi mes rages contre les déménageurs. Mais je vous en ai déja parlé et je ne veux pas rabacher. Alors, i1 retirait . ses espadrilles,remet- La cérémonie des souliers et tait ses souliers, rangeait son maté- du iangemerit, 9a recommenoait riel, et i1 allait déjeuner. apres le deJeuner; ensuite i1 y avait le casse-crofite de trois heures, et a cinq heures, il s’en allait en disant que 9a manquait de jour. \ \ ’1 tiles mugs de la Salle 6e ‘baiflis;t;91it‘,;en imitation de mar‘bre. ’abord 9a ressemblait 'plutét 'a""‘de ’ la galantine truffée, parce qu’il avait mis des taches trop noires. Je lui en ai fait la remarque. II a dit : « C’est zoustel... la stgnom'na Bé— « cassme elle. est oune artiste. » II a corrigé, et ea est devenu ma- gnifique. U11 jour, il a dit : « E fim’te, addz'o la stgnom'na. » __habfle auss'i'av'eef ses pinceauitl' Ce ‘q'u’il a fait de Ce qui nous retardait, c’était 1e peintre.Comme on manque d’hommes partout,l’entrepreneur n’avait donrié ‘: 4, qu’un ouvrier. Il s’appelait César, " ’ qui est,a ce qu’on ‘ w m’a assu- ré,unnomita- ’ " . - lien. En voila 4%, un qui ne s’en faisait pas. Tout le temps ll chantait, tres bien, ma foi, des airs de son pays qui me plaisaient beaucoup, surtout un qui s’appelle Sole mio et un autre Oil on répéte « funiculi, fu- nicula ». Souvent je me mettais au pied de son échelle a l’écouter. 11; a passé encore tout l’apres-midi a emballer et em- porter les espadrilles, les brosses, l’échelle, les tréteaux et les plan- ches, et 011 ne l’a plus revu. « "~11 my: vv.1‘““-"W.IW ‘ '. 1 ‘1 5" “1‘4. “a 3,- : . DE LA ‘ 1x13. ' I « Enfin! a dit Madame; mais je suis 'c l_asse de vivre en camp volant. Pour ache- : .Ver vite l’installation, j’ai engagé une a'femme de journée; elle viendra demain « matin. » J’étais curieuse de la connaitre, et, le lendemain, des sept heures... . u; , f... un ruisseau aupres duquel je m’as- seyals toute petite, en gardant les oies, ‘et qm n’arrétait pas de jaser. Seulement, au bout d’une heure, j’y étais si bien habituee que je ne l’entendais plus; avec la femme de joumée, c’est pareil. Ca I’a remise en “1’ 7 " ' train de bavarder.« Une place, qu’elle a dit; c vo'us voulez une place.Quelle place ? Une place « de bonne ?—-— Non, pas une place en maison, c une place en fabrique ou dans une adminis- a tration. — 11 y a mieux que (pa-a faire, made- « moiselle Bécassine : il faut vous mobiliser. , v 5'" j’étais devant la porte a la guetter. J’ai Vu une petite femme toute jeune, toute ronde, toute blonde, avec une figure d’enfant,et meme autant dire de poupée. Du plus loin qu’elle m’a apercue,elle a commence: «C’estmoi,Ju1ie, a la fem- ' ' me de journée. vous étes made- Bécassine... It Bon- « allezivous, \\ u Elle est au courant de tout. Sans s’arréter de travailler, elle vous raconte 1e commu- niqué, la séance de la Chambre, les grands événe- ments du monde entier, les petits événements de Versailles. « Avec Julie, je n’ai plus besoin de lire I les journaux, dit Madame, c’est ma petite gazette.» J’aicrié :«Bonneidée, jevais I me faire cantiniere. » Je me voyais déja avec mon tonneau sous 1e bras, comme s’est repre- senté sur les images d’autrefois. Mais j’ai fait réflexion que ca n’était pas possible puisque je ne voulais pas q uitter Madame. - Alors, Julie m’a dit qu’il ne s’agissait pas de ca,... « demoiselle Bécassine. Comment mademoiselle Bé- « cassine? Moi, je vais bien, merci. « Mme la marquise est la? Oui. « Bien. Allons voir Mme la , « marquise. Ne perdons pas de « temps en bavardage. J’ai ‘ « horreur de per‘dre du « temps; j’ai horreur ¢ des bavardages. n qu’on faisait appel ahx femmes pour remplacer dans beaucoup d’em- plois les hommes qui sont ala guerre, et elle m’a emmenée voir une affiche 01‘1 c’était expliqué en belles phrases... Je n’essaierai pas de vous répé- ter tout ce qu’elle a dit, a moi d’abord, et puis a Madame et a Maria. Elle parle tout le temps, d’une petite voix tranquille, comme si les paroles coulaient de sa bou- che; ca me rappelait... jour, ma- Maria et moi nous l’appelons presque toujours comme ca. Un jour, l’installation s’achevait. Par extraordinaire, la Petite Gazette se taisait. Pen- dant que nous travaillions ensemble, j’ai dit :c ()a c sera bientot installé; je vais pouvoir m’occuper de . « chercher une place. n ‘ i ‘ ’ Elle a ajouté :c I] - « y a des bureaux Oil on s’ins- « crit.. J’en connais un pas loin « de Versailles. Si vous voulez, je a vous y conduirai. ‘u-Avec la per- mission de Madame,on a convenu d’y aller le lendemain. ".‘LI . w— \ I } ..O 1 . " . $' 3'"? ‘53 ., . t ‘h: '1 'v. _( xi *5}; . 2‘1"} ‘1; .7 , a; . ‘1' f 4%. .0. '3 1'»: i l \ , ‘3 r? 1 El . g,- i a ‘ b O » Le Iendemain, donc, Julie m’a menée au bureau des mobilisations féminines. Pendant le trajet, elle m’a expliqué que j’aurais pu aussi bien me faire inscrire a Versailles, mais que dans le pays 01‘1 nous allions, qui n’est pas si consequent... Alors, je me suis décidée a trapper, a? :1: m. w «wt, ' I z. i any; il y avait eu moins de demandes;. j’avais donc chance d’y obtenir plus Vite une place. Elle m’a con- duite ala porte du bureau et elle m’a quittée, proba- blement pour aller bavarder quelque part, en me don- nant rendez-vous dans la rue de la Gare. . mais au moment J’ai pas eu plutét laché quej’allais filer sans de- doucement d’abord, puis de toute ma cette phrase, pas bien polie, mander mon reste, une force. Rien n’a bougé; pourtant j’en- faut ’l’avouer, que j’ai com- petite porte a coté du tendais quelqu’un de l’autre cété. Ma mence de mien repentir, en guichet s’est ouverte; foi’ la moutarde m’a monté au nez; falsant reflexion que le quel- une voix m’a dit d’en- j’ai crié : « C’est-y aujourd’hui ou de- qu’un qu1 était derriére le gui- trer bien Vite pour ne « main que vous vous décide- « rez a ouvrir votre boite P » chet, c’était quelqu’un du pas faire de courant gouvemement, et que parler d’air, et j’ai été rassurée sans politesse a quelqu’un du gouvernement, c’est grave. J’ai parce que la voix était douce, douce, toute fai- eu envie de m’ensauver... ble méme... -—.!'-l.“ x ‘4 A 5!“: < "If N a.» L ’5!!- luff- / ,~ IK—\ III » '. Jarv— Je suis entrée, et j’ai vu une piece sans per- sonne dedans, avec un guichet fermé. C’est béte, mais un guichet fermé 9a m’intimide toujours. J’ai marché en faisant du bruit exprés, j’ai toussé, personne ne s’est montré. g comme d’un malade qui a de la peine a parler. J’ai passé 1a porte, je me suis trouvée dans le vrai bureau. Celui qui m’avait parlé y était seul. Malgré la chaleur, i1 était tout emmitouflé. Il avait des cheveux et une barbe blond filasse, comme dé- ' temts, et sa figure était presque de la meme couleur. , '» w .. ' » , . _ Maintenant, je vais vous noter notre conver‘i" l « PEnsez fionc, je suis seul toute 1a jour: « je ne mangeais plus, Je ne dormals , E . sation en mettant 9a comme clans les pieces de «_ née ; jamais 11. me Vient. personne, et ]e 11 a1 « plus, Je ne falsals. qu lIlSCI'lI‘e. Quelle a .3 comédie; ca sera plus clair et ea ira plus Vite : ,« rien a faire; Je 111’ennu1e atrocement. Quelle « ex1stencel Mais mamtenant. que.toutes . J « Mor.Monsieur,jevienspour m’inscrirecomme (‘« existence! — M01. Ca ne marche donc pas « celles qu1 voulaient etre inscrites le sont, 11 me .« mobilisée. — LUI. Nous verrons cela tout a j « les mobilisations? — LUI. Ca a marche « v1ent plus personne. Yous etes.1a premlere depuis , t l’heurc, mademoiselle, mais asseyez-vous; « tres fort, au début. Il est yenu du monde,en « deux m01s. Deux m01s sans vo1r personne! Quelle « causons un peu ; 9a me fera du bien de causer. « flot, en foule; je ne pouvais pas suffire... « ex1stence! . , gww-u a... .ugl “3.7- v- 1 . .‘5 233‘ i " - ”‘3’“. n' -' «Fifi W‘s'vixflv'fi‘ . I ._ ~ 7 4 aa, u; .1 This (.131: u; ‘g . .-, .1. \J‘» {- ‘1‘ng “.19; W» ’:\;;\'V ' m. i‘fly.,wgvi ‘ x y» "1133252437; . . , ., . ‘ h ) .,“‘»..‘ " ." w ‘ , '7' . rr ' ( l ' _ .5 r « MOI. Si vous n’avez rien a faire, pourquoi a. « que votre ministre ne vous donne pas un autre ' « emploi? — LUI. Je crois qu’il m’a oublié. « Ca arrive dans l’administration. Tenez, j’ai « lu l’histoire d’un factionnaire que, sur l’ordre « de Napoléon, on avait placé a la porte d’une - « maison qu’habitait un grand personnage. « ...‘E11e’ est parfaite pour le « rhume. — MOI. Je ne suis pas enrhumée. — « LUI. MOI non plus, mais nous pouvons l’étre. « Prenez. —M01. Vous étes bien honnéte; j’en « prends pour ne pas vous désobliger. — LUI. « Prenez aussi ce sirop dé- a puratif. Coupé d’eau, « c’est .délicieux. Si vous « préférez quelques pilule; , / , ‘ ° « laxatives... “:3 « Mor. Ca me fera plaisir et honneur, « mais je dois vous dire que je ne m’y con- « nais' pas. Je ne suis‘pas dans la poésie; je « suis dans la cuisine. — LUI. Tant mieux, « Moliére lisait ses vers a sa cuisiniére... I; « 11 a déménagé, le grand personnage; « i1 n’y avait plus rien a garder dans la « maison. Ona laissé 1e factionnaire. Na- « poléon est tombé, mais 1e factionnaire « est resté; je ne serais pas surpris qu’il « soit encore devant la maison. Pour moi « c’est pareil : je suis 1e factionnaire « oublié. Quelle existence! (( (( (( « M01. Merci, avec la pate, j’ai ma suffisance. « Mais, a ce que je vois, vous étes pharmacien? « —— LUI. Je suis poete. Etre poéte et passer sa vie « dans un bureau d’inscription oil on n’inscrit pas, « quellc existence! aussi « Voici mon demier poeme. ( I l de’clame.) O jezme fille pdle, pour pren- [dre bonne mine, Absorbe de Deschiens la [douce H e’moglobine. « Et je vous lis nier poéme. ( [0 re- déclame.) Que faut-z'l pour l’avant-der- [am/£7 temt [rose et [langue [nette P S implement du [pomme de remette. « Eh bien, mademoiselle, qu’en dites-vous? —— M01. « J’aime ca, c’est facile a comprendre et pas long... sirop de « M01. —— Monsieur 1e fac- tionnaire... pardon, monsieur l’employé, je veux dire, le temps passe ; ca serait-y un effet de votre bonté de m’inscrire? —-— LUI. Vous voulez vous en , aller, déja ? Ce n’est pas gentil. Vous n’étes donc pas i bien ici ? Allons, rasseyez-vous. Nous allons faire la 1‘ dinette. Prenez un peu _ .; de cette pate... ) , 1" « (I l Mend des papiers sm' sa table.) « Voici « ma derniére oeuvre. J’y travaillais quand « vous avez frappé. J’étais en pleine inspira- « tion. C’est pour cela que je vous ai fait atten- « dre. Excusez-moi. Voulez-vous que je vous « lise ma derniére oeuvre ? « . .. Mais décidément vous étes « dans la pharmacie. —— LUI. Dansla poé- « sie pharmaceutique. Je vais vous dire « comment l’existence— quelle existence. « —m’a contraint de m’y plonger. Repre- « nez un peu de pate, charitablevisiteuse, « et écoutez ma lamentable histoire. n Quand l’employé m’a offert de me raconter son histoire, j’ai regardé la pen- dule. J’ai vu qu’avec toutes ces conver- sations 1e train que je comptais prendre était manqué. Le suivant était dans une heure; alors j’ai dit au monsieur :« Allez-y « de l’histoire. » « Je passe rapidement sur' '~'. enfance « 'et ma Jeunesse : elles furent heureuses; « elles n’eurent pas d’histoire. Mais depuis « quelle existence!... Quand j’eus vingt ans, « mon pére, qui était employé d’adminis: « tration, me fit recevoir dans son ministere. k / > "I V.‘ if. V‘ .f; , « Je voulus m’en dédOm- « mager en me faisant, comme poéte, un « nom illustre. Un désir passionné me prit « d’étre publié. Je portai a un éditeur un « poeme qui m’était particulierement cher. « L’éditeur me recut fort aimablement, mais « se déclara trop charge de manuscrits... ’2‘ [‘3 . *_,.¢,.-". , , a .« Je m’appelle Bile (Alcide-Désiré). « Je fus aussi un poupon vigoureux. Deux « Ma venue au monde fut une grande joie pour ma « nourrices suffisaient £1 peine a calmer mOn « famille qui avait longtemps attendu un enfant. « appétit‘; parfois on y ajoutait un biberon, « De la 1e second de mes prénoms : Désiré. Je fus un « avec leqhel‘je jonglais. Jongler a six mois! « poupon fété et choyé... « C’est pour ‘cela qu’on joignit a Désiré 1e « prénom d’Alci‘de qui est, vous 1e savez sans « doute, un de ceu'x d’Hercule. I ) « Parfois meme, en proie « a l’inspiration, il m’arri- « vait de couper par des «fragments de poeme les « rapports que j’étais char- « gé de rédiger. L’un d’eux « (ést 51 cc mo- . ~- , a « men que se révéla ~3- A ma voca- «I tion poétique. Elle x... . fu t la « cause de mes malheurs. D’abord, elle arréta « mon avancement. Neuf‘ fois sur dix, quand « mes cliefs venaient surveiller mon travail, . , «r 115 me trouvaient occupé a composer « parvmt en cet etat. au « mimstre. Vous devmez « des' vers. , , .;:..':‘ « sa surprise et son me- ‘ « contentement. P" pour pouvoir examiner le mien. J’allai dans tous « les joumaux, dans les principales revues. Quelques « directeurs eurent la bonté de m’autoriser a leur décla- « met de mes vers. Ils les trouvaient admirables, mais « toujours 1e manque de place, on que « ne leur permettait pas de les accepter. V « Je ne fus pas renvoyé, « grace a l’excellent sou- « venir que mon pere avait « laissé au ministere, mais, « raillé par mes camarades, « suspecté par mes chefs, « j’étais dés lors condamné « a végéter dans des emplois a obscurs. Quelle existence! « Enfin, un ami me signala, comme accueillante aux débutants, une « publication intitulée : L’Esprit et le « Corps, qui portait, en_ sous-titre, « cette devise : Le corps 3am fait l’es- lque autre raison, '« prit 3am. Je volai plutot que je ne « courus chez le directeur. « Il m’écouta, en manipulant des « fioles et boites qui encombraient b « son bureau; puis i1 me dit : « Tres « jolis vos vers, mais ce n’est pas le « genre que je publie. Tenez (i1 me ~« tendit une fiole), écrivez « quelque chose sur cet élixir (( (( (( (( (( « vous paierai généreusement : un sou 1e vers. » J’hésitai longtemps; rabaisser mon talent a un tel sujet! Mais le désir d’étre publié l’emporta. Les vers furent faits; ils parurent. Avec quelle ivresse j’achetai 1e nu- x - : 79¢ - I p | . . 911% plus s’en pas- « s . econtinuaid’écrire, tou- « jours dans l’Espm‘tet le Corps « qui était, ai-jebesoin de vous « le dire, un journal de réclame « pour les spécialités pharma- « ceutiques. En vers Vibrants, « j’y célébrais des sirops, des « pilules, des cachets. « Vous « avez le génie de la spécialité ! » « m’assurait le directeur. « Ses clients pharmaciens, en- « chantés, m’envoyaient, en re- « merciement, leurs produits. A «force de les vanter, j’éprou- « vai le besoin de les gofiter. « Les meilleurs remédes sont « dangereux quand on n’en a «pas besoin. Je n’avais besoin « de rien, et ’je pris de tout, pé— « le—méle, au hasard. « méro les contenant! Quand on a « gofité une telle joie... « tonique; si c’est réussi, ca ‘ « passera dans l’Espn‘t ‘ fl « et le Corps, et je... \ ~p!-_.J. - I!" . 4!!!! ‘- 1') on: . I . ,. J’étais émue de voir 4‘6: pauvre homme si malheureux, mais j’ai regardé de nouveau la pendule... II no me restait qu’un quart d’heure pour mon train. Alors, j’ai demandé une fois de plus a M. Bile de m’inscrire. « Oui, oui, qu’il m’a dit, je ne veux pas abuser de « votre temps. » Ila écrit un tas de choses sur son registre. \ , Puis il a ajouté : « Vous « avez le nu- Lg," -~ r « méro 3.917... " ‘ « Maintenant, c’est une « manic enracinée. Elle a détruit ma santé. « Si vigoureux naguere, je suis devenu l’étre « malingre que vous voyez. C’est pourquoi je « signe mes vers :Alcide D. Bile. Débile, vous « comprenez le jeu de mots. Voila ma lugubre z histoire... Quelle existencel... » « On n’a encore mobilisé que jusqu’au 72r . « vous aurez done a attendre; mals Je vals « mettre une mention spéciale sur votreOfiche; « grace a cela, j’espére que votre tour Viendra , « avant la fin de la guerre. » Je l’a1 remerae, 5 i1 m’a remcrcié, i1 m’a forcée a emportcr quelques-unes de ses boites et de ses fioles... et nous nous sommes quit t 6 5 en _ . l , "aussi, en arrivant a Versailles, nous avons pris 1e tram. « J’y pense,a aes poignées ' de main. I" , 'l ' « J’avais' deJa en- comme des amis de dix ans. « tendu parler de ce garcon—la ;il est gentil, « fait tout d’un coup Julie,ca vousAirait;ilde,tra- Dans la rue de la gare, j’ai retrouvé Julie, « mais un peu fou. Avec tout ca, vous n’au- « vailler dans les tramways?Ilpara1t gu on y de- }. occupée a débiter ses histoires aux comméres « rez pas, avant longtemps, votre emploi « mande des employées. »J’a1acce_pte. M01, tOUt ; du pays. Je lui ai raconté ce qui s’était passé « de mobilisée. En attendant,ilfaut chercher me va, pourvu que je ne reste pas plus longtemps v au bureau, elle m’a dit : « autre chose. Je m’en occuperai. » a charge a ma chére maitresse. his. 3‘)?“ - 3‘: ‘rl‘l‘ . fl r - 3:721; ' agar; u~ ,- ‘u ;', .2115 ‘c i. . \f . n i .2“ , -_~= ' . 9am» * 4.5.2‘ fiat:- :32»: a; I4 3' Q» cit de mes aven- tures de future mobilisée pour vous raconter un petit accident qui m’est arrivé. C’est encore une histoire de stylo. Je vous demande pardon de vous parler si souvent je rentre, je vide mon de ce satané outiI, mais i1 tient une grande stylo de la noire, je 1a rem- place par la bleue claire... 1e . fioles devant moi et je me dis : « Voyons, Bécassine, ma fille, « réfléchis et tache de ne pas « t’embrouiller dans les feux de « file. ' pose les deux et je commence a écrire. Cette fors, l’encre descend bien, 'mais elle est toute pale, on la voit a peine. A . dans la vie de quelqu’un qui fait ses mémoires. Donc, un matin, au moment de me mettrea écrire, je m’apercois que je n’ai plus d’encre. Je descends chez 1a papetiere : « Madame, c’est pour de l’encre asty- « lo. -— Quelle couleur? — A votre « idée : celle qui fait le plus lisible. « Il s’agit de mettre moitié « de la bleue dans la noire, et moi- )) si « — Prenez de la noire. » Je prends une petite fiole de noire, je rentre, je charge mon stylo, et je veux écrire. Ca ,ne marche pas. J’essuie la plume, je secoue mon outil; l’encre s’entéte a ne pas descendre. Me voila repartie chez 1a papetiére. h. " ‘ J1 ""I’thk \ , . Je retourne encore chez la souvent, papetiere : I « Faltes excuse, madame, de « vous déranger mais votre « bleue claire, c’est si clair que c’est comme « $1 c’étalt rien du tout. —— Mélangez par « moitié les deux encres, vous en aurez « une qui sera a la fois coulante et lisible. » « c’est.de verser la bleue dans la « tié de la noire dans la bleue. Si « noire, en méme temps que tu ver- « tu verses la noire dans la bleue, « seras la noire dans la bleue. Allons- « ca débordera puisque 1a fiole bleue « y, les deux fioles inclinées bien pa- « est pleine; et si tu verses la bleue « reil, pour que ca se v1de et ca se x dans la noire ca sera de méme. « remplisse ensemble. » Ca me parals- « Alors,il n’y a qu’une (311356 a faire: sait géométriqueet finement raisonné. ‘ « Madame, avec << votre encre noire, le stylo « n’écrit pas. — C’est parce << qu’il est vieux et que l’encre « noire est épaisse. Prenez dc <( 1a bleue claire, elle est plus « coulante. » Je prends une fiole de bleue claire; « — Bonne idée, je «vas essayer. Merci « beaucoup, madame, et bien .le « bonjour. » Je rentre, je vide 1e stylo de la bleue claire... *“\ . Eh bien, ca n’a pas marché-du tout comme je pensais. Les deux encres, elies se sont bien mélangées, mais pas dans les bouteilles, dans une grande flaque qu’elles ont faite sur ma table, et que, par la suite, j’ai eu bien de la peine a éponger. BECASSINE EST ENGA GEE I-‘vureusement enema que quanJ j’éCI‘iS, je mets touJ'Ours comme v tapis 1e mouchoir a carreaux que je tiens de feu ma gi‘and’tante Coren- tine, et qui est peut-étre le seul héri- tage que je recueillerai de toute ma v1e. Ca ne l’a pas arrangé, mon héritage,... Car, ca y est, je “5-5" suis engagee. Vous vous rappelez que i’avais decide de me presenter a l’admi- nistrati in des tramways. J’y suis allée avec Julie et j’ai plu tout de suite a l’em- ployé qui nous a recues. I] a dit que i’a- vais l’air honnéte et puis que j’avai.C une figure qui annoncait l’énergie et la jé- cision. J“ wrv .. I Wen—HAWK ~ ~31 iwécwmmwr: Ffi‘wuu'tfmwz 11 me l’a tendu: i ‘« Mettez ca sur vo- 3;: 7 tre «‘ , coiffe, ’ « mon g; enfant, E a gun a LEE: nous allons v01r si ca tient, c et l’effet que ca produit. Car, i1 n’y a a pas a aire, i1 vous faut un :alot; on ne « peut pas concevoir une ceceveuse de « tramway sans calot. n 'm- "J mals ca a protégé la table qui appartient a ma mai- qui l’a fait filer sans demander son reste tresse, et comme ca ma betise n’a iait tort qu’a moi. Dame! je ne suis pas disposée a me lalss 1' CeSt ce que 1’31 dlt a.Maria (1111 €St entrée dans ma attraper parelle maintenant que-me voila me?" chambre pendant que je finissais d’éponger, et qui me‘ bilisée, que me, voila quelque chose 0_ . bougonnait apres. Je lui ai rénondu... Pour l’énergie et la décision, ie ne sais si c’est tout a fait iuste, mais ca m’a flattée. Seulement, au moment de signer mon enga- gement, tout a failli manquer parce que j’ai lu sur le papier que les employés doivent porter l’uniforme de la compagnie. J’ai fait ce qu’il de- "'v‘ ' faint: . ' '. ‘ x Y a rien a") ‘de fair, que ai’ai dit. Jamais je ne quitterai C’est un « 1e costume de mon pays.——C’est monsieur, ‘w“._..-i “\\\‘\\\\\\ ‘\\ _ ‘. . X \ \"fii \ F W 1 comme fonctionnaire " 4”}: du gouvernement. . ) ' _.~ ’, v en 11. fvieux petit tout doux, tout QM; " , Le chef est « ennuyeux, a répondu l’employé.’ gentil, et soigné dans sa mise « Vov" me plaisez, ie vous pren- comme une Vieille demoxselle. II « drais volontiers mais nous avons tenait a la main cette espéce de a notre reglement, comment ar- bonnet de police qu’on appelle un ’« ranger , ca? Je vais calot et que portent les em- : consulter mon chef n pIOyées de tramway. tam ont bien mandait. Ila regardé, et il a repris:« C’est un 13;, . ~ ~ w. - ’3 peu étrange, mais cela peut aller. En temps de' coiffure. J’al appris que le‘ vieux a"f3"“““t1wiwnonsl. 5 I guerre i1 ne faut pa.c se montrer trop formaliste. un ami de madame et que je lui avais été recom- « Vous étes donc .engage’e: vous commencerez :nandée. C’est probablement pour ca qu’il s’est c votre service lundl. » montré si accommodant. c1 UNE NU] T TROUBLEE D J’avais ordre de me trouver a Sept heures devant la gare des Chantiers, 1e lundiouje devais prendre mon service. Y arriver si matin me préoccupait, vu que j’ai un sommeil de plomb et que je crai- gnais de ne pas me réveiller a temps. « Y « en aura du grabuge, que je me disais,... Le diner achevé, j’ai prié Maria de me préter son réveille-matin; j’ai « si je me mets en retard : tous les tramways « qui seront arrétés, et‘ tout Versailles qui me « criera apres! » Ca me turlupinait tellement, cette idée, que, pendant deux nuits, j’ai a peine fermé l’oeil. Un peu tranquillisée, je me suis couchée, et .Le résultat, c’est que, le dimanche soir, je tombais de fatigue. En dinant avec Maria, je piquais du nez dans' mon ass1ette a chaque bouchée. J’ai fini par lui deman- der de me pincer de temps_en temps; et ce n’est que grace :31 ca que j’ai pu manger un peu. A A. “\~. 3"» -. . p “am. .~ « ‘ _ l. n ‘ \‘i'r‘ I quand voila qu’éclate un charivari dont emprunté aussi celui de Madame. Avec 1e mien, ca faisait trois. Je les ai installés sur des assiettes pour qu’ils donnent je vous prie de croire que je n’ai pas été lon~ gue a ronfler. Je dormais comme une souche depuis je ne sais pas combien de temps, sans v.0us.ne pouvez pas vous faire idée, une sonne- ne p1re qu’un tocsin d’incendie. Je me dresse _ plus de bruit. —— Dans l’ap-g . » .. partement, ' .~ . .' "v j’entendais des allées ” ’ ct venues, des voix qui disaient :u Ca parait venir de a la chambre de Bécassine. » Ma porte s’ouvre; Madame et Maria entrent. remuer ni pied ni patte,... « Qu’est-ce qu’il y a? demande Madame..QueI « est- ce tapage? » Maria avise les réveille-matm et crie comme une furieuse : « Je 1e disais bien que « c’était une manigance de cette toquée. C’est-y « permis de réveiller des chrétiens a des heures « pareilles! Faites taire vos instruments au moms. » sur mon lit, réveillée en sursaut, tout affolée, me demandant 51 c’est les Gothas ou la fin du monde. Enervée comme j’étais, et les idées pas bien nettes, je ne peuvais pas trouver le cran d’arrét; alors j’ai tassé mon oreiller sur mes trois tocsins; ca a un peu assourdi le bruit, on a pu a peu pres s’entendre, et j’ai expliqué‘ce que j’avais fait et pourquoi. ' - . W? 'l f’ r LE RETARD REPARE I7 j’ai complete, pris; et puis, comme je sentais que le sommeil me gagnait et que je ne voulais pas faire du bruit en :ne promenant dans ma chambre, je me suis tenue de- - «Bien, bien, a dit Ma- ; « dame, ce n’est qu’une c bonne intention qui a ma] toumé. « Maria, allons nous recoucher.Vous, c Bécassine, reposez-vous un peu; a vous avez le temps, i1 fait a peine c jour. » Maisj’ avais trop peur de me rendormir; je me suis levée... bout La demle de six heures! Et j’avais tout Versailles a traverser! Je n’ai pas été longue a sauter sur mes jambes et 21 dégringoler l’escalier.Une fois dans la rue, je me suis mise a galoper en tenant mon calot qui me dansait sur la téte. j’ai sauté sur la plate-for- me d’avant, et 1 ' fepris un peu de soufiie, j ’ai dit: .. ¢ Bien le merci, M’sieu le conducteur; a vous me rendez un fier service en m’évi- I tant un retard pour mon début dans les a tramways. —— Vous seriez-t-y, qu’il a fait, o notre nouvelle employée... l’un, tantét l’autre. quand j’ai eu, fait ma toilette le calot com- Eh bien! 9a n’a pas suffi. Ce que c’est ennuyeux, des fois, d’étre dormeuse comme je suis! Je ne sais pas bien ce qui s’est passé. Probable que je me suis endormie sur un pied, et puis que j’ai perdu l’équilibre sans que 9a ‘1 me réveille. sur un seul pied, tantét Déja des tramways passaient, vides, allant du dépot a leurs stations. Tant que j’ai lu dessus Clagny— Orangem'e ou Glatigny- Grandchamp, 9a m’a été égal: 9a n’était pas mon tramway. Mais il est arrivé un Chantiers-Porche/ontaine,1e mien; et, voyezla malchance, il roulait plus Vite que les autres. - "'l' *1" la 1 L5 iv;- 1‘ ' 7- ' " V f. ‘ p‘ I ) . I ‘41.”. dent. onm’a parle, la nommee Becassme? « — SOi=méfne en personne. — Moi on m’ap- « pelle 1e pere Lemboité, un sumom que je « vous expliquerai... Joli métier d’étre dans « les tramways quand il fait beau temps, que « les rails sont pas encombrés et qu’y a de « l’électro dans la mécani'que. Tenez, amusez- ¢ vous a pousser cette manette-la... ( Nous allons faire on est arrivé « d’avance, a dit Lemboité. Pendant que je casse « une crofite, allez faire connaissanoe ave: Virginie « Patate, la receveuse, qui vous mettra au oourant. « Je la vois devant la gare. 1 Ce qu ’il y a de sur, 0 ’est que quand' je suis revenue a moi, j ’étais étendue sur la descente de lit et Maria me secouait en disant: « Remuez-vous, ce coup-01; il est la demie « de six heures. Dormir ou « veiller, ces jeunesses d'a- « present, 9a fait tout a re! ) « brousse- poi]. 11 J’ai couru a coté, de toutes mos forces U mais il aurait fallu etre un cheval de cours ( pour le suivre. J’allais renoncer, 11’ en pouvant plus, quand j ’ai eu l’i dée de crier. ' c Arrétez; « prenez- moi. 1) Le tramway a ralenti... un peu de vitesse en « votre honneur. » J’ai poussé la manette, on a pris une allure de train express, et en un rien de temps aux Chantiers. « Cinq minutes \ t - Je suis allée vers ma receveuse, et je lui ai débité un petit discours que j’avais préparé dans ma -téte. Je lui ai dit que j’étais contente d’étte sous sa direction, que je ferais mon possible pour la contenter, tcetem, tcetem. Ellem’é- coutait a peine, meme elle me r " » “stoumaitle dos... i’ai dit :c C’wt de la vitelotte,qua- clité extra. n— De la quoi ? a demandé Vir- ‘ ‘ uginie.—-Delavitelotte. » Alors,brusque- ment, cettefemme que je ~croyais fiére et pas polio, elle m’a prise dans ses bras, elle m’a plaqué deux gros bai- se. 5%“ les joues,et elle m’adit : . Y grand’chose ; moi, je mangeais de bon appéti ”if: 'appfis que c’est mal élevé de parler la pleine. Virginie, elle, ne mangeait guére. ‘9 _« ne m’intéresse pas beaucoup, 1e tram. En , .5, Ca, c’était des sacs .; by. qu’on déchargeait “ ' d’un camion devant 1a gare. La ficelle d’un (les sacs était défaite et laissait voir des pommes de terre. Virginie les'couvait des yeux, les caressait, en répétant : « Lst-ce * « beau! Est—ce beau! » J’ai pris une pomme ‘ dire d’ou j’ai jugé que c’était une personne fiéreet pas bien polie. Enfin elle a répondu: « Nous causerons du tram tout a l’heure;ca « attendant qu’il parte, regardez 93.. de terre et, pour « Est-ce ~ ‘7 quelque chose,.. « beau! » ’ Vous devinez si j’étais stu- Jevous ra- péfaite; méme je me sentais conterai plus ‘ unypeu inquiete et je me (16- tard ce qui ' « Faites excuse, c’est plus fort que mandais Si je n’avais pas S’Y GSt ' affaire a une folle. Heureuse- ment les embrassades ont été arrétées par la grosse voix de Lemboité qui criait : « Eh! « Patate! Eh passé; pour l’instant, i1 faut que j’ach‘eve de vous présenter ma nouvelle amie et que je vous disela conversation que j’ai eueavec ‘ ”tait a notre repos de midi. « moi. Je suissi contentedeme trouver « avec quelqu’un qui s’y connait en « pommes de terre! Vous avez dit de « la vitelotte. C’est bien ce mot- « la? — C’est bien ce mot-1a. « Merci de me l’avoir appris. « Que je vous embrasse en- a core pour vous remer- . « cier. »Et elle m’a repla- , qué deux gros baisers ( ! Bécassine' ww‘m « Vous n’aimez donc pa , - $31, « si, que j’ai répondu, ‘ mais a Clocher-les-B'é- « casses, 1e pays d’ou je suis née native, j’en « ai teller‘nent vu de la terre, des plantes et de a la campagne... “ " tes, la terre, y .. un moment elle s’est - - si'ehdre dans un champ voi- }_ cc de bonne terre bien grasse, ’ ”' dans ses mains... ‘ ‘. fl. —-—-“-._ - a ‘1W2‘g7fi'vv‘r‘l. ;,_-__ -'v I9 . 'lU'Hflj-u Etpuis elle s’était mariée avec un ouvrier de son usine. Un mois apres,1a guerre éclatait. Son mari, ré formé, restait chez Guérin oil on travaillait jouret nuit ;ilsétaient tous les deux de l’équipe (1e nuit. « Vousne pouvez pas vous figurer, « Récassine, ce que c’est lugubre « de travailler la nuit, et dans « 1e chocolat « encore... * « Lui, A tramw ay. c’est un hornme de i1 n’ aime que son tramway et ses mécani- « ques. C’est un brave homme, mais i1 ne « me comprend pas; vous, je vois que vous « me comprenez; vous étes une paysanne; « laissez-moi vous embrasser. » On S’es't en- core embrassées et on s’est hatées vers le 5‘ "que ca ne me produit plus guére d’effet: » Comme Je venais de lui faire con tidence de mon pays natal, j’ai pensé que je pouvais sans indiscrétion lui demander 1e sien. Nous étions a genoux, a ce moment-la, occupées a ramasser les papiers gras et -» les restes de notre déjeuner. \v - la ville; . « Surtout'quffia' ‘gus « de la guerre on a embau- « ché des negres. Des négres, « la nuit, sur fond de choco- « lat, c’est effrayant: on les « voit a peine; on a toujours « peur qu’il en soit tombé un « dans la cuve au chocolat. a: 4. teuse que Si elle avouai ‘ “£776 péché, el « Vous allez me mépriser, « a Versailles, et que moi, je « bereau qui Vient la... C’est {/77 Ily avait pas mal de voyageurs qui cou- raient pour le prendre. « Droles de gens, a fait « Virginie, il-s pourraient se promener dans la « campagne et ils prennent 1e tramway pour. ' « venir en ville! Dréle de gens! » 1011 est monté tous ensemble. . oils qui étes une paysanne: « je suis de Belleville. » Je l’ai assurée qu’il n’y avait pas de honte 51 9a, vu qu’enfin tout le monde ne peut pas étre né a Clocher-les-Bécasses. Ca a paru... C'L; ‘ .3 A .3".- « Le plus beau jour de ma vie (ya été « quand mon mari a trouvé un autre emploi, « dans les tramways. Je vois des arbres, des « plantes. Je sens autre chose que le choco- « Alors, tout ce n01r,.9a me « lat. Tenez, sentez‘-vous l’odeur de ce tom- « faisalt rever de solell, « (le grand air, de cam- ragne. « Comme 9a sent bon, le fumier! » la soulager, etelle m’a raconte son histoire : que, toute petite, elle avait tra-- 'vaillé dans la fabrique de chocolat Guérin- Boutron, rue du Maroc, qu’elle ne voyait jamais que les grandes maisons tristes de son quartier et des cheminées d’usines; comme campagne, tout juste l’herbe pas bien belle du talus des , fortifications. II était l’heure de re- prendre notre service; nous etions sur la route, pres de la grille d’octroi. Vir- ginie m’a dit encore: « Patate, 9a n’est « pas mon nom; c’est 1e pere Lemboité « qui m’a surnommée comme 9a, en plai- « santerie de mon amour pour les pom- «mes de terre... 1e seul , . « légume que jesais re- « connaitre. 4 me suis mise du fumier... Le pére Lemboité était ma bunne humeur . « paré, qu’ilv a crié; j’ai de l’électro dans mon H? 3 «cc qu’y faut. Faut ce qu’y faut, pas trop n’en fau « En avant... ——En avant 1a brouette! » a terminé Vir- ginie avec un bon rire. Et 1e tramway a démarré si t brusquement que j’ai failli dégringoler. ' ' ,- "3," ,.r( .. , ~Mxi‘i—zzilflu. if 4'- ug; 3-1,: :1 .‘filtéa LIA-{53; .' a 7‘ "were?“ “a" WWRWWWW‘ ~r Je me suis -' Iaissé entrainer a vous dire l’histoire de ma nouvelle amie Virginie Patate; je reviens maintenant au moment on elle m’embrassait devant la gare et 01‘1 1e pere Lemboité nous a appe- lées. Nous avons couru, grimpé dans le tram... $3 Ie tram s’estl . ’ garrété, et Virgi-y ‘ 'V“ *nie 'a criémfltout a: le monde des- « cend. » Elle a crié {pour son plai- sir, ou bien par habitude, puisque ‘ nous étions seules dans " Iait que j’ai cru a une panne; mais non, nous étions deja arrivées. Notre tramway, voyez- vous, c’est..; 1513i brave homme que je crois bien qu’il arre- terait sa voiture toute la journée plutot que ue passer méme sur une puce. Quanda au lieu d’une puce, c’est un chien endormi ou une poule affolée qui obstrue la voie, i1 des- cend, prend 1a béte et la met hors des rails sans la bousculer. les bétes se décident a se déranger pour \ 1e laisser passer. ' .‘ ’ ya. . 0A ~.: I I \ ,‘ r II a démarré un peu trop brusquement pour mon gout, d’autant plus. que c’était pas la peine de tant se presser : il n’y avait pas un seul voya- geur. Virginie en a profité pour m’expliquer ce‘ que j’aurais a faire : les sous a recevoir, les petits papiers a donner, de couleur différente... a: petit tram bien tranquille. II ‘1 la Voiture. Ily avait si va si doucement qu’ll ne fait peur a peude temps qu’onrou- personne : c’est bien juste si gles gens et « moi! . Donc, notre petit tram, notre “$35,; " brouette, comme dit Virginie, avale ' en cinq minutes, sans se presser, 1a distance des Chantiers a Porchefontaine. La, on fait un bout de causette avec l’employé de l’octroi; on change la perche de coté, et, au bout d’un petit quart d’heure, on repart. a suivant I’endroit oii vont les gens, et sui- vant qu’ils prennent on non une correspondance. Ca n’est guére compliqué, a preuve que moi qui ne comprends pas Vite, j’avais compris au bout de cinq minutes. Juste au moment que je comprenals... Leur sans-gene met 1e pére Lemboité dans des coléres folles :< Ah! les bandits, qu’il crie, ils se moquent de je finirai par en écraser un ou « deux pour leur apprendre la politesse. » Aux Chantiers, encore un petit u] t»: , 9 2 _o quartd heure d arrét, nouvelle ma- , noeuvre de la perche; on cause avec} 3a _‘ _. [,1 employés de la gare ou avec le courner de Chateaufort; on repant, et ea contmue comme ca toute la journée. C’est pas foulant, et c’est pas ennuyeux. Yuma. an». . ate-(Manna gum-v.4; _. “a: BECASSINE S’AIMUSE Y a meme des cho- ses amusantes, par exemple, de faire des belles étincelles en tirant a petits coups secs la corde de la perche (la perche, c’est cette grande tringle, au-dessus de la voiture, qui prend 1e courant dans le fil). Mais je n’ose jouer aux étincelles’ que quand Lemboité regarde d’un autre cote. ”— ;._ il“ -‘r. priétaire. Vous savez si j’aime les enfants. Je suis allée ala rencontre de ceux-la. Ils étaient tous bien gentils, le plus petit surtout, un blondin de six 51 sept ans, avec une frimousse de fille, petit Jésus. 11 y a l’heure o es ménagéres revenant du mar- ché: on ne voit que des paniers débordant de le- gumes et de fruits; on n’entend que des gémis- . . , f sements Sur 1e prix des denrées; parfois i1 faut courants une dizaine d en ants. faire la chasse a une volaille mal «1% attachée et qui échappe a sa pro- W toute rose, toute rieuse, et des yeux bleus de, Lorsqu’il me voit, i1 . . ’se fz‘iohe3 11 prétend que je saccage l’électrlmte, qu .11 11 en restera plus pour sa mécanigueget 11 bou- gonne. Heureusement, Virginie went a mom secours. Depuis qu’elle me sait de la cam- pagne, elle prend toujours ma defense et trouve bien tout ce que Je fals. De voir un ange nugnon comme ea, ea m’a positivement remué le coeur. Je l’ai pris dans mes bras;il regardait 1e calot perché sur ma coiffe; il gazouil- lait : « Tu es dréle, tu es zentz'lle. » Moi, je répétais :« Oh! 1e chérubin! » et, ie ‘n_e_me lassais pas de l’embrasser. Enfin, deux fois par jour, il y a l’heure des mioches, dont je vais avoir a vous parler un peu longuement. Le matin de mes débuts, étant a Porchefontaine, et sur le point d’en partir, nous avons vu arriver tout 30L“ 3' A \ L 1 it presenter mon tramway, 1e , . . vous dirai” core a e c’est un tramway d habitue‘s3E on a tous les jours a peu pres les memes voyageulé: II de genre qui varie suivant le moment de la Journ . y a l’heure des ouvriers d usme, ,, fig, l’heure des militaires. .~/ a; . . “'1 _- ., ., . ' ,V ‘ rzw ,, a ‘ Virginie m’a expliqué qu’ils habi- tent le quartier. Leurs parents n’ayant pas le temps de les conduire, ils s’en vont ainsi chaquematin, tous ensemble, a leur pension, pres des Chantiers; ils en reviennent, ensem- ble aussi, 1e soir vers cinq heures. Les grands surveillent les petits. , .. g, I pour le faire monter dans le tram et elle m ,, t; « Il vous a empaumée, comme tout le monde, than « vous 1e verrez, votre chérubin, vous le verrez : « c’est un vrai diable. » Sur 1e moment j’ai pensé qu’elle plaisantait; je ne devais pas tarder a m’aper- . cevoir qu’elle‘ ne disait que la pure vérité. LES FARCES DE Je ne pouvais pas croire que mon petit angc de Chérubln était capable d’autre chose que de gentillesses. Il s’était assis au fond de la voiture, a coté de la porte, et il s’y tenait bien sage, avec ses yeux couleur de ciel levés vers le ciel... je veux dire vers le plafond. Eh bien! cette farce-la n’était rien a coté de ce qu’il me réservait pour le soir. A cinq heures, nous avons revu 1a bande , des enfants. En nous attendant, ils jouaient autour d’un wagon de la voie de garage qui est sur .la place, devant la gare. Le Chérubin venait le dernier; il était le seul a marcher sagement et 11 avait un air tout sérieux. « Ayez l’oeil sur lui, m’a recom- « mandé Virginie; c’est lorsqu’il fait son petit « saint Tranquille qu’il faut s’en méfier le « plus. » Je l’ai embrassé a la volée quand il a passé devant moi,... Je n’ai pas tardé a voir ’qu’il ne fallait pas se fier a son air. Presque tout de suite « apres le départ, je rentrais de recevoir les places sur la plate-forme quand brusque- ment la porte s’est refermée sur ma iupe qu’elle a pincée. Ca m’a arréte’e dans mon élan et j’ai failli m’asseoir par terre. Si tu que c’était lui Ils étaient pres- que tous perchés sur le marchepied de ce wagon. Je me suis de- mandé ce qu’ils y faisaient. Je me suis approchée. Ils ont paru genes et il m’a semblé que l’un 'd’eux cachait derriere son des, puis passait au Chérubin... ‘2‘}... 'vi‘.‘ . 3.39 et puis je n’ai“'~.plus eu‘ le temps de m’en occuper, vu que, \fette fois, le tram était plein, et que méme avec l’aide de ma camarade, j’avais assez de peine a vérifier les billets, recevoir les sous et rendze la monnaie 'des pieces blanches. recommences, « Chérubin, je te battrai « comme blé en grange », a grogné Virginie. Il parait refermé 1a porte sur moi. Je ne m’en serais pas dou- tée tant o’avait été fait rapidement et tant ilavait repris vite sa pose d’avant. .. qui avait quelque chose qu’il ne voulait pas que je voie. Mals a ce moment, 1e pere Lemboité nous a appelés. Ils ont couru comme une volée de moineaux vers le tram; ils ont grimpé dedans en se faisant des niches. 8 tromper, au bout de quelques instants j . . qué qu’a mesure que j’avancais dans la umture, i1 yavait de l’agitation et des rires derriere Incl. Ca a commence par un militaire qui a. d1t: « Puisque c’est comme ca, je vais ouvnr la « fenétre. » 11 Pa ouverte. ‘bou ;_ mais Virginie, plus accou~ . tuméf a ses manieres, avait vu son geste, et i1 n’avait pas échappé non plus aux enfants. Ils r1a1ent entre eux, ils se poussaient du coude et ils par- laient tout bas en se montrant le Ché- rubin, plus Chérybin que jamais. ant et en se 9 J .653?! l" ., 3&3 me ‘ ,* a1 remake-w ' - 1.4.1.» A . UNE RECONCILIATION ________ x » Les autres, autour de lui, ont fait: « Tres bien; c ’est plus pru- « dent » ,ils ont ajouté des phrases comme: santeries, ea a énervé Vir- ginie... a impose; Ca a donné idée a Virginie de me regarder dans le dos. Elle a crié:« Ca, c’est trop fort! » Elle a enlevé quelque chose qu’on m’avait épinglé a mom corsage et elle me l’a montré... Devinez ce que c’était... Mais non, vous vous creuseriez 1a téte six mois que vous ne trouveriez pas. mais ils allaient trop Vite. si elle était une laboureuse. « Pauvre fille, on ne croira-lt pas 9a en lait. Elle s’est retournée vers les rieurs et « la voyant. — C’est triste a son age! —- elle leur a dit d’un air pas commode :« Eh « Pensez- -vous que 9a soit contagieux? » « bien, quoi? Qu’est-ce que vous avez a rica- Et tous se tordaient. D’entendre ces plai- « ner comme 9a? » Probablement, ea leur en repris leur sérieux. qui est un peu soupe- au- Moi, je m ’étais retournée en meme temps qu’ellegg gt . alors ce sont les autres voyageurs, ceux a qui je faisa1s‘: ils n ’ont pas répondu et ils cut face la minute d’avant, et qui maintenant me voyaient C’était une de ces banderoles qu’on colle sur les wagons et sur lesquelles i1 y a impri- mé: A DESINFECTER A L’ARRIVEE. Ce petit monstre de Chérubinl’avait trouvée pendant qu’il jouait devant la gare; i1 s’en était servi vous savez comment, et voila ce qui amusait tant les voyageurs. Alors, elle s’est arrétée et elle a erié deloin : «Tu verras demain matin, Le lendemain,’ elle avait oublié et la farce et ses « Chérubin, je te donnerai la fossée menaces. Quand le Chérubin est arrivé, au lieu d’une « avec le manche de ma béche. » Elle feesée, elle lui a donné deux gros baisers. Il lui a dit, de n’a jamais en de béche, mais vous sa- son air mah'n :« Vous l’avez done perdu, madame Vir‘ vez,‘ c’est sa manie de parler comme « ginie, 1e manche de votre béche? ngla nous a fait tire. de dos, oe sont ceux-la qui se sont mis a se tordre aleur tour. Comme nous arrivions a Porchefontaine au moment on sa farce se découvrait, i] s ’est faufilé, i1 5 ’est dépéché de descendre, et i1 5 ’est mis a galoper.sur1a route, entouré des autres enfants qui riaient comme des bienheureux. Virginie les a poursuivis un instant... Moi aussi, j’ai embrassé mon Chérubin, et’ j’ai fait la paix avec lui. On ne peut pas en vouloir a un si joli petit ' ange. 11 me fera toutes les farces qu’il voudra : 9a ne m’empéchera pas de dire que c’est un Chérubin. I , c w: _ v . A»; y ”jaw”, ,f, L ‘ '_ rllfi4.'~“"ll _, E , ‘ - ’. I 5- - - ‘ " ' - 24 ' , L’HEURE DES ARBRES ":j‘r an "1-,?“ ,. , . _ ,' , , , qui était de remettre . Eli i E Ala fin de ma premiere semame Ca me peinait de me separer pour la premiére fois a ma . . . E dont {hm E de tramway, je suis allée toucher ma d’elle, vu qu’elle a été bien bonne chére maitresse la petite 11‘)egret «Merci ma bonne £32031;- , E paye a la direction. I’ y suis allée en et complaisante. J’avais donc les somme convenue pour mon a répondu Maclame Ne vous déslrie’ m a E compagnie de Virginie Patatetet en- yeux humides en 1”embrassant; logement et ma nourriture. «pour mes petites miséres finaiigizéfeis 3', Slclllite 11095 30115 sgnmes fart nos 131315.93 11,8} pas dung P336 que Je me suis dépéchée de la « Comme dit 1e proverbe :Plaz'e d’argeni a eux : e e m e avais aussr une an e 101e,... - . , Ef,’ Chantiers — Porclge/on- J gr ‘ ' lu1 porter,... a n “t pas mortalle. » E tame pour passer ins- } pectrice sur ane autre ligne. U _. -; Elle n’a pas été , ~ longue a m’en— "’ap .-. V' . . - voye‘r promener; auprés d’elle je vous aiparléd gEa :th E - _ Je ne connaissals pas ce proVerbe; mon proverbe n’a eu aucun succes. Je l’aj chan— militaires, des ménageresfl t pas de l’heuremcles ar- ' . Je l’}a1)trouvé si joli que je me suis misc 2?} tcnné en flanant dans le parc toute la journée du bres. Ca demande une petite explication. F le repeter pour monplaisir, comme un vral dimanche, 01‘1 i’avais congé. Je ne me doutais pas A quelques metres de notre terminus commence perroguet. Je l’a1 dit d’abord a Maria qui, du mauvais tour que cos cinq mots me joueraient le bois des Gonards. De tout temps les pauvres gens ne retrouvant pas dans ses comptes le lendemain, dans mon tramway, a l’heure des sont allés y ramasser du bois mort. E i _ - e, bougonnait qu’elle allait y étre arbres. ' - A :« E ' ; E5}, ' f‘dix“sous de sa poche. » Eb,» " ‘ I A c a E . E Iron a eu l’heure des arbres. La voiture, .. W ._:, Au début, les gens, pour passer l'octroi, dis- c’est comme une, forét qui roulef'M‘es ‘vcyai a rendus plus simulaient leur buche ou leur fagot. Et puis, il-s geurs disparaissent derriére leurs branchages, s'e sont mis a couper des se sont enhardis; ils n’ont plus ricn cache; ils ce qui m’oblige a leur dire des phrases comme , s des arbrisseaux; et pen a n’enlevaient plus méme les feuilles; oeux qui celle-ci : « Allons, le bouleau, serrez—vous peu dos gens plus aisés ont fait comme eux; habitaient loin ont pris le tramway, et ainsi, « contre le chéne pour faire de la place 51 cc L . c’a été une vraie foule qui bficherormait. vers le coucher du soleil,... , a noisetier qui vient de monter. n { F .\ \ , “1”,. x ‘9' LC. 3' ,‘ wards, ,~ w? ‘5}; i - -:u r‘ " ,1 E --E. ...*- < ‘U‘ ’3 . 1:55 :, N» : ""‘v’FWIISEZ. g“ PLAIE D’ARGENT 25 wv’.«w—3_..y A w. .x. _, , . connais sa figure, et elle 11 ’est Figurez- ~vous un vieux' che- mineau, tout ridé, tout terreux, avec des yeux pleins de malice. Il coupe dans le bois pour re- vendre, et probable qu ’11 four- m't des fleuristes, car i1 ne prend jamais que du houx. Aussitot dans le tramway, 11 se réfugie derriere ses piquants comme un boche dans ses fils barbelés. Il essaye de se faire oublier' pour ne pas payer sa place; 51 on la lui réclame, il tend a tra- vers les piquants un billet de cent sous, prétendant qu’il n’a pas de monnaie et espérant qu’on n’en aura pas a lui ren- dre : il sait bien, 1e brigand, que nous en sommes toujours a court. Ou bien: « lJites- m-oi, le sapin, « c’est- -y avec ou sans correspon- « dance que vous voulez? » Ou gloore . « Tassez- -vous dans le fond « 1e houx; vous m ’égratignez chaque « fois que je passe.» Ce houx, qui m’ a fait tous mes ennuis, je Le lundi qui a suivi Ie départ de Virginie, enhardi de me voir seule pour la recette, il a dit. ° « Pas de monnaie n sans méme tendre son billet. De Ila monnaie, je 11’ en avais pas non plus; alors, j’ai dit: << C’est bon; vous me « paierez demain, plaz'e d’argent n ’35: « pas mortalle. » ~ _ _ pas belle. Le lendemain, ca a recommencé pareil. Le mercredi, 9a s’est aggravé. I] y avait foule. a monter dans le tram, . rien que des gens dans 5' -- ‘ 1e genre de mon chemineau, probablement des ca- marades prévenus par lui; je les ai vus, au moment on, pour passer le marchepied, ils étaient obligés d’écarter Ieurs branches. Aussitot dans la voiture, ils s’en sont masqués de nouveau; sans meme atten- dre que je réclame les places, ils ont crié tous ensemble : « Pas de monnaie... Plaie « d’argent n’est pas mortelle. » Je ne suis pas regardante a l’argent sur le mo~ , _ h ment, j’ai r1; je leur ai donné Ieurs l ' ' tickets tout de meme. fhistoire a Y' ar1a;e e m a dit que de j’allais droit a la ruine, et elle m’ a calculé que 51 ca continuait un jour de plus, je ne pourrais pas, le samedi suivant, payer ma pension a Madame. Cette idée de manquer a mes engage- f“I ments avec ma maitresse... I“ .1 .1 j. '51.; :1 ‘ ...,._. . z.“ 7.. ‘.,. - H- was: 1—1 ._ (1.. ca- m’a mise dans‘ une f111‘eu1‘ dent vous n’ avez pas Au551 quarrel; 1e jeudi, ‘_ “111/‘9' des arbres, la co- médie de « Pas de monnaie 1) et de « Plaie d’argent » a re- commencé, j’ai ouvert la porte de la plate-forme avant; j’ai dit au p‘ere Lem— boité d’arréter sa voiture et de venir avec moi. _. ..‘. toutes les feuilles ont‘ tremble, et ceux qui les por- taient se sont tellement pres- sés de filer que certains d’eux ont laissé la leur char- gement. Pour qu’il ne soit pas perdu, nous nous le som- mes partagé avec Lemboité. J’ai eu 1e plaisir d’offrir ma part a Madame, ce qui a compensé mes ennuis et les sous que j’ai perdus. Le proverbe a raison :Plaie d’ar- gent n’est pas mortalle, mais il faut ch-oisir soigneusement les gens a qui ont le dit. Et puis j’ai crié - <1 Ceux qJ11 n’ont pas de' 1' monnaie, ils vont ‘descendre 9t tout due" suite. « Sans compter que je. vois dans la rue un gen- « darme‘ a qui je pourrais dire un mot de l’affaire. » Et sans doute que j’étai’s bien terrible, car c’a été . comme s’il passait un coup de vent sur lajorét. Tous les arbres ont remué... .Hanaao’fiA—Ram ‘1 .1 1 <1 “Jr-‘11. '1 211.715.1111: 1;. i ii; : ’3 '. .,; Jilxfithazifii c -- .,_ '33!"- 'r . _‘ . . - r, i 1 , , g“ A (-W’fi my a w. . 5» .-’ : _, ‘;,}{x_‘:;-t‘§,-~ ‘3‘}. «4m;- ut: Wigwam-nu ,. ;,., V. . . . . ,, , . ' H ‘ H ' ' ‘ I I ‘ " ‘ I . - ; , . l RECEVEUSE ET CONDUCTEUR ' ‘WD‘I'V'FW' M?! ' W“, ” 9' {"1'1‘V-It'lilakgl'Ijifi “5% ‘7 if" 1 CH.- r.” “v.3?- r: Une chose me tracassait depuis que je suis a Chantiers-Porche/ontame, c’était de ne pas savoir pourquoi tout le monde appelait mon conducteur Lemboité. Souvent, j’avais voulu le lui demander; chaque fois je restais ‘ devant lui, bouche bée. ‘ ' que s’il les abandonnait pour dix ans; puis i1 se tourne vers moi et i1 me dit: « A la soupe, 1a receveuse; v’la 1e «moment de se remettre de l’électro dans « 1e moteur. » C’est sa facon d’annoncer l’heure du w dé' ner. Nous al- ' pet1t restaurant- » et me plaisantaient. « Eh bien, quoi? qu’il faisait; « qu’est-ce que vous me voulez? —- « J’vous... j’vous veux rien, m’sieur « Lemboité. —-' Alors, pourquoi que «vous me regardez avec des yeux a comme 1e disque de notre tram ? 2) 11 me tournait le dos... bourru. pres de la gare, nous nous attablons et nous restons téte-a-téte pendant quarante bonnes minutes. On pourrait faire de la conversation, sortir ses idées sur les gens et les choses, si 1e pére Lemboité était de nature causante; i1 ne l’est pas; il dit : 7 AW . gm m V 1’4"? ‘ ‘5 u. ‘ elle a ajouté que c’était honteux de déjeuner en haussant les épau- les; les voyageurs riaient plus fort que moi; il est bien brave homme, bien facile a Vivre, et pourtant i1 m’intimide : probable- ment a cause de sa grosse moustache et de son ton Elle n’a pas la langue dans sa poche, notre aubergiste; si elle est de bonne humeur, ca va bien : elle apporte une seconde portion; si elle est mal lunée, 1e pere Lemboité en entend de dures. L’autre jour, elle était comme un crin; alors elle l’a traité de goinfre;... tous les jours avec une jeune fille sans lui dire un seul mot, que ca n’était pas de la galanterie fran- ca1se.]’ai cru qu’il allait se facher, et comme je n’aime pas les disputes, je me levais déja pour m’en allfr. Mais pas du tout, il a] trés bien pris l’obser- va 1011. 4 ' was?“ _ C’est , a :1 ”it” 1:4 g '13-» .a" v t) Ca n’est pas pourtant les occasions de causer qui nous manquent. Tous les jours, a midi tapant, 1e pere Lemboité passe 1e service a son rem- placant; il lui recommande ses manet- aflh tes, son fil, sa perche ' X) avecautantd’émotion... « Bavarderj iéc’est « perdre son te' ps: « faut faire ce q 33011 fair; ' « quand je cond is mon tram, je suis a mon « tram; quand je mange, je suis a mon man- « ger; je suis a table pour macher, je mache. » Et i1 ne s’arréte de macher que pour attrap- per la pa- A tronne sur les portions qu’il trou- ve toujours trop pe- tites. Li" 1 w... 11 m’a' dit en me faisant rasseoir : « C’est cc vral, ma pauvre fille, vous ne devez guére vous iamuser avec moi. Faut pas m’en vou101r ; je ne connais que mon tram et mon électro; je ne sais pas causer. Un — « Vieux comme moi, de quoi ca peut-il cau- « ser ? — Eh bien, parlez-moi de vous... ‘ i. ’1 , “55‘... ;-. x”; ‘ga .‘ 4'5“?” :3"; "E’<‘“"""""”‘.-““V"R"“r""" '1-“‘» V, 1 , , ce qui m’a rendu toute confuse et que j’ai trouvé de la vraie galantene « Je 1e suis dans mon rail, faut suivre mon « que j’ai riposté, enhardie de le voir si gentil. ‘ ’ . \ , ’ , rail; je suis emb01te, v01la. Ca a ete comme (,a « Vous m’avez promis de m’expliquer votre surnom, fl - \ ' . . . I I 'l *- “ 9t V0115 ne l’avez pas falt' 06“ la-dessus qu’il faut francaise. Nous sommes sortis sur la « presque toute ma Vle. Je n’ai ete un peu e mat “ causer. “Si ca vous fait pla1s1r... ” H a regle son ad- place; alors, tout en faisant les cent « tre de mes mouvements qu a -mes debuts, dans dition, meme qu’il a term 9‘ m’offnr mon deJeuner... pas, il a repris :« Vous voulez savoir « les omnibus, tout Jeune. Je x pourquoi on m’appelle Lemboité; « conduisais 1e cheval de renfort « c’est simple; c’est parce que je le « de la rue des Martyrs :le co- « suis,...le-Irrb9{té... « tier, ca s’appelait. m: r « Vous'n’avez pas connu ca, vous étes trdp jeune. Apres, J’ai passe co- « on criait des douceurs a ceux qui tiraient bien et des (( R « cher sur le tram Paris-Versailles. «injures aux fainéants. Mais _« A mes premieres pannes, « Regar- , fiez ces L « Commencement de l’emboitage et « maintenant, avec la mécano, y « 1e m’agitais, je me tracassais, « gens autour, dehnous _: lls mare . « diminution de la liberté. Y en avait « a pas a se facher ni a crier :ca « Je .remuais 1a perche, J’exami— « chent, ils s arretent, ils vont a « encore un peu pourtant : on faisait « marche ou ca ne marche pas;y « nais le moteur dans tous ’les « droite, 115 vont a gauche, a leur 3%; « claquer son fouet, on soignait ses « a del’électro dans le fil ou yen « sens; mamtenant, Je ne, m en « plaisu, comme ca leur chante. i‘ « chevaux;.. « a pas. Qu’est-ce que vous vou- « fais plus : J attends les evene- « M01, J a1 pas de volonte n1 de vais tout « ments. Notre métier, ca apprend « lez que j’y fasse? J’y « fantaisie : je T; « peux rien. « la patience et la philosophie... « droit, je vais .dans . g»mon_ra11; J’y suis 5.; ’ (it si 'bien. habitué \ ,' - , \ : . ‘ 1;“. Qeroa i:‘.\ (i I’, 4 ' V Ce que j’ai pensé, je ne l’awouerai qu’a « je ne fais méme plus attention a Pen- c droit ou je mene mon tram. Les arréts, les « départs, les aiguillages, ca regarde la rece; a: veuse. Mon métier, a moi, c’est Li’étre em- .; boité. Tant que je reste emboité, on n’a rien a ame dire. Qu’est-ce que vous pensez de ea, c jeune Bécassine? » vous :je me suis dit que le pere Lemboité, c’est quelque chose comme un instrument de manoeuvre, tandis que moi, 1a rece- veuse, je commande, je peux faire aller 1e tram 01‘1 ca me plait. Alors, j’ai senti une bouffée d’orgueil et je me suis re- dressée de toute ma hauteur. Il ne m’intimidait-plus du tout, ce brave pere Lemboité; meme je luiai dit sur un ton un peu sec, de se presser, au moment 01‘1 i1 devait reprendre le service a son remplacant... Ce que c’est que l’orgueil tout de meme! J’ai lu quelque part qu’il est toujours puni; pourvu que le mien ne soit pas puni trop fort! O 28’ L’EMOTION DE BECASSINE :nxwr» “A 1. :‘Miu m ? E . E. ‘ .Pl‘ x -r‘ “T saw ’4 3 Je m’en revenais quand, « ——De chez nous .. 'e l’ai 'tt’ -. - sur la route, je me suis en- « donc. Votre dame galopé] Je ré $11.1 .e, Jal ‘4 tendu appeler. « Eh! bonjour, « y déjeunait au— a dame u’ 119 315 - « Ma- L ' « mam’zelle Bécassine! » J’ai « jourd’hui. Comme « t ram! q Mesd ans II’IOn Le len. demain de ma , reconnu 1e cocher d’une amie a elle n’avait pas de « dansm. a am? quest conversation avec Lemboité, vers de Madame qui habite Jouy- « train commode a me fH-lOI-l tram..,, » et cinq heures du soir, j’avais profité en-Josas. « 4Bien 1e bonjour, « pour s’en retour- Emmi a'lsaltpun effet, une de l’arrét a Porchefontaine pour « M’sieur Victor, que j’ai fait. « ner, je l’ai ramenée " ce “33:11.”; t ensez done, 3pousser une pointe jusqu’au bOiS « D’Otl que V0115 arrivez « jusqu’a l’octroi. Elle vient de monter dans mon cl; C es ’ autant dlm' des Gonards. Il faisait chaud a « comme 9a avec votre ca- « votre tram. — C’est-y Dieu possible! »Sans avait be?) “291' ’Madam.e cuire un homard sans feu, ce qui « leche? » ' 23.3%,. prendre le temps de dire au "" en visite on e d v venrr me donnait envie de voir des ar- bres et de la verdure. l t ,. q , '_ . itsef’je n’é- tais meme pas la pour l’ac« ' cueillir et l’ins- taller! Je suis montée en coup de vent.’ « Bonjour, ma bonne Bécassine! » qu’a dit Madame. Elle avait son air aimable de toujours, et, toute marquise qu’elle est, elle était assise dans ce tram bien simple— ment, comme une personne ordi- - naire. . . ‘ _. moi, Vaura1§“"“€fi honte de la lais- ser dans un pareil fu- mier. Quand 9a a été un peu rapproprié, comme i1 res- tait quelques instants avant 1e départ, J’ai appelé Lemboité, il est venu... revoir. . . W3- . 1 .. . ‘Vflmh “1-“ I J’ai dit : « Madame 1a marquise me fait « bien de l’honneur... Je suis confuse... » Et tOUt en parlant, j’ai été frappée d8 13 531€té et j’ai commencé d’astiquer a tour de bras. Ca de notre voiture : les bouts de cigarettes par a fait une poussiére’ un vrai nuage. Madame 5,th terre, les vitres brouillées, les morceaux de levée: elle toussait; elle disait : « C’est inutile... ne journaux qui trainaient. J’ai sauté sur ma brosse et mon torchon... ( w»: « vous donnez donc pas tant de-peine, ma bonne « Bécassine. » Moi, je continuais d’y aller de toute la vigueur de mes bras. I! l n “:3“? K “x \ “‘.2‘ H‘ ‘ a 2.3;!!! 1': 1m, ; .j p -. Pt . 1’ . , , q . _ 1| tortillait sa casquette tout en sa- - ]e 3.1 presente comme )31 vu que fait Madame luant; mais il a été trés bien; il a dit: 7! dans ses réceptions: « Le pére Lemboité, notre ccn- « Mame la marquise le conducteur l’élec- « ducteur... Ma bonne maitresse, Madame la mar- « tro et la mécano ,on est aux ordres de « qu1se de Grand-Alr. » Il n’a pas l’habitude de cau- « mame la marquise. » Elle lui a répondu‘ ser_ avec des marquises, ce brave pére Lemboité; 1'1 qu’elle était enchantée de voyager dans sa etait 1nt1m1dé.,. voiture... h -'-’-uu»~_'..—‘.—~m‘ ,.A f; . 1‘ (Jug-".f r . .1 ,. 9'? COMME CHEZ MADAME . ~. 12:; -' ‘ "" ‘ I] h . . mais d’autres neigroulaientpias. C: 01:13: et elle a ajouté autres c oses , . , , 11 t monté uelques quelques disputes, surtou avec un e me . . A , ’t r et a ma fa1t plals1r. . es _q‘ , , . tenu bon: e ne ou- quet “3&1?tsauriillsefisierrlniguinlzpfi it; voyageurs? Au lieu de les laisser s’asse01r a leur de- 1 heure efifsefigzarei’egtie pas que Mlme la glar— 1E:m'tctoiril’l egg; et en rewagnant sa fantaisie, comme d’habitude, 3e leur. montrals pleur V31? P1131613 soit assise to,ut contre ces cro- eigle-forme i1 Ifl’a g,lissé darbls l’oreille : place, je leundisais :.« M’ettea—vous 1c1, mettez-vaus qmse quants -161 C’était bxen 1e (13 Votre pa’tronne, c’est pur métal, « la. » 11 y en avait qu1 obelssa1ent... moins... « sans alliage. » “ .L’x”\ F Ca n’est pas tout a et, chaque fois que et je m’amusais Puis, en me tendant son fait exact de dire que je je passais pres d’elle, dlavance de la surprise porte-monnaie, elle a ajouté : qu’elle ait un petit coin ne m’occupais pas de elle me disait : « Prenez que Madame allait avoir. « Tenez, payez-vous. » -Mais pour elle toute seule. L’heure Madame. Tout en tou- « ma place, Bécassine..._ Quand j’ai eu fini ma j’ai refusé et j’ai dit : « C’est de partir est venue, on a dé- chant mes sous et en « Combien est-ce? » Je recette, elle m’a appelée, « payé. — Comment, c’est marré, et pendant quelques distribuant mes tickets, faisais celle qui n’entend et elle m’a dit: « Vous « payé? Je ne vous ai pas I instants je n’ai pas pu m’oc- je 1a guignais de l’oeil et pas, mais j’entendais « m’avez oubliée, Bécas- « donné d’argent. —— C’est cuper de Madame, vu que les je riais sous cape, parce trés bien... « sine.» « payé tout de méme, Ma- affaires sont les affaires, et que qu’elle avait sorti son j’avais mes places a recevoir. porte-monnaie... l Mon croquant de l’heure des arbres a com- « chose? » Puis, revenant a Madame, j’ai ex- mencé de grogner: « Alors, y a des voyageurs qui ne pliqué : « .Quand Madame recon chez elle, « payent pas, et c’est les plus riches! C’est-y de l’éga- « elle ne.fa1t pas payer, n est-ce pas? Et pour « lité, ca? » Ah! je ne l’ai pas laissé causer longtemps. « une f015 que Madame me fan: lhonneur de celui-la. Je lui ai crié : « Et si ca me plait de payer « venir chez m01, 3e prendrais ses sous! Ca c de mes sous, c est-y mon droit ?... « serait du joli... «dame. » Les voyageurs s’étaient rapprochés. « j’aimerai mieux me couper les « mains. —- Comme vous voudrez, ma « bonne Bécassine, a dit Madame; je « vous remercie. » Et elle a remis le porte-monnaie dans son sac. J’étais contente; ca allait tres bien, Ce petit voyage; malheureusement, ca ne de- vait pas tarder a toumer au drame. (a 4‘: A qwafitaakwx. 4.24; £2: .. '— yrs‘k‘m‘ akin . ; ‘5 it .y. 1": ;’r f.» ‘ ,1 / w .- wry.» . pig, r’Eij'YI'v UV 1 £2972. (‘ a LI "It“ , wag-.7 1 f‘,‘ '2’? 4 I" la] \ .9 no 30 L’ORA GE I 4 i 1 ; r'1 4N W 5' '!.t§.../;%/// g) ’ ’ ' .. I V 3"“ “7‘, (I | .-. F ‘ - .‘ Moi, j’ai couru a Madame. « En v’la un orage, Et, en‘ , . d' 2‘; .. . .Nous étions amoifl 1‘ tié a pen pres du trajet, « que je lui ai dit. Madame a-t-eile au moms effet,1ematm, Madame? avait lit quand, brusguementl :-.-=~s’est noirci, il y a en un coup «son parapluie et son manteau impermcmllfz: qu elle deJeunalt on V1 e, qu e e dgfj..'tonnerre,ivjfde, gross; gouttes de pluie, et tout de suite « bleP— Mais non, ma bonne Becassme, 3e 11 a1 hesitait. sur sa toflette, que r301 aprés,urie'averse”a vou‘S'TraVerser en une ., 3., « pris ni parapluie m manteau; vous qui eta,1s de la, campagne, 3e ei seconde. Tout‘le mondaS’est précipité .3 « m’aviez assuré ce matm qu 11 vals'm y conuaitre au temps on 1 “p011: fermer les fenétreéfi’a ‘ « ferait beau. » ferait, et que 3e le . lui dise. j b V \ /r“-'~. 3 1 r km ~. “ 3;; .j é 3‘ M x 7 . - . ““43 Tout de suite, j’avais couru . , .. 7 . . , -. ,fi . % anotre basse-cour; j’avais pris ‘ i N " " , . “ fl. _ nsqualt detre gatee Q15 1 le coq, je l’avais bien regardé Alors Madame avait com- - . _ rm, au toupet et sous l’aile gauche; j’avais vu que les plumes ne frisaient pas, ce qu’on m’a ap- pris étre un signe sfir et cer- tain, et j’étais remontée dire a Madame : « Y a pas d’erreur, « c’est du beau temps. » ‘h ," doublait ; crié : « Tout 1e " monde descend. »T0‘utde\ ajouté : it" Pas Madameygfau suite, j’ai « qu’elle reste a l’abri... mais au lieu decosser, 1e (1’ mandé 2‘). Maria de préparer la robe et le chapeau neufs :la robe, elle est en mousseline de soie sur transparent, et le chapeau, ac’est .“ c’est une marquise, a moins que ca «'soit une. princesse. » Seulement, c’est :1: fragile; une‘goutte d’eau dessus, et tout Jest: perduxJ’avai’s la mort dans le coeur une grande capeline couvertef‘hde;if ChantiuY- On .116. peu-C 'pasjlvoirfi‘" plus joli. Qruand Madame pest aha ,Pillée‘comme'? .93, .el’e. res~ degmusée.. ’ -, f‘ é re- ’ “t. -r-. ’« .. Lemboité et. moi, on~"'rtfi§Selait €;.;.;fig_¢res, par le temps de..-~ma1hef' oomme les statues dyes bassins un Ejo'u'r de grandes eaux. A l’arrét aux Chantiers; jiai Semfble a un tableau. I vdris, misfien vtro‘uve jama'is "quand‘il'onqyenga' ”be?“ soin. 'J’en ai vu unen .. « Pour Clagny; bon pour}; "ife. - Il auait--" ”relayer,"=" nat’ur’e‘llemen, Les plus croc‘juants‘ des croquants, rien qu’a 1a regarder pas- ser, sont obligés de dire : « Cette dame-la, ,gr-que, cette} belle toilette... X' _ _ 3 ., - i ,, fiacre. {p‘D‘e‘s ’ Quoi'fjaireg? Le tram de correspondance n’ar- oh nous. ‘v1~- . 4 )5: Il t. J eimaxcne : rivait’pasyet‘puis i1 ne va‘pas du‘fcotéwde Cla- guy-.11 faudrait changer encore, et le temps? de ‘ .ceschangemegts, -c’était assez pour que Madame .,’so§g§transfomée~ en fontaine. Je suis remontée. “ ame était en train d’arranger son mou- bout de‘ lag-ville, a ‘Grandchamlg‘; Wmtéger son..°h-a~¥i§‘u° saccagée, sans compter- les rhumes, entériques et autres choléras qu’une dame d’age est ,_ sujette a prendre d’une pluie ‘ pareille. Tout ca par la faute de ce maudit coq qui n’avait pas frisé ses plumesl... J’étais sur la plate—forme avant, guet- tant une éclaircie;... .. [..A -Aflm—n- ‘ ,, ARM” m. 4< .- . v, , . ‘\":'wa~/‘ ‘ '7 ‘ \i 1. $91-$41, :4 .. (”‘5‘ #1....“ ",7. .~_ 7,. 5 .. “7-55,; _‘, I- .m - ' ,‘.2v Mir“: ‘8 rt-ifi'v- ‘15:? LE' TRAMWAY VA GABOND 3I - 4.4.3 ‘ 151‘ " r2. et changer de plate- .V'forme comme nous faisons ,. 5 . ,1-5; a chaque voyage. Je lui ai malgré lawplui qui, le dit:« Laissez tout en place, fouettait au visage. I~l’i‘avait son «on repart en avant. » Et air de souvent, l’a1r de ne rien comme je voyais qu’il hé- , , voir, de me rien sentir et de sitait, j’ai ajouté : « Ordre .. Elle m?a dit': «'Je nelpeux pas dormir tout éveillé. Je lui ai « de la direction. En avant; cg vous retenj’i‘r" 'tOUte 1a ,soirée; je vais _ demandé :« Pere Lemboité, y « de la Vitesse et pas d’ar- 5‘“ ‘«_déscendre;.;‘{ A2312; grace def'vDieup!__— Non, : ,«f‘a-‘t-y de l’électro dans la ‘pmé: « réts. —— C’est bon, qu’il a 5' « non; que" ”'jvfa crié, que Madame ne ' (t C'ano-?-—— Y a c’ qu’y faut; -- :ijgvfaitggne vous fachez pas; « bouge pas; -J-7'ai’ une idée! » Alors j’ai « Bon,’ 'alors, on ‘r'epart. fill 2' idenffi'iayant, en arriere, passé sur la plate-forme avant. Le peref allait’ramasserpson. ‘ '7~“l¢;;j’in?ej_n._moque. J’suis Lemboité y était restél’... “ " vagouver'naillg.’ \ a?» "éT'emDOité; j’ vais ou -_ ~ . , ' , _‘,V_a“1<55,mon rail. » Et -..' ilv a‘démarré. l ,/,s I. ~ __ 1 _ .. viaxglfli‘fli ‘5‘.< . a . -. .,,.i.d¢s.-.g.-sottise5 Elié‘rfi’a déma .. hitcéauonmestoppa'it p’as.J’a1!ais” de"-*M'a‘dame, « fie?--- U“ Chan-tie Qu’ést-ce que gafsignie . rér-._Porehefontairie7 ~-par qui n’y comprenait rien, a Lemboité a qui je ré- « ici?... » Pendant 'qufselle .paizlait, je’ manoeu- pétais : « Plus Vite. » Malgré ma hate, il a fallu vrais l’aiguille, 3e re‘montals, “nous repartions, cependant s’arréter aux croisements, rue des Tri- et elle faisait encore ses‘ guestrons que nous bunaux, puis .. rue Duplessis. La, Virgi- étions déja loin. Une f01s ces .5-passages-la nie Patateest ' pluie. ...d’un air tout confus. Ah! i1 n . '_ _,:. ' are-55%;; ‘. . ,‘s,._cet.'e'Chére Madame. était bien passé, . Elle m’a dit .‘« 'C’ést fou, ma pauvre mon orgueil, et il était’ T_ '“ bien puni, com- « fille, ce que vous avez fait. Un tramway qui sort me j’en avais eu 1e... ‘ pressentiment. « de son parcours, quel scandalel... .Vous allez yous «Courons a, la direction a ’ _ hglame, je vais (m faire renvoyer , vous allez faire perdre sa place a tacher d’arranger leer? choses. 3: Si Madame « 5. cc brave M. Lemboité. » Je n’avais pas pensé « veut. » Mais au moment que nous partions, le a ca; 93. m’a tait peine; j’ai baissé 1e nez... pére Lemboité a crié ': « Et moi... arrivée sous son para- franchis, 9a devenait facile. . _ « lette n’auront de mal. » Elle etait tout en . ’ ém01... ' ~« mander. -— Alors, plus personne .2 .53 "1 d? i 5; ., 111' 7: (513555519 l dé‘e: , . a merit un reste d 5 I. mOfivemfififi'idféi’gfie‘il que je vous arm raconté, quand‘) je m’étais vue mai- ’ ' tresse de tout commander ' ’ dans ma voiture...,,Qne_r,ou- lait; des gens trempé§ ' la pluie ‘ ’ ' .5 nous ‘5 fai- saient .11 signe... 5; .52: « pour me dire de partir 'ou d’arréter. « C’est la fin de tout!» Il levait les bras 'd’un air désolé. Et puis, i1 s’est calmé, i] a conclu :« Ma fOi, j’ reste « ou que j’suis em oité; je ne bouge a plus. » Et il a bourré sa pipe.~ q J. a; 1... f . 1* r- 17." WVYE m- “M? W‘WP 5:3“: '37.“ Tflgfl‘fiefflwfiyfiww w? ' ' .. 1 awnwlyvf; 1". :51: "we“ asrv.=gmv.-'_x;.;;a- ...": - , . I . UNE GRA VE AFFA IRE 11,1“ 119- "i 3 \ I 1 Hill- "1 Muimnl NPJJHJQ l Je connaissais bien l’admi- nistration des tramways; j ’avais eu souvent a y aller pour porter ma recette ou pour des affaires de service. C’é tait, d’ordinaire, un endroit bien tran- quille 01‘1 les employés faisaient leur besogne paisiblement et sans bruit. Mais a ce moment, Pierrot, 1e groom qui annonce les visites, a passé. Ce bout d’homme avait,1ui aussi, un air d’affole- ment; 1] ne voulait pas s’arréter; je l’ai pris par le bras et, malgré sa resistance, jel’ai amené a Madame. lfi/sfi‘r i1e Iui a di « Excusez- -moi de vous mal « recevoir, ma chere marquise; je suis tres I troubIé... une aventure extraordinaire... '1 « 11 ’est pas ~ 3 A] . Ca n’était plus ea du tout quand nous y ommes arrivées, Madame et moi. Toutes les figures étaient consternées; tout 1r, monde était en émoi, méme 1e gros caissier, un homme si calme! Il avait quitté son fauteuil a rond de cuir, et, debout, les bras au ciel... ”up. Elle lui a dit de demander au- dience a M. Ledoux pour Mme la marquise de Grand- Air. Le nom et le titre lui ont fait de l’impression. « J’y vais, qu’il a dit, mais je ne sais pas si je « pourrai vous obtenir 9a: «M. Ledoux est si occupé... « comme nous tous, du reste. » (( « exagéré -3 ...» 3 de la qua--" ' deviner ce qu’ on lui . que : .» . tramway . disait, par ses propres paroles, f paru... V01é que je vais répéter: « Allo!.. ~ - ut-étre. « Oui, c’est moi... Alors, ce lle audace a tramwayp . Vous dites, un Chantiers- Porchefontaine... Le conducteurP... 1a rece- .. ant ces malfaiteurs!... « (I « v.euse ?... Lemboité, Bécas- (K K (( «Ah! 1e téléphone... Je vais « sans doute avoir des rensei- « gnements... Vous permet- « tel? 11 a pris 1’appareil. C’é tait facile de... sine... Bien' On l’a vu rue Duplessis. ? Un Chantiers- Por- chefontaine rue Duplessis' i1 répétait : « « Madame, « inimaginable. \ « néma, on crierait a « l’invraisemblance. Je « vais vous raconter... » dée par la pensée rais bien ri de l’air d’importance de Pierrot. C’est en se redressant dans sa livrée trop grande qu’il a annoncé, quelques minutes aprés, que, « par fa- veur spéciale », M. LedOux recevrait M me la marquise. ...v « C’est fantastiqueLJ. « Qui 1’ a vu? . Envoyez Vir- « ginie Patate. .. Ce Lemboi- a té, cette Bécassine, pen- «sez- vous qu’ils aient agi «pour 1e compte des Bo- « ches?... Hein? Quoi?... «A Clagny? Vous en étes « certain ?... Ah! _ je respi- «re. » Alors il a reposé l’appareil, et, avec l’air... . C’est incroyable! « Quelle aventure! En quel temps vi- : vons-nous! » Puis, se tournant vers Madame, i1 l’a saluée, et i1 lui a dit: ce qui nous arrive ,est On 1e verrait aui-ci- ‘1» WWRW W ”Ia-w "MW.- . :rrwwrsur-rr" .g: , , , m: ,- - , — 4w» 7- , ~ , , , -~-‘ - "'*A~"'-v§%1',' ’ ‘ " 1‘- ~ £75“ "“93" 1 "M?“ ”"755?“ ”‘1“«27‘11—1 ""’ * ' '-=*‘ f“'£-‘.{'~‘.~.;:*“‘ git. €1.17.- 1 11.,l_',l;“)w * W at“? ;g1w‘f‘:I-'w;\SYKE’?"7":-m;'i§ 1, YEW-Mm"; fifty“? ;3,~:.3 i3?“ 3, .gxw'vrvxig-V;.,ig a l _. > ' - I ' ‘ f . L ‘ .‘ - CE BON M. LEDOUX ‘gwy‘ 1 r 5 1‘5 1 ” était probablement l’a- vis aussl de M. Ledoux :il me regardai’r d’un air indulgent. II a dit: ro etsi ”crgnmels 1e tramway est retrouvé 5/ ' , i at an monde nea nous aurait défendus, « Brave fille... Nature des serviteurs _ « «i Ijl’ n a jamais été perdu a riposté Ma- le pere Lemboité et moi, comme Madame a fait. Meme « d’autrefois... Coeur d’or! » Et ca m’a :1 « «'dame personne n a tenté de le voler. Je qu’entrée dans ce bureau toute confuse, peu a peu, je tellement ,touchée que j’en ai sangloté ' { dans mon mouchoir. relevais le nez. in ne trouvais plus... _ d. tau-.154. V _ vais, mon cher ami, vous raconter ce qui s’est passé... » (l (( Vous ne faites plus WW « partie de notre administra- « Lflon... Rendez- -moi votre ca- aldt, ma paavre enfant » n calot c ’est rien du tout r" 1 VI. 1 a parce que c’ét itwune eméf « ployée tres utile. Tou Versailles .0. mon 11n1bout d’é toffe, une coifiure, a; tram , mes «la connaissait; on prenait son pas bien belle; pourtant,am18 d6 tra- « tramway par curiosité, pour la a$1ant de me séparer du mien, vaiI mes voyageurs, deS gens « voir; elle devenait une attraction, ]e n’ ai oas pu me retenir de et des ChOSCS que jaimais « un out de promenade, et ’nos 11 a ajouté “ 111 fautg. l’embrasser: il me représen- bien. M- LGdOUX m a dit 611- « recettes 5 en ressenta1ent.. . J au- .. ~ (1 boité ensera quitteavec une semonce... tait... core quelque§ mots gen- « rai bien de la peine a trouver i « Mais i1 y a eu manquement grave an 1115, et 11 a ajoute, en se « une autre receveuse- phéno- tournant vers Madame: ,.i’\ « Je ne regrette l ,n ‘ «pas seule- - « ment Bécas- « sine parce . « qu’elle a un .« coeur d’or, c reglement, scandale public; si loua- « bles u ’aient été vos 1:" q 1..“ 1.37. ".55 1« motifs, Bécassine, je 5‘ suis obl1ge Cle sévir... gig/:3 , _1 _ £1.17 "a r 1- . Elle racontait qu’elle voulait ... et nous de- .. . m;n_ fie“ avons - quitter aussiles tramways parce , viendrions tres ri- jg pns congé. Virginie attendait dans l’anti- que, moi n’y étant plus, elle ne pourrait plus ches. Peu a peu, elle me décidait; j’allais dire chambre. M. Ledoux n’ayant plus besoin parler d’agriculture avec personne; alors i1 oui ;mais comme nous entrions chez Mada-me, de l’1nterroger, elle est partie avec nous. fallait réunir nos économies, nous associer, Maria m’a remis une lettre qui venait d’arriver: Je ne disais .pas grand’chose, encore émue prendre ensemble une petite ferme, planter pour moi. Je l’ai ouverte, et, apres l’avoir lue, de tous ces 1nc1dents;' Virginie, elle, n’ar- des pommes de terre, des Vitelottes surtout; j’ai crié:« C’est de M. D. Bile .. Bonne nou- reta1t pas de causer. et nous serions tres heureuses... « velle' Parait que je suis mobilisée. » La journée mouvementee que je i; («j . . =’yous ai racontée avalt fat1gué~Ma~ « 'Iu-i’i' Eli-dame. Apres 1e diner; je suis allée lui montrer la lettre 011 M. D. Bile m’annongait- ma mobilisation. Ma bonne maitresse somnolait dans sa :dlt R bergére, et j’ai eu regret de l’avoir réveillée. écrit M. D. Bile est crois avoir trouvé 1e suite. — M01. Et mauvaise 1111it. Des que je m’assoupissais, je voyais l’R., l’A., l’L., etc., danser autour de moi, courir sur mon lit, et ea me réveillait en sursaut; ce 11 ’est que vers le matin que j’ai pu faire un bon somme. passé une 12“, ee q un vrai casse- -téte. Je « sens des cinq premie- « quoi que Madame a « trouvé pour les cinq premieres? —- MADAME. « a G « res lettres, mais je ne puis déchiffrer la « t. K C Voici : R. A. L. E. P. me semble vouloir... (1 « de me rendre serai employée. Il ajoute... ._ T- ' i H ’ 3"5c-er'1tre parentheses : - - b r'lla’t ...-dame mexcusera-de 11a deranger que jQ (; R. A L E p E U p P S T. flagrffirées 11(111u,euer0;1111ra:t apres quoi elle m”a rendu 1e papier en me disant que I’env1e de )6 VOHdl'a’PS 1‘11 demander avis 5111‘ « Je devine bien qu'e 9a désigne sans doute l’esprit plus « ma lettre, o1‘1il y a des chases que je negolmprengi « mon administration, « pas. C’est la, a la fin, quand M. D. 1 e me « c’ést tout ce que je devine. __ . , ’ - lundi a l’administration 01‘1 je « Voyons cette lettre, Bécas- tin. Et on a ete se cou mais net 1e lendemain ma- cher. « sine. » Madame l’a prise, elle a In deux fois, tout haut, cette fin mystérieuse, elle l’a copiée sur son calep1n,... J’en ai été ti rée opar Maria Plus bougonneuse que jamais, elle m’ a fait honte d’étre encore au iit.1 Elle a ajouté que Madame était meux R. déja levée et me demandait. Vous pensez que je n’ai et des mots a coté, tout a fait comme font les petites filles quand el’les cherchent les devinettes de la pas été longuea ama toilette. thri iques, c’est des mala- des, n’-est -ce pas? —- MA- DAME. Oui c’est synonyme de rhumatisants. — M01,me précipitant vers la (aorta. Alors, c’est a un hopital... - . 1113 , t 1111“ 8011 grande feullre de papier avec mes . A. L. E... etc., écrits dessus, ecrétaire h? Semame dc Suzette. « encore en état. — . m ar- « re‘tcmt. Ne vous pressez pas tant; « je ne suis pas absolument certaine « de ma solution. Cherchez vous- « méme et consultez d’autres per- « sonnes. » res par écrit, et puis, a cote, tous les mots oommenqant naient a l’esprit; mais en réu- nissant les mots, 9a ne signi- fiait jamais rien. Voyant qu’il me fallait renoncer a deviner toute seule, je me suis deman- dé qui je pourrais consulter. par R. A... etc., qui me ve-‘ d’un coup j’ai pensé au bra- ve 'pére Lemboité, qu’a l’heure qu’il était j’étais S ,...,:... philosophique et de bon raisonne- ment. Comme j’espérais, il était au res- « tes. Mais la suite? Vous vient-i1 « une idée pour la suite? — Voyons « ca, qu’il a fait en ajustant ses lu- « nettes. On va tacher d’avoir d( ques ins—t. tants en crayonnan'ié, et il a repris : « Je cr01s que j’y suis. Voila ce que « je trouve : AUTANT DE TETES, AUTANT DAVIS 35 ‘ ~ 2-“ I" u .» ”ft/'1 M: c-e W ) d .. «19 ' «we , /, .3. .2” . ‘- ‘ 1‘ M ‘ Ii; ‘J )2 . , - ‘ ‘..fi,¢ 14:, "2+ V. j x .| ‘3 «_(_,3a signifie : Réservz'stes ar- :3» g" Et‘ tout « thrztzqaes, laborieux et patrio- ché quel- r‘ * Re’serm'stes arthriti- presque certaine de trouver a son petit restaurant. Tout en y allant, je me disais qu’un homme comme lui, qui retourne les mots dans sa bouche avant de les lacher, ca devait étre un homme... taurant. Aprés lui avoir fait mes excuses pour l’histoire de la veille, je lui ai mon- tré mes R. A. L. E...| etc. « Suivez-moi « bien, que je lui ai dit ; 1e commence- « ment, y a pas a s’en occuper. Madame . « a deviné : La-dessus, est arrivée Virginie : elle « l’électro dans la caboche et de « piguer droit dans le « rail du devinage.» .« ques laborieux, et patriotes. E : « encore, U : utilisabes, P : pour, « P .' pavee, S : stat-ion, T .' tram- «ways. Jeune Bécassine, vous se- , f- « rez quel- J .5“ K « que cho- l o 1.. a comme 1e caporal de l’escouade des réser- vient souven‘t manger a ce petit restaurant. « On va lu1 demander si elle pense que je « vistes-arthritiques-paveurs. » La patronne nous 1-1. avait écoutés, et, comme elle était dans un bon jour, w elle a félicité’ Lemboité. Il était content, i1 .) se rengorgeait, et, par maniére de plaisan- i. ) ., ter, 11 m’appelait « mon caporal » en me faisant le salut mili— taire. . x s r. . I J ‘_ i, . « Encore s’il s’agissait - - « d’un travail doux et bien sain, d’un travail a « Ia campagne... Eh! mais... passez-moi votre crayon, « pére Lemboité... Oui, Ia voila la bonne explication : « Re’serm’stes arthritiques, laborieux et patriotes encore « seral caporal - arthritique - paveur, Rafi: que Mais je tenais a avoir l’a_vis de cette bonne Virginie, qui' est une femme ~ bien capable. J’ai ressorti mon probleme; J a1 j’ai dit. —- Pas Ia peine de lui en parler, a fa1t Lemboité; c’est une affaire sure et certaine. n \\ 9 ~.., .Q- _.,— .—.~o—'..«. <- ..‘.. . - ..,>> .. « Elle va étre cheffesse « de culture! » Elle a dis- cuté fendant mordicus son idée. En voyant qu’ils ne pouvaient pas se mettre d’accord, 3e me suls esquivée, je suis rentrée chez nous, J’al raconte avec Lemboité et la patronne, chacun dé dit ce que Lemboité avait trouvé. T out“ de suite Virginie a crié : «Ca ne peut pas e_tre a la bonne explication. Paver une station x de tramways, c’est trop ’dur pour des ( arthritiques... \ I ‘ \ \ l. . / l § 5 R ‘ ‘ ' \ ‘l ' ‘I‘ .\ ' ou dans la culture. « Je n’en « sais rien du tout, a répondu Mada- « me; le seul moyen de le savoir, c’est « de prier M. D. Bile de vous dire ce « que signifient R. A. L. E. P. E. U. « P. P. S. T. » Aprés un moment de réflexion, elle a ajouté : « Quand je « pense que cet usage d’écrire seuler « ment les initiales des mots a été créé « utilisables, P : pour, P : planter, S : salsifis, T : « tomates. Chancarde de Bécassine!... l’affaire a Madame, je lui ai demandé si elle pensait que j’allais étre infirmiére, ou caporal,.. « pour économiser‘ le temps! » ..-~.wnw'7.<fi~~“~l v¢ 4‘... LA TRANSFORMATION DE M. D. BILE a... J’avais hate de revoir M. D. _ m’était parvenue, je me suis . mise en route de bonne heure ' ‘ pout aller a son bureau. - Et voila que j ’ai enteifga dessus os moi une voix qui 1: Je ' suis 1a, mademoisellefl « sine... Attendez, je descends. ,_ . levé le nez, et qu "est- -ce que j’ ai aper- cu? Mon protecteur assis sur une grosse 1wranche, a cinq metres du 501, et qui me faisait des signes d’amitié. I Bile, pour le remercier de Dans ce bureau tout comme a ma m’avoir obtenu ma mobilisa- premiere visite, il 11’ y avait personne, tiOn, et puis pour connaitre en- et les guichets étaient fermés, mais, fin mon emploi. Aussi, le len- cette fois, je ne me suis pas sentie demain du jour oil sa lettre intimidée du tout par les guichets,... i1 touche . ,-. > ' 1 . Une pancarte était placée bien presque la mai— SOIL M315 93 Tout y‘etmt net et brillant; plus de flacons ni en evidence sur la table a écrire. J’y n’est pas com- mode de de b01tes de pilule's; par contre, il y avait un peu ai lu : « M.. Alcuie 3116 se proméne trouver quelqu’. un dans un partout de ces instruments qu’ on voit dans les « dcms le bms. Pne‘re d’aller l’y cher- bois. Aussi, apres avoir regardé dans deux salles de gymnastique: des halteres, des « cher. » Je commengais a m’ ennuyer ou trois routes sans rien voir, j’ai commencé batons, un gros ballon... - d’ ’ai fait ce que i’appeler de toute ma force : or Monsieur arbre. .. a autant surprise . 1a: un chef de bu- ‘ califourchon dans un arbre..J’ étais encore pas fait mieux. En un clin d’oeil', il a été pres de moi; tout tébahie, qu’il 11 .m’a pris les mains, il me les a secouées d’une dégringolait de son force a me les arracher, et i1 m’a dit : « Que je suis ...et puis, comme on he répon- dait pas, je suis entrée . - . - 3- bien tranc ni par la pensée' de parler a quilleme 11 dans la partie ré- quelqu’un du gouvernement : car servée. La, personne encore. moi aussi, comme mobilisée, j’allais Je me suis assise, j’ai regar- un étre, du gouvernement; cette dé autour de moi, et j’ai re- ;dée-la me donnait de la hardieSse. marqué beaucoup de chan- J’ai frappé, et pas de main gements dans cette piece. morte, je vous 1e garantis... ' ; je suis allée « D. Bile... Monsieur D. Bile. » Je criais comme 9a, pout en marchant. I un acrobate n’aufiit si Vite et si adroitement o .« eontent de vous revoirl... Vous me trouvez changé, « 11’est-ce pas? » 4 I i '3 Qt ‘Ahl. la culture physique l... Efiéutez comment je la célébre dans , (_ m 03‘” derniers vers, ceux que « je composais sur mon arbre. n (De’clamcmt. ) C’est vrai que je le recon- naissals a peine, tant il était ra- jeuni et avait un air de Vigueur et d’entrain. II a repris : « Sauvé, « Bécassine! Je suis sauvé. D. Bile « est redevenu Alcide. Et com- « ment’? Tout simplement en fai- « sant de la culture physique. " « je ne prendrai une pilule «ni un sirop. Vivent la culture physique et le « grand airl... Ca suffit a tout, 9a guérit tout. Te- cnez, pour la digestion, voici 1e mouvement : « flexion en avant, les jambes raides et les bras « tendus... Faites comme moi... .. c p . ‘ 31...... ut surpris, vous n’avez pas 51 Simple cependant, et ces abré- « viations sont si claires et si commodes. R. A. « L. E. P. E. U. P. P. S. T, signifie Reserve d’Au- « mobiles Le’gérement Endommage’es Pouvant I « Etre Utilisées Pour Petit Service Temporaire... « Haiue au produit pharmaceutique, « I l ruiuemit votre saute; « Mom's vous uurez force et beauté « Grdee d la culture physique. » ~\ ~ . , 1‘}! \ m « Pour « tillement « croisés « tes com- a De la souplesse, de la gracel... » /.._ « Ca saute aux yeux. » C’est vrai que c’est clair et que ca saute aux yeux une fois qu’on sait ce que ca veut dire. Je me suis sentie honteuse de n’avoir pas deviné... J’ai remercié M. Bile;il m’a encore un peu arraché les poignets en me disant au revoir. J’ai dit que je trouvais les vers bien jolis et poétiques, mais que je ne les comprenais pas trés» bien, vu .« que je ne savais pas ce que c’était " que cette fameuse culture phy- "'- "A sique. Alors, tout en rentrant au ‘52 bureau, M. Bile m’a expliqué... évrter les. varices, sau- sur place, les alternativement... me moi... Plus haut... ,. J’ai fait comme lui. Je ne sais pas .si ca améliorera ma ‘ digestion ou si ca mévitera les varices, ma a. ce que je sais bien, c’est qu’en arrivant auburgau, j’étais completement éreintée. que 9a c'onsistaib‘ mouvements combinés potir fortifier toutes les parties du corps; qu’ayant eu des récla- mes a composer sur cette in- vention, il en avait essayé, et que, deux jours aprés, i1 s’en était trouvé si bien qu’il avait jeté au feu toutes ses drogues. « Jamais plus, Bé- « cassine,.. 42%;”: J6 me suis assise toute souf- flante. Alors, pendant que je me pieds reposais, l’objet de ma Visite Fai- m’est revenu en téte. « Mon- « sieur Bile, que j’ai dit, ca serait- « yun effet de votre bonté de « m’expliquer la fin de votre mot .« d’écrit, l’endroit ou ily a'une ""i‘ibambelle de lettres? .. . ~.-. \_ , se du sautillement sur place qui m’ cgufipgles jambes, il m’a crié de de sa porte . W“. .. rge mouvement res- « piratoire...- Faites comme moi. » J’ai fait le large mouvement respiratoire, mais, comme ma future R. A., j’étais L. E..., légérement endommagée, je veux dire. ’ .. .‘é‘ . , . sque a la porte Versailles, sous les arbres d’une des larges ave- nues qui 'Layonnent de la ' e du‘grand roi, on voit, alignées lo‘ngue file, des automobiles ayan . e ‘ un lamentable aspect de , Vieille ferraille. C’est 1e dépot de la R. A. L. E. P. E. U. P. Pa 8. T. « — Dites des clous rouillés, fit une voix derriére a elle, des clous affreux. » (La voix prononcait haffreux, sans liaison.) Bécassine se retourna, et vit un homme grand et de large carrure avec des yeux Ivifs dans une figure placide. 11 se présenta : , :c Maubec, secrétaire du chef de la Ralep : sur la pluie et le soleil,’ multipliant 1e mot haffreux, qu’il affectionnait et' qu’il ap- pliquait indistinctement a _tout ce qui, en bien ou en mal, dépassait la moyenne. Pensitant 1e monologue du « ilporte un veston. — C’est donc un vres et de paperasses. Cela s’ac- secre sure, nos deux person- « ciyil? —- C’est pas un civil, il a un cumulait en paquets poussiéreux nages etaIent entrés dans les « kepl. — Alors quoi que c’est? — sur les meubles, sur les siéges ’ bureaux de l’administration. fiécassine profita d’un“ 'momen de mutisme de Maubec pour parler a son’ tour. « Le chef, derrfanda-t-elle, c’est « un officier? —— C’est pas un officier, , « C’est 1e chef, voila tout. » "v ’ , a .m» Les bureaux-vff‘SQnt. f”. «a 3,. -.-~ installés dans un batiment'efitibordure de l’avcnue. Au-dessus de la porte, On lit les lettres qui mirent' a une si dure épreuve la perspicacité de Bécassine. Elles intriguent la plupart des passants qui discutent longuement de leur signification. . « On dit Ralep pour abréger les « abréviations, c’est plus commode. Et vous, « vous étes probablement la nommée Bécas- « sine. Comme vous avez été dans les trams, << le chef compte sur vous pour faire mat- “ cher ses clous rouillés. Vous serez. maline a si vous y arrivez... par terre, au long des murs. Bécassme inspectait le bureau. Il ne présentait de remarquable qu’un tableau noir chargé de figures géométriques et un extra- ordinaire amoncellement de li- Arrivée de bonne heure, 1e jour de son début dans son nouvel emploi, notre héroine se vit en avance de quelques minutes, et, pour passer le temps, ins- pecta une a une les autos, qualifiées de « légerement endommagées ». A la qua- trieme voiture, elle fit une moue dédai- gneuse et résuma son opinion en ces ter- mes :,« Tout ca, c’est des « clous » « Nous, on y a renoncé depuis « longtemps. » Maubec parlait lente- ment mais intarissablement. " Sans laisser a -Bécassine le temps de placer un mot, i1 reprit en regardant le ciel : « Jolie matinée aujourd’hui. Va faire « un beau temps, haffreux. » 1] dis- courut longuement... « Faudra du plu- -v~ - « meau et du balai dans tout ca », fit Bécassine en prenant machi- nalement un livre. » Touchez a « rien, cria Maubec. Ah bien! « i1 en ferait une musique Ie « chef, s’il vous voyait remuer « ses bouquins. Ca .serait haf- « freux! » Emfifisxmkmgué. . 41.. _ a“. .y . l. ._ A. '. < A- . 1.11m :4 2. Lin“; ' Ammqnm r l. .53 if it y _. 0U L’ON VOIT LAjCOLONELLE « que c’en. . « est haffreux,etle en écho c. B . C d t l t , . .' « moment d’a réS, il est mé- “ : . “ onjour , epen an ’ a por e sée danBs:Zzsisrlilsfirsiztssefitefibgrliese « chant que (gen est haffreux «, chef. » Le Chef entrait. I] répondit avec s’etait ouverte de nou- ménagére Elle demeura » un instagt « aussi. C a dép end si la colonelle pl accent le plus doux etle ton le plus affa- veau. « La colonelle!,.,. figée son livre a la main puis elle « est 1:31. » Il ne put s’expliquer ‘91? ’ « BOIIJOIII‘, mes enfants »’ et 11 adressa « murmurs, ,. Maubec, lucstionna ° « Il est donc inéchant 1e davantage: la porte s’ouvrait. a; a nfiouvelle venue quelgues paroles de a Ca, 'Va etre ha}. chef? » Maubec arut faire un rand M aub ec dit : « Bonj our, chef » bienyeillant accueil: cc J 3} de obons ren- << freux. » C8116 qu 11 effort de réflexionpet répondit -«_g_ On at Bécassine répéta... selgnements sur V0115; Je suis certain nommait la colonelle', « que nous nous . entendrons trés et (1111 n’était autre « blen. » ' que la femme du chef, ' fit son entrée. « ne sait jamais : :31 des moments i] « est gentil... ~< — Je vous di- , .. Pre- . ., nez 1e ton « sais done, reprit-il, que nous nous enten- « militaire J’aime le ton militaire. J’ai été « (irons tres blefli » Puis, roulant des yeux * ‘ . . . barbituee a“ ton militaire par mon pre- 3111f entaiient d etre feroces, enflent la v01x .. Maigre, Mme de peau, noire de cheveux, vétue “ mler man, 16 brave ”lone! Gonzalés eEapon 1'8 rendre temfianteafl conclut: ' de couleurs Criardes scintillante, de ‘bijqux barOQUeS, « Ippo, des chasseurs de l’armée patagone. « - t n oubliez pas gu a 18‘ momdre faute, elle regarda longu'ement, é. travers son face-2‘1~main, “ — Vous avez raison, Carmencita », fit 16 : gellepourrais p artait ent, vous faire fu- . ’1 ‘ Bécassine interdite: puis, s’adressant chef qui paraissait trés au chef, elle dit d’une voix qui en se’tourna vers mém'e temps zézayait et ‘faisait muler Becassme, les r: « Agénor, vous parlez en core comme oune civil... troublé. Il » ‘ qu’il prit dans une pile de p.1- perasses : « Le voila, fit-il, 1e brave «colonel Gonzales. Il est haflreux. « C’eSt mieux, daigna « approuver la colonellef' « A génor, ;vous me rappe-j U" \v A dmi somnolent. « 11 en sans paroles, U a" « lez, Gonzales. » Elle opé‘ré une‘ ‘retraite aussi « a pour un quart d’heure é étre comme ca », « Dire qu’on serait si tranquille si 4 ‘ ~ 3 gmaje‘stueus'e que son entrée. Epuisé par sa dé~ murmura Maubec é Bécassine. Il entraina « sa veuve était restée a le pleurer pense' d’énergie, Agénor s’était effondré sur son fau- celle-ci pres de la fenétre et, lu1 montrant «en Patagome. Mals elle est‘ 101. teuil, et il y demeurait sans forces,.. une photographic... . « Alors... c’est haffreux! » ' / g a v M. Ténuse —— c’est ainsi qu’il se nomme — était, avant la guerre, pro- Agéno} somnole 2‘ “L’— .v J . et partit pour la célebre ville d’eaux. A l’hotel l enuse cut 1/3011 fplenodant de on i] descendit, tronait la colonelle Carmencita 03:31:: mates, en ,P elned’ilctltg, cette Ippo. Un arni commun les présenta. Veuve depuis P ex ence, 51: 3E“ .e u , es ya deux ans, deSIreuse de convoler en secondes noces cav‘ces de 1913, 11 De s’etalt sent1 attemt Carmencita venait-elle ‘ ’ r1 légers troubles de la digestion. Il ' consulta le médecin, qui lui ordonna une cure a Vichy, - A .W qu’il fréquentait de son vivant. Ebloui, 13 table de l’hotel, en l’honneur Agénor 1e fut plus que personne. Timide et- des fiancailles. Le mariage fut célébré modeste,il fut flatté de voir celle qu’il pre- :31 1a fin des vacances. Et dés lors, la nait pour une grande dame lui prodiguer ses maison du pr’ofesséur devint un enfer. sOurires. Un matin, il confia a l’ami qui avait Carmencita retira son masque d’ama- fait la présentation, que son coeur était pris. bilité et se montra telle qu’elle était: Peu de jours apres, on débouchait 1e cham- acariatre, Violente et hautaine. Elle acne... accabla de son mé ris 1e rofesseur... O de répéter plus d’une fois ’ . dans son ~fauteuil; resseur de sciences au college de Piton- l’explication des théorémes de K ”A ' Maubec et Becas‘sme n’osent parler, par le-Causse. I1 s’occupait beaucoup de ses géométrie et des équations algé- “in r ‘j r cramte de troubler son repos. Profitons de éléves, jeunes montagnards, auxquels il briques; son temps libre il 1e leur Silence pour esquisser l’histoire du j était nécessaire... consacrait a de longues prome- et il était rare chef de la Ralep. - ‘ nades dans la campagne, fOrt qu’il en détachat les / —, .. belle en ce pays accidenté, mais yeux. 'Cela lui valait _~ 4% _ _ qu’ll ne regardait guere, car, pas- d’ailleurs une gran"e _ . slonné de lecture, il avait tou- considération. Citadins Jours un livre pour compagnon... et paysansl’appe‘aient « 1e savant », a Vichy pour se soigner ou pour y trouver un mari? Nous penchons pour la seconde hypothese. Toujours est-i1 qu’elle éblouissait la table d’héte par ses toilettes et par ses récits, ou revenaient sans cesse le nom du brave colonel Ippo et Q terrorisé. Sans Gonzales était 1e vrai aesse,et avec quel dé- maitre du logis; constam- dain! elle le comparait ment, sa veuve vantait son ason premier mari. Le , bel air sous l’uniforme, sa' nom de Gonzales était distinction, son énergie. a tout instant sur ses « Loui, disait-elle en son lévres. Le portrait de « jargon, i1 était oune homme Gonzales trénait dans «pour lé commandement; toutes les pieces; « vous... A GENOR ‘ ET .~ "u$*'1de63‘_ ‘ plus saugre- ‘ nues de sa femme}: Il dut méme join- dre a son nom ~ celui du terrible ”7 — colonel et s’appeler M. Ippo-Ténuse, « un vrai nom de géométre »,disaient en riant ses collegues du lycée. La guerre éclata. Bon patriote, mais n’étant m' ‘diage ni de santé a porter les armes, Il rédigea et envoya une demand? d’emploi. La réponse tardant a venir, Carmencita partit pour Paris. Elle assiégea, avec sa fougue habituelle, les bureaux du ministere. Les huis- siers les plus inflexibles étaient sans force devant ses éclats de voix... Et, d’autre part, Agénor, trés ferré sur les théories ’ scientifiques, était incapable (1 en saislr les applications pratiques. Ilne com- prenalt et n’aimait que les figures et les calculs de son tableau noir. Aussi eut-il un désespoir touchant, quand il se vit chargé de remettre en état et de faire marcher.. auxquels se mélaient des sourires. 'Ainsi, elle parvint jusqu’a notre Vieille connaissance, 1e ministre « Femme charmante, dit celui-Ci a son secré- « taire,'a1a fin de l’auolence. Faisons-lui plaisir. « Un professeur de sciences... . .\ A/W \ ' é \ / i ,3 N, ~ In." “in" \ a ‘H 5}}; n l I l .— t.» t; 71 \‘V ' x~~"f.\:.i' it ' l\\ f « Ozme mari sans \\ « oumforme, il est «oune hontepoursa « femme. » Dansun' mouvement tragi- ‘ ' ‘- que, s’adressant au portrait derGonzalés, elle ajouta :« Vous serez content, colonel; « i1 aural’ouniforme! » Que pouvait faire le pauvre Ippo; Ténuse contre ces deuzgpxolontésgréunies? . ‘ Vt Agénor jugeait avec raison que son devoir était de continuer a instruire de son mieux ses él‘eves. Carmencita en dé-.. cida autrement. « Zé 'vous y'eux oune « oumforme, prononca-t-elle... J _.__.- « doit avoir des apt- . « tudes pour la mécanique «Nommons ce M. Ippqg « Ténuse a la direction (1 «1a R. A. L. E. P. E «U. P. P. S. T., cette « grande création de mon « minist‘ere. » Deux jours apres, 1e professeur rece- Vait sa nomination et le soir méme l-e ménage pre- nait le train. de l’Utilisation des Aptitudes. ’ 0 .1. - -. les 'ferrailles disloquées de la Ralep. Et Carmencita aussi fut désespérée, mais, pour une autre causezparce qu’elle apprit qu’a la Ralep on ne portait pas d’uniforme. « Pas « d’oum’forme! dit-elle, ze som's déshonorée. » En maniére de consolation, elle forca son pauvre époux a s’afiubler rl’un képi. Dansl’és" ”moments de prostration qui sui- vent les scenes avec sa femme, Agénor se re- $- mémore toute cette histoire. C’est ce ou’il vient de taire une fois de plus. Enfin il secoue son engourdissement, se leve d’un air accal‘lé; « Pauvre ‘ monsieur! murmure Maubec a 1’0- « reille de Bécassine, c’est haffrcux; mais je )e « vengerai de Gonzales et de sa colonelle. » '4 LE DES DOSSIERS Algénor sortit de Son fauteuil, s’étira les bras, se passa les mai 3 sur les yeux, comme fait un homme‘mal éveillé qui veut chasser un mauvais réve : « Travaillons! » dit-il; puis i1 se tourna vers Bécas- sine, et, de la voix trés douce... « la douzieme ‘ 94 3A,“: c; 11 : K « ,,. des faiseurs de tours, a la foire « de' Clocher-les-Bécasses, mon pays « natal. » Amusé, Agénor sourit, puis i1 se i'mii: au travail. Tenant son livre d’ ne main, 'et le‘ consultant de temps ' en temps, il couvrait son tableau noir de dessins et de formules. « travailler qui lui était habituelle quand il ne se trouvait pas sous l’oeil de sa terrible moi- tié, i1 demanda : « Jeune fille, auriez-vou: « l’extréme obligeance de me donner l’ou- « vrage intitulé : Théom'e du mouvement dams « les moteurs d essence. C’est 1e septiéme de a parte : « 11 en a pour une « « heure a user sa craie et a pile a terre... « marcher ses autos... sa théorie du « mouvement. I] y a six « mois qu’il la traVaille, « que c’en est haffreux, a « en perdre 1e b01re, 1e a manger et le dorm1r... "autres par- _‘ éce et, une fois de ' 1 Beca .. ne se sentit accablée par cette débauche de gafififdsses. « Quoi que c’est tout 9a? « demanda-t-elle. — C’est les circulaires du ministre; or i1 en Vient de dix a Vingt par jour. Voila la derniére c arrivée; elle est numérotée 5.217. « ca. » Il prit une poignée de citCulaires, les placa sous une chemise qu’il ficela avec soin. Entrainée par son exemple, Bécassine se mit avec ardeur a confec- tionner des dossiers, « et sans étre plus avancé pour faire Mais que] brave , « homme!..' On serait heureux ici sans la Maubec murmura en « colonelle... Patience! elle ne se doute pas du tour que Maubec lui mijote. Vous verrez, jeune Bécassine, vous verrez. » A (f en partant de la fenétre. » Bécassine compta douze puis compta sept, regarda le titre du volume qu’elle avait’ pris : c’etait bien celui désiré. Stupéfaite de voir que le chef se retrouvait si bien dans l’apparent désordre de son bureau, elle dit : « .Ca, c’est plus fort que tout ce « que J’ai vu... Suivant son habitude, i1 sauta sans transition a un autre su- jet et reprit : « Puisque vous n’avez « rien a faire, aidez-moi donc a clas- « ser mes dossiers. » Illa conduisit dans le coin du bureau qui lui était réservé. L’encombrement y était plus grand encore que... Quand elle les eut terminés, Maubec écri- vit « urgent» sur la moitié environ et les ranv gea sur sa table-bureau ; les autres allerent s’en~ fouir dans un placard. « Ceux-la, expliqua-t-il, « ca ne vaut pas Ia peine de s’en occuper, puis- « qu’ils ne sont pas urgents. » —--__ h—g- b—n—I —. A «Sf-«1%, , . . : E E E.- s 5,, i.‘ 43 314-1.”; agr’ttjrvm;fiv‘w3vw"“mrrw“£r :W/‘wrm’zmv .‘ .5 WM, w—n. .V. ,( t.“ E’. 3’ , (I (( (( 4‘ « conviction Agénor. Puis, sa femme s’étant éloignée, i1 reprit son air de brave homme et rentra dans son bureau. « Voila la «— Et les autres ? de- « manda Bécassine. —-— Les autres, eh bien, « dans huit jours, ils auront cessé d’étre ur- '( gents; alors je les mettrai aussi dans le pla- « card. » Bécassine, charmée par l’ingéniosité de ce procédé, regarda avec admiration Mau- bec qui. flatté, se ren- ,7 gorgea. .. , . . , K ,; . premplta dans ‘ gna devant cinq des I ‘ , I - Vieilles autos. Chacun pnt en main une mam- Velle, et, au commandement du chef, commenoa de toumer. « Plous fort, plous Vite », ordonnait cita, impitoyable, quand elle voyait falbhr un neurs. concéda sans Vie qu’elle nous fait mener, dit Maubec a sa nouvelle amie: c’est haffreux; mais on se dé- barrassera d’elle; et voila celui qui m’y ai- dera. » a. —- r' I“ A ce moment, la paix du bureau fut troublée par une nouvelle entrée de la colonelle. «Chef, « cria-t-elle a son mari, vous né serez donc jamais oune « militaire! Vous avez laissé passer l’heure de la ma- « noeuvre de manivelle Commandez 1e mouve- « ment ! » Cettes manoeuvre était de son invention. Igno~ rante de toutes choses, plus particuliérement des Carmen— automobiles, elle savait seulement qu’on met en des tour- marche ces voitures en tournant les manivelles; au cours d’une sc‘ene orageuse, elle avait décidé son mari a faire tourner chaque matin, dans l’espoir. .. ' . K1; ' 1!“! NL’hOmme qu’il dé- signait, type de chemineau a barbe broussailleuse, s’approcha de Maubec et lui dit, a mi-voix : « L’enquéte avance, « i1 y aura bientot du nouveau. » Puis, .apercevant Bécassine, i1 la fixa avec insistance... . en mettant un doigt sur sa . bouche. Notre héro'ine le regarda s’é101gner, en 56 demandant ce que signifiait ce signe mysté- « -— Manoeuvre de ma~ « nlvelle! répéta Agé- ‘ « nor d’une voix aussi « tonnante qu’il 1e put. Tout le monde de- « hors; vous 'aussi Bécassine. Et, poursuivit- « il en hésitant, je... je... je... ferai fusiller « les retardataires. » Le personnel de la Ra- d’un depart de moteur « pas... fousillée. «_ ch ef ? « certaine- lep, composé en tout de cinq personnes... qui ne se procluisait jamais. « Fixe », daigna-t-elle enfin commander. Elle vint alors a Bécassine et lui dit : « Vous étes « ici pour faire marcher les autos; si, clans . . « huitjours,oune auto ne marche Nest-ce pas, Mais... ment...» rieux et 01‘1 elle avait pu rencontrer déja cet homme, dont- i1 lui semblait bien que la figure ne lui etait pas inconnue. . ...un 13% homme, ’qui, du plus loin qu’il les apercut, se mit a sourire 2‘1 son compa- elle‘avait fait ses débuts dans gnon et a elle, avec \_ . la culture physique. Tandis qu’elle {file expressmn de Aprés 1a Seance de manivelle, se frictionnait les reins et exécutait Jole extreme. 11 ten- Maubec et Bécassine resterent a se quelques flexions pour rendre a ses dlt. vers eux .de: promener sous les arbres de l’ave- bras et a ses jambes leur élasticité malns qu1 semblalent nue. Notre heroine se'sentait pres- naturelle, elle vit venir... avx-des de serrer les que aussi ankylosée que le jour ou, leurs. sous la direction de M. Bile,.. Bécassine se sentit prise d’une sou- daine sympathie pour cet homme si poli et de si belles manieres. A sa ré- vérence, elle répondit par une autre, 4’ ‘ ‘ \ moins gracieuse peut-étre, mais plus “’ ‘ \ profonde encore; puis elle s’écarta un afin de ne pas étre indiscréte. Elle en- ' peu... tendit que Maubec disait au nouveau venu : « Vous venez voir si nous avons de Vieilles autos a ven- « dre. Oui, i1 y en a une dizaine. » Tout en causant, les *deux hommes entrerent dans les bureaux de la Ralep. ',« Ca [I‘doit-étre celles-la qu’on v3. ~ 1a profession de commissaire-priseur. “é” . =— Justement celles-la! » approuva Peu habituéeasoulever des sentiments Il est toujours gracieux, toujours M. Dumarteau, qui, :21 cc moment, sortait des d’admiration, 1a brave fille rougit de plai- souriant, toujours aimable; i1 pro- bureaux. « Quelle perspicacité! » ajouta-il; et sir; elle répondit par un plongeon jusqu’a terre au salut cede aux moindres inventaires avec son sourire se fit extasié, comme si Bécassine d’adieu qui lui était adressé, et son coeur déborda de (les facons raffinées d’homme du avait proféré des paro‘les vraiment geniales. gratitude pour cet homme délicieux. Il est temps... monde. Il triomphe... ‘ «Salut, monsieur Dumarteau » , fit Maubec. M. Dumarteau accentua encore son sourire, esquissa une révérence dont 1a grace rappelait 1e Versailles de Louis XV, et pria Monsieur et Mademoiselle d’agréer ses humbles hommages. (2/ , /w\’c ) \x Bécassine, retenue par son scrupule de discretion, resta dans l’avenue; elle s’ap- procha des Vieilles autos et en considéra quel- ques-unes groupées' a part, qui étaient plus lamentablement rouillées encore que les au- tres. Elle (lit 21 mi-voix : =1 que nous le présentions mie'ux a nos lectrices. M. Dumarteau exerce CHARRIGOU ENTRE EN SCENE C’est ainsi que celui-ci était devenu 1e com- missaire-priseur de la Ralep. Peu aprés le départ de l’homme au sourire, Maubec reparut sur l’avenue. Il était porteur de deux grandes affi- ches et de l’attirail nécessaire pour les coller. parce qu’au temps ou elle etait employee de tramway, elle passait matm et soir devant son magasin et cau- « répondit Charrigou, sait parfois avec lui. Elle lui demanda s’il avait l’intention de faire des achats a la vente du lendemain. « Pochible que oui, « mademoigelle Bécachme... u ‘l'cvn m .~—w—m wwwi dans les ventes d’objets d’art, on se pressent les belles dames et les amateurs élégants. Il semble penetré de gratitude pour qui lui-donneune enchere, et quand il prononce le mot : « adJugé », 11 l’accompa- gne d’un sourire ému et reconnais- sant a l’adresse de l’acquéreur. Aidé de Bécassine, il les placarda bien en vue sur le mur du bati- ment. 1] y eut une petite discussion entre les deux colleurs parce que Bécassine, distraite par la premiere affiche, qu’elle s’efforcait dc lire, placa la seconde la téte en bas. nan“... r“ ' Par hasard, un de ces sourires était tombé sur Carmencita, un jour que, par désoeuvrement, elle était entrée a la salle des ventes et y avait acheté quel- qu’un de ces bijoux de pacotille dont elle raffolait. Elle avait été aussitét conquise. Comme. a ce moment,.. > A- Mais Maubec répara rapi- dement cette erreur. Bécassine se méla alors aux passants qui s’étaient arrétés; avec eux, elle lut que la vente serait faite aux encheres, 1e lendemain, a deux heures de relevée, par M. Dumarteau. Elle se promit de ne pas manquer... avec le plus c: pur accent de Saint-Flour... C ha dépendra chi Fouillade ne «me pouche pas les prix. » Fouillade était son compatriote, son concurrent et son voisin; de boutique a boutique, les deux hommes se chamaillaient une-bonne partie de la journée. 'la circulaire ministerielle 11° 4.885 venait de prescrire qu’il y aurait vente, tous les quinze jours, des autos reconnues déoidément 1nut1- lisables, la colonelle avait exigé d’Agénor que les adiudications se fissent par le ministére ” ' de M. Dumarteau. cette occasion de revoir 1e si sympathlque commissaire-priseur.S’ac- cordant quelques minutes encore de récréation, elle regarda le petit groupe qui, peu a peu, s’était formé devant les affiches. Au premier rang, elle re- marqua un ferrailleur, nommé Charri- gou, qu’elle connaissait... «11 est malin, Fouillade, reprit « Charrigou; mais je ne ohms pas « chot. J’ai une combination que (g j’échepliquemi demain au commi— « chaire-pfigeur. Vous verrez cha.’ » Il éclata d’un __bon gros rire, et Bé- cassine sentit redoubler son envie d’assister a la vente, ou elle pres- sentait que des incidents curieux se produiraient. .g~‘.x:»1 1%; "1p COMBINAIJON DE CHARRIGOU (( scene, M. D . umar u déj’eunait rapi- dement afin de ne pas manquer l’heu la vente. Comme un acteur,': avant" d’entrer en répéte ses expressions de physmnomie, umarteau souriait. Il souriait a . . ' ‘ 1e servait, et, quand celle-01 rentralt dans sa cuisine, il sourialt a sa co- telett rafe, « J’ai envie de chmque des autos; pas pour m’y prome- ( c o c « ner, b1en chur (1c1, cet homme Jov1a1 eclata de son gros rire), mais pour les mettre a la fer- raiIle. Cheulement, chi mon con- current Fouillade me les voit poucher, i1 les pou- ‘ cheya auchi, hichetoire de -" me I ~ . u x.- « faire une « farche. machines se fit ra- pidement et sans incident. La, sixiéme était une de . souriait dans le vide. ¥ L. M. Drima‘rteau isait que son sou’rirei‘feSt .pour beau- coup dans ‘ses 'succes de commissaire-priseur, aussi s’exerce-t-il constamment a renforcer et nuancer son sourire. Son déjeuner expédié, i1 sortit. re ‘fixée pour la bonne qui e, ou a la ca- ou b1en 11 « Et cha chem trop cher. Alors « Je ne vais pas jd la vente, j’y « enV01e ma cougme; Fouillade 2 « reconnaitrez ache qu’elle est « habillée en payjcme. Quand « elle vous regardera en faiy'cmt « un chourz’re et un chigne de « téte, tenez comme cha... AA AAQQQ pas l’avenue'fiou: est-3‘ ..-. située la Ra-" , lep , borda : « « dit-il, j’ai une combination « a vous échepliquer. » M. 16 commissaire fut contrarié de cette cause de retard; mais quand Charrigou 1’ a- Par- « don, echecuge, « monchieur le « commichmre, « vous mettre chent chous «me la connait pas; vous la “ d’enchére, et la vente chem faite au nom qu’elle vous donnera. Comme cha, Fouillade ne che dou- tera de rien. ' Vous voulez bien? —— Comment donc, mon cher monsieur Charrigoul... Trop heureux de vous étre agréable. » Les deux interlocu' teurs se séparerent... '3‘" ' .. a» ' .O “1] \ celles que désirait Char- - rigou. Peut-étre son ennemi Fouillade 1e devina-t-il, car i1 se porla acquéreur a cent francs. « A cent francs, -répéta 1e commissaire. Quelqu’un met-i1 au-dessus? Pressons « les enchéres, mesdames et messieurs. AA cent francs, c’est donné. »_ Tout en faisant son petit discours, il cherchait des yeux‘la cousine de Charrigou. //' l lui répondit était un ,,", i1 /’ bon client ; done, en épa- nouissant enco- re son sourire, qu’il serait po- _- sitivement ravi de causer avec lui, que, toutefois,étant en retard, 118 causeraient tout en marchant.l« Cha « va, cha va, riposta Qharrigou... « Ch’est de la vente qu’il ch agzt... /' i x23 / w .‘1 Aw et M. Dumar- teau reprit sa course précipitée. Deux heures venaient de sonner quand i1 arriva devant la Ralep. « Mesdames, messieurs, dit-il, avec « un sourire doucement contrit, je « suis légérement en retard; veuil- «lez m’excuser. Nous commen- «cons... » L’adjudication des pre- miéres... Au troisreme rang, i1 aper- cut une paysanne; 1a jugeant intimidée, ou peu au courant « Est-ce 1a cousine? se des usages des ventes, i1 1a « demandait M. Dumarteau salua d’un signe de téte et « perplexe. Faut-il mettre l’encouragea d’un sourire « une enchere? Elle a fait engageant. La femme répon- « 1e signe de téte, mais je dit par un signe de téte «m’y connais en sourires, semblable; sa face maussade « et cette grimace n’a rien et ridée se contracta: une « d’un sourire, done ce n’est sorte dc rictus se dessina «pas la cousine. Oil peut autour de ses lévres. « étre la cousine? » 5' 74’in ' [\{l’\; A 8 \ aw“ WWW , N' (V J '~I e voyant nulle autre pay- . . , 1 anne, n1 personne qul lu1 lui avait confié, elle avait, a son grand adressat 1e moindre signe, il a]- lait adjuger l’auto a Fouillade, quand Bécassine fit son appari- tion Retenue dans le bureau par un travail que 1- chef.. regret, manque 1e début de la vente. Maintenant, désireuse de se rattraper, elle jouait des coudes, se faisait place. Non sans soulever de vio- lentes réclama- tions, elle parvint au pre- mier rang,juste Q) en face de M. Dumar- I foML \, ' . Encore reconnaissante de l’amabilité que celui-ci lui avait témoignée la verlle, elle lui adressa son plus aimable sourire et son salut le plus profond. Le commissaire fut persuadé que, cette fois, il se trouvait en présence de la cousine. « Ily a acheteur a cent cinq francs » dit-il. >737 are. "- r 7;: i, if? « —— Cent dix » cria Fouilladc, M. ‘Dumarteau regarda, avec son perpétuel sourire, Bé’cassine, qui. ne voulant pas étre en reste, sourit aussi. « Cent quinze, fit-i1. —— Cent « Vingt, » riposta Fouillade. Les sourires, suivis d’enche- res, se succédérent rapidement. A quatre cents francs, le ferrailleur lacha pied. « Adjugé a quatre cents francs, cc prononca M. Dumarteau, et pas <2 :21 M. Fouillade. » Il exultait, 1e doux commissaire : jamais auto de la Ralep n’avait atteint pareil 4 prix. Vexé, Fouillade serrait les Q/f/ avec les voitures suivantes. Mais 11 me put en obtenir une seule, 1e meme jeu des sourires ayant recommencé et maintenu 1e commissaire dans son erreur. Quand Ce fut fini, M. Dumarteau demanda son nom a Bécas- 3. p} {123” .. Fiestas/w .1 ~ I‘VJxQ-Vx’ ‘- 3’ ‘ My?!” \ , vbkxfifi \‘EQJ‘ .. Id - .- "(1‘ a sont. adjugées pour la somme globale cm 3.722 Irancs, r nlns les frais, 5:. M1“3 Annaik Labornez, dite Bécassine. —- « Hein? gum? cria celle-ci au comble de la stupéfactlon et ’de « lv’émoi J’ai rien acheté! Et avec quoi que )6 palerals? J a1 cc que I22 francs et treize sous d’économie. » dents et les poine’s. se promettant ‘h d’avoir sa revanche... ' sine, puis i1 prononca : « Les voitures 6 :21 IO... Cette declaration souleva un tumulte comme jamais n’en vit vente publique. La colonelle, 1a cousine, M. Dumarteau, qui en. ava1t- perdu 'le sonrire, entouraient et invectivaient 1a malheureuse Bécassme. Comme elle 1e fait d'ms toutes les circonstances critiques, elle fondit en larmes. L ,‘O‘ 4 .,~[. 4 48 ' BECASSINE REPREND SE5 MEMOIRES Semaine de Suzette qui Vient souvent chez Mme de Grand-Air et ”A, a qui se chargeait... ‘ a elle : ‘ ‘." “ - \ "' \ r ;\\ \J\ 93. Pa rendu comme un furieux; ils se sont enragés l’un contre l’autIe; ils se sont tellement acharnés que, pour 1’ ensemble des autos, on a fait cin- quante francs de plus qu’ a la fois d’avant. Maintenant que mes nerfs sont je lui tournais 1e dos, mais c’était comme si j’avais eu des yeux et des de vous en faire 1e récit. fourrer. .. ...toutau- oreilles. .. Et qui en a profité, de ces cinquante francs? C’est votre servante. M. Dumarteau me les 3 remis avec le plus beau des sourires que je lui aie vus, et Dieu sait si je lui en ai vu! étions restés au moment en prison; v je pouvais encore me - . tour de la téte. tenir pour flattée. Enfin, M. Dumar- « elle paiera la dlfference Je ne perda1s ni un mot ni un geste de teau a repris son calme et son sourire. « de sa poche. Nous commencons ce qu1 se passait dans l’assistance. Eh Ila dit :« I] y a eu folle enchere. Nous « par l’auto no 9. » Vous pensez bien! VOila une preuve qu ’11 me faut 1 allons reprendre l’adjudication aux Si 1e coeur me battait. Afin que « risques de cette jeune fille : si les 1e commissaire ne prenne .pas « prix sont moins forts, tant pis pour cette fois un sourire ou un Slgne % involontaire pour un achat, it jamais désespérer et que les choses, en apparence les plus catastrophales, c ’est souvent celles qui... 11 m’ a méme :ppelé sa chére , clzente, plus an calme, je reprends mes mémoires. J’espére bien que rien 01‘1, sans m’en douter, j’avais a l’idée aussi de- toute cette ne me forcera plus a les inter- acheté dix vieilles autos de la ferraille qui me tombait sur Toutes ces derniéres semai- . rompre : j’ai déja tracé dix Ralep. Dame! je n’avais pas en- les bras et dont je serais nes, émotionnée par mon changement de lignes sans un seul paté, c’est vie de rire, a l’idée de l’argent a bien empétrée. Sans comp- ) situation, je ne pouvais pas écrire; alors je bonsigne. payer, que je n’ avais pas, ce qu1 ter que tout le monde était racontais mes aventures a un monsieur de la risquait de me faire ame crier aprés, et pas pré— cisément des compli— ’ - ments:quand "M annem’ap- pelait que sotte... _ gent 1e mieux. La paysanne a commencé de mettre des enchéres; quelqu’ un a prévenu F oulllade qu ’elle était 1a soeur de son concurrent Char- et tous ceux qui m attrapaient quelques minutes avant sont venu: me féliciter. Je riais d’aussi bon coeur que j’avais pleuré quand je m ’étais cru me- nacée de ruine et de prison. Quand je vous dis qu ’il ne faut... II y avait quelqu’un pour- {$4 - - .— 7 . " Sa figure, qui est Vordinairement citron, que jamais. Maubec m’a expli- était devenue orange, et meme orange san- o-o . ‘ . ’ . I ‘ qué apres pourquoi: c’est qu’elle est guine, a croire gu elle alla1t prendre Late Jau vaniteuse et aimeatirer toute l’atten- ,. nisse. Elle dechlquetalt son mouch01r phar- tant qui ,ne me faisait pas bonne figure : c’était la colo- nelle. Elle paraissait plus méchante et elleme regar- jamais désespérer de rien! Le bonheur et le male heur, ea vient comme 9a plait au'Bon Dieu. « fours... .’..’en m’adressant, Comme a la rencontre precedente, un signe de discrétion.- Ses paroles et celles de Maubec m’ont fait plalsu. C’est pas que j’avais peur : j’ai beauetre'simple et peut-étre un peu bor- nee, Je sais’ bien qu’on ne fusille pas.. dait avec des yeux plus furieux... ' , « qui achete des autos!... Et qu’au‘lieu « qu’elle est poumie, elle a de l’argent... c’est « oune escandale. » Et puis elle est venue a moi, et, roulant les yeux et les r, elle a crié : « Je cc wrépéte : cum: auto marrcherm avant hom‘t Sauf en ce qui concerne les Bo- ches, on n’est plus au temps des Huns et des Iroquois. Au lieu de l. me faire peur, la menace de cette méchante femme m’a mise en co- lére; alors j’ai craché par terre...‘ tion. Comme on s’était occupé sur- tout de moi et que c’est a moi que le commissaire avait fait le plus de sourires, elle était d’une colére!... a ou bien, vous, fousz’llée. » Et elle est partie en gesticulant. Déja Maubec était pres de moi; de son air tranquille, il me disait : « Faut pas vous en « faire, elle est folle! » Et puis, un homme que je n’avais pas remarqué jusque-la... ' N. une brave fille parce qu’une auto marche ou ne marche pas. - pie, elle marmonnait : « Oune fille dé rien... est sorti de la foule, est venu a moi J’ai reconnu le chemineau que j’avais vu déja. « N’ayez pas peur, ma bonne Bé- « cassine, qu’il a fait; je veille, je tra- « vaille; bientot, vous et vos can} « serez débarrassés de cette mégere. n s’est éloigné... j’ai levé. la main, ce qui est la forme des ser- ments solennels dans la famille Labomez, d’oil que je suis issue et native, seule et unique des- cendante. J’ai dit : « Foi de Bé— « cassine, je ferai marcher une « auto! » Et puis j’ai commencé de I'é',‘ fléchir aux moyens de tenir mon serment. Quand je réfléchis,ce qui n’est. pas. tous les jours, eat me prend du temps et ea me fatigue énormément. Alors il faut me mettre a mon aise. D’abord je me suis assise ; arades i ,. :4- ' - . « Quoi qu’ya? a - ' qua j’ai fait tout effarée.’ C’était ‘ Maubec qui me seoouait. Il m’a dit : u C’est haf- « freux ce que « —— Fai- « tes excuse, a m’sieu mau- « bec,je dor- . Je ne sais pas Puis, ‘je me su’i' “pris 1a téte dans' oombien de temps es mains, et je me suis .appuyé je suis restée ainsi, « vous m’avez fait . a mais‘pas: '-~-;~..~»» les coudes sur une petite auto perdue dans mes réflexions, m’y donnant a peur. J’avais « mes nuits sont arrivée, le matin meme, we de toute ma force, si bien que j’étais « beau vous appeler, vous étiez « bonnes; j’ai jamais de somno- auto moins rouillée que les quasiment aveugle et sourde. Je suis « wmme une estatue. Je vous ai u lence entre mes repas, preuve autres, d’assez bon aspect méme, revenue au sentiment des choses parce « cru évanouie. Vous dormiez? » « d’une conscience tranquille et du moins pour une auto que quelqu’un me secouait par le bras. - , .3 ‘ a d’un estomac consequent. Je « réfléchissais au mOyen de faire» . marcher la petite auto, sur ox quoi... de la Ralep. "W . . " ” moi aussi, ca me feta ’ ,. ' I k , \ - ‘ - . ' ‘ ’ c plaisir, b a ajouté le chef; et i1 s’cst ' . “I que jétais appuyée. .’ A ce mo~ “ C’BSt ”€55 131911. 'mon enfant, m’a-t-il dit, tachez de éloigné en lisant son livre et en faisant s, ment,.Maubec a rectrfie la posrtron et a dit : ¢ mettre cette voiture en marche, cela fera plaisir a ma machinalement le geste d’écrire sur un i a Bonjour, chef. )OJel’ai unite. C’était le bon or femme. :9 Id, je me suis dit que s’il n’y avait que ca pour tableau noir. Ses demieres paroles ont 3L ‘ M. Ippo-Ténuse qui passait pres de nous, 91- me faire travailler... Et Maubec a eu une espece de glous- achevé de me décider. Je serais con- lantala promenade, unlivre a la main, comme sement, comme. chaque fois qu’il rit en dedans. tente de lui faire ; de coutume. .. Il avait entendur nos _. ' plaisir. . paroles. ' I5. , f , Qui j’allais y voir? Tout : J“ parce qu’il est tree bon et que simplement 1e pére Lem- my ie l’aime bien. J'ai demandé a Maubec boité. Je m'étais dit dans _ . ~‘ ’ . s'il avait besoin de moi au bureau; i1 mes réflexions, que pour Je 1m a1 raconté ma petite .- . .. . m'a répondu qu’il avait fini de fourrer réussir, i1 me fallait 1e se- ‘ affaireA au complet. « Dame! gu 11 a fait, 3e suis les anciens dossiers urgents dans l’ar- cours de quelqu’un de capable dans la mécanique « plutot‘pcmf lelectro, mars on s y connait un peu moire des non urgents, que c’était tout et j’allais demander son aide a . mon brave « aussr dans les choses a essence. Enfm,’ on tachera : le travail du jour. Alors, je suis partie conducteur. Je suis arrivée aux Chantiers en meme « moyen de moyenner, quand. 9a serait que pour bon train dans Versailles. temps que son tramway. c vsus evrter la fusrllade. » Et 11 s est... | 4;; ... 5 . . gm . .5; -' -. ;""..' . ‘ "'- .H- ‘V' mfiss‘wrrfiwr re : r751“ =5 ,. 5 » ‘3‘. .‘"‘." .' w -~\."~ "J 5 7' <5 5‘ “.mstWWI-rw 5 5 ‘7 ‘ " "" If» l” l 5 1 ; ,1. LEMBOITE REPARAIT 5: 1 / , .:’1 phi 5:- .19? - 3 1 ' Q 5- ,. ' ’7 fl m’a rendue . 5 fiere, vu que c’ava , aussi ma pensée. Je ne . 3’3 g 2 -' x _; ‘ ~~ »_~ , sms pas savante et pas trop maligne mais j’ai A a ‘ ~ I ’ 3 , _ 5; .. .. . , . . , nt arlé com ' ’ , *- - du gair, c est surlet certain. J’ai dfi prendre Lemglfité 1; ajugté 1:; Jleulvgtutsesai ffp:c(>)1§:, t l ' . . ca 1 Jgger avec e chien de chasse .de mon capot et il a oommencé de re ard e: de , . 11115 a fire de son bon gros nre de One e rentm, du temps que Jétais toute téter tout partout dang Ie mogeurez’e't .6: . e a1 * brave homme. Le lendemain étant pour lu1 petite. jour de congé, il est arrivé a la Ralep. II a jeté un coup d’oeil sur les voitures, et puis il a été tout droit é. celle que j’avais remar- quée la veille, et il a dit:« S’il y en a r' une... b amusant de voir comme ses gros- " ses mamsa qui paraissent gour- Qes, se faisalent adroites et dé- heates. (/f‘ I a cause des boutons d’or sur ‘ a “.meawmecm'a + 55:5253255552: ,. ; examinee, une £015" que. j’avais un Le bruit s’était répan- qu’elle parlét 511011? cette,femme qui sedesseche- "‘1 , rhume tourné Ala bronchlteiet alors, du qu’une de nos autos boité en femme pas bien polie qu'elle ' de faire la militaire elle n’es-t . .~ * 1 1 la langue, 1e pouls, les petits coups allait peut— étre marcher; est. P35 du tOUt, elle 111i a fait toutes pas capable de disginguer un ” 55% Itapes' clans 1e dos... Lemboité, i1 exa-_ ca avait soulevé bien dela curio- 368 graces et 568 sourires. Et elle l’ap- cuirassier d’un aviateur ni 5 ml’nalt son moteuravec autant de soin site dans nos bureaux. Maubec et pelait ;,« Monsieur 1e Militaire. » Je n’ai un caporal du maréchal Foch , - é qu une personne v1vante. les autres employés sont venus pas tardé A comprendre que c’était 5! Oil je n’ai plus compris... ' '1 {F53 regarder mon ancien conduc- cause de la tenue n° I qu’avait mise ‘ 5 teur, Et puis 13 co- ‘ [non Vieil ami,... I. lonelle a fait son ap- ‘ parition. Je m’at- tendais... “5/" —, ; ~ « une distinction qru’on donnev du tout, par exemple, c'est a un moment. 01‘1, , de rire ““ en dedans, plus fort que je- ne « aux meilleurs regiments, et que ca apres avoir causé avec Maube‘c, elle est revenue :5 les avais jamais entendus. Il m'a expliqué, une fois signifiait Troupes Vailla‘ntes. » 1.1 ‘était Lemboité et l’a appelé ¢ Monsieur 1e Militaire des Carmencita partie : a Voila, elle a remarqué sur la enchanté de sa plaisanterie, il riait de « troupes vaillantes ». 11 en était tout ahuri, le brave c casquette de votre ami, les lettres T. V. : Tmm- tout son cceur, et nous avons fait comme- Lemboité. Quant a Maubec, 11 faisait ses glousse- « ways de Versailles. Quand elle m’a questionné 1.5- lui; mais nous nous sommes .arrétés en merits... « dessus, je lui ai dit que c’était... voyant M. Ippo-Ténuse vemr a nous. LE TABLE A U .NOIR _. M... .‘w. -awn.‘ ‘ 3-» ““a « Ca c’est les cylindres, « ca, c’est 1e carburateur; voi- ...et \‘ " ils ont com- « la la magneto; ca marche . . — mence de causer de « comme ci ca marche comme i: " ‘" a o; o , ‘-‘l l” t Commitelnotre brave homme de chef a cons- bonne amltie. Je cr01s que mon con- « ca; et quand ca ne marche ' A son tour il a voulu don- . amrnfnl elsprit occupe de sa theone et de ducteur etalt flatte de se voir si bien « pas, c’est qu’il V a telle ou ner des explidations des ex- zes ca cu s, 1 est toujlours 1e dermer informe ecoute par un. savant, un professeur. « telle chose qui cloche. — plinations sur la théorie na- e ce qu1 se passe a a Ralep. Il arrivalt donc Il lu1 montralt une a une les pieces « Comme c’est intéressant. turellement C a a moins’ bien ipres) tous les autres pour yoir travailler du.moteur et i1 lui expliquait bien « faisait 1e chef, comme je *narché vu que la théorie et em 01te. Je Ie lui a1 presente... clairement leur fonctionnement: « m’instruis avec vous! » les formules ca n’est pas le ’ ;; ’ i . fort (le Lemboité. II froncait ‘ les sourcils, il écnrmlillait les ’ 2“". 'eux... m nlmum V 1 i1 écoutait de toute son at- ‘1 i x; ._ ' tention, mais on voyait que nen n’entrait dans sa caboche. « Vous allez me a je désigne par X... » Ce qu’il prenait pour « comprendre, disait 1e chef. Ce serait plus un tableau noir, c’était l’arriere d’un fiacre qui stationnait Peu a peu, 1e chef a oublié et " « clair, si j’avais un tableau noir... Ah! en sur l’avenue. 11 1e couvrait de dessins et de lettres, tout en sa demonstration, et l’endroit 01‘1 « voici un... Je figure un cylindre P, rempli parlant .‘t en consultant son livre. « Vous me suivez? deman- i1 se trouvait; il s’est absorbé dans « d’un mélan- , « dait-il de temps en temps. — Oui, oui, allez toujours », ré- ses calculs et sa, théorie, et il a con- « zeux M. pondait Lemboité qui ne suivait rien du tout. tinué de travailler sur... -=‘M- ., _ .' .."_ _ rx ,. “gnaw Le cocher de fiacre, ayant fini de déjeuner, était remonté sur son dos de fiacre. Lemboité en a . profité pour achever son démontage et ‘ '74 son siege, avait démarré bon L7; son examen de moteur. Puis, se redressant, il a « exempte de pannes et d’erreurs dans train. Et M. Ténuse, les bras au " ' dit a Maubec et a moi :« Ca pourra marcher, « l’aiguillage. » Mais, pendant qu’il nous tenait ciel, criait d’une voix navrée : a a condition qu’on change une piece dont je vais vous ce discours, tout d’un coup, nous avons entendu «Mes calculs perdusl... Mon « écrire le nom. Voila l’opinion du pere Lemboité, qui est une une grande clameur qui nous a fait sursauter et a tableau noir qui se sauve! » Il « opinion de bon modele... nous retourner. lui a fallu quelques instants... pour comprendre ce qui s’était passé. Quand on le lui a eu expliqué, comme il n’y a pas d’homme meilleur, il a ri d’aussi bon coeur que nous faisions. ce re— gret, il est revenu a l’auto. « Il faut la faire marcher, cette voiture; « il faut acheter la piece qui manque. Voulez- « vous vous en charger, monsieur Lemboité? « Qu’est-ce que ca peut cofiter? —— Dans les « IO fr. 50, » a répondu Lemboité. Déja, notre chef tirait l’argent de sa poche,... l. « La voilél! » lu sa fameuse circulaire. Pour obtenir une piece de rechange, il faut la demander a quatre minis- teres, dans chacun a deux ou trois services, tout ca. avec état descriptif, evaluation de la dépense, explication du mo'de d’emploi... a-t-il dit enfin, et i1 nous a Soudain, « gretté colonel Gonzales; Carmencita... mais Maubec a protesté. « Minute qu’il « a dit; c’est une voiture de l’Etat, et avec « les voitures de l’Etat, ca ne se passe pas 51 « simplement. Faut observer les reglements. « Nous avons une circulaire sur les cas de .ce « genre, 1a circulaire 3721; nous allons la l1re » ensemble. » ~ de IO fr. 50 de papier, son rire s’est figé. Une voix séche « Agénor, vous me faites honte; vous faitcs honte 51 mon re- jamais 1e regretté colonel il « n’avait oune pareille familiarité avec ses inférieurs. » C’était d’aprés les modeles A23, B51, C27 bis, etc., etc. NOus nous sommes mis tous les quatre a faire les demandes et états et on y. a travaillé sans seulement lever le nez jus- qu’ala fin de la journée. On a usé certainement pour plus mais la demande était bien dans qui, en rentrant, nous avait entendus. Il était tout déconfit, 1e pauvre Agénor. Il s’est remis seulement quand sa ter- rible femme a été partie, et il a murmuré: « Ah! il/n’y a «pas qu‘elle qui déplore la mort « du brave colonel Gonzales! » Ayant exprimé... _ i“ disait : Ah! il est ferré su ' ‘ , ment et les circulaires, ce au- bec! Nous sommes rentrés au ' bureau, et il a commencé de chercher sa 3.721. Ca n’était pas commode a trouver dans tout le tas de paperasses. Ce qu’il a Iallu en remuer de paquets et en fouiller de dossiers! ) Mainte- nant,i1faut a t t en dre que tous ces ministres et chefs de bureau se réunissent pour causer de notre ustensile de IO fr. 50. La réponse peut étre longue a arriver. Pourvu que, d’ici qu’elle Vienne, les régles. Le plus grincheux des contréleurs n’aurait rien a. Barmencita ne me fasse pas v redire. fusiller ! , VP“ any: . M 11' “u m '1 1 Eh bien! a réponse des minis- tres s’est fait attendre beaucoup moins que je ne pensais. Nous l’avons eue au bout de huit jours. Et je n’ai pas été fusillée. Carmencita n’ a pas renouvelé ses menaces. Meme elle me parlait piesque aimablement. « l’admi- « nistration ‘ « pouvait nous « faire trotter :1 , «Perpignan, et elle a ne nous envoie qu’ a Billancourt: « faut pas raconter qu ’ellc compli- ¢ que les choses. » J’ ai trouvé qu ’il avait bien raison, vu que, moi, je ne suis jamais pour les reclama- tions et les critiques, qui sont si- gnes de m. . 1's coeur. elle a faire, mariet de se " avait le portrait en 1 'o mieux valu pour tout le monde, 1e tramway compris. N’ y tenant plus, Lembo1té a ou- "el‘t la nnr’m: il a CV15) ? _ fr 1., db: Je devais cette douceur, je crois, a ce qu’ un jour j ’avais dit devant elle que Lem- boité dirigeait l’affaire. « Lemboité, avait- « elle demandé, c’est bien 1e militaire des « Troupes Vaillantesp . ... » Puis, se tournant vers 13 portrait de feu Gonzales, elle avait ajouté . /~" (29%” . .57. Nous avons attendu, pour notre course, 1e jour de congé de Lemboité, et, un beau matin, nous sommes allés prendre 1e tramway, tous les trois lui, Maubec et moi. Lemboité était tout étonné et un peu géné d’étre dans un tramway sans y avoir rien a faire.11disait: ) I: p- -- u 44"“..- « Oune brave militaire « comme vous, colonel : vous « aussi, vous étiez des Trou- « pes Vaillantes! » Done, un matin, 1e facteur nous ap- porta une lettre, couverte de je ne sais combien dc cachets, nous autorisant a prendre dans une usine de Billan- court notre piece de re- change. Maubec, apres avoir 111, me dit: « (la y est, me v’la feignant, me « v’la rentier. >11 5 ’était mis a la place pr‘es de la plate- f—orme avant, et, par habitude, i1 surveillait la manoeuvre. Et puis, comme i1 y a eu des départs trop brusques et dcs montées 011 la voiture peinait faute « Attention donc ! Du liant dans la manette, « du moelleux dans le frein. » Comme ses con- seils ne faisaient qu’ahurir davantage la petite jeune femme, 1'] a ajouté : « Je vais vous mon- lui, « trer! » C’est lui qui a conduit jusqu’a Billan- court, et joliment bien. Les Voyageurs disaient : x, d’avoir pris son élan a la descentewhw « boité. » content, répétait : « travailler. J’étais sorti de mon rail, me v’la rem- « C’est haffreux ce « qu’on est injuste avec l’Ad- « ministration. Je sais bien « que le plus simple, ic’aurait « été de nous faire prendre « notre mécanique (16 IO fr. 50 « a Versailles, 011 11 en a un « dépot. Mais 11 y en 9 un « aussi a Perpignan;.. il a commencé de bou- gonner : <1 C’est de l’ouvrage « loupé, du travail d’appren- « tie. d’une apprentie, en effet, no- tre conductrice,bien gentille, mais toute jeune et timide. ...; .w ' « Ce n’est pas "un apprenti, celui-la, c’est un fa- « meux; 11 salt son affaire. » Moi, j’étais fiére de mon Viell aml comme Sl j’avais été encore sa receveuse, et Mon rail, 51 moi, c’est de » Elle avait bien l’air ‘ Pour avoir notre . / ustensile, il a fallu sortir 1a paperasse du ministere et donner une bonne douzaine de signatures. Parait que quand Maubec a demandé si l’on pouvait visiter l’usine. L’employé a qui nous avions 9 , ‘ - ‘ i u . . I , . , . a nIfSIthgrageOIll: grfé: 813311121? £13353: 11:: notre chef palerales IOfI'. 50, ca fera encore au- affaire, a repondu que ca n’etalt pas reguher, usi e é orme av c F; e sais as c onibi en tant de formalités. Les nétres terminées.... mais que, vu notre quahté de mobilisés on pou- I1 I1 , e J n a - P p _ v ' vait faire une exception pour nous. de milliers d’ouvriers et combien - de kilometres d’ateliers. ‘ Le pere Lemboité a passé I par-dessus 1e marché. Non, vrai- propre‘s, ,' comme A I . i o - 3‘ I ' ' ment, meme d“ .temps que, ~ Figurez—vous qu’a des moments c’etait comme lenfer . (lies fgur un salon. Des ouvrieres etaient’ 355.1535 toute petite fiile, 1e -llsa1,s deS naises a y faire r6tir destroupeaux, du meta1_ fondu qu1 coil alt ans devant des établis et elles n avalent contes de fee, Jamais 16 n avais des rigoles comme des ruisseaux de feu; et puis, un peu plus om... qu’a pousser un bouton pour que les imaginé des choses pareilles a ce que j’ai vu pendant cette . . . p , p , _ visite. ' . p - V 5”“ . p . ‘ 'fl .‘ " w . ”‘9 \ . mécamquqs sei‘Vant a leur travail... __ ‘ , M se mettent a marcher toutes seules. Si je pouvais avoir un systéme Apres ca, nous avons vu encore des machines a tra- J’en avais ramassé un, je me disposais comme ca pour ma machine a coudre, au vailler 1e fer. Tout doucement, sans seulement avoir a me 1e mettre en poche comme souvenir, lieu de pédaler comme cycliste en montée, l’air de peiner, ca vous rabote des barres énormes, et quand le contre-maitre est venu a moi probable que ca me donnerait plus de gofit ca fait des copeaux jolis comme tout, brillants, tout avec un air, ah! mais, un air tout a fait a la couture. enroulés sur eux-mémes. extraordinaire. ' 71:" ‘li ’1. , “ A I . unmoauo-u --0 -~ w“,; ‘u l.» l. . .\ , .» ._ ,_ . .,. . ‘rh . .,. . M -.4-o~m 56 . UN REGLEMENT REDO UTABLE a :44. up)». “N . ..l..x . ., , mu“..- n-4.~—’\ ,...,, ,. , - . -~ I.-—« . . ..,_...-..... .t‘w:‘y-»‘l . De lui voir cet air, je suis - restée toute saisie, tenant toujours mon copeau. 11 a regardé auteur de nous, et du Code"? , - , militaire, 9a vous expose a i toutes sor- tes de peinas plus épouvantables les unes quelos autrele’ai pas en plus tot 33g 2 , a , , lu 9a que la ven t’tc "m’a prise. J’ai ‘ 523'”) oouru dans le coin de l’atelier 01‘1 j’avais ramassé mon copeau: je l’ai remis a la méme place.” .. bien exact‘ement, et j’ai pris les ouvriers qui étaient la a témoin. « Vous « voyez, que je leur ai dit, je 1e remets, ce copeau; « faudra 1e dire a l’inspecteur, s’il vous en parle. » Qa a paru un peu les surprendre. Pendant ce temps-1a... a. t J" a p a le copeau « et je me era: mains plutot raw" ~ . o l a r les 'plus de pous 131' que de bons mor- dl'l jour d’aujourd’hui,... et me tamponner l’oeil. « J’ai rendu _ . . is; « mal? a de- ' mandé Mau- ‘n bec J’ai répondu : «Pas to a que de prendre rien d’autre, méme 9a ceaux. Juste au moment que je prononoais « pas grave; y a pas a s’en occuper. » a ne vaudrait-il que le centiéme d’un ces paroles, ily a eu un coup de vent qui Mais aussitét, i1 m’est venu une ré- c: centiemede centime. » Je causais ainsi, a soulevé un petit nuage de poussiére; flexion affolante; j’ai crié « Mais si, adossée a un gros tas de charbon, 01‘1 j’ai senti qUe quelque chose m’entrait sous « qu’ilfaut s’en occuper! Peut-étreque 11 y avait, comme dans tous les charbons la paupiere, je me suis mise a me frotter « si que c’est grave. » Alors, tirant mes paupiéres avec mes doigts... .‘ .. c’était a vous faire devenir cheveux comme ides piquant: orc-épic :que tout ce qui est compagnons étaient soru tis. Quand je les ai re- joints, i1 m’a semblé qu’ils in t e r r o m - p « Ca vous « fait ' puis il a fait un grand sou- . '. partienta l’armée; qu’en pren- pir, et in a dit : c L’inspec- « car sans 9a, vous a- 2/ tout de suite, lui donnaient dre la momdre chosez c est pas ‘ «'teur n'est pas la; per- «-n’y coupiez pas d“ Conseil de g erre. » chaque fois des tapes dans le dos, un vol seulement, mals. une tra-; ’ « sonne ne vous a vue... D’abord,j’aicru que c’était une plaisanterie, en l’appelant satané farceur. Il m’a hlSOIl, et que vu lesartlcles tant , ' ¢ tiéSt de la chance... vu que ce contremaitren’avait pas cessé,pen- devinée, il a repris :« Je ne plai— et ta-nt du Code penal... ‘ 5‘: dant la visite, de dire des mots bien spirituels « sante pas, je vais vousle prouver. » Et et a s’en tordre de rire, meme que Maubec et i1 m’a conduite devant une aftiche Lemboité, avec (1111 i1 était devenu ami... ‘ placardée dans l’atelier. ‘ /\ '7 Ce que j’ai In 1:21... l o l ‘ "\ paient une conversation 01‘111 était question de moi. Tous trois riaient. Lemboité et Maubec tapaient plus que jamais dans le dos du contremaitre. « Me « voila en regle, que j’ai dit... j’ai demandé a mes compagnons de regarder dans mon oeil, de tacher de voir ce qui y était entré, de me dire si c’était une poussiere ou un char- bon. Ils ont regardé, Lemboité a dit : « J’ai « pas mes lunettes, je ne « vois rien. x . mmwhmr -' u ,, 4. —~ ~ ‘1... , w ‘ ‘ , ~ . , .- .-.v V . ._ .. 4.;9. -, “yaw-ands.“ .~i__n.4.onnrgu~a-.,”1m; "(.‘pu"~“¢" .\ v . -‘~>c"" \- » we :7, s . - I ‘ ‘ 5.2m- .. . “Jawow...~(¢n C’est gris, a fait Maubec, c’est une poussiére. — I a Cast noir, a riposté 1e contremaitre; c’est du char- bon. » Ils se sont un peu disputes, et puis Maubec a regardé de nouveau et il a convenu que c’était du “in. K ' « et bien Soigneusement, sans le faire tom- « ber, sans le perdre... » 115 out essayé, mais, dame, ils n’ont pas des mains d’infirmiéres; ils n’ont charbon. « Ah! mon « du charbon! Il faut~le retirer... ) \ ' D’avoirfrottél’oeilma- lade, 9a avait enflammé, l’autre. J’allais a tatons, comme une aveugle. J’ai deviné, plutot que je l’ai vu, le médecin-major. « Monsieur, que je lui ai dit, je vous en « prie et supplie, ne perdez pas mon « charbon; gardez—le moi. » Déja i1 me faisait asseoir. ’ .1. ; " ‘ . .. Maubec et le contre- maitre m’ont rejointe. « Vrai, m’a dit 1e « premier, vous en avez fait des grimaces, « den a été une comédie. » Ca m’a mise en co- lére. J’ai crié :« Mais, malheureux, ce que j’a- « vais dans l’oeil, c’était du charbon de l’Etat, « du charbon de l’armée; si on... 'Dleu! que j’ai crié, Ca a été Vite fait, son opération, et bien; je n’ai rien senti que l’eau qu’une gentille infirmiere, aide du major, me seringuait dans l’oeil pour me Ie laver. A coté d’ehe... pas réussi, et ils me faisaient mal; mais la pré- occupation que j’avais me tour- mentait plus encore. Je répétais : « Du charbon! Ah! mon DieuL. 1e .é- ‘ souriant,me w. « ne l’avait pas enlevé, je l’emportais, je faisais pire « qu’un vol; alors, les tribunaux, 1a prison... Et voila ce « que vous appelez une comédie! 2) Je me suis arrétée, un peu honteuse de lui parler sur ce ton, me disant que j’al- lais l’avoir faché. Pas du tout, lui et les autres, ils riaient... un papier sur lequel i1 y avait un point noir gros a peine comme une téte d’épingle. « Voi- « la 1e précieux charbon. —— Oh! (( oui, monsieur, que j’ai ripos- a té, bien précieux; i1 pouvait « me faire aller en prison; « je vous remercie avec « tout mon coeur... « a Queue catastrophe!... J’suis- « t’y malheureuse! xa Sans m’en ren- dre compte, j’avais élevé la voix; je gémissais, je criais prosque. Des ou- vriers se sont assemblés; l’un d’eux a dit qu’il fallait me oonduire a l’in~ firmerie de l’usine et on m’y a menee. « mes priéres. nSans lui laisser le temps d’autres questions, j’ai galopé jusqu’au tas d_e poussier, j’y ai remis 1e pent grain noir. Alors, j’ai pousse un ouf de soulage- ment. A ce moment, Lemboité... ( comme des bienheu-- “ reux. Je les regardais toute surprise, quand, tout d’un coup, j’ai recu dans le dos une tape si forte qu’elle a failli me jeter par terre‘. C’était le contre- maitre qui m’appelait satanée farceuse. Je n’ai pas encore compris pourquoi. LE sage , s En rentrant de l’usine de Bil— lancourt avec l'ustensile que nous y avions été chercher, nous étions tous a nous demander si ce bout d’acc ire ferait marcher notre auto. Lemboité, qui est plein de sse, a observé que le meil- ,n“? . leur moyen de le (5.) sav01r,... (u.- x “v v ’\ I ' 2.) 4. qui tremblait quand il a command ‘ N r .Illl" v ; .2 .Illmmuuu ‘ .i . - é : « Toumez, je vous « pne, monSIeur Lemboité. » Lemboité a tourné, pas longtemps, tout juste un demi-tour, qu’il a fini par un coup sec du poignet. Ca a suffi ; le moteur s’est mis a ronfler. J’ai crié : « (,Ia marche; » les autres ont répété : «9a marche.» C)"; .9 c’était d’y essayer. II a quitté sa vareuse, a passé une cotte, et s’est mis a travailler comme i1 sait faire, sans perdre une minute, ni lever 1e nez de son ouvrage.ll n’apasété long a ajusterla piéce‘neuve sur le mo- teur; alors il a mis ) , de l’essence... ‘ Q . \. et un peu folle. Quand elle a eu fini ses gesticulations, elle a dit qu’il fallait féter, verre en main, la grande souccés de la Ralep. Elle nous a emmenés dans la salle a manger, on on a trinqué, et avec du champagne, encore! 9a m’a enlevé mon reste de rancune con tre la oolonelle. - et avec lui, Carmencita, dont nous nous serions bien passés. On était tous ranges autour de la voiture; et,'vous dans le reservoir, puis il a empoigné 1a me croirez si vous v_ou1ez, on manivelle, et il a dit : « Ouvrez vos yeux et vos était émus comme 51.. ce tacot ‘« oreilles; c’est le moment, c’est l’instantl —— derien du tout c’avalt ete une « T'ournez pas, m’sieu Lemboité, que j’ai fait. \ ‘ machine a finir la‘guerre. Le « F aut que le chef voie 9a. » Je suis all‘ée 1e cher- chef avait la v01x... Q cher dans son bureau; Jfl) I" .a-1 il est venu... ": 1.!va (/ Le chef a ajouté : « Une voiture de Elle criait : «Bravo, l’auto! Bravo le senor « la Ralep qui'marche! Je croyais bien « Lemboité! » Elle a méme crié : «Bravo Bécas- « que, de ma’vre, Je ne verrais cela! » On « sine! » Et ca a commencé de me réconcilier s,enta1tqu11eta1t.content,maissafemme avec elle. J’ai fait réflexion qu’au fond ca 1 etalt. plus que lu1 encore. Elle trépignait n’était peut-étre pas une mechante femme fnair de JOle; elle faisait des sauts, des bras seulement une femme emportée... , au ciel comme si elle dansait. Elle nous faisait des sourires; la satisfaction 1a rendait presque jolie. En la voyant si changée, ' C’est toujours au moment qu’on va manger tout a fait aimable et gentille, je son potage qu’il tombs dedcms une poignée de me disais que la vie a la Ralep cheveux. Vous m’excuserez de vous citer ce‘ allait devenir un vrai paradis. Ah ! proverbe, peut-étre pas bien distingué. C’est je ne me doutais pas de la catas- Marie, 1a cuisiniére de Mme de Grand-Air, trophe qui nous guettait. Comme qui me l’a appris. Elle le répete a tout bout dit 1e proverbe : de champ. .-..ou quelque chose .. 4; _ ( revien§ a la A un moment il a murmuré, si A , - -, . , , , , -- . catastrOphe... Pendant la scene de bas que j’ai été seule a l’enten- i} la €113? 51,11 (glare Jour, Jtai‘ete 31311356 par§eléu’ellel a d? en traversan: trinquerie qui préc‘ede, -j’avais re- dre : « Voila ma vengeance ». II E -- asv'dé's arolgseéau’rgu: e a cg e et ou1s ’dJ 3‘1. pins que 9a fietal marqué que Maubec était agité, in- est sorti précipitamment et, quel- ’ fui ét 50% cheval 1ng 20:28; 5:232.- 21:25:15} $331238 egreusemen ’ que quiet. Ilregardait souvent par la fe- ques instants aprés,il est revenu, ’ “’ ’ p ’ 9 nétre,semblantguetter quelqu’un... tenant une lettre.‘ 111 a remise , . au chef en lui disant que ‘ ' -k c’était pressé - impel? tant... ;, «Me fai- . i" « re partir! « Me chas- « ser! C’est Avez-vous dé j a . ‘ « oune infa- _ vu une tigresse a « mie c’ est qui on arrache son « oum; honte! petlt ? PrObable « Quail . que vous n’avez jamais vu 9a. Moi non plus, « entre, __ , et . que si on avait besoin du reste.SOnu:ss;1rfi3 ($1015 01:5: $313,223: 353:: « l’hommequi veult me chasser! . , d’explications,l’hommequia‘ppor- pense pa q 9. t t p t , qb m t « Je vais 1e tower. » Le pauvre . tout son calme. Meme, taitle billet les fournirait. Le chef lequel Carmen“ a [es 61.1 refi 11.15911? en ' Agénor cherchalt en yam a la {1 paraissaitsatisfalt, ce que a lu; son expression a change; on Elle ruglssait, elle ecumait, e e (malt ' calmer. M01, J’en ayals la pe- 1e ne trouvals pas charitable. voyait qu’il était contrarié, cha- ;; 3 tite mort dans les velnes..Mau- II a dit, avecson air de um . griné; puis sa ' ‘ bec, au contralre, avait re- ‘ en dedans qu 11 a souvent : femmes’est ap- pris... 1M, ' « Je.vals chercher l homme, ‘~ prochée, a lu ' ( »~‘ = « pmsque Mme la Colonellele « désire.» Deux minutes apres, l’homme est e‘ntré : c’était le chemineau dont... pardessus son épaule, et alors. .. je vous aiparlé plu- ' >- sieurs fois . . l . II a ajouté : « Nous ..., , \ déja. J’au- ' . . "" 22v aussi des pressen- , c: aurons sans doute a cau- ca m’énerve, 9a me _ rais dfi étre - . timents. II a salué ‘ - a ser confidentiellement. » coupe l’appétit, 9a me trouble . _ . surprise de trés correctement Carmencita et le chef; i1 leur a J’ai compris que Maubec 1e sommeil. Et i1 n’y avait v01run1ndividu simalmisin- dit :.« Je suis désolé d’avoir a remplir aupres de et moi étions 'de trop. Je qu’a voir l’air de la colonelle tervenir dans cette affaire. Eh « vous une mission qui vous sera pém‘ble », et j’ai été me Suis empressée de sortir pour deviner qu’elle n’allait b1er'1!pas duvtout, je l’atten- frappée du contraste de ses paroles et de ses ma- avec mon collégue, et j’en pas précisément raconter des dais presque : je n.’ai pas seu- niéres, qui étaient de quelqu’un du grand monde, étais bien contente, parce douceurs au chemineau mys- lement du flair, j’ai souvent... avec ses habits de galvaudeux. que les scénes Violentes... térieux. 60 LE REPENTIR 2 u voulais des- cendre au b bec a prétendu qu’on pouvait avoir besoin de nous. Nous sommes dcnc restés dans l’an- tichambre qui touche 1a salle 2‘1 , v . manger. c couvre la téte de cen- « dres, come on fait dans « mon pays, en signe de re- : « pentir. »Elle était si drole ainsi que, tout en étant émue, j’avais peine a ne pas rire. Mais l’envie de rire m’a passé en regardant Agénor. Il était bouleversé, le pauvre cher homme. Il pressait les mains... il l’a racontée. Il parait que chasseurs, juste pendant heures, nommé par les chefs. ureau, mais Mau- . Etant. :21 ce que j’ai appris, depuis un agent de la police secrete, chargé des enquétes sur les étrangers, - il connaissait toute l’histoire de notre cheffesse et de son premier mari et 'meux colonel avait été colonel de Nous y étions a peine qu’on a entendu a travers la porte des éclats de 9 voix de la colonelle, tout un brouhaha de diSputes, qui a duré assez long- temps. Et puis 1e calme _ 7 , s’est fait, auquel a suc- s e oédé un bruit de sanglots. J’avais le coeur si chaviré que je pleurais presque. '3 de sa femme, il lui di- sait :« Calmez-vous. Vous n’étes cou- « pable que d’un peu d’exagération, ,ce « n’est pas un crime. Vous allez retour- « ner chez nous, a Piton—le-Causse; je « donnerai ma démission et j’irai bien- « tot vous rejoindre. » Elle a crié : « Merci! Ye vous ai mé- " « connou, homme magna- « nime! » d’une revolution qui avait éclaté en Patagonia; au bout de deux heures, une autre révolution avait triom- phé et Gonzales était redevenu ce qu’il était. avant :chasseur deux encore, mais de restaurant. . C’est cette révélation qui... ce fa- a paru, une Carmencitaméconnaissab . velée, les yeux bouffis de larmes, a ablée, lamentable. Elle a crié .« Venez, ye veux I;‘ 1114*, ‘ . ' \ x faire ma confession devant « vous. ,Ye soul's oune grande .1) « coupa- " ‘ _« ble. 3 Et elle a fondu en lar- mes. Je ne l’avais pas at- tendue pour en faire au- tant. Mais il faut que‘ je vous explique 1e motif (1e toute cette scene. La let- tre remise par Maubecétait tout simplement l’avis d’un reglement récent, interdi‘ sant aux femmes d’origine étrangere d’habiter des locaux 01‘). on travaille pour la guerre. En consequence, Carmencita devait quitter la Ralep. 'r ‘ 4 .. 1- -' _ v_ . V ‘ . honteuse. Pour en finir avec elle, car je crois bien que je n’aurai plus l’occasion de vous en parler, une lettre de sa bonne m’a appris qu’une fois rentrée a Piton-le- Causse, elle y a vécu dans les lar- mes et le repentir. Décidément... 1.; *3! Nous sommes entrés a sa 5 te. Elle était comme en délire; elle se frappait la poitrine, elle se jetait aux pieds d’Agénor en lui demandant pardon; puis, tout a coup, elle a pris, dans la cheminée, un res- i tant de bfiche brfilée et elle s’en est coiffée Au lieu de s’incliner, elle s’était mise en col‘ere: elle avait dit des injures a 1 l’homme chargé d’apporter l’avis. Il s’était ' faché a 5011 tour. I” 9a n’est pas une méchante femme. La bonne ajoutait qu’elle continue a se mettre des cendres sur la téte, ce qui oblige a balayer tout le temps derriére elle. Ca, c’est une exagération que, comme domestique, au point de vue de la propreté et du ménage, jc ne peux pas approuver. xm‘ vary-w .5. , .- n... v";- :1 .M_W '.. ram” DU CHEMINEAU ' ' . - 61 Peu de jours apres le départ de sa femme, 1e chef nous a fait ses adieux a son tour : sa démission avait été acceptée et, du reste, la Ralep était supprimée : on s’était enfin aper- cu, au ministé're, qu’elle ne servait pas a /:\ grand’chose. \ l’ai trouvée en conversation, devinez avec voir ma maitresse, qui ne recoit que du beau mon entrée, il a dit : « Voila notre jeune fl " C’est pour cela que vous me voyez ((131.15 ce, costume peu reluisant... Mes « fonctions sont passionnantes, et vous « pouvez m’y aider. » Puis se tournant vers madame, il a dit :« Consentez, chére amie, } « a ce que Bécassine devienne ma secré- « raire: elle a du flair; 1e flair c’est tout, a a dans la police. 1: Madame était hésitante. Un jour, comme je portals 1e thé a madame, )e l N 2,: a“: ‘ En une année d’existence, elle avait'fait marcher juste une auto: . ca mettait cher 1e tour de moteur. ' , . A . . ‘ " Par suite de tous ces incidents, je M315 en attendant, )8 n’avals men a faire que d’accompagnc—a' me suis‘ trouvée sans emploi. J’ai ma bonne maltresse dans ses promenades au parc, qlli est de- écrit une belle lettre a M. Bile, pour venu bien trlste depms que, par crainte des avions, ‘ on a entouré 1e prier de me caser quelque part. de fagots les belles staues. L’oisiveté et surtout 1e manque J’en ai écrit une autre a mom ami d aventures me P35311611t beaucoup. ‘ Zidore, lui deman- dant de me souffler une idée,1uiqui en a tant. Avec mon chemineau. Et j’ai été bien surprise de « parlé de moi, \ $14.», i i.\ 'L ‘,,A ,1» I *‘ ). 1; « ...pour " - ’ qui P... i « l’Angleterre et qui a ‘- ’ 'suivant sa dans Bé— « adopté votre chien Hin- vieille manie. Il m’a arrétée. il a monde,. » cassine pendant la guerre et « denbourg. » C’a a été un eu la gentillesse de m’aider a me re- s’entretenir de bonne amitié avec ce loqueteux. A « Bécassine chez lesAllz'és. Rap- trait de lumiere, j’ai crié : coiffer; en méme temps, i1 m’expli- lle! » Il « pelez-vous : 1e monSleur qui « M. Proey-Minans! » Et quait :4: Je ne m’occupe plus de Je l’étais aussi. A'ce moment, Maria est venue m’appeler parce que le facteur apportait pour moi deux lettres sur les- quelles i1 y avait écrit :trés presse. Je les ai lues. C’étaient les réponses de M. Bile et de Aidore. 115 me disaient, l’un... est 'venu a moi et il a repris : « Vous ne me recon- « vous a reconduite a Paris en déja, je retirais ma coiffe « phrénologie; je m’occupe de po- .. naissez pas? Pour- tant vous m’avez vu « aofit 1914... 1e monsieur qui pour qu’il puisse tater a lice secrete, surveillance des « souvent,/_\vous h \ M ‘ vez beaucoup.. « vous a embarquée mosbossesde téte... « étrangers et des suspects, recher- / . __ ~ « l’an derm’er.. I , « ches des es- {/“\ pious... / , .. _ 2‘ 2. W‘» ".d’occu- u’il avait en vue un \ - pations, et emploi pour moi; l’autre, qu’il était plein mes pressentiments me garantis- d’idées et que, venant en permission sent que j’aurai encore bien des dan‘s quelques jours, 1] me les dirait a histoires, bien des aventurw a ce moment. Alors je suis rentrée dans le vous raconter. Nous allons nous ' salOn, j’ai demandé a M. Proey-Minans séparer pour quelque temps, mes un petit délai pour me decider. Ce que bonnes petites chéries, mais je je ferai, je ne le sais pas encore, mais je ne vous dis pas adieu, je vous suis sure de ne pas manquer. dis au revoir. Questions de taxi. _. . . . . . 'La conversation interrompue . e Oh! la 1a!... Oh! la la! ». L’idée deMaria .. . . . . _ On déménage . . . . . . L’arriVée a Versailles . V a 4 .> . ‘ .César O O I U I O " Le conseil de la Petite Gazetteer . Au bureau des mobilisations féminines . PharmaCie et poésie Histoire du Poéte. . . Le numéro 3917 . .. . . Le stylo recalcitrant . .Bécassine est engagée. Une ‘nuit troublée '. . Le retard :réparé . . .» . Un déjeuner sur l’herbe . Virginie Patate: - . ' Chantiers-PorChefontaine_ . Bécassine s’amuse . . . Les farces du Chérubin.. Une réconciliation . . . L’heure des arbres . . . '. .Plaie d."argent L . . . .. Receve‘use e1: iconducteur . . he‘s confidences de Lemboité . L’émotion de Bécassine . ‘ . . Co'rnme chez Madame . L’Orage '. . .' . . . . Le tramway vagabond . I / DES MATIERES . Une grave affaire . . . . Ce bon M. Ledoux. R. A. L. E. P. E. U. P. P. S. '1‘. Autant de tétes, autant d’avis . La transformation de M. D. Bile . Quelques exercices A la Ralep. . 01‘1 I’On voit la colonelle. \OOOVONUIAQJN H 0 Ce pauvre M. Ténusel'. . Agénor et Gonzales . H H Le classement‘ des dossiers. H N La Corvée‘de manivelle . . H 00 L’aimable M. Dumarteau . H - 4:. Charrigou entreen scene . . La combination de Charrigou. . Une Vente mouvementée . . . Bécassine reprend ses mémOires Les rnenaces'de Carmencita . . Bécassine réfléchit . . . Lemboité reparait. . . . . Le tableau noir. . . . . . La circulaire 3721. . . '. . , Lemboité se remboite. . . . . . Les émerveillements de Bécassine . Un réglement redoutable . . . . Le charbon dans l’oeil. . . . Le grand succes de la Ralep . Au bord de la catastrophe . . Le repentir de Carmencita. . . . . La proposition du cher'nineau. . . . Canaan. Imprimerie CRfi'rk. « ..,.. 9.. ;WA"-=u-LWV=.S¢"¢VW“.M:~ -ia-ufffl" , ”wwwa-vmv .w-r—v-Am‘ \ ‘(v u > . \- abmyvfi A W-‘Q‘éfi ~ 1" chum» ., mm.- ‘ . guns... 2:3