Africa Media Review Vol. 6 No. 2 1992 ©African Council for Communication Education Circulation de rinformation et Pluralisme: Quels Delis Pour la Presse Africaine? par Hugues Kon6* En reconnalssant les defls face a l'avenlr pour la presse africaine, cet article parle du circulation de rinformation et le pluralisme. D'apres Particle, les principaux defls face a l'avenir de la presse africaine sont (1) la rupture de la spirale du silence; (ii) la generalisation de l'acces a rinformation; (111) la diversification de rinformation: (iv) l'avenlr du service public; (v) les acteurs de la circulation de rinformation; (vi) le defl de la rumeur; (vii) les pesanteurs sociologiques; et (vliii) la circulation de l'lnformatlon au plan International. Les conclusions de l'auteur sont que la presse africaine se trouve dans une position beaucoup plus favorable que dans le passe pour jouer un r61e dans la culture de la democratie et au meme temps pour nouer avec la presse Internationale des relations de maturite. •Dr Hugues Kone est directeur du CERCOM, lUniverslted' Abidjan, la Cote d'lvoire. Pluralism and Information Dissemination What Challenges Face the African Press ? Abstract With the realization that the African press faces challenges ahead, this article expounds on pluralism and information dissemination. It sees the main challenges confronting the press as (i) rupturing the "culture of silence", (ii) liberalization of information accessibility, (iii) diversification of information, (iv) the future of public service, (v) information disseminators, (vi) the spread of rumours (vii) sociological lethargy, and; (viii) information dissemination at the international level. The article concludes that the African press is in a more favourable position than in the past to play a role in the culture of democracy and to establish a more mature relationship with the international press. I Introduction L'Histoire retlendra certainement que cette fin de siecle aura ete marquee par l'expresslon, plus ou molns vlolente. d'une volonte de briser le monolithisme politique dans les parties du monde ou celui-ci etait de rigueur, en particulier en Europe de l"Est et en Afrlque. L'information aura joue un grand role dans l'apparition et la couverture du phenomene. Cela est indiscutable: U sufflt de constater la contagion des notions de "conference nationale" et de "coordination" dans les pays d'Afrique francophones. Toutefois, l'institutionnalisation du pluralisme ne garantit pas l'exercice satisfaisant de celui-ci. L'exemple des pays ayant une longue pratique du pluralisme (Europe occidentale, Amerique du Nord notamment) nous instruit: le pluralisme se construit et se defend; il n'est jamais definitivement acquis. Mon ambition en m'exprimant devant vous est modeste: je me propose tout simplement de partager avec vous quelques interrogations qui me sont venues a l'esprit a partir de la comprehension que j'ai eu du theme du Congres: quels sont les nouveaux defis que doivent relever les professionnels de la communication afin de fortifier le pluralisme dans nos societes? Comment les mass-medias peuvent-ils y repondre? Mais avant de les analyser avec vous, il ne me paralt pas superflu de rappeler les verites suivantes: 1. Toute societe humaine est par nature pluraliste; elle est en effet composee de divers groupes et indMdus marques par des differences (culturelles, ethniques, sociales. etc.); l'acceptation de ce pluralisme suppose la reconnaissance de la liberte d'opinion, de la liberte d'expression et de la liberte dissociation; 2. Aucune societe ne peut pas fonctionner sans un consensus minimal, sans un minimum de choses en commun; c'est la raison d'etre des mecanlsmes de reduction des conflits; la recherche du consensus maximal conduit a la limitation de la liberte d'opinion, d'expression et d'association. Les societes traditionnelles africaines sont considerees comme des modeles acheves de societes consensuelles; 3. Chaque societe particuliere evolue entre ces deux p61es; elle determine, par des mecanismes qui lui sont propres, sa position sur le continuum a un moment donne de son histoire. En cette fin de siecle, le paradigme dominant est celui du pluralisme; et 4. I'nformation est a la fois le materiau de base et la mesure du pluralisme. Les principaux defis sur lesquels j'ai fixe mon attention sont les sulvants:(i) la rupture de la spirale du silence; (11) la generalisation de l'acces a rinformation; (111) la diversification de l'lnformation; (iv) les acteurs de la circulation de l'avenir du service public; l'lnformation; les pesanteurs sociologiques; et la circulation de rinformation au plan international. le deft de la rumeur; (viii) (vii) (v) (vi) La Rupture de la Spirale du Silence D'une maniere generate, les mass-medias manipulent la societe et l'appauvrissent selon le processus suivant: 1. Les individus ont des opinions et Us recherchent dans la societe des signes de soutien ou d'absence de soutien a leurs opinions. En effet, la conviction est repandue que plus une opinion est partagee par beaucoup de personnes, plus elle est vraie; 2. or, les moyens d'lnformation de masse ont tendance a privll6gier certalnes opinions et a garder le silence sur d'autres; on dit d'aflleurs qu'lls determinent l'ordre du jour pour la societe en soulignant ce a quo! les gens doivent penser; 3. alors, se sentant sans soutien et croyant que les opinions exprimees par les medias sont majoritaires, les individus renoncent a faire connaitre leurs opinions reelles et sont alnsi reduits au silence (Noelle-Neumann, 1974). Le veritable plurallsme suppose la rupture de ce cycle ou tout au molns la limitation de ses effets. Pour cela. il faut mettre en place des possibilites d'expression des differentes opinions ou relativiser la representatlvite des opinions diffusees dans les medias. A ce niveau, il faut se mefier des pseudo-sondages ne presentant aucune garantie scientifique et dont le seul mdrite est leur faible cout. D'ailleurs, de tels sondages doivent etre reglementes afln de proteger le public contre la disinformation. Seul un debat reel peut permettre de deboucher sur un consensus authentique. La Generalisation de l'Acces a l'lnformation Des recherches conduites dans differents types de socletes ont montre que ce sont les categories deja favorisees qui tirent le plus profit du developpement de l'lnformation, que ce soit la mise en place d'un nouveau media ou celle de nouveaux contenus. Elles en ont les moyens intellectuels et financiers; leurs Interets sont souvent mieux pris en compte. La question se pose alors de savoir que faire pour que le benefice du pluralisme ne soit pas seulement limite a une minorite instrulte residant dans la capitale et disposant d'un pouvoir d'achat sufilsant. Le risque est grand de voir la majorite de la population reduite au silence, marginalisee et manipulable a merci. En effet, dans la plupart des pays concernes, le pluralisme s'est traduit par la floraison d'une presse ecrite basee dans la capitale, publiee en francais et couteuse a la vente. Dans ces conditions, la radio et la television constituent le veritable enjeu en raison de leur accessibilite et de leur impact sur le grand public. En effet, deja en 1987, une de mes enquetes menee en Cote d'lvoire avait fait ressortir que llvoirien souhaitait utiliser les medias pour s'exprimer et ne plus se contenter du role de simple consommateur. Toutefois, realiste, il reconnaissait que cela n'etait pas facile parce qu'on ne permettait pas de tout dire, parce qu*il fallait avoir des relations dans le milieu de 1'information, parce qu'il fallait bien s'exprimer en francais, a cause de l'eloignement geographique de ces medias . . . L'inaccessibilite paraissait plus importante aux yeux des membres de la couche inferieure puisque 70,5% des enquetes appartenant a cette couche estimaient que la radio et la television etaient hors de leur portee contre seulement 36.4% des membres de la couche superieure. Pour ces derniers, seule la liberte d'expression reduite constituait un obstacle. La generalisation de Faeces a l'information constitue un veritable defi car: "Ce qui definit la democratic e'est le combat, toujours recommence et jamais gagne, contre toutes les formes d'inegalite dans la libre expression des pensees de chacun et dans le libre acces aux pensees d'autrui, quelles qu'elles soient." (Balle, 1988). Elle est inseparable de l'elevation du niveau culturel de la population a travers l'education et l'alphabetisation et de la diversification des medias. C'est ainsi que les medias ruraux doivent etre developpe&et permettre aux populations vlvant en milieu rural d'etre informees des principaux debats nationaux et de se faire entendre. La Diversification de l'lnformation La diversification des supports et des sources d'information constitue une chance de garantle du pluralisme. n ne faut cependant pas perdre de vue que pluralite des sources ne signifie pas automatiquement pluralisme: elle peut se reduire a une variation sur un meme theme. L'on salt que l'URSS d'avant la perestroika (1986) publiait 727 quotidiens difiuses a 96,4 millions d'exemplaires contre 62 millions aux Etats-Unls; elle n'etait pourtant pas un champion de pluralisme, bien au contraire. Avec la diversification, le public peut avoir le choix entre plusieurs types de moyens d'information: 1. La presse partisane: les organes appartiennent ou sont proches de partis politiques en competition pour l'exercice du pouvoir; la selection et le traitement des nouvelles sont guides par les interets du parti d'appartenance ou de reference; ils ont l'avantage de proposer une autre grille de lecture des evenements; 2. La presse independante: elle est le fait de professionnels ou de personnes voulant garder leur distance vis-a-vis des partis et ambitionnant d'offrir une information "objective", sans parti-pris a priori. Dans l'univers francophone, "Le Monde" constitue pour les defenseurs de ce type de presse un modele; 3. La presse de service public: elle est entretenue par l*Etat et s'efforce de respecter l'interet public et les rapports de forces dont l*Etat est lui-meme l'expression. Dans les pays ou l'Etat se confond largement avec le parti au pouvoir, cette presse se demarque difllcilement de la premiere; et 4. La presse etrangere et Internationale: elle est importee sous diflerentes formes et peut constituer un appoint ou jouer un role cle dans rinformation du public. La diversification ne peut se faire sans un minimum de reglementation. Pour cela, une charte de rinformation doit etre etablie la ou elle n'existe pas encore. Elle doit etre guidee par l'article 19 de la Declaration Universelle des Droits de l'Homme (ONU. 1948) qui proclame le droit a la liberte d'opinion et d'expression par quelque moyen que ce soit, tempere par la resolution 59 (I) de l'Assemblee generate des Nations-Unies (1946) selon laquelle ". . . l'obligation de rechercher les faits sans prejuges et de repandre les informations sans intention malveillante constitue l'une des disciplines essentielles de la liberte de rinformation." Toutefois, la question suivante se pose: comment entretenir et vivifler le pluralisme en periode de difficultes economiques graves? En effet, le pluralisme en Afrique n'est pas issu de la prospSritfe economique mais d'un constat d'echec en la matiere: c'est l'echec 6 economique qul a servl de terreau fertile a la contestation. Or, l'exerclce satisfaisant du pluralisme suppose un minimum de moyens materiels, techniques et financiers aussi bien au niveau du public qu'a celul des moyens d'informatlon eux-memes. Le danger est done grand de voir la presse nationale s'6tloler ou delalsser les debats d'idees pour se refugier dans des creneaux financierement porteurs tels que le divertissement. C'est ici le lieu de souligner que le pluralisme de rinformation dans les pays developpfis est considere comme etant en peril: en effet, rinformation y est de plus en plus soumise a la lol du marche, comme n'importe quel prodult de consommation. En consequence, de grands groupes transnationaux se constituent et y est privitegie' le contenue qui attire le maximum d'audlence ou de lectorat. Une telle evolution, si elle gagne le Tlers-monde, aboutlra a des consequences graves: mainmise des capitaux etrangers sur les moyens d'information, dlsparltlon de rinformation de developpement. productions locales encore plus reduites, etc. Face a une telle perspective, l'existence d'un service public fort est Indispensable. L'Avenlr du Service Public La devise du service public pourralt etre: servir le public et non rasservlr. On retlendra tout d'abord qu'un service public est un organisme mis en place par FEtat en vue de satisfaire un besoin public, une actlvite jugee tellement importante pour le groupe social, qu'elle doit etre exercee ou controlee par une collectlvite publlque. Quelles peuvent 6tre les obligations des medias du service public dans le contexte du pluralisme? Le medias peuvent prendre certaines responsabilites, par example: 1. Creer les conditions d'un acces generalise a la reception: 2. permettre l'exercice du droit a la communication qul suppose le drolt d'6tre informe (autrement que par la rumeur et les tracts) et le droit d'lnformer; s'll est illusoire de penser que tous les citoyens peuvent s'exprimer par les medias s'ils le souhaltent, il est important de faire en sorte qu'aucune categorle ne soit exclue par des mesures discrimlnatoires: 3. assurer la circulation des Informations necessalres au developpement, au progres et a l'equilibre social et culturel de la societe; stimuler la creatMte dans la societe et soutenlr l'education en explorant des voies nouvelles; 4. cesser de fonctionner comme tine courroie de transmission verticale pour se placer davantage au coeur du systeme social, gerer les rapports de forces internes et extemes, fonctionner comme un nouvel arbre a palabre; 5. imposer des criteres de rinformation d'interet public: en effet, deja en 1976, les joumalistes ivoiriens avaient demande aux autorites politiques de condamner fermement: . .. les interventions de toutes sortes qui n'ont pour d'autre but reel que de mcttre en avant telle ou telle personne, par le biais de compte- rendus de mariages, funerallles, remises de distinctions meme, de communiques divers, toutes mini-informations qui en d'autres presses appreciees pour leur respectablllte. se trouvent a Juste titre rassemblees en des rubriques specialisees, releguees. modestement et, le plus souvent d'ailleurs, inserees a tltre onereux. (Seminaire du Parti sur la Presse, decembre 1976, p. 6): et 6. proteger les professionnels contre les pressions de toutes sortes. Pour exercer de maniere satisfaisante ces taches, rautonomie de gestion est fondamentale. Cela est certes vrai pour les differents organes d'information; cela Test egalement pour les agences de presse dont le role devient essentiel: il est clair qu'aucun organe ne peut assurer de facon satisfaisante par ses propres moyens la collecte des informations sur l'ensemble d'un territoire. Le recours a une agence de presse credible est indispensable. Une telle agence doit pouvoir proposer un monitoring de nouvelles pour les chaines de radio et de television, qu'elles soient privees, regionales ou locales. Les Acteurs de la Circulation de rinformation Le developpement actuel du pluralisme en matiere d'information rappelle a maints egards la periode coloniale: en effet, au cours de cette periode, ta presse anlm6e par les Africains etait confide a des militants ayant une bonne plume; aujourd'hui, les militants refont leur apparition dans les medias et dans certains cas, des redacteurs de tracts se sont reconvertis en redacteurs tout court. Plusieurs explications peuvent etre avancees: 1. Les professionnels sont-ils en nombre insuffisant ou refusent-ils de tenter l'aventure, loin des ailes rassurantes des organes publics, pour ceux qui sont en exercice? 8 2. lesjournalistes ont-lls perdu toute ou partie de leurcredibilite pour n'avoir pas ete en premiere ligne — en tant que corporation — dans la lutte pour le pluralisme contralrement aux avocats, aux enselgnants, aux etudlants ou aux syndicallstes? 3. leur discretion les met-ils plutot en position favorable pour l'avenement d'un pluralisme de l'information raisonne, non passionnel et plus equilibre? II leur appartient en tout cas de negocier le virage pour devenir les acteurs privilegies de la circulation de l'lnformation dans le contexte puraliste soit au sein d'un service public renove, soit au niveau des medias autonomes. L'avenir de la profession le commande. Le journaliste africain n'aura bientot plus d'arguments pour justifier ce que le public percoit comme de l'incompetence ou de la compromission: le silence sur certaines categories d'informations. Plus que jamais, l'adoption d'un code de deontologie s'impose pour que la profession s'exerce dans la clarte, a l'instar d'autres professions ayant une haute responsabilite sociale. C'est a cette condition que Ton pourra eviter certaines maladies de 1'information qui ont pour nom: surcharge de rinformation, chaos informationnel, desinformation, propagande, etc. Le Defl de la Rumeur Un vieux paysan senoufo m'a une fois ramasse le mecanisme de la rumeur en un proverbe: "si a ton reveil tu n'entends de nouvelles, tu en inventeras toi-meme.' L'information est bien pour lTiomme le moyen par excellence de reduction de l'incertitude. Par consequent, au plan de la circulation de rinformation comme sur d'autres plans, la nature a horreur du vide. Ainsi. plus rinformation officielle est rare, inexacte, depassee ou volontairement manipulee, plus les individus se tournent vers 1'information alternative, clandestine ou subversive. On peut d'ailleurs dire qu'autant la mauvaise monnaie chasse la bonne (loi de Gresham), autant la mauvaise information chasse la bonne. De ce fait, une source qui abuse de la desinformation finit par perdre toute credibilite et toute bonne information provenent d'elle fait l'objet d'un rejet en bloc. L'experience et la recherche demontrent que la rumeur prospere dans tout systeme d'information monopoliste et exerce une influence plus grande sur l'opinion. A partir de ce moment, elle peut constituer un danger pour le public car sa source est pratiquement inverifiable et done assuree de l'impunite. Les principaux moyens qul, dans une societe moderne, permettent de limiter l'lnfluence de la rumeur sont l'education par le systeme scolalre et les mass-medias et cela a la condition qu'ils fonctionnent dans un contexte de liberte. Le pluralisme represente une chance de marginaliser la rumeur dans la mesure ou il elargit le champ de couverture des moyens d'information verifiables et responsables. Les Pesanteurs Sociologiques La circulation de 1'information dans le contexte du pluralisme va se heurter a certaines realites des societes africaines et il faut en tenir compte. Les societes traditionnelles africaines savaient manipuler le secret et le silence; il y avait des sujets tabous, des secrets d'initiation, des secrets d"Etat; le non-dit occupait une place importante dans la communication. Dans les societes africaines modernes. Ton observe que le culte du secret demeure, meme sur des informations n'ayant aucun caractere strategique. Dans l'ensemble, les dirigeants sont particulierement reticents voire malhabiles a livrer a la presse des informations lorsque celle-ci en prend l'initiative. Le journaliste en quete a l'usure. Par contre, il sera courtise par une personnalite donnee afin de diffuser une declaration ou d'effectuer un reportage susceptibles d'accroitre ou de retablir le prestige de celle-ci. Par ailleurs, l'opposition est percue comme inimitie, rejet de la personne a laquelle Ton s'oppose et de la communaute qu'elle represente. La critique des idees de quelqu'un est souvent percue par celui-ci comme une remise en cause de son etre dans sa totalite. Dans de telles conditions, il faut s'attendre a des resistances a la circulation de 1'information. Enfin, l'attitude des forces politiques sera determinante: (i) les forces au pouvoir peuvent accepter le pluralisme a condition qu'il ne remette pas en cause l'ordre etabli, en tout cas pas trop rapidement; (ii) les forces opposition peuvent faire preuve d'intransigeance et d'impatience en voulant un pluralisme qui leur assure dans les plus brefs delais l'accession au pouvoir. L'information peut alors avoir pour seul objectif de marquer des points sur l'adversaire. La Circulation de l'information au Plan International L'on s'accorde a dire que les pays du Sud voient les evenements se deroulant dans le monde avec les yeux des pays du Nord. Les causes 10 de cette situation sont connues; les solutions possibles sont egalement connues a defaut d'etre appliquees. L'on ne peut s'empecher de regretter a nouveau que les pays du Sud soient si demunis face a la disinformation dans la mesure ou ils n'ont pratiquement aucun moyen de verifier les informations Internationales qu'ils recoivent. On peut egalement regretter que les evenements se deroulant chez eux soient portes a la connalssance du monde par d'autres regards. C'est ainsi que dans le cadre d'une etude sur la couverture de la secheresse en Afrique en 1984, une analyse des depeches de Associated Press. United Press International et Reuter a revele que 44,3% de celles-ci portaient sur le sort de ressortlssants occidentaux membres d'organlsations humanitaires enleves par des guerilleros ethiopiens; les nouvelles sur les consequences de la secheresse elle-meme s'etaient quaslment assechees (Yao et Kone, 1985). Fermer le rideau n'est pas une solution. Par contre, 11 me parait tout a fait possible de dormer plus de credibilite aux agences africalnes de collecte de rinformation dans un contexte qui favorise la liberte de communication et le professionalisme. Conclusion Pour conclure, je dirai que la presse africaine se trouve dans une position beaucoup plus favorable que dans le passe pour jouer un role d'arbre a palabre dans la societe et pour nouer avec la presse Internationale des relations de maturite. La societe lui sera redevable si elle reussit a fortifier le pluralisme en dormant elle-meme l'exemple et en vulgarlsant une culture de la democratic au niveau de toutes les composantes de la societe. Elle contribuera ainsi a desamorcer les risques d'explosion sociale due au manque de communication entre les diflerentes fractions de la societe. References Balle, F. (1988). Medias et Societes, Paris: Ed. Montchrestlen. (4e edition). Noelle-Neumann, E..(1974). 'Spiral of Silence: a Theory of Public Opinion'. Journal of Communication, Vol. 24, pp. 43-51. 'Seminaire du Parti sur la Presse. Rapport de Synthese,' Yamoussoukro, La Cote d' Ivoire .decembre 1986. Yao. F. etKone, H. (1985). The African Drought Reported by Six West African Newspapers.' Final Proceedings of the International Symposium on Drought and Desertification. Washington D.C.. octobre, pp. 102-135. 11